Cet essai a le mérite d'être un des premiers qui traite de ce sujet d'actualité en profondeur. Il en explore les tenants et les aboutissants avec l'exhaustivité et la relative objectivité nécessaire à ce genre d'exercice. Toutefois, cette volonté d'impartialité peut s'avérer frustrante quand il est évident (même pour l'auteur) que certaines personnes, certaines entités sont à blâmer mais ne sont pas ouvertement critiquées ; il arrive un moment où il est nécessaire d'arrêter de ménager la chèvre et le chou. Ce n'est pas non plus réaliste de croire qu'un changement de philosophie ou d'idéologie surviendra avant l'arrivée au pied du mur sans actions impactantes ; j'espère que ce livre en sera une mais j'ai du mal à le croire.
Plus formellement, l'écriture manque parfois de clarté : certains sujets mériteraient d'être plus explicités ou vulgarisés. Elle manque aussi de fluidité de par le trop grand nombre de citations qui ne sont pas toujours nécessaires.
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le conflit des bassines constitue un cas d'école, car l'eau comme commun s'inscrit dans toutes ces révolutions en cours ou à venir. Fondement de toute vie sur terre, sa surabondance (montée des eaux salées) ou son insuffisance (assèchement des sols) agissent comme une sorte de Jimmy Cricket destiné à nous rappeler, malgré toutes nos délégations, que "le progrès se trouve aujourd'hui du côté du maintien des conditions d’habitabilité de la planète".
Alors que sur d'autres sujets aux impacts bien moindres, nos sociétés en appellent à la tolérance "zéro" à la moindre infraction, justifient ou cautionnent les frappes préventives en cas de guerre, consentent aux états d'urgence dès lors qu'ils sont anti-terroristes ou sanitaires, lorsque toute la planète brûle dans une rare communion universelle, nous voilà comme paralysés, incapables d'interroger le dieu croissance, tétanisés à l'idée de repenser notre place dans le monde.
L'heure est aux schizophrènes et aux infinies variations de cette pathologie. Des climatologies-négationnistes, des climato-scpetiques, des géo-ingénieurs aux allures de savants fous, des éco-dépressifs, des survivalistes, des écoterroristes, nous pourrions sans problème égrainer cinquante nuances de plus ou moins grande folie face à l'urgence climatique
C'est une banalité que de le rappeler, mais engrais, irrigation et labour ont contribué à ce que le taux de matière organique des sols européens soit divisé par deux depuis 1950. Autrement dit, au nom de la fonction nourricière, on a détruit le sol nourricier. Il est donc impossible désormais de penser aujourd'hui cette fonction nourricière sans la fonder sur l'ingénierie écologique et sur la biodiversité des sols mais aussi sans prendre en compte l'ensemble des interactions, depuis l'atmosphère jusqu'à la roche et la nappe phréatique.