Peut-on écrire la critique d'un livre qui nous est tombé des mains ? Je n'ai pu atteindre que la page 118 de
Réservoir 13 de Jon
Mc Gregor, disons 1/3 du roman. Et il ne peut être mauvais puisqu'un collègue au goût sûr me l'a mis dans les mains en m'assurant qu'il me plairait… Je manque de patience et de mémoire pour ce roman.
Dans un petit village anglais où tout le monde se connaît, une adolescente en vacances dans un gîte avec ses parents disparaît la nuit du nouvel an. Et on ne la retrouve pas. le roman met en scène le temps qui passe dans ce village ; les recherches mais sans drame, sans le point de vue des parents, des journalistes, etc. puis le retour à la normale, même si chacun pense à la jeune fille. C'est donc plutôt la chronique d'un village. le rythme lent est celui de la reproduction des animaux dans les haies et les arbres, du travail des habitants, agnelage, enseignement, des couples qui se font et se défont.
A plus d'un titre, on dirait le scénario d'une série anglaise. Les descriptions des lieux sont très visuelles. Les indices permettant de resituer les personnages par contre sont ténus et j'essayais d'imaginer leurs caractéristiques physiques pour les distinguer. Mais impossible, entre les Hunter, Clark, Jackson, Wilson, Cooper et autre Ted, Irene, Jane, Gordon, Linsey, James… dont on n'entend parler que de loin en loin, je dois faire encore trop d'effort au 1/3 du livre pour comprendre que Martin est le boucher failli et Ruth son ex., que Sophie est la petite copine de… qui déjà ? James, le copain d'enfance ? Ou Rohan, le nouveau venu avec sa mère adepte de yoga ? Les jumeaux, Lee et Sam, fils de Su et Cooper, seul journaliste d'une feuille de chou locale, sont difficile à élever. Dans l'ensemble, le portrait des pères est peu flatteur, celui des couples désespérant, celui des mères épuisant.
Bref, je ne peux m'immerger. D'autant que la traduction laisse toujours apparaître l'anglais, au point que parfois j'aimerais être dans la version originale pour être sûre de ce que la phrase veut dire, encore un point commun avec une série et ses sous-titres. « Il s'est demandé si c'était une pique mais il n'a pas relevé. Ils avaient connu des *différences. C'était fini, maintenant. (Page 95). Ou encore, à propos d'un potier : « Des lignes se formaient à la surface et l'eau débordait du tour. Il y avait dans ces gestes des années de *discrétion acquise. Elle ne pouvait apparaître. La pression de son toucher suffisait exactement et cette poterie *est née de l'argile. » (p. 104). Trop de questions arrêtent ma lecture.
La temporalité est bien apparente par contre, on peut compter les saisons, grâce aux rythmes naturels (bon là, c'est ma faute, je n'y connais rien aux périodes de nichage ou d'envol et je ne connaitrais pas plus le nom des oiseaux en français qu'en anglais) et aux fêtes qui reviennent, 5 novembre, jour de l'an, rentrée scolaire, moissons… J'arrivais à la 3e année après la disparition, en guettant les indices qui mèneront vers la clé de l'énigme – à chaque fois qu'on mentionne une balade dans la colline, une bribe de conversation entre une bande d'ados du même âge, le n° d'un réservoir, le
réservoir 13 précisément… - quand je me suis reportée à la 4e de couverture qui annonçait un récit de… 13 ans de vie dans ce village. Alors j'ai laissé mon impatience et mon ennui prendre le dessus.
Je vois tout l'intérêt du projet, partir d'un évènement qui se transforme en non-évènement, déjouer le mode de lecture à suspens. Je vois l'intérêt du mode de narration, simple, dont le point de vue est celui des gens du village en général, sans psychologie ni point de vue individuel, pleine d'observations quotidiennes sur les choses et les gens, qui remplissent les jours, puis les mois, puis les années. Mais je ne suis pas la bonne lectrice pour ce roman.