JP Manchette.
le petit bleu de la côté Ouest. 1976. Editions Gallimard. 4 étoiles.
Cela commence par la description de G. Gerfaut. 145 km/h sur le périphérique et on embraye vite sur celle d' A Emerich y Emerich qui « était aussi quelqu'un qui a tué des hommes, en beaucoup plus grand nombre que Georges Gerfaut ».
Alonso est très riche et masochiste (avec les femmes).
Dès le chapitre 2 soit après quelques pages car les chapitres s'enfilent comme des perles sur un collier de mort, nous lisons les détails des crimes commis.
Souvent, une petite observation nous arrache un sourire mais plus souvent, le récit nous met sous hypnose : l'auteur nous fait vivre ces vies de tueurs comme si on y était.
Plus on avance, plus la tension augmente. Les phrases sont plus courtes soulignant l'action, les émotions,…
Ces propos sont entrecoupés de choses ordinaires. Manchette était un grand amateur de jazz qui jouera un rôle plus prépondérant dans l'histoire par rapport aux romans précédents.
Le roman se déroule comme un film noir. Les plans « cinématographiques » sont froids, l'intrigue « systématique » et on sent que la violence va finir pas se déchaîner. Mortellement.
JPM fait se succéder les passages plus lents et plus rapides (afin de nous permettre de reprendre notre souffle ?).
Une bonne surprise encore : les « plans » successifs entre la proie et les prédateurs, leurs émotions.
Dans quelques passages, l'auteur supprime les virgules pour accroître encore les sentiments extrêmes.
Mon sentiment : du talent à l'état pur. Une écriture innée.
Et au fil de l'histoire toujours plus de jazz, comme pour ponctuer d'humanité une violence trop « bestiale ».
Et petit à petit de petites touches de dérèglements mentaux apparaissent chez plusieurs personnages. Qui les rendent étranges. Des émotions cachées, enfouies ; une peur latente sans en connaître la source.
On goûte à la « machinerie » qui se met en place. Inéluctablement. Pièce par pièce.
Mais on imagine difficilement la fin.
Le récit est un peu capillotracté et très violent. de ce fait, je l'ai trouvé moins intéressant que les premiers romans de l'auteur. Mais cela reste un chef d'oeuvre du roman noir.