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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans les années septante (70), il ne faisait pas bon être en Argentine… À tout moment, vous pouviez vous faire arrêter, torturer, abattre, violenter… Plus, si affinités.

Encore moins facile d'être un flic intègre dans cette Argentine corrompue, dans cette ville de Buenos Aire gangrenée par la dictature et la junte militaire.

Le commissaire Perro Lascano crève de douleur : sa femme Marisa est décédée et il traine son cafard, son ennui, voit la nuit le fantôme de la femme qu'il aimait.

Le pays crève, le pays a mal, les gens n'osent rien dire, il ne fait pas bon être de Gauche là-bas, il ne fait même pas bon d'avoir des idées.

La preuve, au sujet des trois morts : Lascano sait que les deux tués d'une balle dans la tête, c'est l'armée, on n'enquête pas là-dessus ! Mais l'autre, là, le mec tué d'une balle dans le ventre, c'est pas un coup des militaires…

Au travers de plusieurs personnages, l'auteur nous plonge dans l'Argentine qui n'est pas celle des cartes postales, dans un pays où des tas de gens disparaissent pour un oui ou pour un non, où tout est corrompu, où l'on ne peut faire confiance à presque personne car les gens intègre, il y en a peu.

Les personnages sont au bout du rouleau, abîmés, usés, sympas (Lascano), drôles et honnêtes (le médecin légiste Fuseli), jaloux, ambitieux, avides, cupides, frustrés, corrompus, salauds (Giribaldi & Amancio), pourris ou cupide (Horatio & Biterman)…

Et tout est bon pour arriver à ses fins, que ce soit le vol, les meurtres, ou étouffer l'affaire du commissaire Lascano.

Sans devoir en faire des tonnes, Ernesto Mallo nous brosse leurs portraits en quelques paragraphes, résumant ainsi leurs passés qui donna naissance à leurs caractères et qui ont contribué aux actes commis par eux.

L'enquête est aussi un bon prétexte pour l'auteur de nous en apprendre plus sur cette période noire des années 70 (on est en 79) qui laissera des cicatrices dans le pays et des gens qui chient dans leur froc en voyant des bérets verts ou des képis de flics.

Par contre, je ne sais pas si c'est une maladie chez les auteurs sud-américains, mais Ernesto Mallo fait la même chose qu'Edyr Augusto avec ses dialogues : pas de tirets cadratins devant les phrases, pas de guillemets, le dialogue brut, avec les phrases l'une à la suite de l'autre.

Mais ici, c'était plus clair que chez Edyr Augusto car il y avait un espace avant les dialogues et ils étaient en italiques, et sans descriptions dedans, ce qui a rendu la lecture plus facile que dans « Pssica ».

Une lecture d'où l'on sort groggy car tout est sombre, sordide, malsain, morbide, dangereux. Mais j'aimerais retrouver mon flic intègre dans une autre de ses aventures parce que j'ai apprécié Lascano et son mal-être qu'il noyait dans le travail ou lieu de le noyer dans l'alcool.

Bref, rien de joyeux dans ce polar noir de chez noir, sans sucre, sans édulcorants, sombre, cynique,… En fait, il raconte la vérité, et c'est ça qui fait encore plus mal car la fiction sera toujours en de-ça de la réalité.

♫ Don't cry for me Argentina ♪
♪ The truth is I never left you
♪ All through my wild days ♫
♪ My mad existence ♫
♪ I kept my promise ♪
♪ Don't keep your distance ♫

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le commissaire Lascano reçoit un appel tôt le matin : deux cadavres ont été découverts par un camionneur sur une route peu fréquentée bordant la rivière Riachuelo au sud de Buenos Aires. Nous sommes en 1979, en pleine dictature militaire, synonyme d'arrestations, de torture et souvent d'exécution pour des milliers de citoyens soupçonnés de sympathies avec la gauche...

Dans ce contexte tendu, Lascano sait qu'il doit opérer avec précaution, lui qui n'est pas particulièrement politisé ; ce qui ne l'empêche pas de travailler avec un maximum d'intégrité. Quand il arrive au bord du fleuve, un brouillard matinal épais estompe le paysage. Malgré sa prudence, il évite in extremis d'écraser les cadavres, déposés à même l'asphalte.

Pourtant, ce ne sont pas deux macchabées qui sont couchés devant lui, mais trois ! Et, manifestement, l'âge, l'habillement et le type de blessure révèlent d'emblée une chose : les deux « premiers » défunts dans la vingtaine, n'ont probablement pas été tués dans les mêmes circonstances que le solide quinquagénaire qui les accompagne vers l'au-delà.

En débutant son récit avec cette scène de crime relativement banale, Ernesto Mallo nous entraîne dans un monde kafkaïen où plusieurs réalités parallèles s'entremêlent avant de se heurter avec violence. Avec beaucoup de subtilité, l'auteur argentin (né en 1948) laisse transparaître le climat délétère qui régnait à l'époque des colonels en Argentine. Voyez plutôt.

Alors que Lascano arrête un proxénète qui met des filles de 16 ans sur le trottoir, il est contraint de relâcher immédiatement deux clients appartenant aux forces armées. Uniquement le maquereau et ses « collaboratrices » seront inquiétés.

Par contre, le lendemain matin aux aurores, à quelques centaines de mètres de son domicile, un escadron de l'armée prend violemment d'assaut un appartement hébergeant des militants « gauchistes » sans défense.

Seule une jeune femme en sortira indemne parce qu'elle réussit à s'enfuir par les toits. Les autres seront emmenés vers une destination inconnue, autrement dit un centre de torture. Pour couronner le tout, le logement sera ensuite consciencieusement pillé par des conscrits qui effectueront le « déménagement » avec un camion militaire. Naturellement, la police ferme les yeux.

Même si, par mon travail, j'ai largement entendu parler des ravages causés par les juntes militaires latino-américaines durant les décennies 1970-1980, jamais je n'avais lu le moindre témoignage direct de ces temps pour le moins sombres. C'est désormais chose faite avec ce très beau roman qui, on l'aura compris, va bien au-delà du simple « fait policier » pour nous immerger dans une réalité historique peu reluisante sans doute méconnue de beaucoup d'Européens.

Ernesto Mallo constitue une découverte inespérée et je compte bien poursuivre sans attendre l'exploration de son oeuvre.
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L'action met un peu de temps à se mettre en place, le temps de découvrir tous les personnages, qui sont nombreux : tout d'abord Perro (c'est un surnom) Lascano est policier.
L'action se passe en Argentine dans les années 70. La dictature règne et ce n'est pas rare de voir des jeunes embarqués de force par la police au détour d'une rue, des bébés sont retirés à leur mère que l'on assassine ensuite.
Perro enquête sur la mort de trois personnes qui sont retrouvées au même endroit mais qui n'ont aucun point commun : un jeune couple manifestement exécuté (par la police?) et un homme assassiné d'une balle dans le ventre.

En parallèle de l'enquête de Perro, nous allons suivre le parcours d'un des sbires de la police politique, d'un jeune homme aux mobiles multiples et troubles, d'une femme en mal d'enfants ...

L'enquête est bien présente mais c'est l'histoire secondaire de la rencontre de Perro et d'une jeune femme ressemblant énormément à sa femme disparue qui m'a le plus captivée...
La fin s'accélère et fait se demander s'il y aura une suite ...

En tout cas c'est un livre qui m'a convaincue en dehors d'une certaine difficulté à lire les dialogues qui sont présentés en « vrac » sans aucune ponctuation.
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L'aiguille dans la botte de foin de Ernesto Mallo, qui signe le début d'une série policière (prometteuse).
Ce pays au passé mouvementé et tourmenté nous attire et nous fascine.
Et il est encore question ici de la dictature des années 70-80 et des bébés volés.
Sur cette toile de fond historique, l'argentin Ernesto Mallo nous peint un polar plutôt bien fichu, dans les tons bien noirs, ça va de soi.
Par un froid matin d'hiver, le commissaire Perro Lascano est appelé sur un terrain vague pour deux cadavres, deux subversifs, la tête criblée de balles (on apprendra plus tard pourquoi les milices semblent gaspiller ainsi leurs munitions) : jusque là rien de bien nouveau sous le soleil argentin, c'est la routine de la justice expéditive de cet état policier. Inutile d'investiguer, mieux vaut classer le dossier.
Sauf que sur place, Perro découvre un troisième cadavre qui n'a rien à voir avec ceux des deux jeunes gauchistes.
Chapitre après chapitre on fait la connaissance de toute une galerie de personnages qui souffrent ou profitent, c'est selon, du climat délétère dans lequel la junte a plongé Buenos Aires.
Au centre de la galerie de portraits, le commissaire Lascano erre comme une âme en peine.
En peine de sa dulcinée Marisa, disparue beaucoup trop tôt et qui revient le hanter, de jour comme de nuit. Si bien qu'Ernesto Mallo parvient même à nous faire croire aux fantômes.
Au fil de l'écriture très maîtrisée d'Ernesto Mallo (une écriture qui rappelle le style des bons vieux polars noirs), l'enquête de Lascano avance très lentement mais l'inspecteur se montre aussi obstiné qu'un chien (d'où son surnom : Perro) et finira, en même temps que nous, par connecter les différents personnages croisés en chemin … pour une fin déroutante et désespérée, on est en Argentine.
Est-ce une Amérique du Sud désabusée qui veut cela ? L'ambiance dépeinte par Ernesto Mallo rappelle un peu (l'humour en moins, on est en Argentine) celle du chilien Ramón Díaz Eterovic et des enquêtes de don Heredia à Santiago.
Mais on est en Argentine, en pleine dictature et le regard d'Ernesto Mallo est encore plus sombre, plus désespéré que celui du chilien.
En dépit de cette noirceur, la belle écriture de l'auteur fait qu'on a quand même hâte de repartir à Buenos Aires pour une nouvelle enquête aux côtés de Perro Lascano (ce sera Un voyou argentin, déjà paru en français).
Pour celles et ceux qui aiment les polars sur fond historique.

Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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A Buenos Aires, à la fin des années 1970, dans l'Argentine aux mains de la dictature et des militaires. Lascani, dit Perro (le chien) est un officier de police intègre, qui ne cède pas à la corruption. Il est très affecté par la mort de sa femme, qui envahit littéralement sa vie quotidienne. Un jour, enfin, plutôt, un matin tôt, un camionneur a signalé la présence de deux cadavres, un jeune homme et une jeune fille, visiblement exécutés d'une balle dans la tête. Mais en arrrivant sur place, il trouve aussi un troisième cadavre, celui d'un homme bedonnant, d'un certain âge et visiblement mort d'une balle dans le ventre. S'il ne peut rien pour les deux premiers, les militaires étant tout puissant, il décide de résoudre le troisième. Ce qui revient à chercher une aiguille dans une botte de foin (le titre du livre utilise des articles définis), à croiser un médecin légiste intègre aussi, Fuseli, un policier pourri qui vient de voler pour lui un bébé tout juste né d'une mère qui fut exécutée just après la naissance (et que sa femme a du mal à accepter), un prêteur sur gage juif, un gérant de bordel clandestin, une jeune femme poursuivie par les flics corrompus, un juge louche...

J'ai adoré ce livre à l'écriture très agrable. La collection Rivages noirs est vraiment une collection à part dans le monde du polar, ils ont le chic pour découvrir de petites pépites, où l'intrigue policière n'est souvent qu'un prétexte à une étude sociale ou une écriture très différente de ce que l'on croise dans ce genre.
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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Polar qui pourrait être cryptique et obscur et qui reste très lisible. Évocation saisissante de la dictature finissante.
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Un matin, alors qu'il vient juste de quitter son domicile, le commissaire Lascano est contacté par radio par le département de la police : un camionneur a découvert deux cadavres. Alors qu'il arrive à l'endroit indiqué il croise un véhicule qui quitte précipitamment le chemin. Arrivé sur place, il constate qu'il n'y a pas deux cadavres mais trois. Si deux des corps ont la tête éclatée par balles signe d'une exécution par la junte militaire, le troisième corps ne présente pas les mêmes caractéristiques, et de plus il est encore sec alors que la pluie n'a cessé de tomber.

Dans ce premier tome de la série, c'est plus le climat dans lequel l'enquête va se dérouler qui est mis en avant que l'enquête elle m^me car dés le début du roman le lecteur connaît rapidement ce qui s'est passé. L'auteur nous dépeint une Argentine des années 70 sou dictature où les riches ou du moins ceux qui ont des appuis peuvent tout ce permettre. C'est dans une ambiance très sombre où les vols d'enfants, les exécutions sommaires des subversifs, les communistes, sont journaliers, et que la junte militaire à tous les droits que le lecteur va naviguer aux côtés du policier.

L'enquête en elle même occupe peu de place, elle consiste uniquement en deux ou trois interrogatoires de proches de la victime ou de ses clients. le policier a plus de soupçons que de preuves véritables. L'auteur met surtout en avant les difficultés rencontrées par le policier dans ce climat si particulier. Il nous dépeint également le quotidien du policier, qui a perdu son épouse, en dehors de son métier. Sa vie personnelle occupe peut être un tantinet importante par rapport à l'enquête.

Les personnages qu'ils soient sympathiques comme le commissaire ou bien cupides ou corrompus l'auteur nous les dépeints riches en couleurs.

Le style de l'auteur est sobre, et par moments il se veut poétique ce qui a pour effet de le rehausser par rapport à la noirceur générale qui s'en dégage. Par contre les dialogues sont écrits de manière compacte, sans tirets lorsque l'on change d'interlocuteurs ce occasionne des difficultés au lecteur pour comprendre qui parle.

Plus qu'un policier l'auteur nous livre un très bon roman noir à la fois sombre et cynique.




Lien : http://imaginaire-chronique...
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