Voici donc la suite tant attendue à cette superbe préquelle au célébrissime roman d'
Herman Melville. En imaginant la jeunesse d'Achab avant qu'il ne devienne le terrible capitaine du Péquod,
Patrick Mallet livre une aventure humaine envoutante qui respecte à la lettre l'esprit de ce chef-d'oeuvre de la littérature et qui continue d'alimenter le mythe de cette célèbre baleine blanche, dont le nom suffit à faire trembler les marins les plus téméraires :
Moby Dick !
Suite à la dernière attaque du montre blanc, on retrouve Achab
Hawthorne et son ami Elie Coffin, à la dérive au large des îles Marquise. le développement psychologique du héros de Melville au fil des tomes et des années est remarquable. Les épreuves qu'il est amené à traverser, ne font que renforcer son obsession vis-à-vis de celui qui décima une grande partie de sa famille. Une obnubilation qui le fait lentement sombrer dans la folie, au détriment de sa vie affective et de ses proches. Au fil des pages, la quête vengeresse et sa détermination s'intensifient, alors que les combats inégaux entre mammifères marins et pêcheurs rythment admirablement cette aventure maritime. Chaque apparition du célèbre cachalot vient augmenter la force de ce récit humain, tragique et captivant. Cette alternance entre développement psychologique et scènes d'action, combiné au réalisme et la crédibilité de la description des moeurs et coutumes des habitants de ce lieu entièrement dévoué à la chasse à la baleine, font d'Achab une série intelligente, parfaitement maîtrisée et incontournable.
Si la voix-off, alimentée par les écrits d'Achab et d'Emily, est beaucoup plus fournie lors de ce troisième volet bien bavard, l'ennui n'est cependant jamais au rendez-vous. Les dessins de Mallet, superbement mis en valeur par la colorisation de Laurence Croix qui, à l'aide de tons pertinents, contribue également à installer ce récit dans une ambiance adéquate, valent également le détour et créent une atmosphère qui n'est pas sans rappeler celle de l'excellente saga de
Mathieu Bonhomme (Le voyage d'Esteban).
Bref, vous l'aurez compris, « Les Trois doublons » est à nouveau un excellent tome et nul doute que le suivant, intitulé « La jambe d'ivoire » et expliquant de quelle manière Achab a perdu sa jambe, sera du même acabit. Notons d'ailleurs que cette fin de genèse devrait déjà sortir avant la fin de l'année. Il ne restera alors plus qu'à attendre la cerise sur le gâteau, ce petit tome supplémentaire qui viendra couronner cet hommage à Melville : l'adaptation de son roman. Car, au sein d'un neuvième Art marqué par de nombreuses adaptations littéraires, Achab s'inscrit clairement parmi les extensions réussies d'oeuvres connues.
Bref, pour ceux qui sont un peu lent à la détente ou trop fainéants pour lire l'entièreté de cet avis, un seul mot : INDISPENSABLE !!!
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