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sur 384 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Etant grand fan de Nicolas MathieuLeurs enfants après eux », « Connemara ») depuis son Goncourt en 2018, je n'ai pas hésité à me jeter sur ce récit autobiographique pourtant assez atypique de l'auteur. Ce roman réunit en effet les textes écrits par l'auteur sur les réseaux sociaux depuis 2018 et en particulier ceux qu'il adressait publiquement sur Facebook et Instagram à une femme désirée, mais qui n'était pas libre. Une histoire d'amour clandestine qui n'est plus, mais dont il se rappelle chaque instant…

L'auteur annonce d'emblée que la littérature n'est pas vraiment capable de saisir l'amour tellement celui-ci est vaste, mais en décrivant avec une maestria incroyable ces petits gestes et ces petits instants anodins qui constituent l'essence même de l'amour profond, force est de constater qu'il parvient néanmoins à capter avec brio ce concept universel qu'est l'amour.

Au fil de petits textes qui peuvent initialement paraître décousus, mais qui au fil des pages finissent par constituer un ensemble lié par l'amour sous toutes ses formes, allant de l'amour adultère, parfois impossible et souvent blessant, à l'amour du père pour son fils et du fils pour son père. L'auteur profite également de cette ode à l'amour pour s'interroger sur le temps qui s'écoule, tout en pointant du doigt cette société qui nous consume en bouffant la majorité de notre temps.

__« Ne cède pas ton temps en vain. Ne vends pas ta force à vil prix. Ne crois pas les « c'est comme ça », les « que veux-tu qu'on y fasse? ». Ne donne pas ton sommeil à ceux qui le muent en or. Réserve toi le plus possible pour la joie. Écoute moi. Tu n'as qu'une vie: défends-la. »

Parsemé de mélancolie, de tendresse, de nostalgie et de délicatesse, cet ouvrage qui combine à la fois l'intime et l'universel capte à merveille la moindre trace laissée par l'amour, de l'attente de l'autre au souvenir sa peau, en passant par le manque, le désir, l'éloignement et la fusion. le tout rehaussé par les illustrations de la dessinatrice Aline Zalko et par la plume sensible et foncièrement poétique de Nicolas Mathieu.

Si certains passages, plus décousus, m'ont moins touché, surtout par manque de contexte, la plupart sont d'une beauté époustouflante et m'ont laissé sans voix.

Un roman qui ne se dévore pas mais qui se déguste !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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 « Quand je suis seul et que je peux rêver
Je rêve que je suis dans tes bras
Je rêve que je te fais tout bas
Une déclaration, ma déclaration… »

La déclaration mais au masculin cette fois…

« Mais si tu crois un jour que tu m'aimes
Ne le considère pas comme un problème
Et cours et cours jusqu'à perdre haleine
Viens me retrouver… »

Message personnel, au masculin aussi.

Je site Michel Berger et pourtant, en lisant cet ouvrage, j'entendais la voix d'Yves Simon, le voyageur magnifique. Je lisais les mots de Nicolas Mathieu (tiens, deux prénoms également) mais avec le phrasé singulier du fumeur de gauloises bleues qu'il coupait souvent en deux, la, la, la.

Pourquoi ?

Parce que je retrouve dans ces courts textes assemblés ici la même désinvolture énamourée qui animait le pays des merveilles des chansons qui ont baigné mes années de jeune homme.
J'y retrouve la distance qui sublime l'absence et le désir qu'elle suscite et attise.

Ah, l'attente !

Chez Simon, c'était des chansons gravées dans le vinyle noir des 33 tours glissés méticuleusement dans des pochettes 30 centimètres. Ici, chez Mathieu ce sont des posts dématérialisés destinés aux écrans multiformes des réseaux dits sociaux.
Deux époques, deux modes de communication, deux supports pour délivrer pourtant un même message intemporel: Je pense à elle tout le temps.

Des mots choisis, écrits à l'attention exclusive de l'être aimé éloigné mais pourtant soumis à l'écoute ou la lecture de tous.
Une intimité impudiquement dévoilée parce que trop impétueuse pour n'être vécue qu'égoïstement, seul.

Deux ou trois choses pour elle.

Un pétillant vin fou qui, en mousse, déborde de sa coupe et se répand pour que se partage la promesse d'une ivresse collective.

Un homme, une femme (sans cha bada bada), un adultère, les draps blancs froissés des hôtels anonymes du fugace moment d'étreinte de l'après-midi puis chacun vaque et dérive avec ses sentiments.

Des instantanés.
Des instants tannés, le cuir de la vie.
Des instants taris aux amours finies.
Mélancolie !
Nostalgie !

Il y a le voyage et les trains aussi comme les rames du métro parisien au service d'un imaginaire poétique qui idéalise un quotidien par trop vulgaire.
Sans parler du temps qui passe, de la jeunesse qui s'enfuit et la vie aussi, attention futur, les solitudes ont la vie dure !

D'Yves Simon, je connais presque toute l'oeuvre par coeur, de Nicolas Mathieu je n'ai lu que deux romans totalement aux antipodes de cet ouvrage-ci : ‘Aux animaux la guerre' et ‘leurs enfants après eux', deux récits terriens totalement ancrés dans un quotidien austère et pragmatique voire animal qui ne laisse aucune place à la rêverie.

Ici c'est tout l'inverse.

Le mot est roi et le style magnifique qui vous envole comme vous emporte un refrain bien troussé ou vous désaltère par un été caniculaire comme un diabolo-menthe.

Etrange cohabitation cependant que l'idée du post pour futile social réseau et du pérenne style littéraire qui pourtant fonctionne à merveille comme jamais elle n'a fonctionné quand elle était politique.

Etrange compilation que ces billets qui dessinent une vie en filigrane où resurgit l'enfance déjà lointaine quand les premiers assauts du temps forcent à prendre conscience de la finitude et du court passage par le monde.

Un recueil épistolaire à plume et à sens uniques, comme une bouteille à l'amertume du souvenir d'une relation posthume mais vive dans la mémoire virtuelle d'un lointain serveur informatique, exhumée pour que jamais ne meurent vraiment les amours pourtant déjà mortes.

Qu'est-ce que sera demain, début ou la fin ?
 
Merci à Patoux, Yael et Yvan qui ont mis cet ouvrage sur mon chemin.

PS : lisant sur une liseuse électronique en noir et blanc, je n'ai pas pu profiter des dessins qui agrémentent le texte que je ne commente donc pas.
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Cinq années d'un amour caché, comme volé au monde, entre portes et fenêtres, différents, où séjourner le peu qu'il faut, avec deux corps dévorés de l'envie de l'autre.
« Un homme, une femme, deux corps à mille kilomètres de distance qui voudraient des mains et n'ont que des mots. »
Des jours où Nicolas Mathieu a crié sur les réseaux sociaux sa solitude de n'être que l'adultère. Autant de jours à chuchoter le désir en attente, le plaisir solitaire de la rêverie du corps aimé. Des heures à relier par des fils invisibles deux existences que tout sépare sauf à l'instant de leur retrouvaille fusion.

« Surtout, je lui disais regarde comme je t'aime : on t'envie. »
Puis lorsque vient le temps de la déchirure, panser avec des mots ses souvenirs des corps enfouis.
Seulement, cette ode à un amour passé, Nicolas Mathieu ne s'en contente pas. Il livre des fragments de lui-même, comme des bulles à saisir. « Quelque chose dans les événements semble chercher en nous ce qu'il y a de plus précieux pour le réduire, l'organiser, le faire passer de l'intime au monnayable. »
Nicolas Mathieu raconte sa paternité, sa maturité, sa fidèle présence à l'autre, bref tout ce que cet homme, de plus de 40 ans, traverse.
La famille recomposée
, L'enfant à partager, le whisky qui tente déteindre les larmes, la solitude à affronter :
« Je t'attends à l'autre bout, ne t'en fais pas. Ton enfance est en lieu sûr. Tu peux devenir qui tu voudras. «
Et la vieillesse de ses parents vient rappeler que la vie passe :
« Cette vie n'était pas la tienne. Elle t'aura juste emprunté, comme un pont, une paire de chaussures. Elle te sera passée au travers en ne laissant qu'un chapelet de souvenirs vagues."

Mais, c'est aussi de nous, que Nicolas Mathieu raconte. Car la critique sociale affleure, bienfaiteur à mettre des mots, enfin, sur le quotidien. « Ne cède pas ton temps en vain. Ne vends pas ta force à vil prix. Ne crois pas les "c'est comme ça", les "que veux-tu qu'on y fasse ? » . Ne donne pas ton sommeil à ceux qui le muent en or. Réserve-toi le plus possible pour la joie. Écoute-moi. Tu n'as qu'une vie : défend là."
Ainsi, sans bouffée d'amour, comme ce tout jeune couple adossé au mur d'une piscine, que serait-ce de vivre ?
Et ces shoots de mots, Nicolas Mathieu nous les offre avec et par amour !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Difficile de faire une critique car il ne s'agit pas d'un texte littéraire classique, ni d'un roman.
Nicolas Mathieu reprend des textes qu'il a écrit sur les réseaux sociaux, lors d'une passion amoureuse. Mais ce n'est pas que cela. Il y a aussi les dessins lumineux, colorés, qui évoquent le feu, la passion. Il y a des textes plus personnels mais universels sur le temps qui passe si vite, le vieillissement des parents, l'amour, la fin des illusions, la difficulté de vivre, la fatigue, notre propre vieillissement. Je trouve que certains passages sont très beaux, bien vus, presque poétiques. J'ai lu certains passages à voix haute, la forme s'y prête bien.
Un bon moment de lecture, j'ai été touchée.
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Un livre comme il en existe peu où l'auteur s'attache à nous faire comprendre que le temps qui égrène notre vie nous appartient.
De celle que l'on nous oblige à vivre au temps qui passe à travers les êtres aimés, n'oublions pas que nous n'en avons qu'une.
L'auteur voit sa vie passée à travers son enfant, sa séparation sans pouvoir arrêter le temps.
Un récit ponctué de dessins qui nous met devant notre résignation.
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Il y a dans ce récit dense et exalté d'un couple ordinaire toute l'universalité de nos amours. Chaque histoire a sa temporalité, son rythme, son urgence, ses parfums, gestes, habitudes, désirs, émerveillements, coups de griffes, coups de sang qui la rendent unique. Nicolas Mathieu, à travers le prisme de ses propres souvenirs, sublime ces détails auxquels tous les amants s'attachent pour faire de leur histoire un autel.
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De Nicolas Mathieu j'ai lu et beaucoup aimé Aux animaux la guerre, Leurs enfants après eux et Connemara.

Peut-être l'avez-vous remarqué, j'éprouve de grandes difficultés à me laisser embarquer par la science-fiction, le fantastique, les dystopies, … Besoin qu'un texte résonne en moi, parle à mon vécu, à ce qui me constitue.

Nicolas Mathieu sait voir. Il sait ressentir, et il sait dire.
Il n'est pas un amputé des sensations ni des émotions.
Il est un être vibrant de l'absence et du manque, du rêve et du désir, des souvenirs et de l'attente.

Dans cet ouvrage bien différent des trois romans précités, trois parties, chacune précédée d'un prologue en italiques.

La première est adressée à la maîtresse, l'amante, l'aimée, l'absente.

La seconde parle de l'habitude qui remplace les tremblements et la magie des premiers émois, des premières soirées et des premiers baisers. Des réseaux sociaux, bras armé des couples clandestins, heureux comme des criminels.

La troisième de la paternité et de la nécessité à vivre doucement, à dérouler le bonheur lentement.
Devenir père, être fils. le temps qui passe, la roue qui tourne, le présent du fils qui prend la main de son père comme son père tenait la sienne quand il était enfant.

Sublimé par les illustrations ondoyantes et incandescentes d'Aline Zalko, le ciel ouvert n'est pas un roman mais une ode à la vie. Aux souvenirs. À ce qui fut, ce qui aurait pu être, ce qui ne sera jamais plus.

C'est beau, ça se picore ou se dévore, selon l'envie.
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Bougre. Il écrit bien. Très bien. Et je ne voulais pas le lire, ce recueil de ses posts Instagram. Je trouvais (et trouve) l'intention opportuniste. Et puis, les couleurs criardes des illustrations ne m'enchantaient pas.

Et puis, dès les premières lignes, j'ai rendu les armes. Agité mon drapeau blanc, déposé mon coeur en guise d'offrande. Putain, c'est beau.

Le pouvoir des mots qu'il ne faut pas oublier de consigner, pour ancrer ses émotions éparpillées, les distiller sur le papier. L'amour saisissant, aspirant, tranchant. Les souvenirs qui resteront. Et nous.
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Lecture impromptue un dimanche après-midi. un livre ouvert à la légère avec la vague idée de le détester parce qu'on y parle d'amants, de chambres d'hôtel, de draps froissés, du grain de la peau, d'odeurs de transpiration...
Moi qui voulais digérer tranquillement l'agneau dominical, je n'avais pas besoin de ce genre de littérature débauchée!
Comme souvent je me trompais. Au bout de cinq pages j'étais déjà fébrile et me cramponnais à ce "ciel ouvert" sans plus pouvoir le lâcher.
Je me suis laissé surprendre par l'apparente simplicité des mots employés. Comment Nicolas fait-il pour réussir à me saisir par les tripes avec tant de banalité?
Peut-être une façon sans égale de mettre en verbe la vacuité de la vie d'un quinquagénaire moderne, ou la faculté de rendre magnifique le désespoir devant l'obsolescence programmée de l'existence et de partager son regard terriblement humain sur notre monde déliquescent.
Je ne me sens pas plus heureux après cette lecture. Peu importe, ce n'est pas ce que je cherche en littérature. Comme le dit justement Nicolas Mathieu "laissons à d'autres le fardeau du bonheur", ce bouquin a fait ma journée, lui a donné sa tonalité définitive, celle d'un blues en la mineur, et c'est très beau.
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Le ciel ouvert est un recueil de textes que Nicolas Mathieu a publié sur les réseaux sociaux à chaque fois que le réel l'étouffait, que les émotions le tourmentaient ou que la mélancolie du souvenir devint fracassante.

Dans un style poétique, l'auteur comme à son habitude réussit à transcrire le tragique de la condition humaine. "La littérature n'est pas là pour nous conforter », elle est surtout un outil puissant pour rendre compte de l'amertume et de la nostalgie du temps qui passe. C'est un miroir que Nicolas Mathieu dresse devant l'âme de ses lecteurs. Sa vie peut être celle de n'importe qui.
De situations banales, frisant le cliché, son écriture en fait surgir toute la complexité de l'être, ses paradoxes, ses doutes, ses désirs. Un hommage à l'humanité dans sa médiocrité comme dans sa grandeur.

Hier, nous étions ces enfants légers et innocents qui ne faisaient aucune différence "entre (un) ballon qui crève et (un) coeur qui se brise. " Puis vint la violence de l'adolescence, des premiers amours, de ces étés chauds plein d'espoir, de craintes et de désillusions. Désillusion qui deviendra le maitre mot de notre vie d'adulte, la parentalité, un retour furtif à l'enfance à travers nos propres enfants puis la vieillisse, la hantise de la mort, ses propres parents qui sombrent et nous bientôt après eux.

Comme dans Connemara et Leurs enfants après eux, la lecture s'accompagne d'une vive tendresse envers soi même et envers nos semblables. Un message de toléance et d'humilité s'en dégage. Un rappel du fait que malgré nos grands airs, nos belles idées, nos principes, nos convictions, nous faisons que nous débattre dans un monde qui nous échappe.

L'auteur déploie par ailleurs la littérature pour exprimer cette forte volonté d'exister, d'aimer éperdument, violemment, souffrir et éprouver la vie et le monde. Il y a du Nietzsche chez Nicolas Mathieu.

Un des rares contemporains que j'apprécie et que je conseille !
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