« Jusqu’à quand la digue tiendrait-elle pour retenir le chagrin? »
- Hermine.
- Quel beau prénom, et rare...
Un rire ironique m'échappa. Le naturel revenait vite au galop.
- Il n'a pas été choisi parce qu'il était beau. Ma mère manquait d'idées, alors elle a regardé le calendrier. Je suis née le jour de la Sainte-Hermine.
.....Bienvenue à La Datcha.
La Datcha était féerique ce soir. Un vrai décor de film. Elle me faisait rêver. voyager, retomber dans une enfance que je n'avais pas eue. Des larmes de joie montèrent. J'enroulai mes bras autour de mes jambes, submergée par la beauté des lieux. La Datcha m'avait toujours semblé magnifique. mais jamais à ce point.
Le parfum de Macha était celui de la douceur maternelle que je n’avais pas connue, mon corps devait s’en souvenir, devait en être imprégné.
Je ne l’aurais jamais avoué à personne pour ne pas être prise pour une folle mystique, mais parfois j’avais la sensation que les murs de La Datcha vibraient d’excitation à l’approche du plein de vie de la saison. Le cœur aussi impatient que le mien. Cette maison vivait quand il y avait du monde (…)
Je voudrais tant croire que tu reviendras un jour, mais j'ai peur d'espérer pour rien. J'ai passé tout ma vie à attendre que quelqu'un revienne. Tout le monde me quitte, mai personne ne revient jamais.
Avec Macha et Jo, j'avais découvert l'amour. L'amour qui fait du bien, qui soigne, qui répare, qui fait grandir.
Pourtant, elle était toujours aussi belle, la vieillesse lui rendait hommage. Son élégance était intacte, le deuil la rendait plus impressionnante encore.
J'étais une petite fille perdue qu'on abandonnait... Ce sentiment de déjà-vu, de déjà vécu me rendait muette. J'avais trop peur de parler, trop peur de crier ma douleur.
Mes enfants, je ne devais pas oublier qu'ils étaient ma plus belle réussite, mon plus grand bonheur, le reste importait peu.