La fin d'une saga, c'est souvent un petit (ou grand) moment de déception pour le lecteur qui a adhéré au récit de l'auteur. Il ne peut y avoir qu'une seule fin, celle décidée par l'auteur, et chaque lecteur a SA fin préférée... Dès lors, bardaf, c'est l'embardée assurée.
Motoro Mase plonge pieds joints dans le "hard ending". Cela va faire mal, on le sent bien. Déjà, cela fait mal à a démocratie. L'expérience de démocratie en ligne où 3000 panelistes guident une androïde, c'est bancal car les luttes de pouvoir, les rancoeurs, les coups en force qui se font jour lors des discussions et débriefings, tout cela déstabilise le beau mécanisme imaginé au départ. Comme on dit en blaguant, j'aimerais vivre en Théorie, car tout s'y passe toujours bien.
Mai s'est fait racketter par 2 petites frappes sans envergure. Mais ils ont la dent dure, et reviennent à 4. Mais, Mai n'est plus seule. Miyu, en grande curieuse a tenu à se rapprocher de Mai. Elles sont toutes les deux prises en otage. Et en conséquence, les panelistes aussi, car comment utiliser la force brute de Mai sans que les malfrats s'en prennent à Miyu. C'et très tendu, finement observé, puissant et on sent bien la détresse des internautes. Cela va vite dégénérer, tant du côté des malfrats que du côté des panelistes, qui seront de moins en moins à vouoir décider...
Car parallèlement on suit l'enquête de police qui se rapproche de Mai et de Maezawa, le concepteur de Demokratia. Celui-ci n'a pas trop le choix, il doit enfreindre les règles et porter secours à Miyu. A mesure que la police progresse, la télévision v dévoiler les dessous du projet, dont le fait que Mai a tué un des deux créateurs du jeu. Apprenant cela, beaucoup de panelistes s'en vont.
Ils terminent à 12... Un joli pied de nez de Motoro Mase qui poursuit son oeuvre critique de notre société. Une démocratie à 12... Et fatalement, deux clans se dégagent. Les violents d'un côté, qui veulent une solution radicale, et les autres, qui veulent bloquer Mai par l'indécision du panel, et permettre à la police de l'appréhender. Il suffirait qu'ils soient 6 contre 6. Mais un des 12 ne vote pas... 6 contre 5, le clan des violents l'emporte et Mai va voler de l'uranium pour créer une bombe atomique... Quand on vous dit que c'est radical !
Je n'en dis pas plus, le reste du tome part dans tous les sens. Un régal. Bien sûr, le lecteur, comme je l'ai dit au début, doit abandonner l'idée que la fin lui plaise. C'est facile, finalement, quand on a une BD d'une telle qualité.
Je salue aussi l'intelligence de Motoro Mase de réussir à nous étonner jusqu'au bout, à nous surprendre jusqu'à la dernière case, et surtout à accepter de conclure sa saga en 5 tomes, là où d'autres mangakas moins regardants auraient dilué pour tirer 10 tomes de moindre qualité. Excellent concept, brillante critique de notre société, réflexions profondes sur des thèmes essentiels au vivre ensemble. Un grand auteur.
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Ce manga en 5 tome nous plonge dans une intrigue apparemment simple: deux génies de l'informatique et de la robotique créaient un robot humanoïde dont les actions sont déterminées par un groupe d'internautes via une interface en ligne.
Rapidement on constate qu'à travers cette idée, l'auteur lance de nombreux débats éthiques, politiques et sociétaux. Critique (négative mais aussi positive!) à la fois de la société japonaise et de l'humain en règle générale. J'ai beaucoup apprécié ce mélange d'action et de réflexion tout au long de l'intrigue. Globalement, en admettant l'existence d'un robot aussi perfectionné, les diverses rebondissements sont cohérents et les explications sont bien faites. Pas de moments de flottement, de doutes, écueil hélas fréquents dans les seinen. Certains passages font très peur, en détaillant l'effet mouton... Les graphismes enfin sont magnifiques, pleins de détails mais sans être sombres ni surchargés. Les expressions faciales des personnages sont très bien refaites.
D'ailleurs, j'ai été agréablement surprise, car malgré le grand nombre de personnages, l'auteur réussi à bien developer leur psychologies et à leur donner du corps. La plupart sont très réalistes aussi, monsieur madame de tous les jours. Pas de manichéisme ni de personnages caricaturaux.
Il s'agit donc d'un manga qui allie savamment action et psychologie, un peu de violence mais tout à fait supportable même pour les âmes sensibles. Il m'a un peu rappelé un autre manga (pas du tout la même histoire pourtant mais vraiment sur l'ambiance et sur la profondeur de l'analyse et de la critique de la société), que j'ai lu il y a quelques années et que j'avais adoré: say hello to black jack!
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Science fiction, intelligence artificielle, société et internet: ce manga nous fait réfléchir sur les avantages, les limites et les dérives de la démocratie sous couvert d'anonymat car en effet dans Demokratia le pouvoir est au peuple... et nous questionne également sur l'utilisation d'internet. Une bonne série, très prenante.
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Après Ikigami que j'ai apprécié malgré ses quelques répétitions, je poursuit ma découverte de l'auteur avec ce Demokratia au pitch plus qu'intéressant.
Et le début est vraiment prometteur, beaucoup de questions pertinentes, notamment sur la responsabilité de chacun dans un système démocratique.
Et finalement, le dernier tome vient casser toutes les questions sociétales de l'oeuvre malheureusement. le tout va trop loin pour montrer l'impact des "extrémistes" dans un système démocratique, mais l'auteur illustre son propos d'une manière bien trop grotesque par rapport à tout ce qu'il avait construit avant.
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Ce n'est ni le "pour" ni le "contre" que nous cherchons à atteindre... mais un "terrain d'entente" où chacun peut finalement trouver son compte... c'est ça... la "démocratie".
Peut être que c'est chacun d'entre nous le prototype de l'humain idéal.
Mais est-ce que j'ai le droit de rester sans réagir ? Est-ce que j'en suis capable ?
La première urgence, c'est de protéger la vie de cette fille !
On peut changer d'avis en fonction des circonstances.
Pour ce dernier coup de cœur vidéo, la librairie Point Virgule vous propose de vous projeter dans le futur avec trois BD de SF qui explorent des thématiques très différentes.
- Mécanique céleste, Merwan, éditions Dargaud, 25,50€
- Frontier, Guillaume Singelin, éditions Rue de Sèvre, Label 619, 21,90€
- Hitomoji - Stress mortel, Motorô Mase, éditions Crunchyroll, série en cours, deux tomes de parus sur quatre, 8,29€