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EAN : 9782228899758
217 pages
Payot et Rivages (08/04/2005)
3.5/5   3 notes
Résumé :
L'érosion du désir : beaucoup de couples " installés " en souffrent et se retrouvent ainsi au bord de l'impasse. Marie et Stanislas en ont fait l'expérience. Pour relancer leur couple, réveiller le désir, rétablir la communication, ils ont trouvé une solution qui pourra surprendre : l'échangisme. Elle s'est révélée efficace dans leur cas. Avec franchise, naturel et humour, Marie et Stanislas font découvrir une pratique qui, aujourd'hui, se démocratise. Ils mêlent le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un homme, une femme, un couple. L'amour, le mariage, les enfants puis la vie qui se charge de mettre son grain de sel routinier dans la machine-foyer type que la société nous vante tant. Les époux qui se murent progressivement dans leur individualité jusqu'à devenir de simples colocataires unis uniquement par les enfants, les séances de masturbation en solitaire pour monsieur, les doutes de madame, la rupture qui guette puis l'infidélité de monsieur comme ultime stade d'un couple comme les autres dans notre joyeuse société post-industrielle. Jusque-là rien de bien folichon sous le soleil et pas de quoi en faire un livre. le divorce semble inéluctable. C'était sans compter sur une proposition inattendu de la part de madame (Marie) aussi inattendue que surprenante : et si, pour se redonner une nouvelle chance, le couple ne lancerait-il pas dans le « libertinage » ?

Dans une société où un mariage sur trois se termine en divorce (et ½ sur Paris) toutes les solutions sont envisagées : thérapie de couple, psychologue, émissions de télé-réalité, stages commando en Centrafrique j'en passe et des meilleurs. Mais ici, pas question de discussions à n'en plus finir ou de témoignages « face caméra » pour sauver les meubles : la révolution et le renouveau passeront sous la couette ou au moins dans le lit d'autrui. C'est donc sur cette proposition surprenante (mais non moins originale) que s'ouvre ce témoignage qui nous occupera aujourd'hui.

Selon le professeur WELZER-LANG (1), le « libertinage » serait en pleine expansion en France depuis une dizaine d'années. Hausse de la fréquentation des clubs, saturation des serveurs des sites spécialisés (n'attendez pas que je vous donne des noms fieffés coquinous que vous êtes ! Google vous aidera bien mieux que moi!) et plages bondées au Cap d'Agde. Les tabous sauteraient-ils en même temps que les braguettes ? Pas nécessairement ou tout du moins pas selon certains auteurs à l'instar de Richard VIEILLE (2) qui réfute le terme de libertinage, véritable philosophie et art de vivre selon lui, préférant le terme d'échangisme pour décrire les pratiques sexuelles collectives de nos contemporains. Mais avant de se lancer dans la critique des sexualités à plusieurs intéressons-nous au couple de ce livre, Marie et Stanislas.

Refusant de voir 15 ans de sa vie se terminer en si mauvais chemin, Marie propose donc à sa tendre moitié d'utiliser leurs infidélités respectives pour prendre un nouveau départ. L'échangisme comme porte d'entrée vers un couple plus soudé, plus amoureux et plus fort. Une idée particulièrement originale et pas banale du tout. Il est a noté la forme très particulière de ce livre alternant des paragraphes écrit par Stanislas à d'autres de Marie. Chacun y confie ses doutes, ses interrogations et ses réflexions quant à leur histoire. Ce qui n'aurait pu être qu'un banal témoignage prend la forme d'une historie tout à fait originale et éclaire le récit d'un jour nouveau. On se rend très rapidement compte de la façon bien particulière dont les deux protagonistes analysent la situation de part leurs rôles genrés/sexués : si Marie analyse de manière extrêmement pragmatique les événements (« j'aime mon mari, notre couple va mal, essayons quelque chose de nouveau ») Stanislas est plus dans le qu'en dira-t-on et les questions d'ordres pratiques (« coucher avec d'autres femmes avec l'accord de ma femme ? Génial ! Mais euh ça veut dire qu'elle aussi aura le droit de coucher avec d'autres mecs ? Euh ouais non là ça va être dur à accepter ! Et on coucherai avec qui ? Et si je n'ai pas d'érections ? Et si elle trouve mieux ailleurs ? ») le livre chemine donc à travers les différentes étapes franchies par le couple dans la découverte de l'échangisme : les questions du départ, la première fois catastrophique, les clubs, les soirées privées, la jalousie, la bisexualité féminine et les différents aspects pratique (de leur point de vue) de la sexualité collective.

Comme je viens de le faire remarquer, cette alternance des points de vue est un très bon point. On passe du point de vue de Stanislas à Marie en alternant les questions, les ressentis et les analyses qui les assaillent chacun leur tour. Mais plutôt que du point de vue de Stanislas et Marie, il conviendrait davantage de parler du point de vue d'un homme et d'une femme. Car c'est une différence qui saute immédiatement aux yeux. Si cette histoire n'est pas banale, la façon de la traiter l'est bien plus si l'on se place du point de vue féminin/masculin. Les réactions des deux protagonistes sont dès lors plus que prévisibles :l'homme, enchanté à l'idée de pouvoir faire de la sexualité avec de nombreuses partenaires mais étant moins emballé par l'idée de voir sa femme faire de même et stressé par l'idée de ne pas pouvoir « assurer » en tant que mâle (viril), la femme prête à tout pour sauver sa famille et se découvrant une nouvelle féminité par une sexualité plus libre. le parcours devient dès lors bien plus banal et rejoint l'expérience des habitués du milieu échangiste. Les enquêtes et témoignages sur la question montrent que beaucoup de ceux se lançant dans l'aventure libertine le font à l'initiative des hommes ayant convaincu leur moitié. Mais si les promesses de départ sont alléchantes, les lendemains déchantent vite pour ces messieurs qui, voyant leurs compagnes épanouies et libérées dans les bras d'illustres inconnus, débandent vite et souhaitent à tout prix quitter le milieu. Si dans le cas qui nous intéresse ici le couple survit à tout ceci, il n'en demeure pas moins que les problèmes sont bien plus importants à régler pour monsieur que pour madame.

Et c'est là que le bas blesse. Car si la parité est respectée en terme de contenu au début du livre, très vite le ton vire à la thérapie pour Stanislas qui s'étale longuement sur ses doutes à travers le récit, rendant les interventions de Marie bien plus ténues. Ténues certes mais non moins percutantes. On ne peut que saluer le courage et la présence d'esprit de cette femme qui n'hésite pas à remettre en cause son confort et ses habitudes routinières pour pimenter son quotidien et faire vivre un couple dont beaucoup auraient sabordé à la première occasion. du côté de Stanislas en revanche les choses sont loin d'être aussi simples : entre la possibilité qui lui est offerte de pouvoir expérimenter une nouvelle forme de sexualité contrebalancée par ses peurs de pannes et de menus détails qui viennent perturber une partie de jambes en l'air plutôt bien commencée (à cause de la jalousie, d'une remarque d'un des invités ou que sais-je encore) celui-ci nous gratifie de lignes et de lignes de complaintes, d'errances et de doutes qui viennent polluer le récit et la réflexion du lecteur. Tous les adeptes du milieu libertin vous le diront : en ces lieux, les femmes ont le pouvoir. Et ce livre le montre bien. Alors que Marie est plus dans l'optique d'une expérience nouvelle amenant à des sensations et à une philosophie de vie qui le sont tout autant, Stanislas est bien trop cartésien, s'abandonnant à l'expérience qu'une fois certain de sa capacité à « assurer » un minimum. S'il y a bien un défaut à ce livre c'est bien celui-ci : alors qu'il aurait pu nous proposer une véritable réflexion sur cette pratique (solution envisageable à des ruptures en cascade et potentiel nouveau contrat social pour une société qui apaiserait les tensions par une sexualité plus libre – mais protégée), ce témoignage est trop souvent pollué par les états d'âmes récurrents de Stanislas.

Pour autant faut-il jeter se livre aux oubliettes ? Assurément non. Car si certaines plaintes de Stanislas peuvent être barbantes à la longue, cet essai offre un témoignage intéressant et montre d'un la sociologie du milieu échangiste. Les 200 pages du livre brossent un rapide portrait de l'ensemble des pratiques et ressentis des échangistes, l'âge des participants aux soirées, leur façon de penser ainsi que quelques conseils pour ceux désireux de tenter l'expérience. Point de prosélytisme puisque les auteurs préviennent d'entrée de jeu que ces pratiques ne sont pas ouvertes à tous et que si le « libertinage » a sauvé leur couple, il n'en ira pas forcément de même pour tout le monde. Si l'on pourra regretter un certain conformisme dans les pratiques du couple (exemple : madame est bien évidemment bisexuelle alors que monsieur a quasiment en horreur cette pratique chez les hommes – ce qui me fait dire que les échangistes sont loin d'être de vrais libertins qui sont bien plus ouverts à l'ensemble des pratiques sexuelles) et un manque, si ce n'est une absence complète, de réflexion quant à l'échangisme en lui-même, l'intérêt sociologique ainsi que les enseignements que l'on pourra tirer de ce témoignage (que cela soit dans une optique scientifique ou pour son intérêt personnel) font de ce livre une lecture correcte en complément d'ouvrages plus complets sur la question.


(1) WELZER-LANG D. (2005). « La planète échangiste : les sexualités collectives en France », Payot, 577 pages.

(2) VIEILLE R. (2007). « Amours plurielles : Echange, mélange et autres pratiques... », Blanche, 148 pages.
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