Daisy sisters

La vie est ce qu'elle est, faite de hasards et de coïncidences. C'est précisément ce qui la rend supportable et passionnante. Une fois dans ce monde, on ne peut rien faire d'autre qu'avancer, tant bien que mal, jusqu'au jour où tout se termine.

Voir sa mère vieillir, c'est se trouver en face de sa propre vieillesse.

Nous constituons une infime partie d'un grand Tout incompréhensible...

"Le plus dur, c'est d'être femme. Etre femme et aspirer à autre chose que de passer sa vie dans la cuisine."

Avoir des enfants signifie renoncer à sa vie. Du moins en partie se dit-elle confusément. Combien de femmes éviteraient de tomber enceintes si elles se doutaient des conséquences que cela aurait pour elles? Plutôt que d'en parler, on cache cette réalité derrière un épais rideau d'ignorance.

Elle frissonne, secouée par un froid intérieur. Elle a beau être adulte, elle ne sait pas comment se débrouiller avec elle-même. Dans ses rêves, tout paraît simple. Elle agit à son gré mais il lui suffit d'ouvrir les yeux pour que la grisaille revienne. Elle se cogne sans cesse contre la réalité. La vitre est glaciale contre sa joue, froide comme la mort. N'existerait-il pas une porte dérobée derrière laquelle il y aurait un tunnel qui la conduirait vers un autre monde ? Un monde ayant une toute petite ressemblance avec ses rêves ?

Alors elle comprend. Elle lui a proposé de venir chez elle, ce qui, pour lui, signifiait que toutes les portes étaient ouvertes. Elle lui a bien dit qu'il ne devait pas s'attendre à autre chose, mais il a pensé que cela faisait partie d'un rituel. Qu'ils coucheraient ensemble de toute façon. Elle voit sa surprise, son embarras. Quel sale monde pour les femmes, se dit-elle.

Un ensemble de réseaux verticaux compliqués sépare le grand patron de la masse des ouvriers, à laquelle appartient Eivor Maria Skoglund. Un labyrinthe pour elle. Une structure de pouvoir pour lui.

Comme si c'était un signe de faiblesse de reconnaître qu'il nous arrive de nous réveiller la nuit avec l'envie de hurler. Ça ne se fait pas. Pas quand on est issu d'une honnête famille d'ouvriers qui se contente de peu.

Soudain, elle respire plus facilement . Elle a pris sa décision . Il faut l'exécuter ou mourir . Nombreux sont ceux qui se sont déjà attaqués à l'impossible ! Notamment des générations de femmes exténuées avec des conditions de vie inimaginables .