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EAN : 9782743643713
135 pages
Payot et Rivages (18/04/2018)
3.47/5   17 notes
Résumé :
Nouvelle enquête de Perro (le Chien) Lascano, le héros d'Ernesto Mallo. Nous sommes cette fois au tout début du règne du dictateur Videla en Argentine. Lascano est un jeune flic, déjà intègre, qui enquête sur le suicide suspect d'un Allemand. Il comprend très vite qu'il s'agit d'un meurtre et décide de creuser l'affaire, ce qui gêne ses supérieurs, tous plus corrompus les uns que les autres. Les choses se corsent quand on retrouve dans le bureau de l'Allemand un car... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce quatrième et dernier tome des enquêtes de "Perro" Lascano est en fait sa première enquête car nous le retrouvons dans l'Argentine des années 70, tout jeune policier, mais déjà tel que nous le verrons ensuite : intègre, incorruptible, ne lâchant jamais rien, tel un chien tenant un os.

Par contre, notre chien est un solitaire et il ne rejoindra jamais la meute des assassins du Triple A (Alianza Anticomunista Argentina).

Lascano dérange, il gêne, et donc, quoi de plus simple que de le mettre sur l'enquête d'un suicide. Elle est bien bonne… Si on voulait se foutre de sa gueule, c'est loupé car le suicide n'en est pas un, c'est une exécution déguisée.

Le faux suicidé est un Allemand et l'enquête va en déranger plus d'un et certains voudront faire cesser la chasse du chien Lascano à tout prix, lui mettre un collier et une laisse autour du cou afin qu'il arrête de chercher des puces sur les dos qu'il ne faut pas.

À mon avis, je viens de lire le Perro Lascano le plus sordide, le plus glaçant, bref, le plus mieux. Lascano est jeune et nous découvrons avec lui l'Argentine d'Isabel Perón (1974/1976), qui sera déposée par la junte militaire que dirige le général putschiste Jorge Rafael Videla.

Une fois de plus, la résolution du crime est accessoire, de toute façon, l'assassiné était un salopard de la pire espèce, comme tous les autres qui émigrèrent après la Seconde Guerre Mondiale en Argentine, sans que celle-ci ne s'offusque de leur passé (les autres pays non plus, notamment les États-Unis avec les scientifiques nazis).

Et si tout vous semble aller dans un seul sens, méfiez-vous, parce que Mallo n'a pas pour habitude de suivre un chemin tracé mais de bifurquer à un moment donné et de vous emmener sur d'autres chemins, plus escarpés, plus sombres, moins connu…

La résolution de l'enquête devient donc accessoire pour le lecteur car moins importante que l'Histoire dans l'histoire que l'auteur dévoile, se servant de ce crime pour nous la conter.

Dans ce récit, ce qui est le plus glaçant, c'est la traduction du carnet de cet Allemand ainsi que les exactions des hommes de Videla, la corruption, les meurtres, les exécutions, la police infiltrée par les types du Triple A, les tortures, les disparitions des gens qui dérangent ou qui pourraient en dire trop sur un indice d'une scène de crime,…

Du début à la fin, j'ai eu du mal à lâcher le roman tant il était prenant, tant il était poisseux de violence et de sang, tant la chape de plomb pesait sur mes épaules à cause de l'atmosphère que l'auteur a su rendre réaliste puisqu'il nous parlait de ce qu'il avait connu dans son pays.

Comme à son habitude, Ernesto Mallo ne s'embarrasse pas de tirets cadratins ou de guillemets pour ses dialogues qui se retrouvent noté en italique, tout simplement, avec les paroles des protagonistes qui se retrouvent toutes l'une sous l'autre, ce qui est plus facile à déchiffrer que lorsque les dialogues se retrouvent insérés dans la narration normale, comme je l'ai déjà vu.

Pour sa première enquête littéraire, Lascano paraît plus humain que dans les suivants car il est amoureux et donc, différent. La vie lui a déjà réservé bien des tourments, bien des peines, mais elle ne l'a pas encore cassé comme il semblait l'être dans les autres romans. Celui nous expliquera pourquoi.

Un roman noir écrit au vitriol, taillé au scalpel, un roman court mais ultra percutant, sombre, violent. L'auteur ne s'encombre pas de fioritures et va directement à l'essentiel. du brut de décoffrage qui écorche la gorge et pique aux yeux.

Un Perro Lascano qui ne lâche rien mais qui va payer le prix de son honnêteté. Une enquête retorse où les atmosphères angoissantes du pays sont plus importantes que tout le reste. Il m'a glacé, ce roman noir.

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Quatre ans après Les hommes t'ont fait du mal, on retrouve enfin Perro Lascano, le flic trop intègre d'Ernesto Mallo. Mais c'est un jeune Lascano que l'on a là. On est dans les années 1974-1975, au moment où, sous le gouvernement d'Isabel Perón, se mettent en place sous l'autorité du ministre José Lopez Rega les escadrons de la mort de l'Alianza Anticomunista Argentina (Triple A). Si la police est un lieu privilégié de la Triple A, qui essaime dans tous les services, Lascano, toujours solitaire et attaché à suivre scrupuleusement les règles, engagé en fait dans une sorte de résistance passive, ne rejoint pas la meute. Et celle-ci se méfie donc de ce policier trop droit. C'est pourquoi on lui confie un dossier a priori peu sensible : le suicide d'un vieil allemand. Sauf que, bien entendu, il ne s'agit pas d'un suicide, et que Lascano s'avise rapidement que la victime est un ancien nazi qui a peut-être eu maille à partir avec ses anciens amis installés en Argentine. Ce faisant, il soulève petit à petit des éléments embarrassant pour sa hiérarchie, au risque de devenir lui-même une cible pour les escadrons de la mort de la Triple A.
En revenant ainsi aux années de jeunesse de Lascano – qui sont par ailleurs aussi les siennes – Ernesto Mallo met au premier plan la terreur qui règne sous le régime péroniste, dans la droite ligne de la période de la dictature militaire qui l'a précédé et amenée à durée ensuite sous la junte. Tout cela apparaissait en filigrane et participait de la tension du premier volume de la série mettant en scène Lascano, L'aiguille dans la botte de foin. C'est ici prégnant et, grâce à l'histoire qui se noue entre le policier et Marisa, la traductrice qui l'aide à déchiffrer les carnets de la victime, Mallo arrive avec talent à créer une atmosphère ambivalente, partagée entre la conscience d'un danger permanent, d'une chappe de plomb en train de tomber, et l'illusion à travers cette romance de la possibilité de vivre une vie normale. C'est bien entendu un mirage et la réalité ne tardera pas à se dévoiler dans sa pleine cruauté.
On a beau s'y attendre, on se fait toujours prendre à contrepied par les romans d'Ernesto Mallo. Cela part toujours d'une intrigue policière qui semble cousue de fil blanc, puis l'atmosphère, la tension, se mettent en place par petites touches avant que l'on bascule dans tout autre chose ; dans la tourmente des sentiments de Lascano, dans sa confrontation avec les médiocres du titres – ici donc ces policiers à la solde de Lopez Rega – dans une dernière partie étouffante enfin, et d'une rare violence. On se fait une fois encore prendre au piège et on en est heureux tant ce que nous dit Mallo de l'histoire de son pays, de la mécanique des régimes autoritaires est bien amené, sans démonstration inutile, en collant au plus près à l'intimité de ses personnages.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Paru en Avril 2018, j'étais passé complètement à côté de ce roman.
Sélectionné cette année pour le Prix Violeta Negra Occitanie de Toulouse Polars du Sud, l'auteur faisant partie de la liste des invités au festival, j'ai donc rattrapé ce malheureux retard.
Bien qu'étant le quatrième roman dans la série de l'inspecteur Lascano, cet opus est en réalité le prequel de la série. Une chance pour ceux qui ne connaissent pas encore les écrits d'Ernesto Mallo.
En 200 pages, l'auteur nous offre un roman riche, à multiples facettes.
Il y a tout d'abord l'aspect polar avec une enquête sur un suicide confiée à Lascano dont le lecteur a conscience, dès le départ, que ça n'en est pas un et que cette enquête aura des ramifications historiques.
Cette trame policière ne sera finalement pas le point focal de ce roman.
Ici, l'auteur s'attache aussi à mettre en place son personnage principal, Lascano, alors jeune policier, intègre et obéissant. Quand il va rencontrer Marisa au cours de son enquête, un amour va naître entre eux et va prendre une plus grande place dans cette histoire. Ils sont jeunes, beaux et encore inconscients de la réalité et du contexte historique dans lequel ils vont être happés.
Nous sommes dans les années 1970. L'Argentine est en pleine Guerre Sale, l'Alliance Anticommuniste Argentine (Triple A) et ses escadrons de la mort assassine sans relâche les communistes et autres gauchistes. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'Argentine est devenue le refuge d'anciens nazis, parmi eux les plus morbidement connus, anciens dirigeants de camps de la mort.
Au travers de ce roman, c'est de cela qu'Ernesto Mallo souhaite nous parler, de ce passé de l'Argentine, de ces médiocres.
Et, avec ces médiocres, Ernesto Mallo nous livre également une image de Buenos Aires bien loin des cartes postales. Une ville où règnent corruption, meurtres, enlèvements, corruption et terreur.
Au fur et à mesure de l'enquête, les personnages et le lecteur plongent dans cette ville et cette atmosphère.
On pourrait citer des passages par dizaines de ce roman tant l'écriture est incisive et précise. L'auteur trouve les mots qui décrivent avec précision lieux et événements, sans s'éparpiller en descriptions aussi longues que parfois inutiles.
Aucune baisse de régime dans ce texte passionnant qui se lit d'une traite et qu'on regrette de devoir terminer. de quoi donner une furieuse envie de lire en urgence les trois autres romans de la série :
- L'aiguille dans la botte de foin (Rivages poche 2009)
- Un voyou argentin (Rivages poche 2012)
- Les hommes t'ont fait du mal (Rivages poche 2014)

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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L'ambiance est pesante en Argentine, il n'y fait pas bon vivre à la fin des années 1970, sous la dictature de Jorge Videla : la police est corrompue, les exactions nombreuses et les meurtres sont étouffés pour des raisons politiques et économiques.

Rien n'inspire l'espoir, rien n'incite au romantisme.

Et pourtant, Lascano, au détour d'une enquête qu'on veut rapidement lui retirer (elle implique les milices du gouvernement et les nazis qui se planquent dans le pays), va s'éprendre d'une jeune juive dont les parents n'ont pas survécu à la déportation.
Malgré l'atmosphère pesante, malgré les manigances de toutes parts, Lascano, fidèle à sa déontologie, se pose en héros involontaire dans un pays chahuté.

J'ai été séduite par ce roman très noir au style particulier, aux dialogues parfois lapidaires (écrits en italique, sans tirets quadratins, ils créent une césure étonnante et pourtant, ne cassent ni l'intrigue ni son rythme), par les personnages et par cette Argentine un peu sombre.

Merci à Virginie des Editions Rivages pour sa confiance et pour cette lecture passionnante !
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Ce roman nous emmène en Argentine dans les années 70. Un allemand est retrouvé mort à son domicile et le commissaire Lascano est chargé de l'enquête. Ce qu'on veut faire passer pour un suicide n'en est pas un, Lascano en est vite convaincu au grand dam de ses chefs...
Dans une Argentine ultra violente, gangrenée par la corruption et les meurtres et devenue repère d'anciens nazis, nous suivons ce commissaire Lascano qui semble être la seule âme pure du pays. Au travers de son enquête il rencontre la jeune traductrice Marisa.

Leur histoire, passionnée et brûlante comme un tango argentin va changer leur vie.

J ai beaucoup aimé ce roman à l'ambiance très noire et désenchantée. Si j'ai été au départ désarçonnée par sa construction, notamment des dialogues, je me suis laissée emporter par son rythme et son ambiance.

Les éditions Rivage nous livre encore une fois un roman noir qui restitue formidablement l'ambiance délétère et gangrenée de violence de cette Argentine des années 70.

Un bon roman, pour les amateurs de noirceur. Ambiance noire et désenchantée garantie.


Lien : https://www.lespetiteslectur..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ceux-ci sont des personnes médiocres, sans éclat, sans aucun talent, soumis, et qu’on n’a eu aucun mal à convaincre. Ils étaient les crève-la-dalle de l’après 14-18, ceux-là même qui se nourrissaient dans les poubelles, et dont la privation de nourriture leur avait ôté toute morale. Ces hommes qui en étaient arrivés à considérer d’autres êtres humains comme un aliment envisageable. Et, une fois qu’ils ont été plongés au plus profond de leur misère, est apparu un dément venu leur annoncer qu’ils étaient la race supérieure. Et ils l’ont cru. Et il a montré du doigt les responsables de tous leurs maux. Et ils l’ont cru. Et on leur a donné des uniformes clinquants, et des grosses bottes, des ceinturons austères et des symboles qui faisaient froid dans le dos, pour que tous les craignent. Et ils les ont portés. Et on leur a donné des défilés, des étendards et des drapeaux. Et on a mis dans leurs mains des triques, des pistolets, des fusils et des mitrailleuses. Et on leur a demandé d’être rapides, efficaces et cruels. Et ils l’ont été. Et on les a invités au banquet, à prendre part à la fête, aux mises en scène monumentales où le leader convainquait les foules que le monde était à eux et qu’ils n’avaient plus qu’à se servir.
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Videos de Ernesto Mallo (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ernesto Mallo
Les auteurs Maurizio de Giovanni (Italie), Ernesto Mall (Argentine), Ramon Diaz-Eterovic (Chili), et Victor del Arbol (Espagne) ont placé leur dernier polar dans les temps des dictatures. Quelle est la valeur de l'oubli ? du silence ? les morts reviennent-ils ? Yan Lespoux a tenté de les faire parler au salon international des littératures policières organisé par Toulouse Polars du Sud. http://www.toulouse-polars-du-sud.com/
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