Le Coeur des batailles, c'est le titre du journal que Blaise Boforlant, soldat durant la Première Guerre mondiale public quotidiennement sur le front - et pour les civils.
Blaise Boforlant, aujourd'hui devenu un vieux mieux impotent, est en entretien avec un journaliste américain qui souhaite rédiger sa biographie. On apprend vite que c'est un homme très conscient de sa valeur, sans en être nécessairement prétentieux, originaire d'Alsace et né juste avant la guerre de 1870.
Dans cette bande dessinée, l'auteur a mis en avant le sentiment anti-Allemand qui avait court au début du siècle, et a permis - en partie - l'engagement massif des hommes en 1914. Quelques autres "tabous" sont levés, comme, par exemple, l'homosexualité entre les soldats pour "relâcher la pression". On est loin de l'image d'Epinal du soldat de 14-18 dépeint comme La Victime du vingtième siècle.
Et pour ces soldats, un évènement va venir bouleverser ce quotidien peu enviable : l'arrivée d'un soldat "indigène", répondant au nom d'Amaréo Zamaï. Ce soldat des colonies n'est pas des loquace, à l'inverse du narrateur, à aucun moment on ne le voit parler. Non pas qu'il ne comprenne pas, puisqu'il répond à l'insulte d'un soldat par un formidable crochet du droit ! C'est aussi un colosse à la carrure impressionnante, une raison de plus (s'il en fallait une) pour se faire la cible des moqueries des soldats "gris". Amaréo Zamaï se démarque aussi par une autre habitude à laquelle il s'accroche fermement et sur laquelle les poilus ont longtemps tiré un trait : la propreté. Lui tient à ce que chaque parcelle de son corps soit propre, ainsi que son uniforme.
Alors, pourquoi cet homme qui ne cause , a priori, de tort à personne est-il envoyé à la potence dès l'ouverture de l'ouvrage ? La réponse se trouve dans le deuxième tome !
Les dessins sont très précis, surtout pendant les scènes de batailles ; scènes souvent dépourvues de texte. Comme dans d'autres bandes dessinées sur ce thème, on retrouve une opposition entre : les scènes de bataille sur le front dans des couleurs froides et sombres , et les autres scènes faites de teintes plus chaleureuses pour accentuer le sentiment d'oppression et de tragique.
S'il est vrai que j'ai hâte de lire le second tome et que j'ai trouvé la thématique exposée assez riche, il me semble que l'auteur aurait pu développer davantage car en refermant le Coeur des batailles, j'ai tout de même eu une impression d'inachevé. Les relations entre les personnages sont mises au jour mais manquent parfois de profondeur. Peut-être est-ce dû au type de narration qui se voudrait détacher ? Dans ce cas, c'est un problème de point de vue, et là-dessus, l'auteur est souverain.
Suite au prochain épisode pour avoir une vision plus "globale" !
Commenter  J’apprécie         230
Le coeur des Batailles est le nom d'un journal des tranchées. Un vieil homme, rédacteur en 14-18 de cette publication, se souvient d'un homme Amareo Zamai, condamné au peloton d'exécution. Il le remarque pour la 1ère fois lorsque ce soldat originaire des colonies rejoint sa compagnie vêtu du nouvel habit bleu de gris et casque en acier destinés à mieux protéger les combattants. Dès son apparition, Zamai se singularise par son comportement et sa perspicacité au combat.
Un premier tome qui incite à en savoir plus sur la relation entre les protagonistes. Un dessin et des couleurs qui savent jouer de l'ombre et de la lumière, des scènes de jour en arrière-ligne, et temps nocturnes dans les tranchées.
Commenter  J’apprécie         60
Amareo Zamai est un combattant de la première guerre mondiale dans le camps français. C'est un colosse à peau noire,qui est forcément déjà à part. Dans le premier tome on le découvre dans un peloton d'exécution et c'est là que l' histoire nous prend aux tripes. Quelles sont les raisons de cette exécution ? On suit son intégration dans le régiment et la première montée au combat.
Graphiquement très beau et bien documenté, cette bd tient en haleine et donne envie d'en savoir plus. le deuxième tome devait aboutir sur un troisième mais la série à été abandonnée.
Commenter  J’apprécie         12
J'ai toujours aimé le calme avant la tempête… car à cette époque, on ne pouvait pas savoir si on aurait la chance de vivre celui d'après.
Cessez d'appeler les soldats que nous étions : "poilus". C'était un terme dénigrant de l'arrière qui est entré dans le langage courant.
Entre nous, nous nous appelions "les bonshommes".
Au front, on apprend à gérer un emmerdement après l'autre. Et à se satisfaire d'un rien.
Second coup de sifflet...et en route pour la mort. On nous y emmène d'un pas vif. Toujours de nuit. On nous disait que c'était pour qu'on ne se fasse pas remarquer, mais moi, je suis certain que la raison principale était autre...revoir tous les débris humains éparpillés sur le chemin alors qu'on sortait de 7 jours sans sang aurait fait fuir plus d'un.
En espérant qu'il y aura un prochain exemplaire...Et que vous aurez encore assez de vie pour le lire.
Missak, Mélinée et le groupe Manouchian