Dans un moment d'égarement, un homme, par rivalité amoureuse, a laissé mourir un autre homme sous ses yeux. Il n'a pas accompli le geste qui aurait pu le sauver.
"La tentation" est une pièce, en quatre actes, de
Charles Méré.
Elle a été représentée, pour la première fois, en octobre 1924, au Théâtre de Paris.
C'est une pathétique histoire d'amour, un drame poignant.
Un peu colorisée, la pièce prendrait un teint de thriller sans vraiment être bousculée.
C'est par un accident de voiture que commence "la tentation" :
Robert Jourdan conduit, pour lui rendre service, Philippe de Bergue, vers un rendez-vous d'affaires à Genève.
En chemin, il a arrêté sa voiture devant sa maison du Grand-Cap pour dire un mot au garde.
Philippe de Bergue, qui est resté dans la voiture et veut aller seul à Genève, brûle la politesse à Robert Jourdan.
Il part, seul, en descente, comme un fou sans freiner !
Le malheureux prend mal le premier tournant et l'auto verse dans le ravin !
Le temps de deuil, d'un an et six semaines, a passé...
Irène de Bergue, la jeune veuve et Robert Jourdan s'embrassent à bouche que veux-tu dans tous les coins !
On publie les bans le mois prochain...
Mais Robert a changé. Il semble préoccupé.
De plus Irène l'interroge sur l'accident....
Charles Méré plonge droit dans la vie de ses quatre personnages et, grâce à son sens aigu de la mise en scène et de l'écriture, en extrait, pour la scène, un drame solide.
Le morceau est fait de mouvements, de silences, de gestes et de surprises.
Il est assez moderne, rapide, direct, plein de rebondissements.
L'on ne peut rien dire de son épilogue, si ce n'est qu'il est soigné, tragique et inattendu.
Charles Méré sait avec sûreté préparer un coup de théâtre, le retarder ou l'avancer, suivant le besoin de l'action. Il sait éviter les longueurs et préserver la crédibilité des péripéties dans lesquelles il précipite, sans pitié aucune, ses personnages...