La poupée de chair

Le camp s’éveillait à peine. Le gardien-crieur haussait le ton, précipitait ses clameurs. Frileuse sous les haillons, Accroupie sur le seuil, menue, Liloa guettait Fatma, voisine et confidente.
La mère, qui maintenant nourrissait un feu de brindilles dans un coin dans la case, ne tarissait pas de recommandations :
– Tu réclameras 30 sous, comme fatma. N’es-tu pas aussi forte qu’elle ? Mais accepte si le marqueur impose quatre annas. Tu ne parleras à personne, Fatma acceptée. Si un blanc te questionne…
– Je l’insulterai.
– Tu l’insulteras.
Fatma sortait de sa case. Liloa couru vers elle.
Tributaire : hommes, femmes, enfants se rejoignaient et couraient vers la sucrerie. Elles se mêlèrent à un groupe.
–Alors ta mère a fini par consentir ?
–Une semaine seulement. Crois-tu qu’on m’acceptera dans ta bande ?