C'était pendant la période de grand froid. Cet hiver. Je n'arrivais pas à chauffer mon petit appartement, même avec un vieux pled sur les genoux, pas moyen de se réchauffer. Un p'tit verre de whisky, le livre de McGuire
Dans les eaux du Grand Nord, et me v'là parti à l'aventure, embarqué sur un bateau avec une bande d'individus pas très sympathiques, c'est le moins qu'on puisse dire.
Pour me réchauffer, j'avais aussi Garlic, mon vieux chat qui a tellement mal partout, qu'il ne bouge presque plus. Je l'ai installé sur mes genoux, il a geint un coup, mais après, il s'est endormi sur moi, une boule de chaleur sur le ventre. C'est grâce à ces conditions particulières que je garde un assez bon souvenir du livre de McGuire. Mais à y regarder de plus près, je suis plutôt partagé sur
Dans les eaux du Grand Nord. J'ai certes passé un bon moment de lecture, mais à y regarder de plus près, de nombreuses petites choses m'ont irrité. Si, pendant la lecture, ces désagréments ont été absorbé par le rythme soutenu sur une bonne partie du roman, je dois dire qu' une fois arrivé au bout, j'ai trouvé que l'écrivain était confiant par rapport à la crédulité de ses lecteurs.
Le récit est construit principalement autour du chirurgien Sumner qui, embarqué sur le Volunteer, subira une série de mésaventures, plus terribles les unes que les autres. D'abord sur le bateau, mais pas seulement, car celui-ci ne prendra pas énormément de temps avant de couler, et ensuite, Sumner tentera de sauver sa peau sur la banquise, et ensuite sera repêché par un groupe d'inuits, pour finalement retrouver la terre ferme. Au travers de cette épopée, l'ancien chirurgien se remémore des mauvais souvenirs de la guerre, il est le spectateur privilégié de violences atroces et tout ça, dans un froid glacial. C'est d'ailleurs la sensation que j'ai ressenti tout le long du roman. Il faisait peut-être froid dans mon petit appartement, mais n'empêche, ce roman m'a rappelé les cahiers retrouvés du célèbre explorateur
Robert Falcon Scott: le froid qui vous prend au corps, la faim qui vous fait halluciner dans ces lieux polaires, le vent qui vous glace les os, la fatigue qui vous rend méfiant de vos voisins, la peur qui vous empêche de dormir. Vous n'espérez qu'une chose, vous mettre en boule et que tout ça se termine.
C'est sur ce point que je trouve le roman le plus réussi, sinon il est vrai que d'autres points sont limites, surtout celui de la violence. Si on a compris que McGuire veut dessiner des « durs à cuire », les procédés sont parfois trop appuyés. Pour une bonne partie du temps, ça fonctionne, dépecer une baleine, la vie sur le bateau, le bruit des machines, des odeurs qui vous donnent (réellement) l'envie de vomir, il n'a pas à dire, McGuire s'y connait pour nous tenir en haleine. C'est pour cette raison, que plusieurs actions ne posent pas problème, même si après lecture, on se dit que c'est pousser un peu loin le bouchon. Tenir 3heures (ou 13) le corps dans l'eau glaciale et s'en sortir vivant, c'est un peu fort de café. On a aussi compris qu'Henry Drax c'est le mal incarné en personne, mais parfois la crédibilité du personnage en prend pour son grade. Les doses sont parfois trop généreuses. Surtout lorsqu'on compare avec les grands qui parviennent à créer des personnages plus grands que nature sans forcer le trait. À ce sujet, j'avais lu il y a quelques mois le
Et quelque fois j'ai comme une grande idée de
Ken Kesey, et il est possible de faire un personnage monumental - Henry Stampers - sans tomber dans la surenchère. Il y aussi les Snopes de
Faulkner.
Je dirais pour terminer que j'ai eu le sentiment de regarder une (bonne) série télé. Même si je n'en regarde jamais, je sais en revanche qu'il en a des sacrément bonnes, et que vous pouvez regarder une saison complète en un weekend. En revanche, ce que je ne supporte pas avec les séries, c'est le rythme effréné, un événement à la minute, il faut avoir un calepin pour garder le fils, et ensuite, les exagérations qui, même si elles sont à petites doses; elles sont déposées ici et là pour être certain que l'on comprenne bien ce qui se passe, et qui est le bon et qui est le méchant. le bon, pas si bon et le méchant, plus méchant qu'on peut l'imaginer... bien sûr.