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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre en forme de cri, de hurlement. En forme de vocifération.
Un livre qui réussit l'exploit de combiner à l'expression brûlante voire violente d'un ressenti la construction fine d'un cheminement personnel qui doit pourtant résonner chez bon nombre d'entre nous et d'une réflexion aussi passionnante que nécessaire. Il y a une forme d'urgence dans "Vénère" qui rend cet essai à la fois beau et fulgurant en plus de son utilité politique.
Dans "Vénère" donc, Taous Merakchi qui pour cet ouvrage a renoncé au pseudonyme qui l'a fait connaître (Jack Parker, les trentenaires qui lisaient Madmoizelle savent) revient sur la colère qu'elle porte en elle, cette colère qui menace d'exploser, de tout faire jaillir comme un volcan et de faire de ce(ux) qui l'entoure(nt) ce que fit le Vésuve de Pompéi. A moins qu'elle ne la ronge puis la tue de l'intérieur. Il est des colères-serpent qui étouffent à en crever. Et c'est là que c'est fort: cette colère qui la bouffe et la dévore, elle a beau appartenir à l'auteure, découler de son vécu et de certaines de ses souffrances, on finit par se rendre compte qu'elle nous possède nous aussi. Qu'elle se tapit dans l'ombre de beaucoup d'entre nous. Et c'est une souffrance supplémentaire presque autant qu'un soulagement de penser que ce qui nous dévore dévore aussi cette auteure brillante et avec elle, sans doute, un bon nombre de femmes. Parce que les situations qui la font bouillir nous font bouillir aussi et que nous les vivons toutes au quotidien, ou presque: cet homme qui se frotte contre vous jusqu'à l'érection dans le métro, le message qu'on ne manque pas d'envoyer aux copines pour les (r)assurer qu'on est bien rentrée chez soi -saine et sauve- après la soirée, le discours abject de cet ami d'ami que le viol révolte mais qui trouve malin de préciser que quand même "t'as vu comme certaines s'habillent aussi, après faut pas s'étonner", les écouteurs sur le chemin du retour et cette musique qu'on écoute pas mais comme ça au moins on a l'air occupée, le sacro-saint discours sur les pulsions de ces messieurs qu'ils ne peuvent dompter, les "non" qui doivent être répétés voire hurlés pour être compris, l'antienne qu'on n'en peut plus de vomir "non ma mini-jupe n'est pas une invitation", les accusations d'hystérie dès que la colère pointe alors que c'est bien connu, un homme qui se met en colère, lui il est viril, il a du caractère, il s'affirme… Les regards condescendants quand on essaie de s'exprimer sur un sujet dit "masculin" et cette idée révoltante qu'il y aurait des gouts réservés: "Tu veux faire de la boxe, déconne! Une petite meuf comme toi?"...
Et des exemples, il y en a encore tellement...
Dans une écriture incisive, volontairement combattive et chapitres après chapitres -ces derniers sont par ailleurs relativement courts et très clairs- Taous Merakchi revient sur tous ces moments qui justifient sa colère et qui l'amplifient, expliquant au passage pourquoi, pourquoi tout ça lui fait bouillir le sang.
En parallèle, elle se livre aussi à une véritable introspection, cherchant à remonter aux origines de cette colère qui la déborde, évoquant son passé, son histoire. C'est ici plus intime qu'universel et c'est d'autant plus touchant, poignant qu'on s'aperçoit que cela nous pousse à remonter à la source de notre côté aussi, à créer notre propre cheminement pour dompter nous aussi cette colère que Taous Merakchi dissèque avec feu et intelligence et dont elle nous invite à nous emparer à notre tour.
Salvateur.

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Je suis de plus en plus intéressé par ce type d'essai féministe et après avoir lu La chair est triste hélas d'Ovidie, j'ai décidé de me lancer dans la lecture d'autres essais sur ce thème.

Il existe d'ailleurs des listes par exemple sur Babelio qui recommandent des livres similaires à ceux lus, le titre de celui-ci ainsi que ce dessin d'un briquet en feu m'ont de suite attiré.

J'ai vu que certaines personnes avaient été un peu bousculé par la colère que l'auteur a en elle, cependant de mon côté je n'ai pas été heurté par la plume et la colère mais plutôt par les faits qui sont énoncés et auxquelles toutes les femmes sont confrontés.

J'ai beaucoup perçu et je me suis reconnue dans ce sentiment d'injustice et iniquité entre les hommes et les femmes sur de nombreux domaines, salaires, charge mentale et de nombreux autres....

D'où la colère et la révolte de l'auteur qui constate et aide ses amies dans des situations un peu délicates vis à vis des hommes et le fait de constamment devoir faire attention à ce qu'on boit, à ce qu'on porte, à notre attitude etc....

Une vraie belle découverte, je n'hésiterai pas à relire l'auteur.
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Cet essai est une explosion de rage cathartique. D'un ton enflammé et d'une grande honnêteté, l'autrice part de son expérience et de celle d'autres femmes pour dire qu'elle en a assez. Elle en a assez d'avoir honte, d'avoir peur et, surtout, de cette colère qui la ronge, qui dévore de l'intérieur faute de pouvoir être exprimée. Car, si la colère masculine est acceptée voire valorisée, la colère féminine, souvent renvoyée à de l'« hystérie », n'est pas légitime et se retourne contre nous, affectant notre santé physique et mentale.
Pourtant, il y en a, des raisons d'être en colère : le fait d'être en « libre-service » dans la rue (qui appartient aux hommes) et de faire constamment attention, la honte des règles et de notre corps qui nous a été inculquée, le rejet des préoccupations féminines, le fait de ne pas être prise au sérieux, de devoir se justifier dès qu'on affirme la moindre chose, le réflexe de s'excuser, d'être désolée, la peur de la violence masculine… Elle évoque les inconnus qui nous considèrent à leur disposition mais aussi les hommes connus avec lesquels l'on ne se sent pas en sécurité, du pote qui est un faux allié aux hommes violents dans la sphère domestique, qui tentent de nous détruire quand nous ne répondons pas à leurs conditions. Il ne faut donc pas s'étonner si certaines femmes n'acceptent des hommes dans leur vie qu'une fois qu'ils ont montré « patte blanche ».
Elle parle de manière crue, sans tabou, et cela fait un bien fou !
Une lecture libératrice !
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Travaillant sur la colère féminine dans le cadre de mes études, cet essai m'a semblé incontournable. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais, certainement pas un enchaînement de récits et de réflexions biographiques. Je n'ai rien appris de particulier et sur ce point je suis déçue pcq je tourne en rond sur mes dernières lectures féministes.

Au delà de ça c'est un très bon essai, un énorme moment de sororité, qui rappelle comme l'intime et le politique sont liés et qui me conforte tout particulièrement sur le travail à faire autour de la colère féminine, lui redonner la place qu'elle mérite et tout son pouvoir d'émancipation. Nous avons toutes les raisons d'être en colère, il est temps d'arrêter de prendre des pincettes et de passer la pommade pour ne vexer personne. Écoutez les femmes, leurs récits, leurs colères, sans prendre personnellement ce qu'elles racontent, portez enfin la charge qui vous revient. On n'a plus le temps ni l'énergie de ménager les sensibilités masculines.
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Il serait facile de qualifier cette femme de misandre si ce qu'elle décrivait n'était pas le reflet objectif de notre société patriarcale et capitaliste .
Malgré l'aversion qu'elle peut ressentir envers la gente masculine et à juste titre, j'ai ressenti l'amour puissant qui l'habite. J'ai adoré partager les émotions de Taous à tous les âges. J'étais en colère moi aussi lors des anecdotes citées que ce soit avec son père, ses camarades et tous « ces connards » qui inondent les rues. J'ai adoré le style, le langage. J'y ai trouvé une certaine poésie au travers des métaphores.Des mots justes et bien choisis. Une réflexion tellement intime et poussée qu'elle fait écho en moi .
Merci Taous pour cet ouvrage profond dans lequel vous encouragez non pas la haine mais l'amour de soi.
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