J'avais découvert
Vincent Message dans son précédent roman, Défaite des maîtres et des possesseurs, et après un tel choc de lecture, je me réjouissais donc de retrouver cet auteur dans son nouvel opus,
Cora dans la spirale. Epanouie, Cora est une jeune maman qui se va reprendre le travail après son congé maternité. Rapidement, la réorganisation en cours dans son entreprise va venir contrarier la jeune femme…
Cora travaille pour Borelia, une entreprise d'assurance fondée en Auvergne, et que le fils du fondateur fera déménager à Paris dans les années 70. Lorsque s'ouvre le roman, Borelia est rachetée par une famille qui veut réveiller « la belle endormie », et Cora travaille dans le service marketing et communication. L'un des mérites de
Vincent Message est de décrire avec beaucoup de précision le monde de l'assurance, la vie dans l'entreprise. Après le rachat, les séminaires d'entreprises, les discussions stratégiques ou encore les « team building » se succèdent. Chacun essaie de se positionner par rapport au nouveau patron. Les relations entre collègues ou encore petits vices de chacun sont aussi joliment décrites par l'auteur à l'instar de cette Nadège qui n'a jamais la bonne température dans son bureau…
Rapidement, un plan de restructuration, baptisé Optimo, se met en place. le plan de retraite anticipée revêt le terme de « Printemps des seniors » mais c'est une véritable stratégie visant plutôt à mettre la pression sur les éléments les moins « performants » qui se met en place. On ressort ainsi du premier tiers du roman époustouflé par cette histoire si vivante et si finement restituée.
On retrouve aussi avec bonheur dans la construction de ce roman des analogies avec son précédent titre. Dans « Défaite des maîtres et des possesseurs », le lecteur avait des difficultés à identifier la période et l'espace dans lesquels se passait le récit. Ici aussi, on se rend compte que les péripéties de Cora nous sont contées par un narrateur extérieur, un certain Mathias, dont on ne sait pas qui il est. de même, au fil des pages, il nous apparaît que celui-ci a mené son enquête des dizaines d'années après qu'un événement eut frappé la vie de Cora, un certain vendredi 8 juin 2010. Cette construction habile et cette allusion à cette date clé renforcent la tension dans le roman.
Qu'en est-il de Cora ? Si son précédent chef, qui la soutenait, est mis sur la touche pour des différends sur la ligne stratégique de l'entreprise, son nouveau responsable, Franck Tommaso, est tellement obnubilé par sa réussite personnelle qu'il n'hésite pas à mettre la pression sur la jeune cadre, ne la soutient pas vraiment ou lui demande de se séparer de certaines personnes dans son équipe. C'est le commencement de cette « spirale » qui entraîne Cora.
Les difficultés au travail, le manque de temps pour soi, la façon dont on renonce à ses vraies aspirations, le manque de sens globalement entraînent la jeune femme dans cet enchaînement qui conduira au vendredi 8 juin… Je ne vous en dis pas plus !
Au final, comme je l'ai dit plus haut, c'est un livre qui emporte le lecteur durant le premier tiers. Ensuite, plusieurs histoires s'agrègent (dont je n'ai pas fait mention dans ce billet, comme une relation extraconjugale ou une rencontre forte avec un SDF malien) qui, au lieu de nourrir le récit central, le freine. J'ai eu l'impression d'un roman trop long, un peu bavard, qui aurait gagné à être plus resserré. La fin réserve néanmoins une chute qu'on n'attendait pas et qui est d'une grande force.
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