C'est allongé sur le bitume que
Poe admire la lune. Mais sa rêverie est vite perturbée par une voiture qui manque de l'écraser. D'autres scènes de la vie de cet homme le révèlent. Il apparaît alors comme soutien à un ami avant son rendez-vous bancaire. Il se languit devant Lola, femme magnifique à qui il n'ose déclarer sa flamme.
Poe est un looser qui tangue entre la réalité et les rêves, entre l'alcool et les coups tordus.
La présentation du protagoniste nous installe bien dans son histoire, une vie d'errance. Son point de repère est Lola et la fascination pour cette femme amène des scènes graphiques tout à fait magnifiques. Ce sont les visuels qui créent le rythme de l'histoire et ce sont les points de vue (des angles légèrement désaxés) qui peaufinent les personnages. Laureline Mattiusi s'inspire de Carlos Salem pour créer ce personnage, toujours dans un entre deux. Il n'est pas tout à fait conscient de ce qui l'entoure. Est-ce vrai? Est-ce sérieux? est-ce un rêve loufoque ou une réalité absurde? Ce flou volontaire laisse une grande liberté de narration et cette BD retient l'attention grâce au repère qu'est Lola.
Les dessins sont vifs autant par les traits qu'au contraste du noir et blanc. Cette bichromie renforce la situation flottante de
Poe. Il devient de plus en plus léger, sensation renforcée par les dessin devenant eux mêmes de plus en plus souples. le dessin n'appuie pas sur le réalisme, laissant une part importante (et qui le sera de plus en plus) aux rêveries du personnage de
Poe. Il commence à créer un monde qui lui correspond mieux. Mais est-ce sa réalité ou la nôtre? Cette divagation est très sensible et rend ce looser très touchant.
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