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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou ont travaillé durant 20 ans sur « de Cape et de crocs ». A l'issue de cette série, Ayroles nous a proposé (avec Guarnido) « les Indes fourbes » qui mettait en scène le roi des affabulateurs Don Pablos de Ségovie ; Masbou nous invite, de façon similaire, à nous pencher sur un mythomane très célèbre, le baron de Münchhausen, dans « le Baron » paru aux éditions Delcourt. Il avait été popularisé grâce au cinéma et aux films de Méliès, von Baky et surtout de Terry Gilliam, mais saviez-vous qu'il avait réellement existé ? Grâce à Masbou nous découvrons bien des histoires cocasses et méconnues du célèbre aristocrate ainsi qu'un baron pas si perché que cela ! Cet album où il officie en tant qu'auteur complet lui permet, en outre, de se livrer à une réflexion sur les rapports du réel et de l'imaginaire et sur l'importance des conteurs …

L'histoire proprement dite commence lorsqu'un colporteur arrive dans le petit village de Bodenwerder et propose à la vente parmi ses étoffes, son tabac et son fil à coudre un livre « fraîchement imprimé, luxueusement, pour petits et grands » qui s'intitule : « les fabuleuses aventures sur terre et sur mer du baron de Münchhausen », les villageois en restent cois : leur seigneur local est devenu un personnage de fiction ! le colporteur est tout aussi surpris : lui qui a lu ce livre dix fois rêverait d'entendre le baron lui conter ses aventures en chair et en os … Mais voilà qui va être difficile car cela fait trois ans que le baron n'a plus mis les pieds à l'auberge « du boulet de canon » sans doute à la suite d'une dispute conjugale … Ses anciens commensaux vont s'évertuer à le faire changer d'avis …

L'album est composé d'un prologue avec l'auteur comme narrateur, d'une notice biographique, d'un récit cadre à l'aquarelle et de récits encadrés (les histoires contées par le baron à ses différents interlocuteurs) dans des styles différents. Il se termine par un double épilogue. Malgré les récits enchâssés et la multiplication des narrateurs (auteur, narrateur omniscient, le Baron et le garde-chasse), la narration reste très fluide d'autant que la différence des styles graphiques marque bien le passage de l'un à l'autre.

Ceci constitue l'originalité de cette recréation : alors que « Les aventures du baron de Münchhausen » n'étaient pas reliées entre elles mais formaient une collection de contes sans vraiment d'ordre logique, Masbou va en faire un ensemble bien plus cohérent grâce au fil rouge que constitue l'enjeu de faire venir le Baron à l'auberge pour que le colporteur l'entende de vive voix. On voit donc se succéder le garde-chasse, le capitaine puis le bourgmestre qui viennent supplier le Baron d'accéder à leur requête. Et le Baron va raconter à chacun différentes histoires selon la personnalité de son auditeur : à Gustav le garde, il contera des histoires de chasse, au capitaine, sa campagne de Russie, tandis qu'il confie au petit Hans l'aide jardinier comment il est monté sur la lune grâce à un pois de Turquie ou au cuisinier FriedHold comment il a atterri sur une île composée de fromage aux arbres qui portaient des pains frais.

Le scénario est intéressant parce que, d'une part, Masbou choisit de mettre en relief des histoires moins connues des « aventures du Baron de Münchhausen » que celles qui ont été popularisées et surtout parce qu'il décide, d'autre part, de se focaliser sur le « vrai » Baron qui a eu la particularité d'être « fictionnalisé » de son vivant ainsi que le rappelle la notice biographique présentée en chromos d'Epinal au début.
Le personnage éponyme est le seul à être « fouillé ». Les autres sont expressifs mais assez caricaturaux. On a les bons vivants « gentils » ronds et rougeauds et les personnages plus austères avec un profil d'aigle (Jacobine Münchhausen) mais ce n'est guère gênant car ils sont là pour donner la réplique au Baron et servent de faire-valoir pour en établir un portrait en creux. Ainsi, même s'il a désormais donné son nom à une maladie psychiatrique (le syndrome de Münchhausen), ce dernier apparait très humain, drôle et touchant. Il est proche de ses gens car il s'adresse avec gentillesse au petit aide -jardinier, dîne et discute d'égal à égal avec son cuisinier ou son garde-chasse. Il ne se sent pas à sa place chez le Vicomte matérialiste et snob. Il a du mal également avec sa légende : il ne supporte plus qu'on lui parle du boulet de canon, raconte la séduction de Catherine de Russie (celle de Vénus est aussi brièvement évoquée dans la planche « best of ») mais n'arrive pas du tout à amadouer sa femme ! En lisant ses propres aventures, il regarde ses mains pleines de taches de vieillesse et s'interroge sur ce qu'il est devenu. C'est mélancolique et ça parle au lecteur… Masbou en fait, enfin, l'alter ego de son père dans le prologue : ce dernier était un résistant et aimait raconter des histoires de guerre truculentes comme une sorte d'exutoire à l'horreur vécue et c'est ce que dit le baron à sa femme. Cela permet donc une réflexion sur l'art, sa nécessité, son bien-fondé dans une époque matérialiste et c'est particulièrement bienvenu en cette période troublée dans laquelle certains ont tendance à considérer les artistes comme non essentiels.

Mais ce qui rend vraiment « le Baron » abouti, ce sont les « exercices de style » qui le constituent et forment un régal pour les yeux ! Dès le prologue, pas moins de trois styles différents sont convoqués (voire quatre avec l'hommage à Folon). Mais cette page d'ouverture est l'oeuvre collective de Masbou, Jean-Luc Loyer et Turf : trois dessinateurs comme… les trois auteurs des « Aventures du baron » Münchhausen lui-même puis Raspe puis Bürger !

Le reste de l'oeuvre est assuré par Masbou seul cependant et c'est un véritable tour de force ! La mise en page est inventive et s'affranchit souvent des cases et même de la planche (nombreuses pleines pages). Les styles graphiques se multiplient à la fois pour le dessin et pour le lettrage et l'on saluera le remarquable travail de Nadège Gaudin sur ce dernier. le récit cadre (le Baron et les villageois en 1787) est exécuté dans le style « de Cape et de crocs » à l'aquarelle, les récits encadrés varient. On a ainsi une technique semblable aux Images d'Epinal pour la notice biographique, d'autres qui rappellent les motifs de la toile de Jouy pour les histoires de chasse, la campagne de Russie semble sortie d'un livre de conte illustré par Bilibine (le dessinateur reprend même ses frises cadres), les aventures contées au cuisinier le sont à la sanguine et l'on en a également d'autres mises en scène sous forme de petit théâtre de marionnettes, d‘ ombres chinoises et même de collages rococos avec motifs floraux pour la page pot-pourri de ses exploits les plus célèbres!


« le Baron » est un très bel objet-livre : grand format, dos toilé, titre gaufré et doré, beau papier épais, cahier graphique final (avec des recherches de personnages, reproduction du storyboard en intégralité et des essais de couverture) ; on dirait une édition collector ! Et l'intérieur est à l'avenant : on en prend plein les yeux tant le graphisme est superbe et varié. L'on s'amuse beaucoup grâce aux savoureuses mises en abyme et au scénario jubilatoire et l'on éprouve un tantinet de mélancolie devant la fuite du temps et le vieillissement du héros. Enfin on apprécie la profondeur de cet album puisque Masbou fait de son protagoniste un double de lui-même et des artistes qui font ce métier « pour être lus, aimés, connus, enchanter les gens ». A travers ce personnage il rend hommage à l'art et aux auteurs qui émerveillent et nous permettent de garder notre âme d'enfant. Un album parfait pour (re) donner ses lettres de noblesse au 9eme art !
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Un livre relatant les exploits du baron de Münchhausen arrive jusque dans les contrées où vit le baron. Les villageois ont très envie que le baron vienne les leur raconter de vive voix mais celui-ci s'est retiré, avec sa femme qui ne supporte pas les fantaisies de son mari. Terminées les aventures incroyables…
Mais voilà. Il y a ceux qui veulent savoir si les péripéties de Münchhausen sont réelles, ceux qui le prennent pour un extravagant, ceux qui veulent juste l'entendre déclamer ses récits pour rêver… de quoi déclencher une petite crise existentielle au baron !

J'ai bien aimé cette lecture. Les dessins sont chouettes. Ils collent bien au personnage de Münchhausen.

Le scénario de la BD inclut les récits du baron ce qui est top pour qui ne connaîtrait pas ce personnage. Mais il vaut mieux quand même faire une recherche sur le baron et tant qu'à faire lire Les Aventures extraordinaires du Baron de Münchhausen de Raspe avant d'attaquer la bd pour comprendre ce qui se joue chez le Baron. Dire ou ne pas dire la vérité ? Et si faire rêver était plus important ? Et que restera-t-il de ses non-exploits à sa mort ? À chacun son point de vue !
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Très bien
Masbou signe ici une très belle adaptation des aventures du baron de Münchhausen.
J'ai apprécié le fait que les différentes scénettes soient à la fois reliées entre elles par le fil rouge que constituent les tentatives des gens du village de ramener le baron à la taverne, mais aussi différenciées par des styles graphiques très marqués.
Légère et réjouissante, la BD aborde des thèmes plus profonds (le statut d'artiste, la vieillesse) avec beaucoup de délicatesse. Et pour ne rien gâcher, c'est un petit bijou graphique !
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Après vingt ans passés en compagnie du loup, du renard et du lapin les plus bavards de la BD, Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou se sont quittés, pour nous proposer à une année d'intervalle deux magnifiques ouvrages comme les joyaux majeurs de leur carrière: Les Indes fourbes pour Ayroles (avec Guarnido) et donc, ce Baron (de Münchhausen!) pour Masbou. Et l'on peut dire qu'à la lecture des deux ouvrages, au thème très proche, l'on n'est pas surpris que les deux compères se soient si bien entendus sur la saga de capes et de crocs!

le Baron traite de la création, de l'imaginaire et des raconteurs d'histoires. Moins sophistiqué que le premier, l'ouvrage de Masbou profite cependant du trait si particulier et de cette colorisation que l'on a tant aimé sur de capes… En pleine possession de ses talents, doté d'une pagination et d'un format royaux, l'auteur utilise les multiples récits fantasmagoriques du Baron pour nous gratifier d'une variété impressionnante de style, chaque séquence adoptant tantôt l'apparence des gravures du XVIII° siècle, tantôt les albums graphiques russes, la sanguine ou l'image d'Epinal. Comme album de dessinateur ce Baron est donc un véritable régal pour peu que les faciès outranciers de carnaval de Masbou vous siéent. Ce sera là, comme souvent lorsque l'auteur assume les deux rôles, la limite de l'ouvrage qui, s'il est touchant et sympathique, ressemble plus à un exercice de style qu'à un scénario machiavélique comme a su le faire son comparse.[...]

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Comment le baron de Munchhausen va-t-il réagir quand il aura dans les mains l'ouvrage qui relate ses exploits ?
Dans cette bande dessinée très réussie, Jean-Luc Masbou revient sur un des héros les plus populaires de la littérature allemande.
Tout d'abord, commençons par la couverture qui est tout simplement splendide. Ses couleurs sont retentissantes et donnent envie de tourner les pages de cette bande dessinée.
À l'intérieur, y sont développés les exploits de ce fameux baron de Munchhausen. Pas de difficulté à reconnaître quand le récit est au présent ou au passé. Selon l'instant choisi, Jean-luc Masbou décline des couleurs et des fonds différents afin que le lecteur sache où et quand l'action se déroule.
C'est tout bonnement fabuleux. Je suis restée émerveillée par cet ouvrage qui pourrait s'apparenter à un chef d'oeuvre. Oui, le mot est peut-être un peu fort mais certainement mérité.
Tout y est pour en faire une très bonne bande dessinée : l'histoire, les couleurs, les personnages, le format...
En conclusion, à lire de toute urgence.
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Une autre version des aventures du Baron Munchhausen, un des personnages les plus populaires de l'histoire allemande au XVIIIème. Né dans une bonne famille, il a servi comme officier mercenaire pour l'armée russe contre les turcs pendant dix ans. Ses exploits maintes fois amplifiés et inventés ont fait l'objet d'une biographie populaire qui a inspiré le cinéma pour enfant.
L'auteur se place dans le village du Baron au moment où le livre contant les histoires du Baron arrive par l'intermédiaire d'un camelot.
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Si vous êtes fatigué, las, confiné peut-être ? et que la morosité vous tente. Si vous êtes en face de vos enfants et que vous vous demandez à quoi bon les faire rire une fois encore ? Quelle histoire leur raconter ce soir ? Que répondre à leurs questions les plus innocentes et les plus profondes ? Bref si la vie vous atteint, alors vous serez sans doute passionné comme moi par cette réflexion de l'excellent Jean Luc Masbou sur le personnage de Münchausen. Il semble ici répondre à toutes ces questions, encore et encore, tout au long de sa vie.
Le syndrome de Münchausen est le nom d'une maladie psychiatrique. Si ce nom est bien choisi, alors ce livre aidera aussi sans doute à mieux vivre nos quotidiens avec nos propres syndrômes, ou avec notre poésie.
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Chevalier Affabulateur, Baron rêveur, sorte de successeur germanique de notre Cyrano , aventurier au lyrisme sans peurs , découvrez les trépidantes aventures du Baron ! Chevaucheur de boulet, émérite chasseur , conteur hors pair, n'en n'ayez pas peur !
Plongez dans cette BD les yeux fermés, et laissez vous bercer !
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Je vais être franc, je n'ai jamais été fan du dessin de Jean-Luc Masbou, que je trouve très maladroit, ni de ses couleurs, assez disgracieuses. Pour tout dire, je partais dans l'optique de tacler cette BD, je m'attendais à quelque chose de raté et sans grand intérêt.

Mais Masbou m'a positivement surpris. le dessinateur, qui débute au scénario, nous offre un album tellement généreux et fantaisiste que j'oublie sa maladresse pour louer sa verve et sa truculence... Comme pour « de Cape et de Crocs » d'ailleurs.

Alors qu'Ayroles ne cesse de me décevoir, Masbou reprend le flambeau de leur série culte et nous offre une BD intelligente, drôle et poétique. Mine de rien, en usant de différents styles de dessin, il se paie même le luxe d'être audacieux. En somme, une vrai belle surprise !
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Une Bd à ne pas manquer. On s'envole, on partage la vie du baron avec tendresse, et sourire aux lèvres.
Le dessin et la colorisation sont tendres et en même temps chatoyantes. Une bande dessinée tout en contrastes qui nous met la tête dans les nuages alors que nous gardons les pieds sur terre.
Encore une fois, l'auteur ( Jean luc Masbou ) sait toucher juste là où les émotions nichent.
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