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sur 941 notes
C'est l'histoire de deux potes qui se cherchent au début des années 90, deux potes qui surnagent dans une Irlande en pleine guerre civile. L'un est catholique et l'autre est protestant. L'un est ultra sensible et vit des histoires d'amour à répétition qui se concrétisent ou non. L'autre est le roi des magouilles et a toujours la bonne idée pour gagner quelques ronds au milieu du marasme irlandais. Deux personnages attachants campés par Robert McLiam Wilson. Ils finissent par croiser des évènements dramatiques et l'humour qui revient à plusieurs reprises dans les dialogues et dans les situations n'est pas la seule teinte de ce roman à part. Je découvre l'auteur avec ce livre que j'avais depuis un moment et je ne suis pas déçu. Les non-sens du conflit irlandais et plus globalement de la guerre ne sont pas en reste au fil du récit. On prend beaucoup de plaisir à suivre Jake, Chuckie et sa bande dans ces histoires pleines d'humanité.
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Quand on me parle de Belfast et de l'Irlande du Nord, ce qui me vient en premier en tête, c'est les guitares acérées des Cranberries qui résonnent comme un écho lointain aux explosions et aux cris de douleur qui ont marqué la ville (le pays) jusque vers la fin des années 2000, années lors desquelles les différents groupes armés prendront la décision de déposer les armes. Les paroles de la chanson "Zombie", avec leur lourd refrain, et les images sordides du clip, décrivent à merveille l'image que je peux me faire de cette période de "dimanches  sanglants" (sunday bloody sunday pour les fans de U2) : des personnages errant, tels des âmes perdues entre les décombres d'une ville scarifiée par le conflit.

Mais si, comme moi, vous pensiez que Belfast se résumait à rien d'autre que ça, vous pouvez vous lancer dans la lecture de ce roman "Eureka street", petite pépite littéraire qu'on n'arrive pas à se décoller des mains, tel chewing-gum accroché à son jean.

Ce roman est parsemé de punchlines et de situations déroutantes mettant en scène une tripotée de personnages atypiques, bien ancrés dans la culture belfastoise. Il démontre au passage, si cela était toutefois nécessaire, la vacuité de sens de ce conflit politico-religieux entre catholiques et protestants extrémistes, avec au milieu, des gens normaux qui n'en avaient vraisemblablement rien à taper de cette bataille de clochés mortifère.

Robert McLiam Wilson nous raconte une histoire dans laquelle on hésite à sourire au début (parce que bon, quand même, c'est la guerre, y'a eu des morts, des attentats, tout ça) mais dans laquelle l'humour noir finit par nous arracher des petits gloussements discrets tellement il se mélange bien avec le dramatique de la situation. À vrai dire, je n'ai pas souvenir d'avoir constaté une telle qualité de mélange depuis les glaçons dans mon pastis mi-octobre dernier quand c'était encore un peu l'été. Je me souviens même que ma mère m'avait accompagné en me lançant un merveilleux : "tiens, vé, donne moi un pastis aussi, ça me fera boire de l'eau, un peu."

Ce livre dépeint donc la vie de Chuckie Lurgan (protestant) et Jake Jackson (catholique), deux amis d'enfance inséparables mais qui laissent ces histoires aux grandes personnes.

Chuckie est gros, dégarni, complexé mais il est plutôt malin. Prenant de l'âge, il flaire les bons coups et finit par devenir riche à plus savoir que faire de son pognon (ce qui le conduira à faire pas mal de bêtises).

Jake, quant à lui, est plutôt une petite frappe avec, au fond de lui, un côté romantique torturé qu'on ne distingue pas vraiment au premier coup d'oeil.

On découvrira également Aiorgue la rebelle, Sam l'américaine, Roche le gamin des rues, Peggie la mère de Chuckie, et d'autres, tous aussi hauts en couleur les uns que les autres.

Leurs péripéties romanesques à travers les rues de Belfast, une ville où à chaque coin de rue peut se produire un drame, donnent au roman une saveur assez piquante (comme on dit chez les oursins).

Et puis, découvrira-t-on la signification du trigramme OTG, tagué sur les murs de la ville ? Quelle est l'identité de tagueur de cette mystérieuse association ? Que revendique-t-elle ? Cette question nous suivra tout au long du roman pour réveiller le Sherlock qui sommeille en nous.

Wilson aborde l'absurdité de cette guerre civile de religion avec un cynisme délicieux. Il manie l'ironie et le sarcasme avec la brutalité du chirurgien esthétique d'Emmanuelle Beart ou la finesse du string d'Afida Turner, au choix. Il dépeint un tableau où les vies sont fauchées et les rêves brisés pour des différences d'opinions sur des doctrines qu'aucun dieu n'a probablement jamais voulu, hormis peut être cette encore et toujours mystérieuse association OTG !

En somme, "Eureka Street" de Robert McLiam Wilson est une étrange créature littéraire, un cocktail explosif de rire et d'émotion. Ce roman vous entraîne dans un tourbillon où la comédie noire et la critique sociale se mêlent au drame, chaque page tournant comme les pages d'un album photo d'une ville blessée mais résiliente. Si vous cherchez un livre qui offre un miroir tantôt hilarant, tantôt tragique de la condition humaine, "Eureka Street" est fait pour vous. Belfast vous attend ! OTG aussi !

Pour ma part, j'ai trouvé ma destination pour mes prochaines vacances d'été. Il ne me reste plus qu'à convaincre ma femme et mes enfants que visiter l'Irlande du Nord est plus sexy que de faire la crêpe sur le sable dans l'insupportable fournaise méridionale ...
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Retour de lecture sur “Eureka street” un roman de Robert McLiam Wilson, publié en 1996. Ce roman raconte la vie chaotique de différents personnages, tous très hauts en couleur et très attachants, dans le Belfast des années 90 à la fin du conflit Nord-Irlandais. Parmi eux, Il y a tout d'abord celle du narrateur, Jake Jackson qui travaille dans la récupération d'objets impayés, un catholique au coeur d'artichaut qui essaye d'oublier sa rupture avec Sarah et qui tombe amoureux comme il change de chemise, successivement d'une serveuse du bar qu'il fréquente avec ses amis, d'une jeune caissière, d'une passagère rencontrée dans un train…Il fait également la rencontre de Roche, un jeune enfant qui vit dans la rue et qu'il prend sous son aile. Il y a ensuite l'histoire du véritable héros de ce roman, Chukie Lurgan, l'ami protestant de Jake, qui devient très riche, presque contre son gré, à la suite de sombres arnaques totalement improbables et qui, malgré un physique désavantageux, réussit à séduire Max, une américaine fille d'un diplomate tué à Belfast. de nombreuses autres histoires viennent ensuite s'ajouter, toutes relatant la vie de gens vivant dans un climat de violence omniprésent lié aux attentats, des gens qui sont soit catholiques, soit protestants, qui sont d'aucun parti et qui essayent juste de vivre normalement. Ces personnages sont tous particulièrement touchants et très attachants, l'auteur n'hésite jamais à les affubler de faiblesses très humaines qui peuvent nous renvoyer à nous-mêmes. En ouverture du livre Robert McLiam Wilson écrit « Toutes les histoires sont des histoires d'amour », c'est ce qu'il essaye de nous démontrer, car toutes ces histoires, tous ces parcours, ont ce point commun. La peinture de la situation nord irlandaise avec l'affrontement entre la communauté protestante et la catholique, est faite de manière très subtile. Il dénonce, de manière indirecte, la stupidité de cette rivalité qui s'est installée et maintenue avec le temps, et qui a pratiquement perdu tout son sens. Il se contente de la décrire, de juste l'intégrer dans son décor puisqu'elle est maintenant ancrée dans l'âme des habitants, elle fait partie de l'ADN de cette ville. Les différences se sont gommées avec le temps, les gens s'éloignent de plus en plus de la religion, il ne reste plus qu'une haine ancestrale sans véritable fondement. Il dénonce plus ouvertement la violence qu'elle entraîne et la stupidité des attentats qui frappent aveuglément des habitants qui n'ont rien demandé à personne. C'est d'ailleurs un attentat particulièrement meurtrier qui est un des principaux points de basculement de ce roman, en affectant pratiquement la totalité des personnages et en ayant un impact sur leur destin. On pourrait croire que tout cela est bien noir, et pourtant ce n'est absolument pas le cas. Robert McLiam Wilson nous livre là un roman très lumineux, c'est une ode à la vie, à l'amour, à l'amitié et à cette ville de Belfast qu'il aime plus que tout. L'écriture du livre est particulièrement bien maîtrisée et le rend très agréable à lire, il y a beaucoup d'humour et énormément de tendresse quand il nous partage la vie et le quotidien de ses protagonistes, tout en restant très percutant dès qu'il s'agit de décrire le climat de violence. C'est au final un livre à découvrir, sur ce sujet très particulier du conflit nord-irlandais, un très bel hommage à ce peuple et surtout à cette ville meurtrie par des décennies de conflits entre communautés.

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“J'ai traversé Shaftesbury Square. Bien qu'il fût encore tôt, les clients de chez Lavery's débordaient déjà sur le trottoir. Des groupes de jeunes d'une saleté peu commune traînaient jusque sur la chaussée, un verre de bière à la main. Tandis que je passais devant le bar en enjambant leurs chevilles tendues, j'ai remarqué l'odeur d'urine tiède émanant de l'intérieur. Je détestais Lavery's. C'était forcément le bar le plus crade, le plus populeux et le plus rebutant de toute l'Europe de l'Ouest. Moyennant quoi il avait un succès fou. très Belfast. Einstein avait tout faux : la théorie de la relativité ne s'applique pas à Lavery's. le temps de Lavery's est un temps différent. On entrait un soir chez Lavery's, âgé de dix-huit ans, et on en ressortait écoeuré, en titubant, pour découvrir qu'on avait trente ans bien sonné. Là, les gens tuaient leur vie en buvant. Lavery's était pour les ratés. Je bossais comme carreleur et je ne pouvais pas entrer chez Lavery's : je réussissais trop bien.”
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Eureka Street est un livre qui secoue. Narrant le quotidien absurde de deux jeunes hommes vivant au jour le jour, ces deux amis, Chuckie et Jake, que seuls l'oisiveté, les beuveries, et l'attrait pour la glande semblent réunir. Leurs quotidiens et les péripéties qui les jalonnent, peignent le Belfast des années 90. RobertMcLiam Wilson, auteur nord irlandais nous offre ainsi une fresque véritable de ce Belfast tourmentés, terres qui l'on vu naître et sur lesquelles il est revenu après quelques années à Londres.

Ce Belfast rongé et abimé par les guerres et les conflits civils entre les populations hétérogènes qu'il abritent. Jack et Chuckie y évoluent et y grandissent, car la vie continue, malgré tout. Jack, catholique, qui après une rupture attend que le bonheur lui revienne, enchaine des petits boulots pour lesquels il n'a aucun intérêt et renoue avec la violence. Tout au long de ce livre, sa résilience se construira petit à petit... Chuckie, protestant plutôt cool, pantouflard et hippie dans l'âme, bien qu'un peu mesquin, au départ bouffon de la bande, va devenir une version de lui-même que personne n'aurait imaginé …

Puis, autour de ces deux personnages, gravitent une kyrielle de personnages tout aussi uniques et particuliers les uns que les autres. Les personnages féminins sont résolument féministes, et tout aussi importantes même si elles apparaissent en filigrane du déroulement du récit, et ce ballet de personnages nombreux, est si bien orchestré que l'on apprend à tous les connaitre sans qu'ils ne disparaissent au profit d'autres. Au contraire, ils sont comme les touches finales données à une peinture, apportant à l'ensemble le relief, la profondeur. Il n'en fallait pas moins pour mieux saisir les enjeux et les particularités de la Ville de Belfast et de ce qui l'anime dans ces années-là. Et parmi eux, un personnage revenu du premier roman de RobertMcLiam Wilson…
Cette fresque nous apprend énormément des mouvements sociaux de cette Irlande du nord déchirée, et sur le quotidien bouleversé de ses habitants.
Cette amitié entre ces deux jeunes hommes si différents sont autant de symboles forts qui permettent d'entrevoir la lumière dans la nuit de Belfast. Aussi, l'anticapitalisme et le féminisme s'offrent à voir à travers plusieurs symboles intéressants.
C'est un récit profondément absurde par moment, humoristique – ce qui me fait comprendre pourquoi RobertMcLiam Wilson est contributeur au journal Charlie hebdo depuis 2016 – tout en gardant un sens du drame qui ne dénature pas la réalité. La poésie se mêle au trash, et donne un contraste saisissant. La structure du récit, chronologique dans son ensemble avec des flashbacks aisés à replacés, permet de naviguer dans les époques et dans les histoires. Certains chapitres sont cependant indépendants, comme dissociés, tel le chapitre 11, qui raconte un attentat et les morts tragiques de plusieurs personnes.
En refermant ce livre, on ne peut s'empêcher de ressentir une vagua mélancolie à l'idée de quitter tout ces personnages, tout en étant soulagé de quitter, un temps, cette ville si paradoxale, noire, sombre qui est Belfast, en espérant du fond du coeur que les lumières et le bonheur reprendront la main sur le chaos politique et religieux qui la constitue autant qu'il la détruit.
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Un peu frustrant, cette impression de lire un roman très riche, mais avec certains personnages principaux (à commencer par le narrateur) un peu trop minces, pour ne pas dire qu'ils servent davantage l'intrigue qu'autre chose. C'est dommage car il y a beaucoup de choses dans ce roman. Et le chapitre sur l'attentat est magnifique, très puissant. le roman prend une grosse ampleur à ce moment, passant de l'anecdotique à l'émouvant, pour retomber par moments dans certaines facilités qui amusaient l'auteur.
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Plonger dans les rues de Belfast des années 90 à travers les pages d'Eureka Street de Robert McLiam Wilson a été une expérience littéraire saisissante, Ce livre, reçu dans le cadre d'un abonnement Kube et lu dans sa version originale a été une véritable immersion dans une époque et un lieu chargés d'histoire et de tumulte.

Wilson a réussi à capturer l'essence de cette époque tourmentée avec une précision déconcertante. Dès les premières lignes, j'ai été happée par l'atmosphère sombre et vibrante de cette ville en pleine ébullition, juste avant et juste après le cessez-le-feu de l'IRA. À travers les yeux de Jack, un catholique désabusé vivant dans Poetry Street, et de Chuckie, un protestant déterminé à changer de vie, il nous plonge au coeur de la vie quotidienne dans une ville en pleine reconstruction après des décennies de conflit. L'écriture de Wilson est un véritable tour de force. Malgré la noirceur des sujets abordés, son style est empreint d'humour et d'ironie, offrant un contraste saisissant avec le contexte difficile dans lequel évoluent les personnages.

Les dialogues pétillants et les situations loufoques apportent une touche de légèreté à un récit souvent sombre et poignant.

« « How's business? » I asked him.

« Amazing. You would not believe it. »

He told me how business was. I would not believe it. »

Les personnages, pour leur part, sont des anti-héros attachants, complexes et profondément humains. Leurs luttes personnelles et leurs relations tumultueuses offrent un aperçu saisissant de la condition humaine dans toute sa splendeur et sa misère. J'ai été particulièrement touchée par leur résilience face à l'adversité, leur capacité à trouver de la lumière même dans les moments les plus sombres.

Ce roman est bien plus qu'une simple histoire, c'est aussi une réflexion profonde sur la condition humaine. Au-delà de l'aspect humain même, Eureka Street est aussi une réflexion poignante sur les conflits religieux et politiques qui ont déchiré l'Irlande du Nord pendant des décennies et malheureusement toujours d'actualité sur d'autres conflits de nos jours. Wilson parvient à critiquer habilement la société contemporaine à travers ses personnages, tout en offrant un regard nuancé sur les enjeux complexes qui ont façonné leur réalité. Cette manière de manier l'absurde tout en gardant une profondeur émotionnelle est l'une des grandes forces de ce livre. le chapitre 11, en particulier, m'a glacée jusqu'aux os, témoignant du talent de l'auteur à capturer l'essence même de la tragédie humaine.

En conclusion, Eureka Street est bien plus qu'un simple roman. C'est un voyage au coeur de l'âme irlandaise, une exploration profonde et bouleversante de l'humain dans toute sa complexité. Avec sa plume incisive et son exploration sans concession de la nature humaine, Robert McLiam Wilson offre une lecture aussi captivante que bouleversante. Sans aucun doute, un coup de coeur absolu pour moi, et une recommandation incontournable pour tous les amateurs de grande littérature. Ma note ? Un indiscutable 5/5 pour cette plongée inoubliable en Irlande, aux côtés de personnages aussi imparfaits qu'attachants.
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Dans le Belfast des années 90, le quotidien est régulièrement ponctué de déflagrations, de slogans haineux, d'annonces de morts, de blessés et autres joyeusetés inhérentes à une ville empêtrée dans un conflit entre deux camps. D'un côté les Irlandais catholiques qui aspirent à l'union de l'Irlande, de l'autre les Irlandais protestants qui souhaitent rester dans le Royaume-Uni. Et au milieu, un tas d'habitants qui aimeraient seulement vivre leur vie.

Parmi eux, il y a Jake Jackson, catholique, issu de la classe populaire, comme tous ses amis. Un Belfastois désabusé, qui ne s'étonne plus en entendant une bombe éclater en prenant son café. Son meilleur ami, Chuckie Lurgan, est protestant. Ce qui n'a jamais été un sujet entre eux. Les moments de camaraderie et les pintes descendues au pub valsent bien au-dessus du conflit politique qui embrase l'Ulster.

C'est ce quotidien que nous raconte Robert McLiam Wilson. Avec un humour cinglant qui m'aura fait éclater de rire plus d'une fois, il décrit la vie de ces jeunes gens, les difficultés de la classe ouvrière, la société de consommation dans laquelle elle aimerait entrer alors qu'elle est engluée dans le chômage et la pauvreté. le conflit politique qui se rappelle à eux tous les jours. Un décor morose pour une jeunesse sans illusions, qui nous offre pourtant de beaux moments d'espoir, notamment avec Chuckie qui devient le roi du pétrole grâce à son bagout et à une bonne dose de candeur assez incroyable.

On rencontre continûment des personnages hauts en couleur drôles et attachants qui sont la plus belle preuve d'amour que l'auteur adresse aux Belfastois. Malgré une ville symbole de guerre et de morts, la vie palpite dans chaque foyer, dans chaque relation d'amitié. Il y a aussi un très beau chapitre dédié à Belfast, aussitôt laminé par une description effroyable d'un attentat terroriste. Belfast est dans un sempiternel entre-deux : vivre en gardant en tête que la mort peut être à notre porte le lendemain.

Ce roman est un immense coup de coeur. J'ai adoré les personnages, la relation du quotidien, l'insertion de plus en plus affirmée au fil du roman du contexte politique, et cet humour corrosif dont je suis particulièrement friande. Lisez-le, il est génial.
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Très beau livre qui nous parle de l'Irlande du Nord principalement et surtout de Belfast. J'ai aimé retrouvé l'atmosphère que j'avais un peu connu des différents quartiers de cette ville et je suis "fan" de la période dite "des Troubles" comme on dit (j'ai particulièrement aimé les livres de Sorj CHALANDON sur le sujet). On retrouve ici les deux principaux personnages qu'on va suivre en parallèle. Ils sont très atypiques et il va leur arriver plein de rebondissements. le livre est très bien écrit et les presque 500 pages passent très vite. On est pressé de connaître la suite de l'histoire. le passage de Chuckie en Amérique du Nord vaut aussi le détour. En résumé, voici un livre que je recommande tout particulièrement et qui vous donnera une bonne idée de ce que fût cette période très troublée entre catholiques et protestants dans les milieux populaires.
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Belfast, eighties-nineties. La ville est rongée par le chômage et les violences terroristes. Ce roman est cependant loin de sombrer dans la misère sociale, le défaitisme et la peur. Non, ce roman nous élève à grands coups d'humour, de réparties cinglantes et d'humanité, généreuse comme une pinte de Guinness en happy hour. Il nous chante : tant que y a d'la vie, y a de l'espoir !

Ce livre, c'est une rencontre au sommet avec Jake, Chuckie et les autres, bande de potes, bande de losers désoeuvrés-désabusés, cathos et protos. Mais Jake… Jake, ce mal dégrossi au coeur gros comme ça, il m'a totalement désarmée par sa flamboyante empathie. Puis il y a Roche, ce mioche un peu Gavroche qui traîne sa verve, ses guibolles et ses mauvais coups dans les rues.

Puis les Troubles… les grands méchants de l'histoire. La menace terroriste est d'abord banalisée, les déflagrations devenues comme la télé qui tourne en boucle à l'arrière-plan avec le son réglé au minimum. Et… ce chapitre 11 arrive quand on ne s'y attend plus. C'est littéralement une bombe. Il m'a soufflée, terrible de précision et de violence. Puis de silence.

« Quelques histoires individuelles avait été raccourcies. Quelques histoires individuelles avaient pris fin. On avait décidé de trancher dans le vif. Les pages qui suivent s'allègent de leur perte. le texte est moins de dense, la ville plus petite. »

Ce roman dit aussi l'absurdité de cette guerre qui tue aveuglement des deux côtés et se cache derrière tous ces acronymes barbares, IRA, RUC, UVF… et le sigle OTG qui apparaît en foutant tout le monde sur les dents. Il rend hommage à toutes ces personnes assassinées pour rien, au nom d'une idéologie…

« C'était la politique de la cour de récréation. Si Julie frappe Suzy, Suzy ne frappe pas Julie en retour. Suzy frappe Sally à la place. »

Bref, un gros coup de coeur.
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Écrivain nord-irlandais, " Robert Mcliam Wilson ", né dans un quartier ouvrier et catholique de Belfast, nous délivre un message sur l'amour qu'il porte à sa ville, et ceci sans fioriture ni misérabilisme ; et d'ailleurs je pense que l'on peut parler de constat sur cette ville interlope, où régnera pendant plusieurs dizaines d'années, le bruit des bombes et la fureur des émeutes.

Année 80, avant l'accord de Belfast signé le 10 avril 1998 qui met fin à la guerre en Irlande du Nord. Une rue : " Eureka Street " ; un catholique trentenaire qui a du mal à admettre sa médiocrité : Jacke Jackson ; et son ami protestant de toujours : Chuckie Lurgan, un lourdaud qui vit toujours chez sa mère. Ils vivent au jour le jour, entre discussion sans fin à refaire le monde, s'inviter à des soirées de beuveries, des amourettes d'un soir, bref le sommet de la vacuité.

Un grand moment de lecture, avec la verve et la bravoure de l'auteur pour la description, de la folie des hommes, lors d'une explosion d'une bombe et ses effets : distorsion du temps, silence et calme dans le secteur, les couleurs qui disparaissent ; la terreur, l'horreur, l'incompréhension et plus tard les cris et les pleurs déchirants des êtres humains. Un tel réalisme d'écriture me laisse pantois. Comment justifier l'acmé de tels actes : du patriotisme, de l'aveuglement politique, de la stupidité, sans aucun doute !

Ainsi se mêle la vie, entre amitié, pauvreté et idéalisme, dans cette ville attachante, et pour l'auteur qui l'a résumé, " La ville est un roman ", une ville qui palpite de ses habitants vivants mais dont sa terre est richement semée de morts innombrables. Une apologie d'une ville riche d'un passé tumultueux sur un fonds de troubles religieux, mais dont les protagonistes s'avèrent attachants. Un livre à garder précieusement.

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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