AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 874 notes
Fiona May,brillante juge aux affaires familiales ,une belle femme à l'orée de ses soixante ans,aprés trente de mariage sans problème majeur, fait face à un mari, qui faute de ne plus avoir accomplie "ses devoirs d'épouse au plumard" depuis sept semaines et un jour,veut aller voir ailleurs.C'est exprimé vulgairement de ma part,car c'est exactement avec la même vulgarité que se déclare Jack,le mari. Je dois dire un début qui ne m'a pas vraiment enthousiasmée.Mais McEwan nous sort vite de cette scène clichée et nous plonge dans le métier de cette femme sans enfant, qui paradoxalement doit trancher sur des questions vitales concernant des destins d'enfants.
L'affaire qui est au cœur de ce récit est justement celle d'un jeune garçon de dix-sept ans, atteint de leucémie,dont les parents ,témoins de Jéhovah,refusent toute transfusion sanguine qui le sauverait. Fiona n'arrivant pas à trancher au tribunal,se rend à son chevet et passe une heure avec ce beau garçon intelligent et sensible,qui apprend le violon sur son lit de malade.Un poème de Yeats,"Down the Salley Gardens" qu'elle chantera,lui l'accompagnant au violon,va sceller un lien fatal entre eux...
C'est un livre foisonnant,où l'auteur aborde beaucoup de thèmes crucials avec sensibilité et finesse.Il confronte la question du droit à celle de la foi,s'interroge sur la fragilité des relations humaines, qui peuvent basculer sur un rien,un malentendu,un mot déplacé ,un geste,sur la complexité des sentiments amoureux et sexuels...et sur l'equitabilité de la justice.
Il sonde l'âme humaine,mélangeant affaires judiciaires avec affaires intimes,les premiers régis par des lois écrites noir sur blanc,les seconds par des lois morales et sociales beaucoup plus complexes et individuelles,mais toutes sujettes à la conscience morale.
On penserait que c'est trop,mais non il le fait avec précision et justesse sans jamais nous lasser.
Ian McEwan n'est pas un auteur que j'apprécie particulièrement, mais ce dernier livre,trés fort,m'a conquise!
Commenter  J’apprécie          10412
Juge aux affaires familiales, Fiona Maye doit ne jamais perdre de vue l'intérêt de l'enfant dans les jugements qu'elle rend. Et la tâche s'avère souvent ardue et complexe. Surtout lorsqu'il est question d'éthique et de religion, car appliquer la loi, s'appuyer sur la jurisprudence peuvent avoir des conséquences imprévisibles qui sont parfois loin d'être positives. Une cruelle réalité que la brillante cinquantenaire va découvrir au moment même où sa vie conjugale menace de faire naufrage.

Décidément, quel que soit le sujet abordé Ian McEwan a un regard extraordinairement lucide sur la société contemporaine. Ici, comme à son habitude, dans ce roman intelligent et remarquablement écrit, il explore à fond son sujet - la famille, le couple et la justice. Un récit époustouflant de vérité où j'ai retrouvé avec délice la virtuosité et la profondeur du tout aussi réussi Expiation qui m'avait fait connaître cet auteur incontournable.
Commenter  J’apprécie          10210
Alors là, je reste abasourdie devant l'intelligence multiple de Ian Mc Ewan.
En mettant en scène une magistrate londonienne de 59 ans – juge aux affaires familiales – , pianiste de surcroît, en pleine crise conjugale pour couronner le tout, jugeant avec sagesse, implication et logique des cas difficiles, l'auteur de ce roman accompli a dépassé les limites de la compréhension humaine.
Non, je n'exagère pas ! Il se met à tel point dans la peau de cette femme forte et fragile à la fois que je ne peux que le saluer et l'admirer. Il s'immisce dans les plus petits recoins de sa vie et comme celle-ci fait preuve d'une telle sagacité couplée à un sens aigu de la nature humaine, tous les personnages gravitant autour d'elle nous deviennent transparents.
J'en suis arrivée à épouser ses pensées les plus intimes et à vibrer moi aussi, que ce soit lors de ses réflexions sur le monde qui l'entoure et sur le sens de sa vie, ou pendant l'exercice – ô combien délicat – de ses fonctions juridiques, ou encore lorsqu'elle est confrontée à son mari et à la remise en question de son couple.
De plus, l'empathie de l'auteur – par l'intermédiaire de l'héroïne - envers chacun des autres personnages, leur compréhension, l'analyse fine et sensible de leur comportement et de leurs pensées, leurs intentions, leurs négations, leurs moteurs, tout ceci fait de ce roman un chef-d'oeuvre.


Il faut dire que l'héroïne est une femme hors du commun. Chaque jour, elle doit trancher dans le vif, décider de ce qui fera le bonheur ou la désillusion des personnes les plus diverses, que ce soit les parents de bébés siamois, ou ceux qui se disputent la garde d'enfants, ou encore des parents témoins de Jéhovah, refusant la transfusion pouvant mettre à leur enfant de presque dix-huit ans d'être sauvé. Ce cas va l'occuper plus qu'elle ne pensait, car pour le résoudre, elle sortira des sentiers battus et ce chemin inhabituel conduira sa conscience et son coeur en une contrée terriblement déstabilisante. En effet, le bon sens et l'aptitude à questionner peuvent changer le cours d'une vie, particulièrement lorsqu'il s'agit d'un adolescent fragile et intelligent...

L'intérêt de l'enfant doit toujours être le but de ceux qui s'occupent des affaires familiales : sa protection, bien sûr, mais aussi son épanouissement, et lui donner toutes les conditions pour que ses capacités, encore à l'état brut, puissent un jour se déployer.
Je peux vous assurer que Ian Mc Ewan, à travers son héroïne, y a contribué de façon...magistrale!
Commenter  J’apprécie          8111
La ballade d'Adam Henry.
Ado atteint de leucémie.
Témoins de Jéhovah, ses parents.
Refusent une transfusion de sang.
Alors un juge est ordonné.
Que la question soit tranchée.
C'est Fiona qui s'y colle
Impeccable, prêt à jouer son rôle.
Servir les intérêts de l'enfant.
Mais elle se trouve à un tournant.
A près de 60 ans, Jack, son mari
S'entiche d'une jeunette : Mélanie.
Amoureuse du travail bien fait.
Fiona se rend à son chevet.
Pour prendre la bonne décision.
Afin qu'Henry trouve la guérison.
Nous partons cette fois-ci pour l'Angleterre.
Avec une plongée dans le monde judiciaire.
Les juges y sont comme partout, débordés.
Mais rendent la justice, d'un oeil avisé.
Dans ce livre il y a bien quelques longueurs.
Beaucoup de détails et d'épaisseurs.
Un peu gommés grâce à une très belle écriture.
Bref un roman de bonne facture.
Avec de très sincères sentiments.
Qui aurait mérité un peu moins d'élément.
Commenter  J’apprécie          817
Fiona Maye, cinquante - neuf ans, juge aux affaires familiales, sensible et cultivée, doit trancher, examiner des situations hautement conflictuelles chaque jour : de l'éducation des enfants aprés un divorce à la séparation nécessaire de deux bébés siamois....Un jour de juin, surgit un cas épineux et urgent, l'état de santé d'Adam Henry, presque dix- huit ans -atteint de leucémie- fils de témoins de Jéhovah, refuse, au nom de sa foi, la transfusion qui lui sauverait la vie....
Oú se trouve l'intérêt de l'enfant?

Faut - il respecter le choix de cet adolescent presque majeur, d'intelligence précoce ? Dans le respect des convictions de ses parents, que lui- même a épousées ?
Ou dans la contrainte à accepter le traitement que souhaite lui prodiguer le corps médical ?
Ce dilemme éthique forme la clé de voûte de ce roman admirablement maîtrisé.
S'Abstenant de tisser un lien précis entre la vie personnelle de Fiona qui se délite peu à peu et la sentence qu'elle doit prononcer, Ian Mc Ewan plonge dans les arcanes du droit, s'attache à poser la question de l'interdit religieux, du pouvoir des institutions, de la fragilité des hommes, des décisions qui les gouvernent.
Oú sont les certitudes?
La confrontation entre la" sage" institution judiciaire et les conventions dictées par la foi sont un creuset que l'auteur détaille avec raffinement.
À l'aide d'une prose élégante, limpide, acérée, il découpe ses personnages au scalpel avec cruauté, intelligence et finesse ....Il s'approche au plus près des pensées de Fiona, scrute ses intenses émotions , ses doutes et ses hésitations .
Je n'en dirai pas plus.....
Un roman bref et puissant oú prédomine le sentiment d'urgence, à l'ambiance oppressante où la froideur de la justice côtoie la poésie et la musicalité imprégnant les personnages.
Une thématique délicate et complexe, impressionnante, à l'extraordinaire gravité traitée comme un conte à la beauté austère qui nous enveloppe et nous touche.
Un ouvrage virtuose et magistral à l'image d'autres œuvres de ce brillant écrivain Anglais : "Samedi", "Expiation", "Sur la plage de Chesil ", "L'enfant volé"etc.....
Eh, oui, je suis une admiratrice de Ian Mc Ewan....
Commenter  J’apprécie          7212
L'intérêt de l'enfant est une notion juridique, à la fois évidente et vague. Dans les affaires familiales, il tombe sous le sens que le juge tranche en faisant le plus grand cas de l'intérêt de l'enfant. Mais comment se définit-il, cet intérêt ? A-t-il un contenu fixe, évolutif, relatif ? Où commence-t-il et où s'arrête-t-il ? Et qui est-il, ce juge, pour prétendre savoir, mieux que l'enfant lui-même ou ses parents, ce qui est bon pour lui ? Evidemment, le magistrat s'appuiera sur son expérience, sa sagesse, le bon sens et la jurisprudence. Peut-il éviter de faire intervenir dans l'affaire sa sensibilité, forcément subjective ? Peut-être est-ce souhaitable, d'ailleurs ?
Le roman de Ian McEwan illustre bien la complexité de ces questions. Fiona Maye, 59 ans, brillante magistrate londonienne spécialisée dans les affaires familiales, est confrontée au cas d'Adam, jeune homme leucémique de 17 ans, donc mineur. Celui-ci a besoin d'une transfusion sanguine pour survivre, mais ses parents, témoins de Jéhovah, s'y opposent au nom de leurs croyances. Les médecins ont donc saisi la justice. Après avoir entendu les arguments des deux parties, Fiona, qui doit statuer dans l'urgence, décide de rencontrer Adam à l'hôpital. Une rencontre déstabilisante, face à un adolescent précoce mais pas encore adulte, sensible et intelligent, avec les mêmes convictions que ses parents. C'est tout le noeud du problème : l'intérêt de l'enfant peut-il aller à l'encontre de la volonté de celui-ci, précisément parce qu'il est mineur, alors qu'un adulte, au nom de la liberté de conviction, aurait parfaitement le droit de refuser le traitement médical qui lui sauverait la vie ? Fiona tranchera dans le vif, en âme et conscience, avec le professionnalisme et la passion du métier qui la caractérisent. Des qualités qui, depuis un certain temps, mettent d'ailleurs en péril sa propre vie de couple. Troublée par sa rencontre avec le jeune malade et par l'ultimatum posé par son mari, elle tente de surnager en s'accrochant à ses dossiers, mais sa décision sur le cas d'Adam aura des répercussions inattendues et bouleversantes.
Ce roman est un pur délice pour la juriste que je suis, tant le raisonnement de Fiona dans son jugement est exposé avec limpidité, rigueur, logique et simplicité, loin d'un obscur jargon juridique. Mais il ne se limite pas à ça. Il montre comment la froideur et l'apparente simplicité d'une norme de droit entrent en collision frontale avec la complexité et la subjectivité des croyances, des sentiments et des comportements humains. Ian McEwan sonde en profondeur les trois pôles de ce roman (famille, couple, système judiciaire) avec une égale intelligence et une grande finesse d'analyse. L'empathie de l'auteur pour ses personnages et la touche de poésie achèvent de faire de ce texte un roman puissant et maîtrisé de bout en bout.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          607
Nul doute que L'intérêt de l'enfant a éveillé mon intérêt de lectrice ! Mais je ne saurais pas vraiment dire lequel de l'émerveillement ou de l'agacement l'a emporté chez moi pendant la lecture...

Côté pile, l'admiration. J'ai infiniment apprécié toute la première partie, avec la mise en place des personnages et des problématiques. Fiona May, la juge des enfants sans enfants, est fascinante de lucidité et de doutes sous sa froideur. le patchwork de ses affaires en cours l'est tout autant, petit florilège des problèmes de droit et de morale qui peuvent toucher des enfants : les divorces évidemment, mais aussi les dilemmes médicaux ou religieux. J'ai pensé à ce moment-là à D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère, qui mêle également jugements, vie au tribunal et vie intime et qui fait partie de mes livres favoris.

Côté face, l'exaspération... autrement dit toute la seconde partie du livre ! Passé le plaisir de la rencontre, Fiona May m'a semblé insupportable : même après 30 ans de relation, elle ne parvient pas à être naturelle et spontanée avec son mari ; elle se comporte avec son greffier comme une châtelaine d'autrefois et avec son jeune témoin alternativement comme une dinde émoustillée ou un monstre de froideur ; et, surtout, elle bat tous les records d'égoïsme et d'égocentrisme... Son ambition ne m'a jamais choquée, sa préoccupation exclusive d'elle-même, toujours !

Outre ce personnage, l'intrigue et le style m'ont parfois dérangée quand ils ne suivaient pas le chemin que j'imaginais pour eux. L'histoire s'est concentrée sur une affaire qui ne m'intéressait pas autant que les autres, et sur les relations de l'énervante Fiona avec les hommes autour d'elle. le style est devenu un peu précieux, un peu prétentieux, bien que toujours beau...

Cela dit, n'est-ce pas le propre d'un grand livre de nous déstabiliser et de nous étonner ? Sur la plage de Chesil, du même auteur, m'avait fait cet effet déroutant lors de ma lecture... mais je m'en souviens parfaitement près de 10 ans après et je continue à y penser de temps en temps. Je pense que ça sera pareil pour L'intérêt de l'enfant.

Challenge PAL, challenge Petits plaisirs 6/xx et challenge Multi-Défis 10/xx.
Commenter  J’apprécie          565
Lorsque j'ai refermé : l'Intérêt de l'enfant de Mac Ewan, j'étais encore sous l'emprise du final très dense et riche en émotions et je me suis dit qu'il était dommage que tout le roman ne présente pas la même richesse.
J'ai eu parfois des difficultés à m'attacher aux pas de Fiona Maye, juge aux affaires familiales et au bord d'une crise existentielle majeure alors qu'elle est proche de la soixantaine. C'est un personnage complexe : lucide devant le "placage" de son mari, elle n'en est pas moins tributaire d'une morale petite-bourgeoise très soucieuse du qu'en dira-t-on... Si je suis entrée difficilement en empathie avec elle, c'est parce que tous ses états d'âme sont décrits de façon très distanciée, pas de monologue intérieur, peu d'humour ou de sens de l'auto-dérision qui m'auraient permis de me sentir plus en phase avec à la fois sa détresse mais aussi son courage et sa lucidité. Heureusement, les dialogues ciselés qui l'opposent à son époux, Marc tout au long du roman permettent de cerner au plus prés le caractère à la fois dérisoire et dramatique de la situation.
Les dialogues sont aussi au coeur de ce qui constitue l'épine dorsal du roman, à savoir le différend qui oppose les médecins de l'hôpital où est soigné le jeune Adam Henry pour une leucémie requérant une transfusion sanguine, aux parents de ce dernier, témoins de Jéhovah et qui refusent au nom de leur religion ce genre de soin. Cet épisode rend compte avec beaucoup de justesse de tous les enjeux qui se heurtent dans cette situation : devoir médical c
ontre conviction religieuse ; sauvetage d'une vie humaine contre l'obéissance à une volonté divine. Ce débat entre les différents protagonistes est passionnant à suivre car il évoque de façon très argumentée les différents points de vue. Pas étonnant d'ailleurs quand on sait combien Mac Ewan s'est documenté sur certaines affaires judiciaires proches de celle évoquée dans le roman. Mais ce souci de documentation est à double tranchant, car si le cas de Adam Henry est passionnant à suivre ,l'évocation d'autres procès m'a paru ralentir de façon trop marquée le rythme narratif et perdre ainsi trop de vue les personnages.
Ce qui est en revanche très habile et attachant dans ce récit c'est l'art de l'auteur dans la description qu'il fait de tout ce qu'il peut y avoir de contingent ou d'imprévisible dans certaines situations à forte charge émotionnelle. Baiser furtif échangé entre Fiona et Adam, devenu son jeune protégé, tasse de lait poussée imperceptiblement devant Fiona par son mari, Marc au petit-déjeuner. Ces gestes, ces mouvements qui vont enclencher drame ou réconciliation sont évoqués avec une finesse d'analyse et une subtilité remarquables.
Les réserves que je viens d'exprimer dans cette chronique ne sont nullement une remise en cause du talent de son auteur. Il s'agit d'un jugement on ne peut plus subjectif qui est sans doute le reflet de mon univers de lectrice.
Commenter  J’apprécie          520
L'intérêt de l'enfant…c'est bien parce que l'enfant y est le sujet qu'il a tout son intérêt.

J'ai aimé cette couverture, cette trainée de poudre, la puissance qu'il s'en dégageait comme un défi à la vie…..et j'y ai cru…

Alors même si la vie ou la mort ne nous appartient pas, quand vous y êtes confrontée personnellement, vous vous demandez qui aura le dernier mot. Ancrée à l'époque dans un mouvement religieux radical et intellectuel, il était pour moi primordial de préserver la vie quoique puisse en penser la morale et la société…

Le choix a été cornélien. ….seulement attendre que la « vie « reprenne ses droits et là on maitrise rien, je pèse mes mots pourtant, il a été alors question « du meilleur choix de vie » pour chacun….

Cette lecture n'a pourtant pas été calculée, même si le sujet évidemment ne m'indiffère pas.

Je me suis donc plongée dans cette lecture avec une certaine distance, puis j'ai commencé par sourire en découvrant Fiona, 59 ans Juge aux affaires familiales dans un tribunal anglican, confrontée à son mari Jack 60 ans qui la met un matin en demeure. En effet, il a compté les jours depuis qu'il s'est senti vivant la dernière fois avec elle.... Elle semble s'en moquer comme de sa première barboteuse à pressions et Jack pourtant insiste en lui expliquant en quelque sorte qu'il a besoin de fraicheur et d'exotisme… L'affront est brutal, mais elle a d'autres urgences dans ses dossiers que se préoccuper de la grammaire de ses sentiments.

Evidemment, un JAF est confronté tous les jours à des histoires familiales douloureuses : garde d'enfants, violences, où ces couples qui un jour se sont dit oui…répondent non à tout devant la justice. C'est loin d'être simple de prendre le recul nécessaire, de trancher avec le plus d'objectivité dans l'intérêt de chacun…enfin surtout de celui de l'enfant, qui bien souvent au-delà d'une décision judiciaire le plonge très souvent, dans un conflit de loyauté envers les siens qui va le bafouer.

Et puis il y a l'histoire d'Adam, qui est le sujet principal de ce livre. Atteint de leucémie, très proche de sa majorité, anglue dans une secte religieuse qui interdit toute transfusion sanguine, sa vie est en péril. La justice est saisie face aux refus des parents et de cet adolescent terriblement intelligent et lucide. Et chacun y va de ses arguments…..

La plume de cet auteur est ciselée, criante de vérité, tellement forte que j'avais envie de hurler….

La foi contre la loi, une seule lettre les sépare. Ce qui est évident pour la foi ne l'est pas pour la loi… et l'auteur décortique avec talent les conclusions du Juge prenant en considération la place pourtant accordée à la croyance. Ce jeune tout aussi réaliste qu'il semble être, est complètement lobotomisé par la pression des parents et de cette communauté. Il ne conscientise pas qu'il pactise avec le diable et qu'il va finir en agneau sacrificiel, quand bien même il le verbalise….Alors Fiona, ordonne la transfusion d'Adam parce que ne pas prendre de décision reviendrait à lui faire porter la responsabilité de le priver de sa liberté de vivre.

Mais ce livre va bien au-delà aussi….de la musique et la poésie qui embaume cette histoire. Il interroge sur la posture du magistrat, il pose la question des contours que l'on donne à l'intérêt de l'enfant…où s'arrête-t-il ? Que va-t-il se passer pour lui suite à cette décision ? Comment va-t-il la vivre au milieu des siens ? Qui va reprendre ses droits….la loi va-t-elle résister au tatouage éducatif, idéologique de la foi ? le système judiciaire souvent ne permet pas l'accompagnement de l'exécution d'une telle décision qui sera lourde à porter….

Je ne suis pas prête d'oublier cette lecture, parce que dans mon quotidien professionnel, j'ai remarqué que le législateur est de plus en plus sollicité pour trancher sur les droits de l'enfant, épris de liberté, souvent à juste titre certes, mais pourtant revendiqué pas toujours à bon escient, au risque d'en faire parfois un enfant roi… de droit face à ses parents et là on parle de « son intérêt supérieur »….
Commenter  J’apprécie          5213
« Sur la plage de Chesil », a fait de moi une « McEwan addict » ! J'ai lu tous ses livres traduits en français avec un égal bonheur.
Cette fois-ci, cependant, j'ai ressenti au fil des pages comme un léger agacement. Je ne retrouvais pas totalement l'un de mes auteurs chouchous.

Deux mots sur l'histoire :
Au cours d'une soirée pluvieuse, Jack a brusquement annoncé à Fiona qu'avant d'être trop vieux, il avait l'intention de vivre une aventure passionnée avec sa jeune maîtresse, sans pour autant mettre un terme à leurs 35 ans de mariage.
Jack est de ces hommes qui veulent le beurre, l'argent du beurre et le reste !
Pas question pour Fiona, ou il part ou il reste, mais elle le veut fidèle.
Après avoir noyé sa rancoeur dans quelques Whiskys elle se réfugie dans son travail de juge d'instruction et étant d'astreinte ce soir-là, elle sera presque heureuse d'être dérangée par un appel de son greffier: la direction d'un hôpital des environs de Londres requiert d'urgence l'autorisation de la cour pour pouvoir sauver un adolescent de 17 ans. Adam Henry souffre en effet d'une forme rare de leucémie et, s'il n'est pas très vite transfusé, ses chances de survie sont pratiquement nulles. le hic? Les Henry sont ¬Témoins de Jéhovah et ce mouvement religieux interdit les transfusions sanguines. Ce qui explique pourquoi Adam préfère se laisser mourir plutôt que d'être irrémédiablement souillé par le sang de donneurs anonymes.
À ce stade, seule Fiona peut essayer de le comprendre ou trancher en faveur du corps médical.
Il m'est très difficile de cerner ce qui m'a dérangée dans ce roman. Je crois que j'y ai trouvé trop de détails concernant la vie privée de l'héroïne et assez peu sur ses réflexions, ses hésitations, ses doutes au moment de prononcer un jugement.
Fiona m'a parue une femme froide et indifférente à la souffrance d'autrui, se servant de son métier comme d'un bouclier la mettant à l'abri des désillusions de la vie.
L'écriture précise et élégante est toujours au rendez-vous
Verdict : Pas un coup de coeur ni vraiment une déception !

Commenter  J’apprécie          504




Lecteurs (1650) Voir plus



Quiz Voir plus

Test

ds

d
d
d
d

1 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Opération Sweet Tooth de Ian McEwanCréer un quiz sur ce livre

{* *}