Au début, j'ai cru tenir entre les mains un possible coup de coeur, intrigué par le personnage de Phily-Jo, inventeur génial et à la mort bien mystérieuse… On a bien envie d'en savoir plus ! A chaque étape du livre, on change de narrateur, car le nouveau narrateur enquête sur tout ce qui a été raconté par le précédent qui est mort ou a disparu. le mystère s'épaissit donc avec une intrigue en plus à chaque fois.
Question annexe, pourquoi l'auteur français fait-il semblant d'avoir écrit en anglais (Etats-unis), glissant des expressions en italique avec la mention “en français dans le texte [N.d.T.]”, en indiquant un traducteur qui n'existe pas puisque le livre est écrit en français ? Ficelle un peu grosse à mon avis et sans intérêt.
Parfois l'empilage des narrateurs réussit, avec de l'inspiration, des personnalités bien marquées et originales, comme Dipak ou la séduisante Barbara, mais parfois, comme avec Sylvia, la soeur de Barbara, à la fois zinzin et vulgaire, cela ne prend pas du tout et devient bien lassant. On finit par s'y perdre, en oubliant forcément un peu les intrigues du dessous de la pile.
Et on retrouve toujours les mêmes questions, hasard ou pas ? Y a-t-il ou pas un horrible complot de vilains méchants qui voudraient étouffer l'invention géniale qui remettrait en cause toute l'économie ? Suicide de Phily-Jo et accidents seulement ou plutôt des assassinats de personnes gênantes pour les intérêts des multinationales ? En tant que lecteur, j'étais perplexe, pas complètement pris mais encore suffisamment mordu pour ne pas abandonner, quitte à accélérer sur les pages ennuyeuses et arriver plus vite au dénouement. Mais ce dénouement ne vient jamais !
La longue fin change complètement de style, cela devient un document
aire sur la manipulation des opinions, mêlé d'une réflexion socio-philosophique sur les fake news, le complotisme, les climato-sceptiques, etc. Il y a de bons paragraphes, de petites étincelles intéressantes où un court moment, je me suis dit que cela mériterait peut-être quand même 4 étoiles mais cela ne dure pas et est vite noyé dans un océan un peu fade.
Dans les remerciements, on voit des soutiens, une bourse…
Marcus Malte, en 2022, après plus de 50 livres, a-t-il encore besoin d'aide dans sa longue carrière comme un jeune écrivain qui se lancerait sans en avoir le temps ou les moyens ? Ou s'agit-il d'un livre de commande demandé par des anti-complotistes tout à fait estimables qui s'adressent pour cela à un auteur réputé et talentueux ?