Citations sur Je suis une légende (161)
Il se brossa les dents avec soin, utilisant même un fil dentaire. Il faisait très attention à ses dents car, à présent, il était son propre dentiste. Il pouvait négliger beaucoup de choses, mais pas sa santé. Dans ce cas, tu attends quoi pour arrêter de picoler ? se dit-il. Et toi, tu attends quoi pour la boucler ? se répondit-il.
Lorsqu'il remonta dans la voiture, il s'avisa qu'il l'avait parquée à un endroit interdit, et du mauvais côté de la rue, qui était à sens unique.
Par un vieux réflexe machinal, il s'assura du regard qu'il n'y avait pas d'agent à proximité... Cinq minutes plus tard, il en riait encore, tout en se demandant ce que cela avait de si comique...
Petit salopard, pensa-t-il presque avec affection, en observant le minuscule protoplasme qui s'agitait sur la lame de verre. Espèce de petit salopard...
Il commençait à croire qu'un intrus s'était glissé dans ses pensées. En d'autres temps, il aurait nommé cette voix intérieure sa conscience mais à présent, il la considérait d'abord comme un rabat-joie. La morale, après tout, avait sombré en même temps que la société. Désormais, il était son propre juge.
Elle était près de lui à présent. Et tout à coup, balayant sa réserve et ses hésitations, il l'attira contre lui et ils ne furent plus que deux enfants perdus se serrant l'un contre l'autre dans l'infini de la nuit.
Il n'entendait aucun bruit, hormis celui de ses pas et le chant absurde des oiseaux. A une époque, pensa-t-il, je voyais dans leur chant un reflet de l'harmonie du monde. Je me trompais : si les oiseaux chantent, c'est juste qu'ils n'ont pas de cervelle.
Plutôt que de continuer à souffir , il s'était fermé à toute introspection. Désormais, le temps se réduisait pour lui à la seule dimension du présent, un présent tout entier fondé sur la survie, ignorant les sommets de la joie comme les abîmes du désespoir. Il avait la sensation de se rapprocher du règne végétal, selon son désir
C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés.
"Par Dieu! se dit-il. Qu'est-ce qui m'arrive? Je trouve enfin une clef et, sous prétexte qu'elle n'ouvre pas immédiatement toutes les portes, je perds la tête... C'est ridicule!".
Ainsi, songea-t-il, la vérité progresse, lentement mais sûrement. Il apparaît que les vampires ne constituent pas une race à part, invincible. Loin de là: ils forment une espèce hautement vulnérable, dont la survie dépend de conditions matérielles des plus strictes.