AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 462 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Berne-Lisbonne, aller et retour ?

C'est un type érudit, solitaire, voire handicapé social, en tout cas réfractaire à la comédie sociale, mais quand même dans le regret refoulé de vivre une autre vie. Alors un jour, comme ça, au lieu de suivre ses habitudes il suit son instinct, une rencontre fortuite sur un pont sur l'Aar, la sonorité chantante du portugais, un livre différent et le voilà parti au pied levé dans le train de nuit pour Lisbonne.

Lui qui vivait dans les textes très anciens, il va se plonger dans une quête, de témoins en survivants et au travers de ses écrits, d'un lisboète aussi brillant que lui est terne. Pourtant lui non plus n'avait pas choisi sa vie, malgré sa liberté affichée, le poids familial, là aussi et la dictature qu'on a presque oubliée de Salazar.

Des rencontres fortes, la possibilité d'être un autre lui-même vont agir comme une psychanalyse, ou alors n'est-ce que les effets sournois d'une maladie qui provoque des vertiges, comme l'autre qui vivait avec un anévrisme prêt à rompre ?.

Un livre intéressant, desservi par une forme assez lourde et un auteur plutôt lâche puisqu'il abandonne son personnage avec un mal non diagnostiqué et nous, on ne sait pas, tout ça c'était juste un désordre physique ?

Et vous amis lecteurs, pouvez-vous me dire, finalement le n° de téléphone il l'a appelé ou pas ?
Commenter  J’apprécie          00
Un professeur plaque tout pour se lancer à la recherche d'une femme. Son enquête le mène au Portugal où il s'intéresse à un poète disparu. Roman très mélancolique, plein de salles poussiéreuses, de vieux amis qui ont vieilli mais sont restés les mêmes, de femmes aimées évanouies: tant qu'à la fin on oublie un peu la quête initiale. A lire pour vous donner envie de visiter Lisbonne mais aussi pour essayer de comprendre un peu le temps qui passe, ce qu'il déplace et le peu qu'il laisse intact. C'est très beau! La chute m'a laissée tout chose.
Commenter  J’apprécie          10
Une note moyenne proche de 4/5 sur ce site est souvent un gage de qualité. Cette qualité je la reconnais sans nul doute dans la conduite de la trame narrative de l'enquête de Gregorius sur les traces de Prado. Gregorius est un original; un bernois spécialiste des langues anciennes, d'une érudition hors pair qui mène une vie de professeur réglée comme du papier à musique. Et pourtant, le voilà qui part à Lisbonne sur un coup de tête, sans connaître le portugais, pour retrouver la trace de l'auteur d'un livre qui l'intrigue et le séduit. Sur place, il mène une véritables investigation policière pour retracer la vie de Pado, l'auteur en question. Tout cet aspect du roman, je l'ai aimé inconditionnellement: que ce soient les descriptions de la ville, des personnages rencontrés ou le retour vers le passé récent du Portugal (la dictature, la résistance, les tortures…); tout ça est admirablement bien fait dans une langue claire et riche qui nous font vivre l'expérience de Gregorius « en direct ». Ce que j'ai moins aimé ce sont les passages écrits par Prado, un essai philosophique dans le roman en quelque sorte. Il était sans doute nécessaire d'en donner des extraits pour que le lecteur puisse cerner la personne de Prado et comprendre la fascination qu'il exerçait sur Gregorius; mais j'ai trouvé ces passages souvent longs et fastidieux; bref, trop intellectuels… Ça m'a donné l'impression que l'auteur avait trouvé le subterfuge du roman pour faire passer ses propres écrits épars…. La fin du roman m'a aussi un peu déçue : elle nous ramène dans la banalité du quotidien bernois de Gregorius, ses soucis de santé, fermant ainsi la parenthèse de douce folie qu'il s'était autorisée. Je m'attendais sans doute inconsciemment à un dénouement à la manière d'un roman policier, tant l'enquête en a les caractéristiques.
Je suis sans doute injuste, probablement parce que j'avais de grandes attentes a priori. Mes réserves ne m'empêchent pas d'attribuer quatre étoiles, le roman étant bien supérieur à la plupart des objets de marketing qu'on nous présente ces temps-ci. Tout ça pour dire que j'ai beaucoup aimé mais que je n'ai pas été complètement emballée…
Commenter  J’apprécie          230
Je me souviens que j'ai eu un peu de mal à le lire. Je l'ai trouvé très dense. Mais j'aimais tout particulièrement le concept du train de nuit, lui-même superbe métaphore de l'expérience que vit le héros, et surtout, j'avais déjà un petit faible pour cette destination. Lisbonne. Maintenant que j'y vis, je me dis que ça pourrait être sympa de le relire et peut-être aussi de mettre à jour cette critique pour mieux vous en parler. Mais j'en garde un très bon souvenir !
Commenter  J’apprécie          20
Serais-je capable de tout quitter sur un coup de tête, après une rencontre étrange ?
Pourrais-je laisser mes élèves, ma vie quotidienne, ma ville, mon pays après la lecture d'un paragraphe d'un bouquin qui me parlerait intimement ?


Gregorius, lui, l'a fait.
Il faut dire qu'il est divorcé, sans enfant. Il est un professeur, vieillissant mais toujours aimé, de langues anciennes – LE spécialiste en la matière ! – dans un lycée de Berne.
Ah, Berne, c'est sa ville, avec son pont, sa place, sa librairie, son fabricant de lunettes, aussi, qui est son ami.
Et il quitte tout. du jour au lendemain. Obsédé par un jeune médecin portugais mort il y a bien longtemps et qui a jeté sur papier toutes ses pensées. Il veut à tout prix retrouver sa trace, sa famille, découvrir et s'approprier sa ville à lui : Lisbonne et son époque, sous la dictature de Salazar.


Curieuse démarche, qui me fait penser à Modiano, toujours tourmenté par le passé, ses lieux, ses personnes.
Démarche compréhensible, pourtant. Car les pensées d'Amadeu de Prado sont loin d'être anodines !
Elles nous arrachent à notre train-train et nous conduisent loin à l'intérieur de nous-mêmes, et en même temps très près des autres.
Amadeu de Prado, par son questionnement perpétuel sur la Vie, sur l'amour, sur la mort, sur son père, sur l'amitié, sur les relations entre les gens, sur ses devoirs, sur l'action dans la Résistance, sur ses élans, sur les mots, sur la transmission du savoir, sur le temps, sur Dieu, transcende le banal de notre vie et nous oblige à creuser.


Qu'est-ce qui est vrai ? L'intérieur ou l'extérieur? Ce que les autres voient de nous ou ce qu'on croit connaitre sur nous-mêmes ?
Faut-il avoir peur de la mort si nous ne réussissons pas à accomplir notre vie ?
Pourquoi les traces du passé, même gaies, rendent-elles si tristes ?
Est-il possible d'exercer son métier en contradiction avec ses opinions (être juge sous une dictature, sauver un ennemi lorsqu'on est médecin...) ?
Comment remplir le temps pour que celui-ci nous appartienne totalement et qu'on n'ait plus de regrets lorsque la mort approche ?
Etre stoïque, cacher sa souffrance pour ne pas ennuyer les autres, n'est-ce pas les empêcher eux-mêmes d'exprimer la leur ?
La désillusion ne nous permet-elle pas de mieux appréhender les contours de nous-mêmes ?
Qui voudrait sérieusement être immortel ?


Et tant d'autres réflexions profondes qui ralentissent extrêmement la lecture mais qui enrichissent, car chaque mot pèse...
Un exemple final ?
« Je ne voudrais pas vivre dans un monde sans cathédrales. J'ai besoin de leur beauté et de leur noblesse. J'ai besoin du saint recueillement des hommes qui prient. Pourtant je n'ai pas moins besoin de liberté et d'hostilité envers toute cruauté. Et que personne ne me force à choisir ».
Commenter  J’apprécie          5615
Bel ouvrage, qui se lit facilement et explore les aliénations de l'individu et ses vaines tentatives pour y échapper par le moyen du voyage, du renoncement ou de la révolte contre l'ordre (des autres ou du sien) établi.
Il ne faut pas attendre d'action ou de mièvrerie romantique dans cet ouvrage mais l'exploration saine, objective et pratique de la personnalité d'un intellectuel.
Commenter  J’apprécie          120
Excellent roman au charme puissant. Le personnage de Prado m'a semblé un peu pesant et monolithique à partir de la seconde moitié du livre. Mais considérer que son existence n'était en fait que l'allégorie du voyage intérieur de Gregorius m'a aidée à mieux le supporter.
Commenter  J’apprécie          60
Depuis que l'intelligence habite l'être vivant, depuis qu'elle a inventé l'écriture, tout a été dit et écrit sur la vie. Puisque tout se résume en une seule question, sans réponse à ce jour, et sans doute à jamais: pourquoi la vie et sa fin inéluctable ?
Au travers de cet ouvrage, Pascal Mercier invite son lecteur à une réflexion philosophique. Son héros, Raimund Gregorius, est une encyclopédie vivante. Il nous entraîne à la rencontre d'un "orfèvre des mots", de son souvenir plus exactement puisque disparu depuis quelques décennies : Amadeu de Prado. C'est un personnage imaginé par l'auteur, taillé sur mesure pour canaliser la pensée du lecteur tout au long d'un voyage initiatique.
Une rencontre fortuite fait naître chez Grégorius, en forme de pulsion, le besoin irrépressible d'abandonner sa vie bien ordonnée et de partir sur les traces de ce "prêtre sans dieu". de faire connaissance avec son histoire, son milieu, ceux qui, encore vivants, l'ont connu. En érudit pétri des théories des philosophes de l'antiquité, ce professeur de langues anciennes est parfaitement à-même de développer les thèses dont Pascal Mercier veut nous entretenir par procuration.
Le choix du lieu et de l'époque, la dictature de Salazar au Portugal dans les années 70, offre un décor propice à aborder les grandes questions existentielles. Dans un contexte politique difficile, un climat de menace et de peur, la vérité des caractères se révèle.
Le thème essentiel est celui de l'accomplissement de l'Être. La vie est-elle vaine puisque l'Homme, dans sa fuite en avant perpétuelle, ne parvient jamais à la complétude ? Amadeu de Prado est une forme de personnage idéalisé pour étudier la relation à l'autre, l'autre étant parfois lui-même, sa relation au temps. Gregorius voyage dans son souvenir, "lui qui n'avait peur d'aucune pensée", et qui "devant des prêtres avait voulu parler de la parole mourante de Dieu" et pour qui, dans son époque troublée, l'humiliation reste pour lui la plus violente douleur.
En iconoclaste libre penseur, dans un ouvrage unique qu'il révèle en héritage, il ne se laisse rien imposer, ni l'amour qui enferme sa victime dans un carcan, ni la tutelle de Dieu. Il ne veut "rien avoir à faire avec un caractère aussi présomptueux". Cet homme qui avait une vraie faim de vie quand se profile la fin de sa vie "n'était jamais rassasié de la réalité". Dans son voyage intérieur "dans les zones négligées de l'âme", il regrette la vanité des mots, incapables de traduire la pensée.
Que dire de ce curieux périple ? Il nous enseigne, s'il en était encore besoin, que depuis Platon, repris par Montaigne, philosopher c'est apprendre à mourir. Aussi Amadeu de Prado, connaissant le mal qui l'habite, craint plus l'inachèvement de soi que la "furieuse solitude", source de liberté, ou la mort.
Bel ouvrage ! Une forme de divagation de la réflexion, pas toujours facile à lire. On se retrouve souvent au carrefour de pistes qui toutes ouvrent sur autant de chemins de la pensée, avec des retours sur des points d'accroche, des lieux, des personnages. C'est une improvisation de notre voyageur de l'esprit, une parenthèse dans la vie de Gregorius que cet engouement soudain pour le poète-philosophe portugais, au point pour le premier d'apprendre le portugais et même de se mettre à fumer. C'est à cela que l'on comprend que ces personnages sont construits sur mesure pour cette invitation à l'introspection philosophique. C'est l'avantage de la forme romanesque du procédé. C'est efficace et le but est atteint. Coeur, siège des sentiments, esprit celui du raisonnement. Dieu, religion, et l'âme ? "L'âme,…, est une pure invention, notre plus géniale invention…"
Et moi, et moi, dans tout ça ? Lecteur qui reste perplexe.
J'aime ces livres qui se prolongent une fois fermés. Ces livres qui se rappellent à vous quand vous êtes déjà plongé dans un autre, parce qu'ils ont une forme d'universalité.
Commenter  J’apprécie          112
Il est difficile de comprendre mais encore plus d'expliquer pourquoi un matin Raimund Gregorius, professeur de lettres anciennes à Berne, décide de prendre un train de nuit pour Lisbonne. A cinquante ans, il quitte tout, son poste de professeur de lycée, son appartement, sa vie rangée et terne, pour partir à Lisbonne, sur les traces d'Amedeu de Prado, médecin portugais et érudit. S'improvisant détective, Gregorius n'aura de cesse de percer le mystère de ce personnage fascinant et troublant. J'ai moi-même été fascinée et troublée par ce beau roman très dense qui requiert attention et concentration (particulièrement certaines réflexions philosophiques qui rendent la lecture dans le métro difficile). Il y a quelques longueurs ou "langueurs" car le rythme est lent, l'ambiance nostalgique mais cet homme qui, en disséquant la vie d'un autre homme, se rend compte qu'il n'a pas réellement vécu jusque-là est émouvant et donne à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          160
Raimund Gregorius, dit Mundus, est professeur de grec, latin et hébreu au Liceu. Deux rencontres vont le persuader de tout quitter pour découvrir l'auteur de ce livre qu'il a trouvé dans une librairie, un certain Amadeu de Prado.
Un début très étrange mais j'ai vite été envoutée par la vie de cet Amadeu de Prado à travers les témoignages de ses proches et ses écrits. J' été happée par ce personnage très charismatique et impressionnant mais possédant aussi quelques faiblesses. J'ai été un peu agacée par son côté sûr de lui. J'ai beaucoup apprécié les deux personnages, Raimund Gregorius et de Prado, qui sont tous les deux passionnés mais de caractère différent.
C'est une écriture très dense qui demande beaucoup de concentration. J'ai parfois été un peu perdue par le côté philosophique du roman. Mais j'ai aussi trouvé de très beaux passages que j'ai malheureusement oublié de noter !
Une lecture assez dure avec le style sobre et détaillée de Mercier mais aussi, tellement intense par ses évocations.
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (1006) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
441 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}