Raider tombe les démons des bas-fonds.
Claudio Nizzi est un scénariste italien productif et talentueux. Il connaît les codes du roman noir et en use à bon escient lorsqu'il crée la série « Nick Raider, Squadra omocide », en 1988, sur laquelle se greffe avec réussite l'excellent dessin vif et expressif de
Corrado Mastantuono le temps de quelques numéros. Il est difficile de résister au charme d'un tel graphisme virtuose, aux fines hachures et aux coulées d'ombres suggestives. Les éditions Clair de lune ont eu la bonne idée en 2009 d'amener cette haletante bande dessinée sur le marché français dans un format agréable et maniable, le tout imprimé en noir & blanc, sur papier journal. La bande dessinée populaire reprend des couleurs quand le dynamisme transalpin déteint au-delà de ses frontières pour un plaisir de lecture non frelaté et non prohibé. Quelles que soient les histoires du recueil, le bonheur de lecture est constant. On est dans le hard boiled avec une thématique conventionnelle mais fort justement troussée, sans aucun temps mort. le scénario est bien élaboré et le dessin est totalement dans le tempo. On ne sait jamais si l'aventure de Nick Raider va se clore sur une note optimiste ou tragique. Eddy a sitôt purgé sa peine que la pègre cherche à remettre la main sur les pierres précieuses du hold up raté et le grappin sur l'ancien braqueur. Eddy est accusé par le patriarche d'une honorable famille mafieuse d'avoir déshonoré sa fille Mary et de l'avoir mise enceinte. Autant dire qu'Eddie est dans une ligne de mire affolante. Effrayé, il vient demander de l'aide à son ami d'enfance, Nick Raider. La seconde aventure policière relate l'histoire du « Dahlia noir » et apporte un dénouement plausible à un assassinat demeuré non résolu. La rose jaune du Texas conte l'odyssée abyssale d'une belle blonde, as de la gâchette s'exhibant dans les foires et confrontée à un passé glauque. Enfin, la dernière histoire du volume est la plus courte et peut-être la meilleure bien que le niveau de l'ensemble soit élevé. Alfie, l'indic ami de Nick Raider, narre ses débuts chez un détective salace et retors. On se situe dans la tragi-comédie et on sourit souvent même si une balle dans la tête peut toujours mettre un point final à une entreprise véreuse. Nick Raider est une excellente découverte et porte sans rougir le flambeau des fumetti italiens. La péninsule a la botte pleine de trésors qui ne demandent qu'à émerveiller les mirettes.