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Sophie Bastide-Foltz (Traducteur)
EAN : 9782742738458
462 pages
Actes Sud (12/06/2002)
4.4/5   15 notes
Résumé :

Nous sommes au début du XXe siècle; les Blancs se sont installés en Nouvelle-Zélande depuis près d'un siècle. C'est cette terre que découvre Mme Roland, jeune femme puritaine et timide arrivant avec un bébé et une petite fille. Elle est accueillie par Bruce, associé et contremaître de son mari, un homme qu'elle méprise immédiatement et qui deviendra pourtant son grand amour. Dans ce livre, q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
The Story of a New Zeland River, John Lane Company, NY, 1920 a été traduit en français par Actes Sud en 2002. Ce roman est introuvable aujourd'hui, ou alors à des prix prohibitifs ! Ayant adoré le film « La Leçon de piano », de Jane Campion, qui a reçu le grand prix du festival de Cannes en 1993, pour la première et seule fois offert à une femme, et dont on a dit qu'il était tiré de ce livre, je voulais absolument le lire et me faire une opinion. Mais quand j'ai vu les prix, je me suis dit : « Ah non alors, je ne marche pas là-dedans, non, non, non ! » Et puis j'ai fini par craquer, faisant ainsi le jeu de la spéculation. Cependant, si vous lisez l'anglais, sa version originale est encore disponible, et même en e-book.
Je ne regrette aucunement d'en avoir payé le prix, car ce livre, en partie autobiographique, est magnifique de courage et d'intelligence humaine ! et aussi bien différent du film. Malgré d'incontestables points communs, ce n'est pas du tout la même histoire et, à l'exception de la petite fille au fort caractère, ce ne sont pas les mêmes personnages.

Alice, jeune veuve avec une petite fille, Asia, vient d'arriver à Christchurch en Nouvelle Zélande du Sud. Fort démunie, elle y rencontre Tom Roland, qui commence par l'aider à trouver des élèves pour des leçons de piano avant de lui demander de l'épouser. Au bout d'une année, ils s'aperçoivent qu'ils ne sont pas faits pour s'entendre mais ont cependant deux enfants ensemble. Et puis son nouvel époux, en quête d'aventures, de richesse et de gloire part en éclaireur pour l'île du Nord de la Nouvelle Zélande, une terre vierge pour l'homme blanc à cette époque (1920). Au moment de monter dans le bateau qui va remonter le fleuve jusqu'à la baie où les attend une maison rudimentaire, Alice, flanquée de ses trois enfants dont deux bébés, croise David Bruce, dont elle ne sait pas qu'il est le bras droit de son mari, envoyé par « le patron » pour l'accueillir avec ses enfants. Alice, empreinte d'une éducation sévère et d'une vision rigoriste de la vie, soumise aux conventions sociales et aux apparences, le juge sur sa mine, peu flatteuse à ce moment-là, et se permet de l'ignorer superbement, toute grande dame qu'elle se croit.
Pendant les vingt années qui vont suivre, elle va regretter ce premier jugement erroné, car si son mari, dévoré par son énergie et son ambition, la laisse la plupart du temps livrée à elle-même, David Bruce, en revanche, se révèle un ami d'une fidélité exemplaire et d'une grande ouverture d'esprit, médecin de surcroit, qui va l'amener peu à peu à sortir de son carcan de préjugés pour la révéler à elle-même.
Tout se passe ici dans la lenteur et les aléas du quotidien, à une époque où la femme est conditionnée pour être soumise à son mari, juste bonne à s'occuper du ménage et faire des enfants. Alice aura d'ailleurs encore deux autres enfants et fera deux fausses couches dont l'une faillira l'emporter. Malgré son sens du devoir, c'est une femme hypersensible qui n'est pas armée pour affronter les difficultés d'une vie de pionnier dans un pays au climat plein de violence. Elle a besoin d'être protégée. David Bruce sera ce protecteur attentionné qui l'aidera à trouver sa propre personnalité, entre franc parler ou tact et diplomatie, avec toujours patience et respect.
Le choix qu'ils font de ne pas céder aux exigences de la chair malgré l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre ne les rendra que plus forts pour un final où le destin les réunira enfin.

La réflexion de Jane Mander tout au long de cet ouvrage est celle d'une féministe avant l'heure. Ses personnages sont décrits sous toutes leurs facettes ainsi que les interactions complexes qu'ils ont les uns avec les autres. Les sentiments et sensations d'écorchée vive qu'éprouve Alice en permanence sont reflétés avec beaucoup de réalisme.
Le film de Jane Campion montre une femme forte et volontaire qui décide de transgresser les lois du mariage et du sexe de son époque pour trouver son épanouissement dans la sensualité de la musique et de l'amour instinctif, animal, exacerbé par l'influence du lieu sauvage et de la culture maori, alors que le roman de Jane Mander nous livre une femme très fragile émotionnellement qui se protège derrière le paravent d'une morale rigide et d'un masque glacial dont elle ne s'affranchira, par elle-même, que très lentement, grâce à son intelligence et à l'appui de personnes aimantes et plus évoluées qui vont lui servir de guides et la mener vers son accomplissement. On devine cependant dans l'évolution de son état d'esprit un désir d'outrepasser les règles établies quant à la sexualité féminine, désir que Jane Campion a su merveilleusement pousser à ses limites dans son film.
Ce livre, très moderne dans ses idées, a été fraîchement reçu en Nouvelle Zélande à sa sortie et son auteure qualifiée d'immorale. Toujours actuel dans son écriture, il mérite grandement d'être réédité.

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Ce roman a influencé la réalisatrice du film "la leçon de piano". Si influence il y a, elle est vraiment minime. Ce roman est beaucoup moins manichéen que le film et c'est là toute sa différence.
La Nouvelle Zélande est un pays qui attirent les colons. Au XIXème siècle, Les anglais s'installent au milieu de cette nature sauvage, et se battent pour rendre les terres viables.
Les hommes sont occupés à construire, défricher, lutter pour dompter et civiliser cette nature.
La vie des femmes est la même que les hommes, avec en plus l'éducation de leurs enfants souvent nombreux et toute la vie domestique.
le roman s'ouvre sur cette scène qui est aussi celle du film :
Alice vient rejoindre son mari Tom Roland avec ses filles et son piano. David Bruce est celui qui doit les mener à bon port. La lente remontée du fleuve au milieu de ce paysage à la fois luxuriant et sauvage permet de comprendre les difficultés de la nouvelle vie qui attend cette jeune femme belle et terriblement hautaine.
C'est aussi la rencontre avec les personnages principaux de cette histoire : Alice et David.
On va assister à un jeu de chassé-croisé entre ces deux écorchés vifs. Mais si David Bruce qui a été docteur dans une autre vie peut analyser, expliquer et comprendre les différents maux dont souffre l'âme humaine quand elle a été traumatisée, Il sait que grâce à la parole on peut guérir. Alice par contre, n'a pas trouvé d'autre solution que de s'enfermer dans un carcan de certitudes, c'est une femme silencieuse, hautaine et très puritaine.
Les femmes de cette époque sont muselées par des codes moraux que la société et la religion surveillent étroitement. Alors que se passe t'il quand une femme a défié ces codes ?
C'est tout le drame de la vie secrète d'Alice. Heureusement il y a David, l'ami, l'amoureux platonique, qui va essayer de faire tomber ce masque, de désincarcérer ce corps qui enferme Alice dans une profonde dépression. Il veut qu'elle parle, qu'elle dévoile son mal. Alice se rend compte de son "inexistence" dans la bataille acharnée de ce monde en construction. Ses enfants grandissent sans elle. Asia, sa fille aînée, recherche la compagnie de David Bruce et de Mme Brayton une vieille dame moderne aux idées plutôt "féministes" et son mari aime ailleurs. Entourée de ce monde incroyablement vivant, Alice est malheureuse, malade et à contre-courant.
La vie des colons est rude, le combat est quotidien. Les règles et les conventions d'une société civilisée sont inapplicables ici. Pourtant, les hommes et les femmes qui vivent là ont de belles valeurs humaines basées sur le travail en communauté, l'entraide et le dévouement. C'est ce qui fait la force de cette poignée d'hommes qui est là pour la même cause : civiliser cette terre.
C'est au milieu de cette nature sauvage et de ces hommes rudes à la tâche qu' Alice va apprendre la richesse de la simplicité, l'importance de la parole et la beauté de l'amour. C'est auprès de sa fille Asia, de son mari et surtout de David Bruce qu'elle va se défaire du carcan qui enferme les femmes de sa génération.
Ce livre a été écrit en 1920, les idées qui se dégagent de ce roman sont très en avance sur leur temps car elles montrent qu'il est primordiale qu'un homme puisse discuter avec une femme de sujets importants comme la relation hommes / femmes, les dangers de la religion, la vie amoureuse et la vie de couple à une époque où ces discussions n'étaient pas envisageables.
On comprend pourquoi ce livre fut si mal accueilli à sa sortie !
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Au pied du mont Pukekaroro, Alice rejoint son mari tout juste installé, accompagnée de ses enfants et de son piano. le trajet se fait à bord d'un canot, piloté par David Bruce, un homme qui parait de prime abord rustre. Délaissée par son mari, Alice tente de s'adapter tant bien que mal à sa nouvelle vie.
J'ai a-do-ré! Alice, discrète et muselée par son éducation, se bat pour trouver sa place. Elle va progressivement se libérer de ses chaînes, et se défaire du carcan social qui l'emprisonne. A l'embouchure du fleuve, des remous se créent et tradition et modernité s'affrontent. La plume acérée de l'autrice décortique les clivages sociaux, les conflits moraux d'une génération de femmes en quête de liberté et de modernité. Ce roman est un magnifique témoignage de leur combat intérieur, de leur lutte pour se libérer d'une éducation stricte et rigide et des préjugés, dans un contexte de conquête des territoires encore vierges de l'île du Nord. Au pied du mont Pukekaroro, les classes sociales et les conventions n'ont plus lieu d'être, et les esprits se libèrent. Chapeau bas à l'autrice qui a su porter un oeil critique et moderne sur une société encore émergente!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Bien qu'il ne fut encore que quatre heures de l'après-midi, la nuit commençait à tomber sur la baie. La tempête, qui grondait depuis huit heures, ne semblait pas vouloir céder. C'était une de ces grosses tempêtes à tout détruire sur son passage. Elle se déchaînait contre la maison par violentes rafales avec, de temps à autre, une accalmie encore plus inquiétante que tout ce vacarme. Une pluie battante, fouettant les carreaux, s'engouffrait par les châssis et les rebords des fenêtres, formant des taches d'humidité sur les lambris. Elle pénétrait à l'intérieur par les points faibles de la toiture, coulait en gouttes de plomb dans les bassines qu'Alice avait placées ça et là pour recueillir l'eau. À chaque rafale, le linoléum se soulevait sur le plancher, les portes grinçaient sur leurs gonds, la maison tout entière tremblait sur ses fondations et la toiture en zinc grinçait contre ses rivets.
Bruce venait de s'asseoir quand un cri perçant se fit entendre au-dehors qui lui déchira les tympans...
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