Avec les contes des frères Grimm, parfois on tire un as de coeur, parfois on tire un valet de pique. Bon, c'est comme ça, il faut en prendre son parti…
— Et aujourd'hui, c'est quoi ?
— Raviolis ?…
— Non. Pas exactement raviolis, disons plutôt, valet de pique…
L'idée de départ semble pourtant intéressante ; jouer sur le décalage entre les situations censées susciter la peur chez tout un chacun et s'amuser de voir cette grande bête de fils benêt qui, par ignorance, n'ayant peur de rien réussit où tout autre aurait échoué. Du même coup, ce double handicap — bêtise extrême + absence de peur pouvant affecter la survie — va provoquer des situations insolites propre à lui assurer des succès dont on le l'aurait pas cru capable a priori.
Soit. Cette idée est intéressante, mais en revanche, le parallèle lourdingue et redondant entre le sens figuré du frisson évoquant la peur (qu'on retrouve d'ailleurs dans le terme générique de " thriller "), et le sens propre, de lutte contre le froid est d'un manque d'intérêt capital à mes yeux, pour ne pas dire fatal.
Et si l'on considère la chute de cette histoire, oui, là on peut vraiment parler de " chute ", car on tombe carrément très, très, très bas. Sans vouloir à tout prix être rabat-joie, je trouve que tout le moindre intérêt qu'avait réussi à susciter le conte auparavant retombe instantanément comme un vieux soufflé flasque avec ce pauvre final.
Ceci dit, que cela ne vous dissuade pas d'essayer cet album, car ceci n'est que mon avis, un avis tellement seul qu'il lui arrive de me donner des frissons, autant dire qu'en l'espèce, il ne représente sans doute pas grand-chose.
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À la pointe du jour, le garçon prit ses cinquante écus et s'en alla sur la grand-route en se répétant sans cesse : « Si seulement je savais trembler ! Si seulement je savais trembler ! » Un homme, qui l'avait rejoint dans sa marche, entendit le langage qu'il se tenait à lui-même, et quand ils eurent cheminé un moment ensemble et arrivèrent en vue du gibet, il le lui montra en disant : « Tu vois là-bas cet arbre où sept gaillards se sont mariés avec la fille du cordier et sont en train d'apprendre à voler ? Tu n'as qu'à t'asseoir au-dessous et attendre la nuit : tu ne seras pas long à savoir ce que c'est que trembler. »
Les douceurs et les frissons sont réservés aux âmes subtiles.
Mimo Sur la trace des dinos