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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1947. Agop, réfugié arménien installé en banlieue parisienne, cède aux appels de Staline et d'une partie des organisations arméniennes : il quitte, provisoirement pense t'il, femme, enfants et amis pour rentrer en Arménie.
Hélas, l'accueil dans la nouvelle république soviétique n'est pas celui attendu et le jeune homme se retrouve prisonnier de l'URSS, avec deux idées en tête : retrouver Haïganouch, la jeune soeur d'Araxie l'épouse de son ami Haïgaz, et fuir ce pays qui n'est plus le sien.

Après "L'oiseau bleu d'Erzeroum" où il nous présentait, de façon assez crue mais terriblement réaliste, la terreur du génocide arménien et le début de la construction d'une diaspora en France, l'auteur poursuit sa saga familiale avec un épisode moins connu de l'histoire des arméniens : la tentation d'un retour au pays, dans une république socialiste soviétique d'Arménie. Il y a encore beaucoup de douleur et de larmes, peut-être un peu plus d'espoir et de sourires, mais moins de crédibilité...
Tel que raconté, cet épisode paraît en effet plus romanesque que la première partie. Agop, ses proches et ceux d'Araxie semblent avoir un peu trop de chance. Là où beaucoup d'autres meurent, eux passent trop facilement au travers des mailles du filet. Et que vient faire le jeune Boris Eltsine dans cette histoire ?
Reconnaissons cependant, une fois encore, le talent de Ian Manook pour créer des personnages. Ce sont eux, et leur présence presque physique, qui donnent du corps à une intrigue que l'on vit avec eux, à travers eux.
Cette saga est écrite, et se lit, comme un épisode d'une série policière : rythmée par des chapitres plutôt courts, par le croisement des histoires des deux personnages centraux, par quelques rebondissements inattendus. le roman est rédigé simplement, sans effet de style ou abus de mots savants susceptibles d'égarer le lecteur. Il se lit donc très facilement, sans laisser indifférent.
Une belle saga historique, au tome 2 peut-être un peu trop romancé ?


Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Cette suite de "L'oiseau bleu d'Erzeroum" était depuis un bon moment à mon programme de lecture, j'attendais juste un déclic, un signal pour me signifier que c'était le bon moment. Et c'est @Gwen21, en m'invitant à rejoindre un groupe de LC sur cette saga, qui m'a donné ce signal, je l'en remercie ainsi que nos autres complices (@tomsoyer, @sylvaine, @catherineCM).
Les souvenirs sont vite revenus, même si ma lecture du premier volume remonte déjà à un an et demi. Il faut dire que les personnages, inspirés de la famille de l'auteur, sont plutôt marquants ! On les retrouve au sortir de la seconde guerre mondiale (en 1947), alors qu'Agop, le mari d'Araxie (grand-mère de l'auteur), cède aux sirènes soviétiques qui promettent aux arméniens exilés en France de leur rendre leur terre. Il s'embarque à bord du Rossia, en compagnie de 3500 autres compatriotes pleins d'espoir, certains avec femme et enfants. Lui au moins a eu la sagesse de partir seul, heureusement car il va vite déchanter. Les belles promesses vont se transformer en années de galère, d'emprisonnement arbitraire et de persécutions, nombre de ses compagnons de misère y laisseront leur vie.
En parallèle, nous retrouvons la trace d'Haïganouch, la poétesse aveugle soeur d'Araxie, dont elle avait été séparée lors d'évènements tragiques précédemment. Elle s'est mariée, a eu un fils, Assadour, mais son bourreau Anikine l'a retrouvée et a de nouveau plongé sa vie dans le chaos et la terreur. Elle se retrouvera déportée en Sibérie.
Les trajectoires d'Agop et d'Haïganouch ne cesseront de se croiser sans qu'ils le sachent, chacun endurant son lot de souffrance, et ignorant du sort de sa famille. C'est d'ailleurs un des aspects que j'ai trouvé parmi les plus terribles dans toutes les "péripéties" subies par les héros de l'histoire : cette perpétuelle ignorance du sort de ceux qu'ils aiment, parfois des années durant à ne pas savoir si le fils, l'époux ou la femme aimée sont encore de ce monde, et dans quelles conditions. Il y a peut-être un peu moins de scènes d'horreur crue que dans "L'oiseau bleu d'Erzeroum", mais la violence psychologique est omniprésente, en plus de la violence physique. Et nous en apprenons encore une fois beaucoup sur les "méthodes" des dirigeants soviétiques successifs (mais pas que), pour asservir le peuple et tuer dans l'oeuf toute vélléité de rébellion. Et surprise, certains politiciens français débutants à l'époque vont aussi en prendre pour leur grade, ainsi d'ailleurs que le Parti Communiste Français, qui a poussé les Arméniens de France à repartir vers un avenir illusoire.
J'ai été un peu moins emportée par ma lecture que pour le premier opus, peut-être parce qu'il y a beaucoup de personnages secondaires qui interviennent, on s'y perd parfois. Et les moments de respiration ou d'humour sont aussi plus rares, même lorsqu'on revient dans la famille restée en France, l'atmosphère ne s'allège que lors des banquets où la communauté prépare d'innombrables plats traditionnels (je les connaissais presque tous par coeur à la fin !). Par contre j'ai apprécié les intermèdes musicaux initiés par le jeune Zazou, compagnon d'infortune d'Agop qu'on suivra également tout au long du roman et qui prendra une place prépondérante dans l'histoire.

Cette lecture restera certainement marquante pour moi, et j'espère que l'auteur ne nous laissera pas sur la cruelle incertitude induite par la dernière phrase du roman ! Je l'ai rencontré au festival du Livre de Colmar alors que j'étais en pleine lecture de son histoire. J'ai vraiment regretté le lendemain de ne pas avoir achevé un peu plus vite les derniers chapitres, je crois que je l'aurais "cuisiné" jusqu'à savoir si un troisième tome allait paraître bientôt !
J'espère que c'est le cas, parce que pour moi ça ne peut pas s'arrêter là.


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1947, les arméniens sortent d'un enfer pour plonger dans un autre.

Le chant d'Haïganouch est la suite directe de L'Oiseau bleu d'Erzeroum, le premier roman qui avait permis à Patrick Manoukian alias Ian Manook de fictionner ses racines.

Avec ces deux livres, il nous raconte l'histoire de ses grands-parents, ainsi que de ceux qui ont gravité autour d'eux. Des vies remplies de tragédies terribles, qui avaient débuté de la pire des manières.

Après le génocide turc autour de 1915, place à l'URSS d'après la seconde guerre mondiale.

Staline disait cyniquement que « La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique ». Les personnages du roman vont expérimenter les conséquences terrifiantes de cette politique.

L'espoir était pourtant de mise au sortir de la guerre, les familles avaient trouvé leur place en France. Et voilà que les soviétiques leur proposent un mirage : créer une nouvelle terre promise arménienne. La suite sera pire qu'une désillusion, un autre brasier de douleurs qui se formera dans la glace russe.

Mais ces romans tiennent davantage de la saga familiale que d'une saga historique.

Ce deuxième volet est différent du premier, dans le sens où il se focalise étonnement sur Agop, le copain à la vie à la mort de son grand-père, et sur Haïganouch, la petite soeur de sa grand-mère.

Tous deux se trouvent sur les immenses terres russes, pour des raisons différentes. Mais ils vont chacun de leur côté connaître la déportation et l'inhumanité à grand échelle du système soviétique.

Les deux pieds dans l'absurdité totale de ce système, et une situation horrifiante qui dépasse le sort même des arméniens.

C'est à nouveau un livre à lire pour comprendre, pour s'émouvoir, pour se laisser porter par des personnages marquants. Des vies qui pourraient être tristement banales, mais qui s'avèrent des destins extraordinaires. Et pour l'auteur, rendre des histoires personnelles universelles.

Un récit qui sert de transmission, basée sur les souvenirs racontés par les grands-parents. Et qui contribue au devoir de mémoire, d'autant plus de nos jours où on recommence à jouer le même genre de partitions mortifères.

Mais le roman reste avant tout une vraie aventure humaine, avec un Manook qui habite ses personnages. Un récit fait de petits-riens qui constituent un tout, au plus près des protagonistes. Un enrichissement.

C'est un deuxième livre, la surprise est moins prégnante, mais le ressenti de lecture toujours touchant. Toujours révoltant.

La plume de l'auteur est là pour raconter ces destins. Pour nous faire aimer ces personnages. Pour imaginer et imager la réalité. Pour dire l'innommable ou même pour appuyer avec virulence sur la responsabilité de la France.

Le chant d'Haïganouch est un deuxième volet toujours au plus près de l'humain, même dans les pires horreurs. Avec un Ian Manook qui se donne et qui donne.
Lien : https://gruznamur.com/2022/1..
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Second volet de la Saga L'Oiseau bleu d'Erzeroum, le Chant d'Haïganouch nous emmène manu militari en URSS au début de l' année 1947, Staline trône en majesté à Moscou ...
Agop comme des milliers d'autres arméniens exilés veut rentrer, il profite du Rossia et quitte la France pour cette Arménie qu'il chérit tant. Haïgaz son ami a tout tenté pour l'en dissuader rien ni a fait .
A peine arrivé le rêve d' Agop s'effondre et les années de misère, de famine , de camps , de Sibérie vont s'égrainer. Au pouvoir Staline toujours et encore assisté de Beria et de ses sbires... Agop restera t'il emprisonné à vie dans l'immensité de l'U.R.S.S?
Et Haïganouch me direz-vous? Elle aussi aura à subir la haine rancunière de certains hommes bien introduits en cour , les mêmes qui subiront à leur tour l'oppression du nouveau pouvoir. Haïganouch pourra t'elle reprendre le piano, et devenir l'artiste que tous s'arracheront. Y aura t'il pour elle à nouveau des jours de bonheur?

Un roman foisonnant, douloureux, un roman au goût amer de l'éternel recommencement , un roman bouleversant porté par la superbe plume de Ian Manook.
Un roman lu dans le cadre d'une L.C initiée par @Gwen21, merci à elle et à mes comparses .
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C'est le premier roman de Ian Manook (de son vrai nom Patrick Manoukian) que je lis. Il fait suite au livre L'oiseau bleu d'Erzeroum que je n'ai pas lu et vais bientôt lire. Je pense que l'on peut procéder ainsi, car les deux histoires sont indépendantes, et l'on comprend ce qui est déjà arrivé à une partie des personnages du premier roman.

C'est, encore, pourrait-on dire, un épisode de la vie terrible de ce petit peuple qui a tant souffert, et ça continue, avec le sort réservé récemment aux arméniens du Haut Karabach, chassés par l'armée de l'Azerbaïdjan, sans que ça émeuve beaucoup en Europe ou ailleurs. Il faut dire que l'Azerbaïdjan est gros producteur de gaz, de ce fait on ménage ce pays.

Alors que L'oiseau bleu d'Erzeroum se passe durant le genocide arménien de 1915, toujours nié par la Turquie, ici, c'est une histoire dont je n'avais pas connaissance, et qui débute en 1947.
Cette année-là, avec, on l'apprend au fil du roman, l'attitude ambiguë et manipulatrice (qui se révélera dans d'autres situations, je pense par exemple à son amitié pour l'infâme « collabo » Bousquet) d'un certain François Mitterand, alors Ministre des Anciens Combattants, l'Union Soviétique de Staline offre aux Arméniens en exil la possibilité de retrouver leur patrie pour y reconstruire le pays. Mais ceux qui choisiront le retour se trouveront pris au piège de ce terrible régime totalitaire.

L'auteur choisit de nous conter cet épisode historique en poursuivant la saga familiale de l'Oiseau bleu d'Erzeroum.
Dans ce roman-ci, c'est Agop, le mari d'Araxie (l'une des héroïnes du premier roman) qui choisit de partir vers son Arménie natale, rêvant d'y faire venir ensuite son épouse et le reste de sa famille.
Son beau-frère Haïgaz,qui a compris que ce retour au pays est un mirage dangereux, cherche à le dissuader, sans succès.
Arrivé dans son Arménie natale, Agop réalise très vite toute l'horreur et l'absurdité du régime totalitaire soviétique.
Dans le même temps, nous suivons la vie de la soeur aveugle d'Araxie, Haïganouch, artiste complète, poétesse, pianiste exceptionnelle, et chanteuse. En Union soviétique elle a épousé Pliotchkine, un homme opposé à la dictature. Ce dernier est retrouvé par son ennemi, le cruel Anakine, qui l'abat froidement. Alors commence pour Haiganouch une errance qui va l'amener au fin fond de la Sibérie.

Le lecteur va suivre les histoires parallèles d'Agop, d'Haïganouch, et de leurs familles restées en France.
C'est enlevé, au souffle romanesque, un peu trop romancé, parfois excessif, à mon goût. Mais c'est un des écueils du genre, que l'on pardonne. Et je ne suis pas près d'oublier tous les personnages attachants de ce récit où l'émotion, l'humanité, surnagent au-dessus de l'horreur.
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Meudon 1947
C'est un chant choral avec 3 histoires liées au sort des arméniens qui pour certains ont échappé au génocide de 1915 !
Agop a décidé contre l'avis de sa famille de répondre à l'appel de Staline, du parti communiste français et des principales organisations arméniennes de France et de partir en URSS. En effet, il fuit la France qui, sous le gouvernement de Vichy n'a pas tenu ses promesses : les naturalisations ont été suspendues et il y a eu le harcèlement de la Milice, les dénonciations, les arrestations arbitraires, les humiliations ! Et, pourtant toute sa famille vit à Meudon autour d'Araxie, Haiganouch, Haigaz, mais Agop est têtu et, il embarque à Marseille sur le Rossia avec d'autres arméniens !
En URSS : il va vite découvrir l'enfer soviétique, mais Agop est une grande gueule et un débrouillard et, il va se lier d'amitié avec un jeune Zazou qu'il considérera comme son fils !
Sur les bords du lac Baïkal, vit Haiganouch, poétesse aveugle qui a été séparée de sa soeur lors du génocide de 1915 et qui est traquée par la police, surtout par Anikine de la police d'Etat, un des exécutants zélés de Staline qui a tué son mari Viktor et a fait fuir leur fils Assadour !
Des camps d'Erevan ( ou se trouve Agop ) aux goulags d'Iakoutsk ( Haiganouch ) les routes des 2 exilés vont se croiser souvent mais ils finiront par dominer l'adversité, la peur grâce au courage, à l'espoir et surtout à l'entraide de cette communauté arménienne chaleureuse qui perpétue dans ses traditions la joie de vivre !
Un beau roman sur un épisode de l'exil des arméniens qui vient s'ajouter aux atrocités de ceux qui ont été décimés en 1915 et, qui pour la plupart se sont installés à Marseille.
Marseille, ou j'ai eu la chance d'y rencontrer mon amie Yvette et ceux de sa famille rescapés de la fureur turque.
Ian Manook rend un bel hommage à son peuple !
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Ian Manook, qu'on connait et admire évidemment pour sa remarquable saga policière mettant en scène le commissaire Yeruldegger dans les steppes d'Asie centrale, nous avait fait vibrer en 2021 avec "l'Oiseau bleu d'Erzeroum " qui partait sur les traces de sa grand mere.

La suite de cet oiseau bleu apparaissait comme assez évidente et elle est parue en octobre dernier, dans laquelle le romancier, Patrick Manoukian à l'état civil, raconte l'apres génocide vu à travers l'arménie soviétique

Après avoir dévoré le premier tome de cette saga, il nous tenait à coeur de lire cette suite sur un peuple et un pays peu présent en littérature.

Nous continuons à suivre le destin de ces deux jeunes soeurs sur près de 50 ans à travers ces deux tomes et d'autres personnages qui gravitent autour… et nous en apprenons aussi beaucoup sur notre histoire.

Ce second tome suit cette fois le départ de nombreux arméniens de France pour l'URSS et l'espoir d'un nouveau départ pour ce peuple meurtri.​​​​​​​ et parle également de culture à travers le personnage d'Haïganouch, qui donne le titre au roman, une poétesse, persécutée longtemps par le pouvoir à cause de ses vers vibrant de vérité.​​​​​​​​

C'est également un formidable conteur et, s'appuyant sur l'enfance romancée de sa propre grand-mère, il nous entraîne dans le destin tragique mais beau aussi de deux fillettes qui vont survivre.

Passionnant et addictif, L Histoire rencontre l'intime dans un roman décoiffant et lyrique!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les voyages avec Air Manook sont toujours beaux, mais difficiles. Magnifiques, mais durs, éprouvants, émouvants…

D'ailleurs, je n'ai pas lu ce roman tout de suite. Je voulais découvrir la suite au plus vite, mais j'avais peur. Peur que l'auteur ne maltraite encore ses personnages, que j'adore, que j'aime (mais si vous lui dites, je vous tue !!). Envie de rester avec, dans ma mémoire, le final du premier roman, où les personnages étaient sains et saufs.

Le premier tome avait été éprouvant à lire, surtout dans ses 50 premières pages. Celui-ci est différent, mais il n'en reste pas moins éprouvant, même si ce n'est plus le récit d'un génocide avec toutes ses horreurs. Dans ce deuxième volet, un personnage (Agop) va retourner en Arménie, devenue communiste et qui n'aura rien de la terre promise.

Staline, le communisme, l'URSS, je savais que j'allais morfler. le contrat est respecté et réussi. Dans ce nouveau roman, l'auteur va nous montrer le voyage d'Agop (que j'adore aussi, mais si vous lui dites, je vous tue !) en terres communistes et ce ne sera pas une promenade de santé.

L'auteur est champion dans les atmosphères, dans la description de l'Histoire, au travers de toutes les petites histoires qui font la Grande. le dépaysement était réussi, j'étais bel et bien en URSS, chez les Soviets, au milieu d'un système inique, totalitaire, arbitraire et violent. Fuyez, pauvres fous !

Dans ce système totalitaire, le régime règne par la peur. Vous pouvez vous faire arrêter pour tout et n'importe quoi. Non pas uniquement en raison de votre religion, de votre appartenance politique, de votre préférence sexuelle, de votre sexe, de votre ethnie, de votre nationalité…

Là-bas, la foudre peut frapper à tout moment, n'importe où et n'importe qui, même un dirigeant du parti totalitaire. Vous étiez tout hier, aujourd'hui, vous n'être plus rien qu'un corps mort. Si certains salopards aiment le côté grisant du pouvoir absolu et ne se privent pas pour en user et abuser, d'autres n'obéissent aux ordres que parce qu'il y a des menaces sur la tête de leur famille. L'auteur fait bien la distinction entre les deux, bien que la violence soit toujours présente, surtout si le type a peur que sa famille en pâtisse.

Alternant les chapitres consacrés au voyage d'Agop et ceux de sa grande famille arménienne, restée en France, le roman s'intéressera aussi au destin d'autres personnages, rencontrés dans le premier tome, comme notre poétesse aveugle, Haïganouch et son fils. Tous les fils tissent une grande toile et les chapitres se lisent tout seuls, la peur au ventre, les poils dressés sur les bras, en lisant quelques chiffres.

Une fois de plus, c'est un coup de coeur, en plus d'un coup dans les tripes, dans l'âme. Les voyages au pays de l'iniquité et de l'illogisme, poussé à son paroxysme, sont toujours éprouvants et on n'en revient jamais tout à fait entier.

Un roman puissant, portés par des personnages forts, possédant de la profondeur, auquel on est attaché. Une aventure horrible au pays des Soviets, faite de violences, de déportations, de goulags, de camps de travail, d'horreurs, mais avec une faible lueur dans la nuit, de l'espoir, beaucoup d'amitié et d'amour familial.

Les émotions ressenties durant ma lecture furent puissantes. Un roman historique aussi qui dénonce les erreurs de la France, d'un certain Mitterrand et sur le fait que l'on se fout toujours de ce qui arrive aux autres, tant que ça ne nous touche pas personnellement.

Un magnifique roman, tout simplement !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le destin tragique de la famille arménienne de l'auteur se poursuit après leur arrivée en France à Meudon.

Nous les retrouvons en 1947, au coeur d'une petite communauté arménienne : Araxie et Haïgaz, Haïganouch qui a pris le prénom de sa petite soeur aveugle et dont elle a été séparée par la guerre et surtout son mari, héros de cette terrifiante cette saga : Agop.

Succombant aux promesses fallacieuses de Staline et rêvant de reconstruire une Arménie libre au sein de l'Union soviétique, cédant aux encouragements de ses camarades du Parti communiste français tout puissant en ces lendemains de guerre, Agop embarque à Marseille sur un navire affrêté par les Russes en compagnie de milliers d'Arméniens, avec l'objectif de préparer la venue de sa femme et de ses deux enfants dans ce nouveau foyer national qui sera enfin le leur.

Il s'est jeté lui-même dans la gueule du loup car dès leur arrivée, ces immigrants sont traités comme des traitres, pourchassés comme espions des régimes occidentaux, piégés entre camps de travail, chantiers de construction de voies de chemin de fer à même le pergélisol ou de creusement de canaux non navigables, torturés, frigorifiés, mis au cachot, asservis et affamés, broyés par le système du Goulag. Tout comme les Alsaciens enrôlés de force dans l'armée allemande – les « malgré nous » - puis capturés par les troupes soviétiques, ou comme les prisonniers russes libérés par les armées occidentales après la défaite allemande et qui sont considérés comme des collabos et assassinés par milliers à leur retour en Union soviétique.

L'enfer soviétique décrit par Patrick Manoukian n'a rien à envier à La vingt-cinquième heure de Virgil Gheorghiu qui m'avait tant remuée dans ma jeunesse, ni à l'oeuvre d'Alexandre Soljenitsyne. La maîtrise d'un peuple par la peur, la délation et le chantage, la corruption, l'arbitraire, la violence gratuite omniprésente, les séparations de familles, les déplacements de populations systématiques. Même après la mort de Staline en mars 1953, rien ne change. La vie des autres ne compte pas.

Pour ma part, je n'ai rien découvert de ces horreurs : à partir de 1944, mon père qui était Courrier diplomatique se rendait tous les trimestres à Moscou et racontait ensuite ce qu'il y voyait. Il s'y était fait un très fidèle ami, le journaliste correspondant permanent de l'Agence France Presse à Moscou Jean Nau, celui qui eut le scoop de l'annonce de la mort de Staline …

L'histoire qui nous est contée est si abracadabrantesque qu'elle ne peut qu'être vraie. L'oubli par la France de ses ressortissants piégés en Arménie soviétique aussi. Mais comment s'opposer à l'URSS ? Il est bon de replonger dans cette histoire épouvantable en ayant en perspective les conflits (au Caucase, en Ukraine) qui se déroulent sous nos yeux.

Le roman, parsemé de musiques et de poésie, s'achève par un nouveau suspens : vivement le troisième tome de la série !
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Un très bon roman qui mêle la grande Histoire, celle de l'Arménie et les tortures infligées au peuple Arménien à la petite histoire, celle de personnages émouvants et courageux que j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver dans ce deuxième volet de cette intéressante saga de Ian Manook.

En principe, je n'aime pas trop les romans en plusieurs tomes, ou alors je les lis dans un intervalle restreint, afin de ne pas perdre le fil. Mais pour cela, il faut que l'ensemble des tomes soient parus au moment d'en commencer la lecture.
L'année dernière, j'ai lu et apprécié "L'oiseau bleu d'Erzeroum" au moment de sa parution. Me voilà donc à entamer le second volet un an et demi après...

Ce que j'avais craint n'est pas arrivé, l'histoire et les personnages se sont globalement bien remis en place dans ma tête et c'est un point positif.

A nouveau, j'ai été embarquée par ces destinées hors du commun, je mes suis révoltée contre les atrocités dont sont capables les Hommes et j'ai suivi avec beaucoup de plaisir cette fresque à la fois personnelle pour l'auteur et historique.

Un très très bon moment de lecture enrichissant et divertissant !
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