La critique sera difficile.
Pour une raison que je vais aborder tout de suite : à tort peut-être, je souhaitais avoir le fin mot de l'histoire : Robert a-t-il ou n'a-t-il pas commis une erreur ? Et pourquoi ? Je crois l'avoir discerné, mais ça ne ressort pas nettement. Possible que je sois passé à côté, ou possible que le narrateur ait voulu laisser planer un doute, pour faire ressortir le fait que nous pouvons tous commettre des erreurs, sans le vouloir. Mais cet aspect du roman m'a fortement turlupiné.
Sinon, je l'ai trouvé très fort - un peu trop. Lors de la tempête de neige, mon stress a été total, et ma tristesse aussi. L'auteur nous fait plonger habilement dans l'inquiétude, l'interrogation, l'émotionnel. Où sont-ils ? Que font-ils ? Vont-ils s'en sortir ?
Le récit est profondément humain et réaliste, qu'il s'agisse des émotions et relations des scientifiques, ou de celle de l'épouse - même si j'ai senti qu'il y avait là quelque chose à pousser (le couple défait par le métier spécial du mari).
Ensuite, le récit des problèmes de santé (pour rester vague) du héros m'a paru infiniment réaliste et touchant.
Mais tout cela constitue un ensemble trop composite à mon gout. Intelligent, bien mené, mais d'une construction finalement boiteuse. Si je dois le comparer à un autre roman (extraordinaire celui-là), composé de parties qui s'unissent dans une dissonance maitrisée, je parlerai soit de Soldats de Salamine, de
Javier Cercas (l'auteur semble, au milieu du foisonnement de ses trois parties, débroussailler de l'humain pour arriver au coeur de son propos dans la 3e partie), soit de la Part du feu, de Norman McLean, dans lequel on progresse aussi jusqu'à un point nodal magnifique (du moins m'a-t-il semblé).