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Branwell Brontë seul garçon d'une fratrie de six était un enfant à l'esprit fragile. Confronté à la maladie et la mort de ses proches (mère et 2 soeurs) dés sa petite enfance.
Un foyer presbytérien où a régné un silence et une ambiance morbide pendant de longues périodes, forcément source d'angoisse et de terribles cauchemars pour un enfant.
Une chambre parentale hantée par la présence de sa mère dans laquelle il passera toutes ses nuits auprès de son père suite au décès de celle ci.
Un garçon éduqué par son père pasteur de son état, et dans lequel celui ci avait placé tous ces espoirs de réussite sociale et qui faisait sa fierté.
Un enfant très tôt doué d'une intelligence créatrice pour inventer poèmes, contes et histoires qu'il couchera sur le papier avec l'aide de ses soeurs dans l'intimité de leur salle d'étude. Des heures passées a créer des mondes où rien ne leur était interdit et qui ont longtemps étaient leurs seules joies d'enfant. Des mondes dont eux seuls avaient connaissance.

En grandissant Branwell a développé des troubles du comportement puis une ou des maladies psychiatriques. Lesquelles à l'époque ne laissaient malheureusement aucune chance d'avenir à celle ou celui qui en souffrait.

Une lecture hyper intéressante, bien écrite et riche de détail.
Je n'ai aucune formation littéraire, je conseillerais pourtant à ceux qui n'ont pas encore découvert les romans des soeurs Brontë et qui souhaite le faire, de commencer par cette biographie de Daphné du Maurier. Elle apporte un éclairage, un regard et une vision différent sur leurs romans.

Avec des "si" on refait le monde, c'est bien connu ! Je ne terminerais donc pas mon petit avis par, la question mainte fois posée : Si Branwell...
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De la biographie des soeurs Brontë, j'avais retenu que Branwell était le frère terrible instable, alcoolique qui venait troubler ses soeurs. Si ce livre ne reporte pas une image complètement différente de Branwell, il nous livre un homme immiscé par ses soeurs qui va d'échec en échec alors qu'il avait été protégé et adulé par son père mais également par ses soeurs durant l'enfance.

Il a initié un jeu avec ses soeurs, créant un monde ses soeurs ont su exploiter pour leurs oeuvres, lui s'est enfermé dans un monde très sombre avec ses démons et ses échecs. Un monde dans lequel il se réfugie après les échecs et l'absence de réponse à ses propositions de publications. On en apprend enfin plus sur Branwell. L'auteur recoupe sa vie avec son oeuvre, des poèmes qu'elle fait coïncider avec ses expériences.

C'est un homme frustré qui à 20 ans  ne gagne pas sa vie. Ni à 28 ans puisqu'il retourne au presbytère  et voit sa santé décliner.

Il s'essaie en tant que portraitiste, abandonne, reprend la plume, devient employé de chemin de fer mais ne réalise pas la carrière qu'il veut puis trouve un poste de précepteur.


Le livre offre beaucoup d'informations et l'auteur cite méticuleusement ses sources, beaucoup de correspondance, notamment celle de Charlotte. J'ai parfois eu l'impression de lire un reportage très précis mais la lecture reste fluide grâce à la plume.  C'est un livre riche dans lequel je retournerai de temps en temps car je pense ne pas avoir retenu la moitié des informations. Les références en annexe dont la présentation des nombreuses personnes autour des Brontë sont bien utiles. 

Et mention spéciale pour l'objet lui-même. J'aime beaucoup ma liseuse mais j'ai trouvé cette édition très belle avec une touche de violet. le papier et la manipulation de ce livre m'ont rendu le contacte très agréable.

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Si vous me suivez, vous savez que je ne suis pas lectrice de biographies, mais j'aime sortir de ma zone de confort. J'ai eu envie de lire cette biographie du frère Brontë pour différentes raisons.

La première va en faire bondir certains, longtemps j'ai ignoré l'existence de ce garçon dans la fratrie des Brontë, puis il a pris dans mon esprit l'image d'un être étrange coupé du monde. Presque un personnage des romans gothiques.

J'ai vite laissé ce fantasme et mes à priori grâce à la plume de Daphnée du Maurier. le nom de l'écrivaine a joué un rôle très important, car le Branwell de mes « fantasmes » aurait pu être un de ses personnages torturés.

Je voulais aussi préciser que mes connaissances sur les soeurs Brontë et leurs écrits sont assez succincts. Je plaide coupable.

Quel titre aux tonalités dramatiques, de quoi tenter les lecteurs curieux.

Pourquoi je vous raconte tout cela ? Pour dire aux néophytes dans mon genre que cette bio se lit presque comme une fiction tant le sujet étudié est singulier. C'est un livre très abordable et une mine d'information. En fin de volume il y a des annexes qui montrent que Daphnée du Maurier s'est beaucoup documentée.

Daphné du Maurier fait référence aux spécialistes qui ont déjà travaillé sur la famille Brontë. Elle nous restitue dans son contexte qui était cet enfant, ce jeune homme, cet homme que ce soit au niveau familial, local ou plus général. Elle nous retrace les grandes lignes de la vie familiale pour comprendre qui vit/ ou pas dans cette maison. Ce que j'ai apprécié, c'est de savoir où étaient les soeurs Brontë à tel ou tel moment.

Dans cette biographie on découvre aussi comment était constituée la société dans laquelle évoluait (ou pas) Branwell.

Lorsqu'elle nous parle des écrits de Branwell et de ses soeurs, elle nous signale ce qui les inspirait. le lecteur non averti ne verrait pas la réalité derrière la fiction qu'ils créaient. Il y a aussi des extraits en VO et traduits, pour moi qui ne suis pas anglophone j'ai été soulagée. J'ai trouvé agréable que les traductions ne soient pas en note en bas de page ou en fin de volume, mais bien à la suite du texte original.

Pour les tableaux aussi on a des informations que le simple spectateur ne pourrait déceler.

Cette biographie montre aussi comment les relations dysfonctionnelles pouvaient modifier le parcours d'un être. Branwell maintenu dans un cocon pour diverses rasions (que je vous laisse découvrir) alors que les soeurs ont été poussées à travailler, à entrer dans l'enseignement ou devenir gouvernantes pour pouvoir subvenir à leurs besoins présents et futurs.

Je trouve que tout le monde était trop indulgent envers Branwell même hors de la maison. Il avait l'art de se faire aimer.
[...]
J'ai beaucoup aimé dans cette biographie le fait que Daphné du Maurier conteste quelques faits racontés dans les biographies précédentes avec preuve à l'appui.[...]
Lien : http://ramettes.canalblog.co..
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Traduit par Jane Fillion

Qui était vraiment Branwell Brontë ? Si nous connaissons beaucoup de choses sur ses trois célèbres soeurs, nous ne savons finalement pas grand chose sur l'unique fils du révérend Patrick Brontë. La postérité nous a renvoyé l'image d'un homme orgueilleux, vaniteux, imbu de lui-même, alcoolique, drogué, fou et celui d'un raté. Pas vraiment de quoi avoir envie de le connaître davantage, a priori. Pourtant, la première à s'intéresser au jeune homme est Elizabeth Gaskell, qui a donné le "virus" à Daphné du Maurier.

La célèbre Anglaise livre ici un documentaire dense, riche en références que l'on trouve en annexe du récit.
Etant atteinte de brontemania depuis mes plus jeunes années, ayant dévoré également une bonne partie des romans de Daphné du Maurier, voir le nom des Brontë associé au sien n'a fait qu'aiguiser ma curiosité ! Quant à Branwell à proprement parler, j'avoue que j'en gardais l'image négative véhiculée par la postérité, mais aussi le portrait un peu agacé qu'en fait Charlotte dans ses lettres, d'un frère qu'elle a pourtant toujours aimé, mais qu'elle ne comprenait pas. Je vous invite d'ailleurs à lire l'excellent ouvrage, Lettres choisies de la famille Brontë par Constance Lacroix, chroniqué ici même en mai 2017, qui est très instructif pour qui s'intéresse à cette famille devenue mythique.

Mais qu'est-ce que donc que cette histoire de "monde infernal" ? En fait, Charlotte, Emily, Anne et Branwell, enfants, puis adolescents écrivaient en secret sur les personnes de leur entourage, qu'ils transforment en personnages d'un univers fantasmagorique d'un pays imaginaire nommé Angria, qui se situerait en Afrique. Sachant qu'ils commettent quelque chose de répréhensible, ils appellent leur création "Le monde infernal". Ils s'y projettent eux-mêmes. le petit personnage que vous voyez sur la couverture, c'est Sneaky, un petit de soldat de bois que Branwell reçu en cadeau de la part de son père. Sneaky, ce compagnon d'enfance à qui il va insuffler la vie et qui reposera sur sa tombe, à sa mort en 1848, à l'âge de 31 ans. Sneaky et les autres petits soldats de bois que Branwell va offrir à ses soeurs vont enflammer leur imagination. Les chroniques d'Angria voient le jour. Un bon moyen de s'évader de l'univers confiné dans lequel vit la fratrie. En particulier Branwell, qui, contrairement à ses soeurs, ne sera pas envoyé en pensionnat, en raison de sa santé délicate (tout laisse à penser qu'il souffre de crise d'épilepsie) .
Branwell est complexé et insuffle en Sneaky tout ce qu'il aurait aimé être : "En réalité, ce personnage n'est autre que l'incarnation du héros idéal que Branwell rêvait d'être. Un Branwell qui ne pêcherait pas par sa petite taille; ne porterait pas de lunettes ; ne serait pas instruit à la maison ; ne griffonnerait pas, de la main gauche, poèmes et récits mais serait un homme de plus de six pieds de haut, brun et beau, formentant des révolutions et assommant ses rivaux d'un revers de sa puissante main droite."

Malgré ce physique qu'il n'aime pas, à cette époque, Branwell est un jeune homme plein d'ambition et d'espérance. Tout cela va s'amplifier quand il rencontre l'oeuvre d'un jeune sculpteur, Joseph Bentley Leyland, devenu célèbre à 23 ans.
"Puisque Joseph Leyland était célèbre à 23 ans, pourquoi Branwell ne le serait-il pas aussi ?"
Les deux jeunes hommes deviennent amis. "Branwell rentra à Haworth bouillonnant de projets d'avenir. Il ne parlait plus que de Leyland, d'art et de Londres." Branwell décide de poser sa candidature à la Royal Academy mais ce fut un projet non réalisé dont on ignore la raison, "J'ignore si ce fut sa conduite ou le manque d'argent qui empêcha Branwell d'entrer à la Royal Academy. Peut-être de l'un et de l'autre", déclara Ellen Nussey à Elizabeth Gaskell.
Bref, ça commence mal ! C'est pas grave, Branwell décide de poser sa candidature comme rédacteur au Blackwood's Magazine. Sauf qu'on ne veut pas de lui comme collaborateur ! Il se laisse embarquer par la Franc Maçonnerie, écrit des poèmes qu'il veut soumettre à l'avis du plus grand poète anglais de l'époque : Wordsworth, qui vit non loin de là, dans la région des lacs. Celui-ci ne prend même pas la peine de lui répondre. Wordsworth apparaît ici comme un vieux poète bourru : quand Charlotte lui envoie quasi-anonymement un extrait de ses histoires d'Angria en les transposant dans le Yorkshire, il répondit qu'"il n'avait pu discerner si l'auteur était un clerc de notaire ou une modiste grande dévoreuse de roman" ! :)

Branwell décide alors de partir à Bradford pour gagner sa vie comme portraitiste. Cela fonctionne pendant un an puis nouvel échec (les tableaux qu'il a réalisé sont au presbytère et à la National Galery de Londres).
Il tente alors d'être précepteur et échoue une nouvelle fois. Il s'engage dans la compagnie des chemins de fer de Leeds, histoire au moins de gagner sa vie et de s'assurer une certaine sécurité matérielle. "Le fait est qu'il fut engagé (...). A la fin du mois de septembre 1840, Branwell devint préposé au guichet de Sowerby Bridge". Sans doute aurait-il réussi s'il n'avait pas été quelqu'un d'influençable, mais ce fut bien dommage qu'il ait un chef de gare alcoolique qui l'entraîna dans son vice alcoolisé ! Muté à Liverpool, il rencontre les Irlandais qui ont une grosse partie de la population de la ville. "Oui, il était le frère de ces innombrables Irlandais, des hommes certes doués, pourtant des ratés, qui dans leur pays natal se contentait de rêver leur vie sans arriver à rien, et qui, transplantés, se perdent corps et âmes". Ses frères de sang (la grand-mère maternelle des enfants Brontë était irlandaise et catholique) ne l'aident pas à trouver le chemin de la réussite...
Il finit par se faire renvoyer de la compagnie des chemins de fer car il manque de l'argent dans la caisse.

Je ne vais pas vous raconter toutes les mésaventures de Branwell, qui au-delà de sa malchance, s'enferme tout seul dans une vie infernale en faisant les mauvais choix. le Branwell que décrit Daphné du Maurier m'a fait mal au coeur. On découvre un être hypersensible, mal dans sa peau, traumatisé par la mort de sa soeur Maria, qui hantera ses nuits tel un fantôme, lui provoquant d'horribles cauchemars. C'est quelqu'un qui perd la foi, en les autres et en dieu à partir du moment où il voit sa tante (qui lui a servi de mère) mourir après d'atroces souffrances.

Branwell Brontë est un être accablé par l'échec, les dettes, la réussite de ses soeurs. Il souffre aussi du regard que son père et Charlotte portent sur lui : un regard plein de déception, quand Emily et Anne sont beaucoup plus discrètes sur ce qu'elles pensent de ce frère qui leur mène une vie infernale quand il est ivre et a pris du laudanum.
Sans doute, Branwell était-il schizophrène, une maladie dont la consommation toujours plus importante d'alcool et de laudanum "ne pouvait que multiplier d'alarmante façon les visions terrifiantes ou paradisiaques qui [le] hantaient". Cette maladie n'était pas connue comme telle à l'époque.

Daphné du Maurier montre comment il a en partie inspiré et sans doute contribué aux Hauts de Hurlevent. C'est juste incroyable ! le début du roman, dans sa toute première version, aurait été écrit conjointement par Emily et Branwell. En tout état de cause, c'est Branwell qui a inspiré l'idée des deux familles de l'histoire. Plus tard, il a affirmé avoir écrit lui-même une partie du roman.

Ce jeune homme succombera un désespoir : "William Brown le découvrit à mi-chemin de la petite pente qui menait de l'église au presbytère. Il était à bout de forces et incapable d'accomplir seul les quelques pas qui le séparaient de sa demeure (...) Branwell ne devait plus quitter le presbytère. Il mourut deux jours plus tard."
"Sur le permis d'inhumer, la mort de Branwell est attribué à une bronchite chronique et au marasme (cachexie)."

Je me suis régalée avec ce livre documentaire qui se lit comme un roman. Il date de 1960 et plaira à tous les fans des Brontë. Je n'ai qu'une envie : retourner à Haworth et chercher Branwell ! On peut remercier Daphné du Maurier de réhabiliter sa mémoire avec ce magnifique roman biographique.

C'était un ouvrage épuisé et c'est une chouette idée de l'avoir rééditée dans la très belle collection "Petit Quai Voltaire", vendu avec un marque-page assorti !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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L'univers des Brontë raconté par Daphné du Maurier, j'avoue que l'association de ces deux univers m'a séduite avant même d'ouvrir le livre.
Les éditions de la Table Ronde rééditent, dans la collection Petit Quai Voltaire, une ouvre parue en 1960. le livre est superbe avec sa belle couverture et son papier velin très soigné.
Pour le contenu, j'ai découvert la vie du frère des trois célèbres soeurs Brontë, dans ce livre très complet et rempli d'extraits des écrits de Branwell.
Doté d'une imagination débordante, il invente un « monde infernal », l'histoire d'un royaume, quelque part entre le Ghana et le Nigeria, une grande épopée militaire et politique. Ce mélange de récit et de poèmes, composés avec ses soeurs, ne seront pas acceptés par les éditeurs.
Branwell s'essaye à la peinture, sans plus de succès.
Daphné du Maurier nous déroule sa vie remplie de difficultés et d'échecs. D'autant plus difficile à accepter que ses soeurs connaissent un destin plus heureux.
Branwell décline, souffrant d'épilepsie et de n'avoir pas réussi sa vie.
Un triste destin pour le seul garçon de cette famille d'écrivains surdoués.
Ce livre très documenté nous livre une nouvelle facette de la famille Brontë et un autre regard sur les héros masculins des grands romans de Charlotte et Emily probablement inspirés des histoires extraordinaires de Branwell.
Une pépite à découvrir.

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Une bonne lecture malgré quelques longueurs et j' ai trouvé trop de description sur l'univers sur d'Angria. On sent que cet univers le dévore et détruit son potentiel créateur. Il sombre dans ses excès... Daphne du Maurier nous livre un portrait assez intéressant de Brandwell et lui rend un bel hommage.
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Petit à petit, je découvre l'oeuvre de Daphné du Maurier. J'ai déjà lu quelques uns de ses romans et une autobiographie. Maintenant, je découvre sa plume dans un nouveau genre : l'essai. En effet, ce livre n'est pas seulement une biographie. L'auteur va beaucoup plus loin. Il faut savoir que Patrick Branwell Brontë, frère des trois soeurs Brontë, est un personnage méconnu et parfois raillé. Il a finalement laissé peu de traces derrière lui ou alors très incomplètes et difficilement interprétables. Daphné du Maurier donne donc sa version toute personnelle et assez subjective de ce qu'a été sa vie. Elle s'appuie sur les écrits du jeune homme, des témoignages, de multiples correspondances et des études déjà réalisées. C'est un véritable travail de fourmi qui a été réalisé.

Très vite, j'ai compris pourquoi Branwell Brontë a pu fasciner Daphné du Maurier. C'est une figure incomprise, sombre, tourmentée dont la vie n'est qu'une succession de déception. Nous suivons sa chute dans des abimes d'alcool et de laudanum. C'est le destin terrible d'un homme tout de même attachant par sa nature profonde. Les passages concernant le monde d'Angria, récit rédigé toute sa vie durant, sont ceux qui m'ont le plus déplues. C'est assez difficile à appréhender même si cela reste intéressant à découvrir car Branwell a mis beaucoup de sa personne et de ses expériences dans ces textes. Bien sûr, on découvre la vie difficile à Haworth. Charlotte, Emily et Anne sont très présentes comme le reste de la famille et de leur entourage.

C'est donc un livre très intéressant sur Branwell Brontë mais aussi sur toute sa famille et toute une époque. Daphné du Maurier a réalisé un travail énorme pour écrire ce livre et cela transparait nettement dans ces pages. J'ai découvert un personnage torturé, méconnu et éclipsé par ses célèbres soeurs.
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Si la figure de Branwell Brontë, le frère des célèbres soeurs, est immanquablement pathétique, j'ai bien aimé le portrait que brosse Daphné du Maurier (qui y ajoute la valeur d'une critique littéraire) de ce jeune homme perdu et de son « monde infernal ».

Cette biographie repose en effet sur une bonne connaissance des écrits de jeunesse de la fratrie Brontë, ces récits écrits à deux, trois voire quatre paires de mains, qui ont précédé, formé la méthode et alimenté les romans que l'on connaît de chacune des soeurs. Tout part d'un jeu littéraire initié par Branwell et Charlotte, qui imaginent et développent l'univers imaginaire d'Angria, dont le premier n'arrivera jamais à sortir. Emily et Anne s'y mêleront également, au gré des déplacements et engagements des uns et des autres.

Ce qui m'a surprise, c'est l'importance de ce « monde infernal » et la façon dont il était construit, alimenté par les racontars du coin, inspiré par des personnes réelles, où les doubles des écrivains en herbe menaient une vie palpitante, à l'opposé de celle du presbytère familial. le fait qu'aucun des frère et soeurs ne s'en soit jamais complètement extrait est révélateur du besoin qu'ils en avaient pour « souffler » et, je dirais, pour « régler les problèmes ».

C'est quelque chose que je connais, que j'ai déjà partagé avec une poignée de personnes, et j'ai été très surprise de voir que ce n'est pas une chose si rare ou incongrue. Je ne sais pas si c'est vraiment comparable à des univers comme celui des Terres du Milieu de Tolkien, ou à d'autres oeuvres de fantasy ou de science-fiction. (voire de la littérature plus « classique » si on pense à des sagas comme celles écrites par Balzac ou Zola autour d'un cercle familial et social étendu)

Peut-être que la seule différence réside dans la publication de ces univers, avec et/ou sans succès ? Que si ce n'est pas publié, ça reste un truc éminemment intime, quelque chose d'un peu pathétique car ayant fonction de soupape de sécurité, révélateur des doutes, espoirs et sentiments profonds d'une personne particulière ? Que la publication fait que l'oeuvre transcende sa dimension « autobiographique », personnelle et perd par là-même ce qu'elle peut avoir de névrotique ? Qu'inspirée, elle devienne à l'inverse inspirante, renversant sa genèse ?

Je me demande si tous les artistes (écrivains, cinéastes, peintres, etc) ont un « monde infernal » comme celui de la fratrie Brontë, et aussi combien de personnes en ont sans pouvoir l'exprimer. Si la « touche » de telle ou telle personne, qui rend ses oeuvres reconnaissables, n'est pas tout simplement l'indice d'un « univers infernal » dont elle a plus ou moins conscience, qu'elle assume un peu, complètement ou pas du tout ?

En tout cas, c'est un livre qui l'air de rien invite à réfléchir. Ce n'est pas très étonnant qu'un « personnage » comme Branwell Brontë ait intrigué Daphné du Maurier. Il avait toutes les « qualités » requises pour cela, quand on pense à certains personnages de ses propres romans (j'ai d'abord pensé à la fameuse Rebecca mais le contrebandier de l'Auberge de la Jamaïque me semble un meilleur exemple). le fait qu'elle soit écrivain, l'angle choisi pour évoquer la figure de ce frère maudit, apportent clairement de l'originalité à son propos.

Il n'est pas nécessaire de vouer un culte aux Brontë pour suivre l'histoire, même si ça peut bien sûr aider de bien connaître leurs biographies et caractères respectifs. le livre vaut vraiment pour cette évocation du « monde infernal » de la fratrie, son importance, la capacité des uns et des autres à s'en extraire ou s'y complaire, la façon dont il les nourrit ou les dévore.

Ce que j'en ressors est une sorte d'inquiétude. A quel moment passe-t-on de la nourriture à la dévoration ? A quel moment se perd-t-on ? Les errements de Branwell et son double Alexander Percy sont un témoignage.
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Je me découvre, au fil des années, presque plus fasciné par la vie de la famille que par leurs écrits... Et Branwell est, je crois, mon préféré. Solidarité masculine? Pas tant que ça. Je crois surtout qu'il s'est senti littéralement écrasé, toute sa vie durant, et par ses soeurs (5 au départ) et ce monde ultra-féminin où il aura du mal à trouver sa place (d'où aussi une relation particulière avec son père, dont il partagera la chambre, à vie, et au pied même du lit du patriarche!), et par le talent de ces dernières, après lequel il courra en vain...

Le livre, peut-être encore plus que les romans des différents membres de la famille, est ce que j'ai lu de meilleur en matière de retranscription de l'ambiance de Haworth (et pour m'y être rendu, j'en atteste). La mélancolie environnante et rampante qui gagne tout, les lieux, les gens, la lande, quasi attenante au presbytère, tout cela est magnifiquement décrit et décortiqué, on s'y sent vraiment grace à l'écritude de du Maurier.
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Je dois reconnaître qu'après la biographie des soeurs Brontë par Jean-Pierre Ohl, celle-ci fut une déception pour moi.
J'ai trouvé la biographie beaucoup trop détaillée sur des points sans importance ; les énumérations des comptes des Robinson, les employeurs de Anne et Branwell n'étaient absolument pas indispensables. Les longs extraits de poèmes pour démontrer que le talent de Branwell déclinait ou n'avait jamais été à la hauteur de celui de sa soeur Emily m'ont également semblé superflus, d'autant plus que je n'y connais pas grand-chose en poésie. Enfin, le rapprochement incessant entre Branwell et son personnage Percy, si il est très intéressant -il est d'ailleurs la pierre angulaire de la biographie de Daphné du Maurier-, est beaucoup trop détaillé et je me suis parfois perdue entre les personnages d'Angria et les relations réelles des Brontë.
Comme pour la biographie de Jean-Pierre Ohl, j'ai regretté que Tante Branwell ne soit pas assez évoquée alors qu'elle fut une mère pour Branwell et ses soeurs.
Sur la forme, alors que je pensais retrouver la vie des romans de Daphné du Maurier, les affirmations "tempérées" m'ont gardée à distance de la biographie, les "ce fut presque certainement..." ou "les explications [...] durent constituer pour lui...". Elle n'insuffle pas de vie, pas de passion à sa biographie, ce qui est un comble pour décrire un personnage aussi exalté que Branwell Brontë.
Cependant, la romancière jette un autre éclairage sur la relation entre Branwell et la femme de son employeur, qui serait selon elle totalement fantasmée par ce dernier. Il est intéressant de voir comment elle présente les choses.
Et cet ouvrage a eu l'intérêt de me replonger dans la vie des Brontë juste au moment de mon séjour à Haworth.
Branwell était-il épileptique ? Schizophrène ? Bipolaire ? Est-ce le piédestal sur lequel on l'a placé dès son enfance qui a causé sa chute ? Ce personnage torturé garde tout son mystère.
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