Un antiquaire, le narrateur, vient rencontrer M.Peyrehorade dans un Roussillon regorgeant de ruines antiques, ce dernier, fin connaisseur, devant lui servir de guide afin de découvrir tous les trésors de la région.
Or, son hôte a exhumé de sous un olivier que l'on vient d'abattre une merveilleuse statue de Venus, à l'incomparable beauté... mais au regard impitoyable et malveillant, avec sur le bras une étrange inscription latine : « prends garde si elle t'aime ».
Si cette trouvaille enthousiasme M. Peyrehorade persuadé d'avoir mis au jour un remarquable trésor, elle fait frissonner les villageois, qui la considèrent comme un objet malfaisant et la baptisent « l'idole ».
Or dans ce cadre bucolique et tranquille où l'existence paisible de gens simples demeure ponctuée par les travaux agricoles et les modestes joies offertes par la vie , telles que bonne chère, jeux et rencontres conviviales, on ne s'attend pas à ce que le fantastique s'invite dans le quotidien. Nous ne sommes pas en Transylvanie, que diable ! Et pourtant …
… quelques signes pouvant paraître étranges vont se manifester.
Qu'en est-il ? Illusion ou réalité ? Hasard ou fatalité ? Visions d'un esprit obscurci par l'alcool ou sinistre manifestation d'un au-delà maléfique ? …. jusqu'à ce que l'horreur vienne bouleverser définitivement l'existence de la famille Peyrehorade. Venus a-t-elle réclamé ce qu'elle considère être son dû ?
Mérimée par petites touches installe le lecteur dans l'inconfort en ponctuant son récit d'éléments de plus en plus surprenants, voire inquiétants, tout en l'ancrant, ce qui fait la force de la narration, dans la simplicité de la vie paysanne.
Mérimée a dit en parlant de cette nouvelle « c'est suivant moi, mon chef d'oeuvre ».
… mais il semble oublier «
Lokis », à mon sens infiniment supérieure dans le genre abordé ici par l'auteur.
Certes, intégrer l'étrange dans la banalité quotidienne peut apparaître comme un tour de force, mais l'ambiance troublante et mystérieuse des forêts lituaniennes, si bien restituée par
Mérimée dans
Lokis, transporte, à mon sens, davantage le lecteur.