Je n'entends pas faire déborder la coupe des louanges adressées depuis longtemps à
Colomba. C'est excellent : composition, rythme, caractères, lieux et ambiances… Elle seule justifie les 4 étoiles.
Les autres
nouvelles sont nettement moins inspirées et à juste titre moins louées.
La Vénus d'Ille est une statue mise au jour par un antiquaire perpignanais; prétexte et cause apparente du drame car animée de la sensibilité possessive de son modèle, elle passe au second plan derrière les caractères des deux protagonistes dont
Mérimée brosse les carences : l'antiquaire étriqué mais pompeux et complexé de sa provincialité, son fils passionné de pelote basque, froid et cuistre avec sa fiancée. L'ensemble est un peu lourd.
Les Ames du purgatoire retracent la vie de Don Juan de Marana, un des pères du mythique Don Juan, enfant de Séville tiraillé entre une mère catholique et dévote et un père guerrier et chasseur; devenu libertin et criminel sous l'influence d'un collègue d'université, puis militaire par nécessité, enfin reconverti à la foi et conduit au couvent sous l'effet de panique provoqué par la vision d'un tableau, à la manière de Jérôme Bosch, figurant ce qui l'attend au purgatoire . Comme un récit à vocation édifiante, de peu d'intérêt.
Tamango est un Africain pourvoyeur d'esclaves, lui-même emmené comme esclave sur un navire négrier faisant voile vers les Antilles. Artisan de la révolte de ses anciennes victimes à bord, il organise la mise à mort de l'équipage puis provoque involontairement la perte du navire et de ses compatriotes; demeuré seul rescapé, il est affranchi par son sauveur. L'idée est assez bonne mais, sur le même thème, on imagine une création de
Joseph Conrad au mieux de sa forme ; la comparaison avec la nouvelle de
Mérimée ferait paraître bien pâle cette dernière.
Le vase étrusque illustre une situation de jalousie amoureuse menant, par un enchaînement ironique bien qu'assez assez logique, à la perte successive des deux amants. C'est vivement mené et pas déplaisant mais on reste très loin de l'amplitude dramatique d'un
Barbey d'Aurevilly.
Demeure
Colomba...