On s'habitue à tout quand on n'a pas le choix.
C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés.
Dis, m’man, c’est vrai que j’ai des dents de vampires ? Bien sûr, mon chou. Lève donc la tête, tu vas rayer le plancher.
Il redoutait d'ôter les chaînes qu'il avait forgées autour de son cœur pour y emprisonner ses émotions. Il avait peur d'aimer à nouveau.
C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés.
« Il n’a pas de moyen d’existence, pas la possibilité de s’instruire, il n’a même pas le droit de voter. Et vous vous étonnez qu’il se voie forcé de mener une existence nocturne, en marge de la légalité ?… » Robert Neville ricana amèrement. « Ouais, grogna-t-il, ouais… Mais ça vous plairait, de voir votre sœur en épouser un ?… »
A présent, c’est moi, le monstre... Le concept de "normalité" n’avait jamais de sens qu’aux yeux d’une majorité, après tout...
Il se rassit et sirota son verre. Que s' émoussent à présent les arêtes trop vives de la sobriété, pérora-t-il pour lui-même. Que s' estompent les contours de la réalité mesquine, mais que demeure la haine. Bon dieu, comme je les hais...
Ruth frissonna de la tête aux pieds.
"C'est horrible", murmura-t-elle.
Il lui jeta un regard surpris. Horrible? Ce mot ne lui était pas venu à l'esprit depuis des années; la notion même qu'il recouvrait était devenue obsolète à ses yeux. La surenchère dans l'horreur culmine dans le cliché. Aux yeux de Neville, la situation était purement factuelle; il n'était pas besoin d'adjectifs pour la qualifier.
Neville s'immobilisa et explora la salle du regard. Tous ces livres, songea-t-il en secouant la tête. Ces résidus de l'intellect planétaire, raclures de cerveaux frivoles, pot-pourri d'artefacts incapables de sauver l'homme de l'anéantissement...