Citations sur Bel abîme (90)
La main est un privilège de notre espèce. C’est à son évolution qu’on doit notre humanité… La paume qui s’aplatit, le pouce qui s’ouvre, les autres doigts qui se libèrent, s’ajustent, et nous voilà dotés, habiles et précis, capables de saisir, d’esquisser, de construire et d’assembler. Ce qu’on brasse avec la bouche n’est rien d’autre que du vent.
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Ma peine, celle au fond de mon cœur, ne sera jamais allégée. Mais tant qu'il y a des souvenirs et tant qu'il y aura des livres, je ferai mieux que survivre.
J’aimais beaucoup Omar. Dans le quartier, c’était mon préféré. C’était un soufi, tout ce qu’il y a de plus gentil et discret. Il avait concentré en lui la moitié de la gentillesse du pays, et l’autre moitié, croyez-moi, elle est à jamais perdue
Je n'ai jamais reproché à mon père d'être un pauvre fils de pauvre, mais je lui en veux d'être un pauvre de cœur, de ne pas avoir compris où était la vraie richesse.
On ne craint aucune malédiction car la malédiction c'est nous, car c'est celui même qui écrit cela sur son mur qui pisse sur celui du voisin, c'est celui même qui écrit cela sur son mur qui jette sa merde contre le mur de son voisin.
Quel mal soignez-vous docteur L'intérieur des têtes les blessures invisibles ? Déjà que vos collègues du visible galèrent à soigner ce qui se voit, comment prétendez-vous guérir ce qui ne se voit pas ?
J'entends par-ci par-là que dans notre cher pays, les femmes sont libres et libérées, mais on n'oublie guère de tresser dans la foulée les louanges de leur libérateur, de compléter par un "C'est grâce à Bourguiba". Je n'ai pas connu ce bonhomme. Il est mort bien avant ma naissance. Mais si c'est un homme qui a libéré toutes ces femmes, c'est qu'elles n'étaient pas prêtes. Il fallait que ces femmes se libèrent elles-mêmes et d'elles-mêmes. Maintenant qu'il n'est plus là, qui pour les défendre ? La plupart n'ont que leurs yeux pour pleurer.
Vous connaissez Tchekhov, monsieur Bakouche ? Vaguement ? Non, ce n'est pas la marque d'une vodka, c'est un écrivain russe.
Oh mes aïeux ! Lire ne donne pas de pouvoir, lire ne sauve pas ? Cela ne fait aucune différence, on finit toujours les pieds devant ? Ok, lire ne rend pas immortel, je vous l’accorde, mais ça rend moins con, et ça, c’est déjà beaucoup.
Et si on me redonnait le fusil et qu’on alignait tous les groupes du monde, je les enverrais aussi en enfer, car chaque groupe croit être meilleur que ses semblables et que dans le même groupe, chacun se croit le meilleur du lot. Alors il est peut être temps d’en finir avec toutes ces conneries.