J'étais simplement capable de profiter des petits bonheurs simples. C'était déjà ça, c'était déjà mieux.
« Et depuis un an, je me répétais tous les jours que j’aurais préféré mourir avec eux. Mais mon cœur battait obstinément. Et me maintenait en vie. Pour mon plus grand malheur. »
Extrait de: Agnès Martin-Lugand. « Les gens heureux lisent et boivent du café. »
Ils étaient partis en chahutant dans l’escalier. J’avais appris qu’ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m’étais dit qu’ils étaient morts en riant. Je m’étais dit que j’aurais voulu être avec eux.
C’était le moment, je devais annoncer à Félix que je partais vivre en Irlande. Trois jours, c’était le temps qu’il m’avait fallu pour rassembler le courage nécessaire. Nous venions de finir de dîner, je m’étais forcée à avaler chaque bouchée pour le satisfaire. Avachi dans un fauteuil, il feuilletait une de ses brochures.
Aujourd'hui, comme depuis un an, le silence régnait en maître dans notre appartement. Plus de musique, plus de rires, plus de conversations sans fin.
Les Irlandais... des rugbymen mangeurs de montons et buveurs de bière brune
Retour à la case départ. Rien n'avait changé ; les citadins pressés, la circulation infernale, l’agitation des commerces. J'avais oublié à quel point les Parisiens faisaient la gueule en permanence. Un stage de chaleur humaine irlandaise devrait être obligatoire au programme scolaire. Je pensais ça, mais je savais pertinemment que, dans moins de deux jours, j'aurais le même visage blafard et peu avenant qu'eux.
J'étais perdue entre le rêve et la réalité. La conscience m'abandonnait petit à petit, mes membres s'engourdissaient , je m'enfonçais doucement. Il faisait de plus en plus sombre. La tempête m'aidait à partir.
Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux.
Il faut d'abord que je me reconstruise,que je sois forte, que j'aille bien, que je n'ai plus besoin d'aide. Après çà, seulement, je pourrai encore aimer