Un récit de Fukushima : Le directeur parle

Reçu dans le cadre de Masse critique, et peu intéressée par le sujet, j'ai donné à lire au spécialiste familial, aux compétences professionnelles adéquates sur la question. Je vous livre donc son avis.
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Le récit remet bien en perspective l'abnégation et les actions remarquables menées par le personnel de la centrale de Fukushima, placé hors de tout contexte prévu et/ou prévisible, de par l'ampleur du tsunami rencontré.

A ce titre, il représente un témoignage remarquable qui souligne bien les limites des cadres institutionnels visant à planifier et organiser les actions à réaliser, pour faire face aux événements les plus graves encourus dans le domaine du nucléaire.

Il ouvre sur des aspects méconnus de la catastrophe post-tsunami et se lit comme un roman pour la partie relative à l'enquête sur le déroulement des opérations de sauvegarde des réacteurs nucléaires en perdition.

En revanche, au fil du récit, la partie tentant d'analyser le comportement humain en situation de catastrophe, quand tout repère vient à manquer aux intervenants, est affaire de théoriciens en psychologie comportementale humaine, voire de philosophie. Elle n'est pas accessible à tout public, d'autant qu'elle fait appel à un jargon et à un grand nombre de références bibliographiques toutes aussi absconses.

Cet ouvrage est un condensé des auditions du directeur de la centrale nucléaire de Fukushima, Masao Yoshida, qui font suite à la catastrophe de mars 2011.
Le directeur répond aux questions des inspecteurs, contrairement à ce que je pensais au départ, cet ouvrage est accessible, nous avons bien sûr des questions très techniques.
Par contre, je n'adhère pas du tout aux conclusions, passablement philosophiques et théologiques, qu'en tire les auteurs.
Ma seule conclusion, c'est que que les bâtiments de la centrale ne pouvait résister qu'aux tsunamis avec des vagues d'une hauteur maximum de 6,10 m. Or le tsunami de mars 2011 a provoqué des vagues de plus de 15 m. La conclusion que j'en tire, c'est que les humains, aussi intelligent soit-il, restent incapable de prévoir l'imprévisible. Ils ne savent toujours pas de quoi la nature est capable et n'apprennent rien de leurs erreurs (tsunami de 1991). Pour moi, les humains jouent avec le nucléaire comme des enfants avec des allumettes.

J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de la dernière opération Masse critique (merci à Babelio et aux éditions Presses universitaires de France).

Masao Yoshida était directeur de la centrale de Fukushima au moment de la catastrophe de mars 2011. L'idée d'écouter le récit d'une personne s'étant retrouvée, à son corps défendant, au coeur de ces dramatiques instants, me semblait intéressante.

Si certaines parties (notamment celles visant à introduire les propos de Yoshida) sont assez complexes, et pour tout dire, un peu rébarbatives, les interventions du directeur, à la personnalité remarquable, sont en revanche prenantes et plutôt abordables. le propos central est de dire que, face à une catastrophe d'une ampleur inattendue, les protocoles imaginés sont laminés, seul l'homme, grâce à son intelligence,sa réactivité et sa capacité d'adaptation, étant alors en mesure d'imaginer dans l'urgence des solutions permettant de limiter autant que faire se peut, les dégâts.

Au final, un ouvrage pas inintéressant, mais pas forcément très accessible non plus , à réserver probablement à un public plutôt averti.

F. Guarnieri et S. Travadel, 2 scientifiques reprennent et commentent le récit de Masao Yoshida, directeur de la centrale de Fukushima lors de l'explosion de 3 de ses réacteurs en 2011. Disons-le tout de suite les commentaires qui font références à des gens comme Castoriadis - Thévenot, respectivement philosophe et sociologue (je ne les connaissais pas avant la lecture de ce livre) sont vraiment ardus. Mais, on arrive tout de même à comprendre en filigrane, que face à une situation jusque-là inconnue dans toute l'histoire industrielle moderne, le collectif de crise présent sur les lieux, a besoin de se créer, inconsciemment, un imaginaire qui va l'aider à combattre le Léviathan nucléaire qui se déchaine à 2 pas de leur refuge antisismique. Ils ne savent pas s'ils vont survivre, tout l'est du Japon est menacé en cas d'explosion de la centrale, tous les instruments de mesure sont HS, autant que les groupes électrogènes, personne ne sait exactement ce qui se passe dans les réacteurs qu'il faut absolument refroidir pour éviter la fusion des coeurs. le récit du directeur est impressionnant, il faut prendre des décisions inusitées, les manuels de gestion des incidents sont inutiles dans le cas présent... Il faut trouver de l'eau, beaucoup d'eau. La mer n'est pas loin, mais il faut amener des camions de pompiers, brancher des kilomètres de tuyaux, faire entrer l'eau dans les réacteurs, braver les explosions, envoyer les équipes de maintenance au milieu des gravats radioactifs....Tout ça en improvisant à chaque instant, sous les yeux malveillants du gouvernement et des dirigeants de Tepco, propriétaire de cette centrale, et leurs conseils inadaptés. M. Yoshida aura réussi à éviter une catastrophe pire que ce qu'elle n'a été et est encore aujourd'hui.. Il mourra 1 an après son témoignage, d'un cancer de la gorge, sans lien avec les irradiations subies lors de ces évènements, comme l'assurent avec morgue les dirigeants de Tepco... Glaçant.

J'ai trouvé passionnantes les transcriptions des interrogatoires du directeur de la centrale Masao Yoshida mais toute la partie sur l'analyse des risques et du comportement des équipes travaillant sur la centrale est, comme le mentionne Tynn dans sa critique, très absconse. J'ai bien compris qu'il s'agit d'un livre écrit pour des étudiants en philosophie politique qui ont certainement le vocabulaire et la maîtrise des notions utilisées, mais je trouve cela dommage que le livre ne vulgarise pas un peu plus car j'ai perçu des réflexions très intéressantes que je n'ai pas pu tout à fait comprendre.