AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 201 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
«Je rêve d'un monde où on se raconterait des vies humaines les unes après les autres, avec assez de lenteur, d'incertitudes et de répétitions pour qu'elles acquièrent la force des mythes. Fidèle à l'utopie, je rêve d'une société où on aurait les moyens de faire ça, et où on n'aurait rien de plus urgent à faire.»
Vincent Message nous raconte la vie de Cora Salme, pas mécontente de reprendre le boulot après son congé maternité, malgré tout l'émerveillement et le fabuleux amour, pas mécontente au fond de sortir des longues journées sédentaires à la fois vides et débordées. C'est aussi en 2010, après la crise de 2008 donc, que s'ouvre cette phase dévastatrice de la vie de Cora, où sans le savoir elle entre dans la spirale. A Borélia, la compagnie d'assurances pour laquelle elle travaille, on restructure, on optimise, on déménage à la Défense dans des open-spaces, on met la pression, on pousse brutalement vers la sortie les «poids morts», les «rather low potentials». Et aussi ceux qui, comme Édouard, restent trop humanistes pour ce monde de brutes, trop censés pour ce monde de fous.
Vincent Message nous raconte la violence du monde de l'entreprise de façon très convaincante. Ça a été un soulagement ces derniers temps de voir la littérature française sortir un peu de ce nombrilisme fadasse où trop souvent elle s'engluait. Mais pour autant ça n'évitait pas toujours la platitude: ça restait chic d'ennuyer le lecteur, par trop vulgaire de chercher à le captiver. Ici l'auteur trouve le juste équilibre entre réalisme social et qualités romanesques d'une composition très maîtrisée et d'un personnage attachant qui rendent la narration efficace et la lecture prenante.
Commenter  J’apprécie          464
La fiction n'en finit plus en cette rentrée 2019 de nous donner des nouvelles du monde de l'entreprise et dans 99% des cas, elles ne sont guère reluisantes.

Après avoir imaginé un monde où des extra-terrestres décident de coloniser la Terre- trame lamba de SF, dans Défaite des maitres et des professeurs ( notre critique) Vincent Message nous livre ainsi une plongée haletante et éprouvante dans le monde de l'entreprise un peu comme l'a fait récemment une formidable BD ou un non moins formidable film suisse.

Très souvent, ces oeuvres stigmatisent l'hyper compétitivité du monde du travail, à la fois au niveau individuel (un employé par rapport aux autres) et collectif (la rentabilité d'une entreprise par rapport aux autres) qui entraine souvent la perte d'une partie de notre humanité.

Le texte de Vincent Message, qui n'a jamais travaillé dans une telle société mais qui a énormément interrogé de personnes du milieu pour cimenter sa fiction, est très ancré dans le réel et sur les jeux de pouvoir à l'intérieur de ce monde de l'entreprise où les mots optimisation, restructuration, délocalisation ne font que broyer l'individu.

Dans "Cora dans la spirale", on peut voir combien la situation que vit Cora employée dans une société d'assurances est à la fois banale et terrifiante .

Si la description de cette descente aux enfers qu'on imagine inéluctable est racontée d'un oeil distancié, voire clinique, on aime l'empathie du romancier pour son perssonage principal qui tente de garder sa part d'humanité dans un système de management qui n'en possède aucunement.

On est un peu comme en apnée devant la spirale du titre qui emporte une Cora qui n'en peut mais et qui tente en vain de se raccrocher à sa bouée familiale pour se protéger des flots professionnels qui la noient.

"Ce que les gens possèdent, je ne sais pas vous, mais moi mon expérience, c'est que cela les rend fiers. Et les assurances servent à cela : à ce qu'ils soient certains que ce qu'ils acquièrent en travaillant parfois très dur, ils vont le garder pour de bon. Certains que s'ils le perdent, on les dédommagera. Que la propriété privée est une chose solide, parce que c'est un droit naturel, et je dirais presque un droit sacré. "

Une lecture qui n'est évidemment pas un feel good movie, mais qui est assurément salutaire et essentielle pour comprendre notre société actuelle.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          380
Tous les visages de Cora

Dire que le nouveau roman de Vincent Message a pour thème l'entreprise serait trop réducteur. À travers le portrait de Cora, il dessine aussi la complexité de la vie d'une femme d'aujourd'hui et détaille notre société. Brillant!

C'est à la page 270 de ce somptueux roman que Vincent Message nous en livre la clé: «Je rêve d'un monde où on se raconterait les vies humaines les unes après les autres, avec assez de lenteur, d'incertitudes et de répétitions pour qu'elles acquièrent la force des mythes. Fidèle à l'utopie, je rêve d'une société où on aurait les moyens de faire ça, et où on n'aurait rien de plus urgent à faire. Mais je sais bien, en fait, qu'on ne sait pas qui a vécu sur terre. On ne connait pas les noms.» En suivant les méandres de ses personnages – et en particulier le parcours de Cora – il s'approche de cette ambition. Au fil des pages, d'une densité peu commune, on voit Cora de plus en plus nettement, comme si des jumelles que l'on règle jusqu'à voir une image parfaite. Côté famille, rien de particulier à signaler, si ce n'est l'usure du couple et la lassitude croissante, après la naissance de Manon, à trouver du temps pour elle et pour Pierre, son mari. Cora est davantage dans la gestion du stress, essayant de mener de front sa carrière chez Borélia, sa vie de famille et ses loisirs, la photographie et l'opéra. À l'image du monde dans lequel elle évolue, elle est constamment en mouvement, alors qu'elle aimerait avoir du temps pour réfléchir, pour comprendre. Par exemple comment la société d'assurances qui l'emploie, fondée par Georges Bories en 1947 sous le statut d'une mutuelle appelée Les Prévoyants et qu'il dirigera durant 32 ans avant de laisser les rênes à son fils Pascal, est aujourd'hui contrainte de restructurer. Pourquoi la gestion par croissance interne et le rachat au fil des ans de quelques petites mutuelles n'est aujourd'hui plus suffisante. Pourquoi, après le rachat de Castel, dont la culture d'entreprise est différente, il va falloir lancer le programme Optimo avec l'aide d'un cabinet-conseil et élaguer sévèrement les effectifs.
Vincent Message a construit son roman avec virtuosité, convoquant un journaliste qui aimerait raconter la «vraie histoire» de Borélia afin de nous livrer un regard extérieur sur ce qui se trame et laissant ici et là des indices sur cet épisode dramatique que l'on découvrira en fin de lecture. D'ici là, le romancier nous aura entrainé sur bien des sentiers et nous aura offert quelques digressions propres à enrichir le récit – un séminaire en Afrique, une femme qui se jette sur les voies à la station Oberkampf, un rendez-vous manqué à l'opéra, une escapade à Fécamp, une autre dans les sous-sols de la capitale – sans que jamais la fluidité de la lecture en soit affectée. Les liaisons sont logiques, la phrase suit allègrement son cours tout en enrichissant constamment le récit, en complexifiant le portrait de Cora. Quand elle cède aux avances d'un chef de service sans vraiment le vouloir, puis quand elle se retrouve dans les bras de Delphine Cazères – engagée pour mettre en oeuvre le plan Optimo – et découvre l'amour entre femmes. Sans oublier son engagement pour régulariser la situation de Maouloun, le réfugié de Tombouctou qui est venu à son secours après une chute à la Gare saint-Lazare.
Oui, Cora Salme, née le 18 mai 1981, dans le XVe arrondissement de Paris est une femme d'aujourd'hui, confrontée à une société de la performance, à des enjeux qui la dépassent, à un avenir qui – contrairement à celui de ses parents – est pour le moins anxyogène. Et s'il fallait lire ce roman comme un constat. Celui qu'il est désormais envisageable que l'homme, à coups de «progrès», ne finisse par se détruire. Comme l'aurait dit Romain Gary, au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          370
Un livre qui m'a bouleversé, avec un rythme rare qui m'a semblé aller en s'accélèrent sans cesse, comme la vie de Cora Salme, comme la vie de beaucoup d'entre nous, jusqu'aux drames, les grands comme les petits. Je crois n'avoir jamais pensé comme ça la vie d'entreprise, ce qu'elle apporte et ce à quoi elle nous fait renoncer.
Commenter  J’apprécie          110
J'arrive au dénouement d'une histoire connue devenue imprévisible à force de notations sur les êtres, l'air du temps, le monde de l'entreprise. J'ai besoin d'une pause pour dissiper le tournis d'un style éclatant. La juxtaposition de la vie privée, du boulot et des sorties du train-train quotidien est impressionnante. Mais j'ai l'impression que l'auteur en rajoute une couche inutile, grisé par la brillance d'une inspiration débridée. Cette réserve émise, je vis de grands moments de lecture, à suivre le naufrage des rêves et des espoirs d'une vie meilleure. Les salariés sont broyés, les cœurs sont brisés, les migrants maltraités. Encore une soixantaine de pages et je saurai si la lueur souhaitée au bout du tunnel sera devenue un vraie lumière.
La fin est superbe et émouvante.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
Commenter  J’apprécie          100
Paris, automne 2010. Cora, la trentaine, reprend le travail après son congé maternité. La jeune femme est contente de retrouver son poste au service marketing de la société d'assurance Borélia tout en étant dans l'incertitude et dans l'inquiétude car son entreprise a changé d'actionnaire et de direction générale en son absence. Elle exerce un métier loin de ses aspirations de jeunesse quand elle rêvait de devenir photographe, elle a choisi ce métier moins risqué qui lui assure des revenus réguliers. Mais cette entreprise familiale un brin paternaliste qu'elle a intégrée en 2007 a subi comme tant d'autres les conséquences de la crise des subprimes et de l'effondrement de la bourse. Cora va retrouver une entreprise rachetée par des actionnaires qui n'ont pas la même vision de l'assurance que les fondateurs avec à sa tête un nouveau directeur qui a pour mission de la moderniser. Cela commence par un déménagement à la Défense pour réduire les coûts, la nomination d'un nouveau chef, l'application de nouvelles méthodes de management et le recours à des consultants extérieurs chargés de dégager des marges. Tout va alors se détraquer dans son travail et dans le couple qu'elle forme avec son compagnon Pierre.

Ce livre est le récit de deux années de violence qui ont changé la vie de Cora et l'ont presque détruite. C'est l'histoire d'une chute racontée par un journaliste Mathias qui, quelques années après les événements, a enquêté sur cette histoire en consultant les carnets de Cora, en interrogeant la jeune femme et des protagonistes de l'affaire. Il s'est donné pour mission de témoigner de ce qu'a vécu la jeune femme.

Vincent Message signe ici un roman social fort sur la violence du monde du travail, sur l'entreprise qui broie les humains, sur les crises et le capitalisme. On sent qu'il a dû fortement s'immerger dans ce monde pour en restituer aussi bien l'ambiance et les méthodes. Tout sonne terriblement juste, la description du travail dans une tour comme celle de la Défense, les bruits et les regards qui rendent la vie impossible en open space où tous les employés sont surveillés et se surveillent mutuellement, les réunions avec les dirigeants... le quotidien de Cora est criant de vérité, sa fatigue liée au temps passé dans les transports avec un temps de trajet augmenté par le déménagement de l'entreprise, son stress permanent lié à la pression constante, son travail qui occupe tout son temps mais qui n'a plus grand sens à ses yeux car il ne correspond plus à ses aspirations sociales... le récit très documenté est saisissant de réalisme, l'auteur invente une entreprise, des personnages, des situations et un engrenage complètement crédibles avec un impressionnant souci du détail mais nous sommes loin du documentaire car le romanesque prime.
Le style est littéraire et élégant, la narration est parsemée de digressions ou retours en arrière sur l'origine de l'entreprise, sur l'enfance de Cora, sur sa rencontre avec Pierre... La multitude de détails que l'auteur accumule contribue à donner à ce texte un rythme lent et à rendre la lecture parfois laborieuse d'autant plus que ses phrases sont le plus souvent très longues. Ce sont des défauts qui auraient pu me faire abandonner ce livre mais le propos de ce roman est tellement fort que je ne l'ai pas lâché. de plus Vincent Message sait tout au long de son récit entretenir un certain suspense car il ne révèle pas comment a basculé la vie de Cora en 2012, il évoque juste un drame... Autant j'ai trouvé le personnage de Pierre bien fade, juste un élément du décor, autant j'ai aimé la personnalité de Cora, une femme ni soumise ni particulièrement revendicative, une femme juste normale. Je n'ai cependant pas éprouvé beaucoup d'empathie envers elle hormis dans les derniers chapitres, peut-être parce que Vincent Message pose sur cette histoire un regard assez froid jusqu'à ce qu'il laisse la parole à son narrateur-enquêtant dans la dernière partie du livre particulièrement forte et réussie avec un dénouement très lumineux.
Un roman très ambitieux, une critique très affûtée du capitalisme et la démonstration que la liberté et le bonheur restent malgré tout possibles. Une très belle découverte malgré mes quelques réserves.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          100
Le récit de Vincent Message nous entraîne dans les bureaux, ou plutôt open spaces, d'une grosse société d'assurance où souffle le vent mauvais du capitalisme avec ses terribles répercussions sur la vie des salariés.
Dès le premier chapitre, on fait la connaissance de Cora, jeune femme pleine de désirs et d'empathie qui, après son congé maternité, reprend son travail de cadre chez Borelia, société d'assurances.
L'entreprise vient d'être rachetée et, très vite, elle doit trouver ses marques et faire face à une charge de travail exponentielle et un management musclé et méprisant. La voilà entrée de plain-pied dans la spirale, celle qui va l'entraîner peu à peu vers le doute et la souffrance.
L'originalité du récit réside dans le choix du narrateur (dont le lecteur ne connaitra la véritable identité que dans les dernières pages) qui remonte le fil de l'histoire à travers les témoignages, les carnets écrits par Cora, l'actualité à l'époque des faits, et qui reconstruit le destin de l'héroïne lorsqu'elle pénètre dans la spirale.
La force du récit, c'est de mêler les phénomènes de société et le quotidien de Cora, son passé et ses aspirations. Son trajet croise aussi celui de nombreux personnages, Franck Tommaso, ce manager autoritaire qui peut devenir agressif dans ses propos, ou bien Maouloun, jeune Malien sans papiers qu'elle va tenter d'aider. le portrait qui est fait de Pierre, le compagnon aimant qui, parfois, peine à comprendre les aspirations de Cora, est attachant.
Il y a de nombreux retours en arrière (avec parfois quelques longueurs) dans la vie de Cora qui nous permettent de mieux connaitre le personnage. Néanmoins, la narration reste tendue jusqu'au drame qui se profile et que l'on attend avec inquiétude.
Aussi tragique qu'il soit, ce roman est aussi celui d'un combat pour refuser toute forme d'aliénation et il est porteur d'espoir.

De l'auteur, Vincent Messager, je n'avais rien lu jusqu'à ce jour, et son roman de plus de 450 pages se lit d'une traite
Une lecture que je conseille vivement.


Commenter  J’apprécie          90
Formidable analyse du fonctionnement d'une société d'assurances en l'occurence, des relations entre collaborateurs, du management, de la pression sans en avoir l'air, du presse-citron, des conséquences sur la vie personnelle. Ensuite, impression que l'auteur a voulu traiter trop de sujets, les migrants, l'infidélité lesbienne, la mort d'un enfant, la dépression, l'amitié aussi, mais n'est-ce pas la vie et quelle écriture ! Dense, profondément humaine. Un très bon roman.
Commenter  J’apprécie          80
J'attendais un peu plus de ce"liver.
J'aime bien les histoires de femmes pleine d'énergie .
A la lecture de la quatrième couverture j'ai été très tentée. Cora femme de notre société actuelle reprend le travail après un congé de maternité. Cora va faire de multiples rencontres à son travail ou sur son trajet.
J'ai trouvé qu'il lui arrivait beaucoup trop de choses.
L'auteur a voulu parlé de nombreux faits de société qui aurait pu être le sujet d'autres romans.
Ce qui fait que l'histoire traîne en longueur et où en fait il ne se passe pas grand chose.
J'ai par contre beaucoup aimé la descrption de la vie dans une grande entreprise qui aurait pu e^tre celle où je travaille
La course à la prime , les évaluations , les règles de l'open space , etc.
Commenter  J’apprécie          80
Une plongée dramatique, et pourtant curieusement tonique, dans une barbarie ordinaire à visage trop humain.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/11/11/note-de-lecture-cora-dans-la-spirale-vincent-message/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (450) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1725 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}