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Temps morts tome 2 sur 2
EAN : 9782756051529
144 pages
Delcourt (05/02/2014)
4/5   1 notes
Résumé :
Plongée dans le coma depuis son agression et capable de transporter sa conscience dans d'autres corps, Ellen poursuit son enquête afin de découvrir l'identité de celui qui s'en est prise à elle. Mais elle se trouve dans une impasse : plus elle cherche à obtenir des réponses, plus le mystère qui entoure ses proches s'épaissit. Si bien, qu'à présent elle ne sait plus à qui véritablement se fier...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Temps morts, tome 1 : Murmures... (épisodes 1 à 5) qu'il est indispensable d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2012/2013, écrits par Jim McCann, dessinés et encrés par Rodin Esquejo et mis en couleurs par Arif Prianto, à l'exception de l'épisode 9 dont les 3 quarts sont dessinés et encrés par Dan McDaid. L'histoire s'achève dans le troisième tome : Mind the Gap Volume 3: Out of Bodies (épisodes 11 à 15) inédit en français.

La jeune Katie Lawrence (une dizaine d'années) se tient devant son miroir en pied, pensant à sa classe, à sa dernière leçon de mathématiques, sa dernière leçon de géographie, sa dernière lecture. En superposition, Ellis (Elle) Peterssen éprouve la sensation d'être dans le corps de cette jeune fille, et de devoir faire un effort conscient pour conserver son identité, dans le flot de conscience de Katie. Ainsi se superposent leurs souvenirs des membres de leurs familles respectives, mais aussi de leur accident, Katie ayant été poussée dans l'escalier par son demi-frère, Elle ayant été poussée du quai du train vers les rails, par un individu encapuchonné avec un hoodie. Après cette remémoration de l'accident de Katie, Elle reprend conscience dans le corps de Katie, à l'hôpital. Elle saisit l'occasion de pouvoir parler à Jo Wilson (la meilleure amie d'Elle) en l'appelant au téléphone, alors que Jo la croit dans un profond coma. Elle se fait reconnaitre de Jo qui se trouve au commissariat et lui demande de communiquer les informations sur les circonstances réelles de l'accident de Katie, à l'officier de police le plus proche. Les parents de Katie s'aperçoivent qu'elle a repris connaissance, mais elle retombe dans le coma dès l'instant d'après. le docteur Gina Geller arrive pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.

Alors que Gina Geller indique qu'elle n'a pas d'explication rationnelle à proposer, Katie, toujours sans conscience, prononce une demi-douzaine de phrases dont le sens échappe aux personnes présentes dans sa chambre. La docteure décide de l'emmener faire des examens supplémentaires. En emmenant Katie inconsciente sur son lit, ils croisent le docteur Steven Hammond qui pousse Ellis sur son propre lit médicalisé. Les 2 médecins constatent que les électro-encéphalogrammes des 2 patients sont rigoureusement identiques. Min Peterssen (la mère d'Ellis) étant dans le couloir à ce moment-là, elle convoque le docteur Hammond dans son propre bureau pour exiger des explications rapides. Elle lui rappelle que l'expérience en est à un stade crucial, et qu'il est hors de question d'en perdre le contrôle. Elle lui indique que le Cinquième attend des résultats probants. Dans le même temps, Dane Miller (toujours détenu dans une cellule de commissariat) reçoit la visite de Miles Gibert qui déclare vouloir l'aider.

Le lecteur a intérêt à avoir lu le premier tome peu de temps avant celui-ci pour suivre les différents développements de l'intrigue. Jim McCann a construit une histoire basée sur une intrigue à plusieurs niveaux. Il utilise donc un élément surnaturel avec l'expérience de décorporation d'Ellis Peterssen dont le corps est dans le coma, mais dont l'esprit erre dans des sortes de limbes où il croise d'autres esprits désincarnés, et qui réussit parfois à entrer dans le corps d'un vivant sous réserve qu'il soit inconscient ce qui est le cas de plusieurs patients de l'hôpital où elle se trouve. le scénariste met en scène une conception très littérale de cette forme de vie après la mort. Les âmes (ou les esprits) des défunts récents attendent avant de prendre leur départ pour un ailleurs non spécifié, s'il se trouve que ces individus souffrent d'une forme d'absence de clôture satisfaisante de leur vie, essentiellement l'impossibilité d'avoir pu dire adieu à leurs porches. Rodin Esquejo représente ces limbes de manière toute aussi littérale. Les âmes errantes apparaissent sous la forme d'êtres humains habillés comme durant leur vivant. Ces limbes sont dépourvus de décors, les individus se déplaçant sur fond noir, sauf quand Ellis arrive à conjurer un décor familier à partir de ses souvenirs, en particulier sa maison. le lecteur voit donc dans cette phase de vie après la mort un dispositif narratif, et pas une conviction de l'auteur sur la vie spirituelle. le lecteur découvre une ou deux règles de cette vie durant ce tome.

Jim McCann développe son récit selon 2 autres axes : l'activité immédiate d'Ellis Peterssen, et l'activité de ses proches pendant son coma. Ellis se retrouve un peu limitée dans ses possibilités d'action, essayant de comprendre ce que lui raconte Blake Robert Plankman (surnommé Bobby). Elle saisit l'opportunité de pouvoir utiliser le corps de la fillette pour contacter les vivants (Jo Wilson). de retour dans les limbes, elle commence à utiliser la maîtrise qu'elle a réussi à acquérir pour interroger sans pitié le docteur Harold Crenshaw qui est lui aussi dans le coma, dans le même hôpital. L'artiste décrit une jeune femme en bonne santé (du moins dans son apparence physique), avec des expressions de visage un peu exagérée pour ce qui est de la colère. Il se montre plus convainquant pour les expressions de Katie Lawrence et pour sa gestuelle, les gestes appuyés correspondant plus à une personne de son âge. le lecteur constate que l'artiste utilise des angles de vue en forte contreplongée pour introduire de la variété dans les plans. Même s'il s'interroge sur les réels déclencheurs d'un état ou d'un autre (de la possession d'un corps au retour dans les limbes), le lecteur reste motivé par l'envie de découvrir progressivement, à la fois les capacités d'Ellis Peterssen en tant que spectre, à la fois par la découverte très progressive de ses souvenirs.

Dans le même temps, la narration suit également les autres personnages qui sont liés à Ellis Peterssen. Dans le premier tome, le lecteur avait bien assimilé qu'il ne pouvait pas se fier à grand monde, si ce n'est Jo Wilson, à peu près la seule personne à avoir les intérêts de sa meilleure amie à coeur. Pour les autres, il sait qu'au moins l'un d'entre eux était l'individu avec un hoodie qui a poussé Ellis Peterssen sous un train. Jim McCann se montre très joueur dans la construction de son intrigue, réussissant à faire porter le doute sur chaque personnage, quant à son degré de responsabilité dans ce qui arrive à Ellis Peterssen. Il faut donc un petit effort de mémoire pour que le lecteur resitue la distribution assez conséquente de personnages : Dane Miller (le copain d'Ellis), Min & Edward Peterssen (ses parents), Edward Peterssen junior (son frère), les 3 docteurs Steven Hammond (médecin traitant d'Ellis), Gina Geller (et sa compagne l'inspectrice de police Annie Wallace), Harold Crenshaw, et encore Miles Gilbert (l'assistant du docteur Crenshaw), Lonnie Miller (le père de Dane), et Jo Wilson. À cette réserve près, il eut alors prendre plaisir à découvrir indice après indice. le scénariste fait en sorte qu'il comprenne vite que Min Peterssen (la mère d'Ellis) a organisé la réalisation d'expériences sur sa fille Ellis, pour le compte d'une tierce personne. Par contre il reste à découvrir le degré d'implication des uns et des autres, leurs allégeances plus ou moins pérennes, et qui manipule qui. McCann a construit son intrigue en emmêlant les fils et le lecteur doit faire l'effort de le suivre dans le détricotage progressif, au fil des révélations. L'intrigue avance suffisamment vite pour qu'il ne perde pas patience.

Ce genre de récit à base d'enquête entremêlant les faits et gestes d'une douzaine de personnes nécessite un vrai savoir-faire de la part du scénariste pour que le casse-tête reste compréhensible du lecteur sans qu'il ne prenne de notes. Il s'avère tout aussi exigeant pour l'artiste qui doit mettre en scène des séquences de dialogues avec des explications conséquentes, donc des dialogues qui peuvent durer sur plus d'une page. Rodin Esquejo se montre un bon metteur en scène, et un bon directeur d'acteurs. Lors des dialogues, les personnages continuent à interagir avec leur environnement la plupart du temps, accomplissant des gestes banals, ou des actions pour déplacer les objets, ou pour se déplacer. Grâce à cela, le lecteur ne lit pas page après page de cases avec des têtes en train de parler, mais voit des individus bouger et agir. Esquejo bénéficie certes d'un scénario qui comprend des déplacements, mais il conçoit ses prises de vue de manière vivante. Il réalise des dessins très propres sur eux, descriptifs, avec des traits de contour fins, d'une épaisseur constante. Il ancre donc la narration dans un monde réaliste. La mise en couleurs d'Arif Prianto est au diapason des dessins, également très propre, naturaliste, avec des effets de dégradés très lissés. En fonction de sa sensibilité, le lecteur pourra trouver que cette vision de la réalité est trop enjolivée, ou qu'il s'agit d'une sensibilité proche d'un téléfilm, avec une narration de bonne qualité.

Arrivé à l'épisode 9, le lecteur a la surprise de découvrir un épisode sans texte, ni dialogue, ni narrateur omniscient, ni pensée des personnages. La narration visuelle est réalisée par Dan McDaid, avec une approche qui reste descriptive, mais moins détaillée, et des traits de contour d'épaisseur variable, donnant une vision avec plus de relief, et plus texturée. L'exercice de raconter une histoire sans l'aide de mots est assez délicat, pour être sûr et certain que la suite de cases soit intelligible de tous les lecteurs, sans pour autant doubler le nombre de cases pour éviter les fausses interprétations. Globalement le dessinateur s'en sort bien, même si le lecteur revient sur une ou deux séquences pour s'assurer qu'il a bien assimilé toutes les informations logiques et qu'il ne s'est pas trompé sur les liens de cause à effet.

Ce deuxième tome réussit à conserver l'atmosphère de mystère établi dans le premier, tout en faisant avancer l'intrigue de manière significative et intelligible. L'histoire repose donc essentiellement sur l'intrigue, avec des personnages ne disposant que d'un seul trait de caractère prédominant, et étant définis par leurs liens avec les autres. Rodin Esquejo réalise des dessins très agréables à l'oeil, précis et descriptifs. Dan McDaid réalise un épisode muet bien mené, malgré une ou deux maladresses. L'intérêt du récit réside donc dans son intrigue, et dans la découverte progressive de pièces du puzzle permettant de reconstruire ce qui est arrivé à Ellis Peterssen. Il manque un peu de personnalités aux protagonistes pour que cette belle mécanique intrigante génère un niveau d'empathie plus important.
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