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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Est-ce vraiment un roman ?
Certes, les personnages sont imaginaires, certes il y a une trame, mais c'est avant tout à mon avis un document sur les migrants, et la partie romanesque permet à l'auteur de livrer une analyse poussée et documentée sur les épreuves terribles que traversent ceux qui pour une raison ou une autre sont amenés à quitter leur pays : leurs difficultés dans leur pays d'origine, leur périple dangereux et difficile, les passeurs sans âme, leur arrivée dans leur nouvel environnement où ils doivent se cacher, où ils sont exploités.
C'est cette description qui m'a touché, beaucoup plus que le récit romancé, mais vu l'importance de ce sujet, très actuel, c'est un livre à lire.
Les situations, parfois extrêmement dures, nous font ouvrir les yeux !
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Ce qui m'a vraiment chaviré dans ce livre, c'est la narration. Une voix calme, sans grand éclat et pourtant d'une force !
La narration reste assez détachée des personnages, nous ne faisons pas ici dans le voyeurisme. Larmoyants aussi, passez votre chemin. Mais nous ne sommes pas non plus dans l'objectivité froide, quelques réflexions nous rappellent que nous ne pouvons ( ?), devons ( ?) pas rester de marbre dans toutes les situations.

J'ai aimé faire un bout de route avec les personnages réfugiés : Virgil, le moldave, Assan et sa fille les somaliens, Chancal le bangladais. Enfin, c'est une façon de parler, bien sûr, tranquillou dans mon canap, loin de l'enfer d'un tel chemin. Ce que j'ai aimé, encore une fois, c'est la narration qui est faite de leur voyage. Raconté, pour chacun d'entre eux, en deux fois. D'abord très succinctement, puis avec quelques détails, mais pas trop. Là encore, on a un équilibre solide pour ne pas tomber dans le pathos.

Les scènes plus particulièrement décrites semblent avoir un but. Par exemple, l'infibulation qui souligne le poids des traditions sur les hommes et les femmes, au-delà du raisonnement et au-delà du raisonnable.

J'ai aussi apprécié le début de l'histoire, la rencontre des réfugiés, leurs débuts en France, leurs liens avec les autres réfugiés… En particulier le personnage de Talaat, d'abord brut de décoffrage puis tout en nuances finalement, car l'inhumanité est parfois partie intégrante de l'humain.

Mais rapidement, quelque chose a changé. Je n'y ai pas cru.
Pourtant je n'attends pas d'un roman qu'il me décrive forcément une réalité possible. Mais quelque chose s'est brisé dans un passage où Virgil est dans la forêt. Il connait les habitudes des promeneurs, il donne l'impression de savoir parfaitement comment ça se passe pour les réfugiés, de connaître le système par coeur. Alors qu'il est arrivé quinze jours avant…
Puis il y a quelque chose d'irréel dans la communication entre les personnages. Comment se comprennent-ils si facilement ? Au niveau de la langue, mais pas que. Pourquoi ceux-là arrivent-ils si facilement à exprimer, avec de quasis inconnus, ce qu'ils ressentent ?
Et pour continuer, il y a Julien et Elise… Un peu trop monochromes, même si pourquoi pas ? Mais là non. Avec un tel livre, on est censé être dans la nuance, ne faudrait-il pas être dans la nuance jusqu'au bout ?
Et pour finir, le moment « Disney ». Elle aurait pu être belle cette scène… Mais il aurait fallu qu'elle soit préparée et qu'elle ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe.

Mon avis est donc très mitigé mais je suis quand même contente de l'avoir lu, pour l'écriture et la narration, si belles…





Il est des inspirations musicales qui s'imposent à moi dès que j'ouvre le fichier pour écrire ma « critique ». Ici, du Mano Solo est tout indiqué, pour la beauté de son texte (et la musique sympathique), pour la proximité du sujet évoqué, et parce que… j'adore.

« Les habitants du feu rouge
N'ont plus qu'une main qui bouge
Pendant que l'autre s'agrippe encore
A l'espoir de ne pas faire partie du décor
[…]
D'un raz de marée qui les a j'tés là
Marins des trottoirs sans port ni belles histoires
Les seuls embruns sur leur visage
Sont ceux du dédain sur leur passage
Les habitants du feu rouge bougent quand tout le monde s'arrête
A contre-courant dans un monde en mouvement
Un peu d'répit dans la vitesse du mépris
Le vert est leur ennemi
Quand il libère les gens d'une réalité d'la vie
[…]
Ils sont prêts à tout même ne pas vous en vouloir
D'avoir besoin d'un sémaphore pour les voir »

Extrait de « Les habitants du feu rouge », Mano Solo :
https://www.youtube.com/watch?v=3cyLKUGH2mU

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Pascal Manoukian est journaliste et connaît sans doute bien ces zones de conflit, pourvoyeuses de nombreux candidats à l’émigration. Il en parle magnifiquement bien dans son premier roman « Les échoués ».
Au fil des pages, le lecteur suit les pérégrinations de quatre personnages, Virgil le moldave, Assan le somalien qui fuit son pays avec Iman, sa fille de 17 ans, et Chanchal le bengalais. L’auteur décrit avec sans doute beaucoup de justesse et de réalisme le long chemin parfois mortel vers la liberté, celle pour laquelle on devient clandestin, et cette envie inextinguible qui fait que l‘on quitte son pays à jamais pour se presser aux portes de l’Europe, comme c’est encore le cas aujourd’hui. Pourtant l’auteur situe son roman au début de 1992. Chacun a déjà à cette époque une excellente raison de quitter son pays, ruiné, meurtri, en guerre, de fuir la misère, la barbarie pour arriver dans ce pays de rêve qui, même s’il ne souhaite pas vraiment les accueillir les attire et leur fait espérer une vie meilleure, loin des souffrances qu’ils ont fui.
Car rien n’est simple et rien n’est rose en France, mais liberté et travail sont possibles. Au fil des pages, on découvre par les yeux de Virgil une population pas vraiment prête à accueillir ces immigrants, des partons qui exploitent des ouvriers, des conditions de vie qui impliquent l’organisation d’un monde parallèle, en dehors de tout circuit normal, où les solidarités entre coreligionnaires, venus d’un même pays, s’affirment.
C’est un roman d’une grande sensibilité et très étonnant par son actualité, qui force le lecteur à penser autrement et à s’interroger : que ferais-je à leur place ? La question est posée, mais la réponse n’est pas donnée.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Un nouvel éclairage sur les réfugiés avec ce roman du journaliste P. Manoukian (lui-même issu d'une famille « échouée » en France en 1927).
En situant son récit en 92 l'auteur nous mène à la rencontre des premières vagues de pionniers qui ont tracé les routes de l'immigration actuelle, fuyant la Somalie devenue un état de non-droit, la Moldavie au bord de la guerre civile, ou le Bengladesh miséreux.
Mais survivre aux effroyables épreuves du voyage ne signifie pas la fin de l'horreur… J'ai trouvé intéressant que l'écrivain dévoile les mécanismes sordides qui les attendent sur le sol français, avec un système de domination hiérarchisée au sein même des communautés, et l'esclavagisme organisé du travail au noir rappelant celui de la prostitution.
Bien qu'ici les héros s'entraident, on comprend qu'en réalité la solidarité se disloque lorsque la survie est en jeu.
Un ouvrage nécessaire pour continuer à garder les yeux ouverts !
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1992 : ils ont échoué par hasard à Villeneuve -le-Roi , Virgile le Moldave, Assan et sa fille fuyant la Somalie et Chanchal le Bengladesh. Après des conditions de migration épouvantables, ils sont en France humiliés, exploités, éreintés par le travail, malgré l' accueil chaleureux que leur réserve pour un temps une famille française.
L'auteur - au nom prédestiné!- a choisi un sujet complexe et tragique mais le traite avec trop de distance et une certaine naïveté. Ce roman n'a pas la force dénonciatrice de "Encore" d'Hakan Günday.
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C'est la chronique très originale de Lydie du blog Nos expériences autour des livres qui m'a donné envie de découvrir ce roman.
Je ne peux d'ailleurs que vous conseiller d'aller jeter un coup d'oeil à son blog!

Je suis complètement passée à côté de la rentrée littéraire 2015 et je commence seulement à m'intéresser aux quelques romans qui surnagent plusieurs mois après…pourquoi pas, c'est une méthode qui marche!

Je l'avais donc réservé à la médiathèque de ma ville, j'ai pu le récupérer début janvier et je l'ai immédiatement lu. Et je suis très contente d'avoir suivi le conseil de Lydie, parce que c'est une très belle lecture importante à faire.

Il faut dire que j'ai dévoré ce roman en seulement une grosse après-midi. On se retrouve vraiment plongé dans le récit et on veut absolument savoir la suite.

C'est un thème difficile et compliqué, surtout en ce moment. Un thème qui ne laisse personne indifférent et qui soulève beaucoup de haine et de peur : les migrants.

J'ai aimé la manière de faire de Pascal Manoukian. Ce qu'il fait, c'est de nous raconter une histoire. Forcément, on s'identifie, on se plonge dedans.
Cette histoire, qui est en fait l'Histoire, nous rend plus visible, plus réelle la situation intenable des migrants de maintenant.

On suit avec passion les longs périples de nos personnages, on tremble pour eux, on se rend compte de leurs émotions, de leurs peurs, de notre regard d'Européens sur eux. On vit leur très long périple, les dangers multiples, leurs arrivées. Et on comprend que même la situation abominable chez nous est toujours mieux que ce qu'ils ont chez eux.

Autre chose assez intelligente de la part de Pascal Manoukian, les européens en question apparaissent à peine, de loin seulement, sauf pour une famille. Est-ce qu'ainsi il échappe à un côté « donneur-de-leçon : regardez comment vous traitez des êtres humains? » difficile à éviter? Je ne sais pas si c'est pour cela qu'on les voit à peine, mais j'ai trouvé cela intelligent. La plus grande partie des personnages sont exclusivement des migrants légaux ou pas.

La question qu'il faut se poser à présent est est-ce qu'un roman peut vraiment ouvrir les yeux des gens?
Pas juste rapidement, mais complètement, définitivement et donner envie de changer le monde, de le rendre meilleur?
Je me pose cette question depuis le Règne du Vivant d'Alice Ferney, un autre livre très violent, qui force les lecteurs à se regarder -au moins durant la lecture– dans le miroir et à se dire « et moi quelle est mon opinion? »…
Mais est-ce que cela peut aller plus loin? J'aimerais bien. Et je pense que ce roman peut changer le regard qu'on a sur cette population.

Mais ce roman n'est pas un coup de coeur…Je dois dire que j'ai eu parfois un peu de mal avec le style et la manière de passer certaines idées : trop d'évidences qu'on nous rabâche en boucle en ce moment, une certaine forme de tragique qui déséquilibre le message je trouve…
Suis-je devenue trop cynique? J'avais lu une critique qui expliquait ce style pour empêcher le roman d'être trop désespérant et je dois dire que c'est une explication qui se tient. Parce que sinon…

Il n'y a pas vraiment d'espoir. Surtout que ce roman a lieu en 1192, soit il y a 23 ans…quand on compare avec la situation de maintenant, on ne peut qu'être désespéré.
La situation, au lieu de s'être amélioré a gravement empiré et n'est vraiment pas prêt de s'améliorer.

Je vous mets ici le lien vers une vidéo Migrants, mi-hommes de la Chaine Data Gueule, une chaîne que j'aime beaucoup et qui dissèque très clairement des thèmes de la société. Cette vidéo était très intéressante et nous montre comment on peut manipuler les opinions avec les chiffres.

Je n'ai pas énormément parlé de l'histoire en elle-même et des personnages dans cette critique je me rends compte…
Mon personnage préféré était Virgil sans hésiter, un homme exceptionnel, bon et droit malgré sa situation très difficile. Chancal était un peu en retrait par rapport aux autres, c'est dommage, j'aurais voulu en savoir plus sur son quotidien, des vendeurs de roses, on en voit beaucoup dans la capitale et on est très agacé quand ils viennent nous solliciter.
J'ai moins apprécié Assan et Iman.
Le roman se base surtout sur Virgil et Assan je trouve.

[Attention, je dévoile la fin]


——————————————

Un roman qui est plus que jamais d'actualité et que tout le monde ferait mieux de lire pour savoir ce que c'est que d'être un clandestin.
Moi, à la fin de ma lecture, j'ai remercié le Ciel de ne pas être dans cette situation et très certainement mon regard a changé sur ce qui se passe en ce moment.

Un roman à lire donc et dont il faut se souvenir.
Lien : https://writeifyouplease.wor..
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Une lecture qui commençait bien : des analyses intéressantes sur le sujet des réfugiés, les conditions de leur arrivée en Europe, leurs conditions de vie. Et même si les histoires de chacun débutent quand ils se font pisser dessus, baste, j'ai continué ma lecture.

Et puis est arrivé le moment « Disney » tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Et là, le récit s'est enlisé façon conte de fées. Dommage.

Une lecture qui reste intéressante toutefois pour les éclairage qu'elle propose sur le phénomène migratoire.

L'image que je retiendrai :

Celle de Virgil et Assan mangeant sur une poutrelle d'un immeuble façon gratte-ciel américain.
Lien : http://alexmotamots.wordpres..
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Avec l'actualité (souvent brûlante) en miroir, j'avais envie de découvrir ce roman qui évoque les destins entremêlés de quatre migrants (trois hommes et la fille de l'un d'eux) arrivés chacun d'une longue route de l'exil, chacun poussé par des motivations différentes (les chapitres consacrés à chaque personnage donnent une vision marquante des persécutions dont ils sont l'objet) et espérant trouver en Europe un avenir moins sombre.
Le livre, dont l'action se situe en 1992, offre d'intéressantes réflexions sur les conditions de voyage, sur la vie misérable et cette espèce d'esclavage qui les attend, mettant en perspective la fragilité de l'être humain, sa solitude, et parfois aussi, son extrême violence. Il met en exergue un système qui profite aux passeurs, aux employeurs, à d'anciens réfugiés, les rendant plus riches, plus vicieux. Une réalité bien sombre qui donne souvent à ce roman des allures de reportage. Un roman à lire pour savoir.
Si j'ai globalement aimé ce livre, sa narration, si j'ai été touchée par les histoires de ces migrants, par leur amitié et leur solidarité, je n'ai pas aimé certains passages qui tiennent plus du mélo : l'épisode final du chevreuil et des mulots m'a paru superflu. Dommage de finir sur cette anecdote un peu mièvre : le roman aurait gagné en intensité en restant sur quelque chose de moins "irréel". En ce sens, j'ai préféré Eldorado de Laurent Gaudé ou La mer, le matin de Margaret Mazzantini qui, quoique romancés eux-aussi, évoquent la vie des réfugiés dans un registre plus cru.
Je n'ai pas vu l'intérêt de situer le récit en 1992, au moment où le flux n'est encore qu'anecdotique alors que le cadrer en 2015 lui aurait sans doute donné plus de portée. Cela met malgré tout en perspective le peu d'espoir d'une évolution de la situation de ces réfugiés.
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Les échoués relate le parcours de Virgil, Chanchal, Assan et Iman, qui ont tous quitté leur pays et ont dérivé jusqu'en France, où ils se rencontrent, et où les circonstances les conduisent à se rapprocher, jusqu'à compter les uns sur les autres, dans un contexte où la seule solidarité que peuvent rencontrer les migrants est celle qui existe entre les différents groupes ethniques.
Au-delà de ce qui se lit dans la presse à l'heure actuelle sur les migrants, ce roman est essentiel pour nous rappeler les parcours individuels et les vies humaines qui sont en jeu, et qui se fracassent contre les portes d'un pays où le sort qui les attend, aussi misérable soit-il, l'est infiniment moins que celui qu'ils ont quitté en quittant leur propre pays, et tout ce qu'ils connaissaient.
Un roman important!
Lien : http://viederomanthe.blogspo..
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