Ma première masse critique. Un grand merci à Babelio et aux éditions les Soleils Bleus pour l'envoi de ce livre. J'aurais tant aimé pouvoir ressentir et exprimer un enthousiasme débordant. Malheureusement, ce livre est une déception. Il avait pourtant l'air de bien commencer.
Au départ, c'est le titre qui m'a accroché. Puis le reste. Je découvre alors que
la descente du Laps serait un cours d'eau qui foncerait à la vitesse d'un torrent de haute montagne, dans la baie de Somme, en Picardie, sur fond de guerre ? Quèsaco ?
Gaspard, photographe de guerre en mission à Bagdad, éprouve soudain le besoin irrépressible de retourner sur le lieu de villégiature de son enfance au Crotoy, au coeur de la baie de Somme. Une obsession qu'il a du mal à s'expliquer, lui qui n'a pas l'habitude de se retourner sur son passé. C'est gaspard lui-même, le narrateur donc, qui nous relate son parcours, son regard, ses pensées; ceux d'un homme en quête de repères (perdus?), un homme qui tente d'échapper à la violence.
Au Crotoy, il s'installe dans une vie en marge du temps. Il découvre ou redécouvre la région. "La baie de Somme s'offre. À perte de vue, le jeu simple et complexe du sable et du soleil propose son énigme ; la mer s'y précise comme un mirage." Un pèlerinage qui lui fait retrouver des sensations oubliées, le plaisir des parties de foot sur le sable. Il se laisse porter (bercer?) par ses rencontres, Yvan le chauffeur de taxi, Jacky le propriétaire du PMU, Monia et son frère venus passer quelques jours avec Max, enfant perturbé, dans l'espoir qu'il aille mieux, la mère de Max, sensée être morte… " La vie s'écoule simple, insouciante, centrée sur des futilités sans conséquences. Brisée, la coque rigide autour de moi, le plexiglas à travers quoi je percevais le monde. L'univers vient à moi comme l'air sur la peau."
Une errance sous la forme d'une juxtaposition de petits moments de vie, et d'interrogations personnelles.
Un démarrage qui me semblait donc à priori plein de promesses. Mais voilà, cela se dégrade très rapidement. le mélange des genres auquel s'est livré l'auteur ne m'a pas convaincu du tout. Et pour cause. Je crois que ce qui m'a le plus dérangé, c'est le basculement du récit vers l'irréel.
L'absence/peu de questionnement et le détachement croissant de Gaspard vis-à-vis de certaines situations qu'il semble considérer pour ainsi dire comme allant de soi, crée une distorsion de la réalité qui m'a fortement dérangé. Même si le procédé semble visiblement intentionnel, le résultat est que non seulement cela m'a donné le sentiment de tourner en rond, mais cela a engendré une distance telle, que je n'ai ressenti aucune empathie envers les personnages. du coup, j'ai trouvé que ce récit souffrait d'une cruelle carence en émotion et en fluidité. En outre, les réflexions menées par le narrateur ne sont pas suffisamment approfondies pour compenser ce manque. Bon, ce n'était peut être pas le but non plus. Toujours est-il qu'en refermant ce livre, j'ai surtout eu l'impression que les besoins du scénario prévalait sur tout le reste. A trop vouloir nous détourner du dénouement final pour créer un effet de surprise, l'auteur m'a également perdu en chemin. Dommage. Mais ce qui ne me convient pas à moi, peut convenir à d'autres.
Pour finir néanmoins sur une note plus douce, je dirais qu'en alternant les faux rythmes, à l'image des bancs de sable, ces étendues qui paraissent accessibles mais pleines de dangers et pièges invisibles à l'oeil nu, la fin est somme toute (sans mauvais jeux mots… baie de Somme/Somme toute) un élément positif de ce livre. Toutes les invraisemblances refluées au fil de l'histoire s'imbriquent enfin les unes dans les autres. Elle a donc le mérite de remettre les pendules à l'heure. Mais pas forcement dans le même fuseau horaire….