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sur 201 notes
Après Défaite des maîtres et possesseurs excellent deuxième roman de Vincent Message, couronné du Prix Orange 2016, dans lequel nous ne sommes plus l'espèce dominante, voici "Cora dans la spirale", un vrai thriller qui va nous plonger dans l'enfer d'une entreprise.
Le roman débute en 2010 avec Cora, une jeune femme qui reprend le travail chez Borélia, une compagnie d'assurances, après avoir donné naissance à Manon. Dès les premières pages, le narrateur déclare : "Je ne peux pas savoir, et c'est l'une des beautés de la chose, qui lira cette chronique de Cora Salme - le récit de ces trois années qui ont changé sa vie et l'ont presque détruite." Cette phrase annonce en fait, la tourmente et le véritable tourbillon dans lequel Cora va se trouver emportée. L'auteur va s'attacher à nous décrire aussi ce qu'elle a vécu peu avant, son inclination pour la photographie dont elle rêvait de vivre, sa rencontre avec Pierre et leur projet de fonder une famille. Dans ce but, elle délaisse sa passion et se dirige vers un travail de chargée de marketing. Mais voilà qu'en 2010, la crise rattrape cette grande entreprise et un plan de restructuration est mis en place et tout va s'accélérer pour Cora qui va se faire engloutir par un burnout.
Il est particulièrement intéressant de suivre la vie quotidienne de cette salariée avec tous ses rêves mais aussi tout le stress que va engendrer la restructuration de son entreprise, et notamment son optimisation. J'ai également été bluffée par la maîtrise avec laquelle Vincent Message nous plonge de façon plus que réaliste dans cette tour et cet open space. La description qu'il fait de cette entreprise familiale rachetée par un grand groupe, le management brutal employé par cette société, la complexité des rapports entre les salariés et cette course au profit omniprésente sont rendus de façon magistrale.
On assiste à un véritable corps à corps entre Cora et Borélia.
L'enquête menée par le narrateur avec des entretiens avec différents acteurs de l'entreprise, l'utilisation du carnet de bord de Cora et la documentation sur la société m'ont fait penser à un travail journalistique et m'ont presque fait douter du fait qu'il s'agissait d'une fiction.
Magnifique portrait de cette jeune salariée :
J'ai été très touchée par son désir de liberté et son humanité toujours présente au milieu de cette barbarie du monde capitaliste. En outre, l'amitié qui se noue entre elle et un émigré malien contribue à la beauté de ce personnage et à sa générosité.
J'ai, par contre, été outrée par les pressions exercées à son encontre et le harcèlement qu'elle a subi, ceci d'autant plus, lorsque l'on sait que ce sont des choses banales qui se produisent fréquemment dans les entreprises.
Cora dans la spirale est un roman sur la société contemporaine où le capitalisme est roi, basé sur le profit faisant fi de l'homme qui n'est qu'un pion qu'on peut manipuler à son aise, sans pitié, et déplacer à sa guise. Ce thriller réserve beaucoup de surprises et maintient un suspense jusqu'au bout. Je ne peux que le conseiller chaleureusement !

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Extraordinaire histoire, remarquablement menée ! Mathias en est le narrateur-enquêteur. Grâce aux trente carnets dans lesquels Cora notait ce qu'elle vivait, ressentait, subissait, il retrace son histoire, s'attachant à ses pas, passant sur les lieux où elle a vécu et travaillé, rencontrant celles et ceux qui l'ont connue. Tout cela est fait avec précision, tact et sensibilité grâce à la plume de Vincent Message.

De la joie, des larmes, de l'indignation, je suis passé par beaucoup d'émotions tout au long de ma lecture mais j'ai surtout apprécié le tableau social que Cora dans la spirale m'a détaillé avec tellement de justesse. Mieux, l'auteur m'a fait vivre au plus près, au coeur même de ces entreprises qui démarrent sur des bases familiales grâce à des gens innovants et audacieux, un peu fortunés souvent. Puis, toujours avec les meilleurs arguments, elles passent de main en main, se regroupent avec d'autres, s'achètent, se revendent pour atteindre une taille inhumaine, idéale pour sabrer dans les effectifs, gaver les grands dirigeants et les actionnaires pour, au final, causer des dégâts considérables dans les vies ordinaires de celles et de ceux qui ne peuvent que subir.
Malgré tout ce contexte social, la vie de Cora n'est pas glauque et sinistre. L'auteur, par l'intermédiaire de son narrateur, nous conte de très bons moments, de beaux voyages, de magnifiques scènes d'amour avec Pierre et Delphine… Ah, Delphine ! Elle fait partie de ces fameux consultants payés fort cher pour analyser les entreprises puis proposer des économies, des restructurations, causant de terribles dégâts humains.
Sur un tout autre thème que Défaite des maîtres et possesseurs, Vincent Message démontre une fois de plus son immense talent d'écrivain. Son roman joue sur de nombreux registres aussi bien dans la famille que dans l'entreprise, jusqu'au double choc final, terrible, même si je me doutais que cette spirale ne pouvait que conduire à la catastrophe.
Avant les retours en arrière indispensables, l'histoire avait débuté dans le métro – les transports en commun jouent un rôle important – avec Cora Salme qui a accouché de Manon, il y a trois mois. Elle retourne au boulot, chez Borélia, une grande compagnie d'assurances dont l'historique va suivre. Nous sommes à l'automne 2010. Paris devenant de plus en plus cher, avec Pierre Estérel, son mari, ils ont acheté une maison à Montreuil, ce qu'elle vit comme un déclassement. Professionnelle fiable et compétente, elle a un poste important au marketing mais elle rêvait de devenir photographe.
Issue de Clermont-Ferrand, cette mutuelle d'assurances devenue Borélia, a installé son siège central dans une tour de la Défense, à Paris, où Cora découvre tous les charmes de l'espace ouvert, nommé, en français, open space… Elle se confronte surtout à son supérieur hiérarchique, Franck Tommaso que Mathias a rencontré aussi.

Il faut lire Cora dans la spirale, roman captivant, bien documenté sur tous les points qu'il aborde, même lorsqu'il parle du pays Dogon, au Mali. C'est un roman profondément ancré dans la vie que nous impose notre époque. S'il parle aussi de peinture avec Claude Monet, Vincent Message permet de rencontrer Maouloun qui a fui la guerre au nord-Mali et demande l'asile dans notre pays. Il dessine gare Saint-Lazare et joue un rôle décisif dans la spirale qui s'enroule autour de Cora.
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Ma première lecture de cette rentrée littéraire est une profonde déception, je dirai même une tromperie, car ce plongeon dans la crise économique et les drames qu'elle provoque nous entraine dans une spirale qui nous promène de la Défense à la Normandie (belle échappée dans le Pays de Caux) avant de bifurquer ... vers Sodome et Gomorrhe !

L'amoralité de "Cora dans la spirale" m'a d'autant plus choqué que la présentation du roman masque totalement sa dimension saphique et trompe donc l'acquéreur.

Ouvrage réservé à un lectorat averti à mon humble avis.
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«Je rêve d'un monde où on se raconterait des vies humaines les unes après les autres, avec assez de lenteur, d'incertitudes et de répétitions pour qu'elles acquièrent la force des mythes. Fidèle à l'utopie, je rêve d'une société où on aurait les moyens de faire ça, et où on n'aurait rien de plus urgent à faire.»
Vincent Message nous raconte la vie de Cora Salme, pas mécontente de reprendre le boulot après son congé maternité, malgré tout l'émerveillement et le fabuleux amour, pas mécontente au fond de sortir des longues journées sédentaires à la fois vides et débordées. C'est aussi en 2010, après la crise de 2008 donc, que s'ouvre cette phase dévastatrice de la vie de Cora, où sans le savoir elle entre dans la spirale. A Borélia, la compagnie d'assurances pour laquelle elle travaille, on restructure, on optimise, on déménage à la Défense dans des open-spaces, on met la pression, on pousse brutalement vers la sortie les «poids morts», les «rather low potentials». Et aussi ceux qui, comme Édouard, restent trop humanistes pour ce monde de brutes, trop censés pour ce monde de fous.
Vincent Message nous raconte la violence du monde de l'entreprise de façon très convaincante. Ça a été un soulagement ces derniers temps de voir la littérature française sortir un peu de ce nombrilisme fadasse où trop souvent elle s'engluait. Mais pour autant ça n'évitait pas toujours la platitude: ça restait chic d'ennuyer le lecteur, par trop vulgaire de chercher à le captiver. Ici l'auteur trouve le juste équilibre entre réalisme social et qualités romanesques d'une composition très maîtrisée et d'un personnage attachant qui rendent la narration efficace et la lecture prenante.
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La fiction n'en finit plus en cette rentrée 2019 de nous donner des nouvelles du monde de l'entreprise et dans 99% des cas, elles ne sont guère reluisantes.

Après avoir imaginé un monde où des extra-terrestres décident de coloniser la Terre- trame lamba de SF, dans Défaite des maitres et des professeurs ( notre critique) Vincent Message nous livre ainsi une plongée haletante et éprouvante dans le monde de l'entreprise un peu comme l'a fait récemment une formidable BD ou un non moins formidable film suisse.

Très souvent, ces oeuvres stigmatisent l'hyper compétitivité du monde du travail, à la fois au niveau individuel (un employé par rapport aux autres) et collectif (la rentabilité d'une entreprise par rapport aux autres) qui entraine souvent la perte d'une partie de notre humanité.

Le texte de Vincent Message, qui n'a jamais travaillé dans une telle société mais qui a énormément interrogé de personnes du milieu pour cimenter sa fiction, est très ancré dans le réel et sur les jeux de pouvoir à l'intérieur de ce monde de l'entreprise où les mots optimisation, restructuration, délocalisation ne font que broyer l'individu.

Dans "Cora dans la spirale", on peut voir combien la situation que vit Cora employée dans une société d'assurances est à la fois banale et terrifiante .

Si la description de cette descente aux enfers qu'on imagine inéluctable est racontée d'un oeil distancié, voire clinique, on aime l'empathie du romancier pour son perssonage principal qui tente de garder sa part d'humanité dans un système de management qui n'en possède aucunement.

On est un peu comme en apnée devant la spirale du titre qui emporte une Cora qui n'en peut mais et qui tente en vain de se raccrocher à sa bouée familiale pour se protéger des flots professionnels qui la noient.

"Ce que les gens possèdent, je ne sais pas vous, mais moi mon expérience, c'est que cela les rend fiers. Et les assurances servent à cela : à ce qu'ils soient certains que ce qu'ils acquièrent en travaillant parfois très dur, ils vont le garder pour de bon. Certains que s'ils le perdent, on les dédommagera. Que la propriété privée est une chose solide, parce que c'est un droit naturel, et je dirais presque un droit sacré. "

Une lecture qui n'est évidemment pas un feel good movie, mais qui est assurément salutaire et essentielle pour comprendre notre société actuelle.
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Tous les visages de Cora

Dire que le nouveau roman de Vincent Message a pour thème l'entreprise serait trop réducteur. À travers le portrait de Cora, il dessine aussi la complexité de la vie d'une femme d'aujourd'hui et détaille notre société. Brillant!

C'est à la page 270 de ce somptueux roman que Vincent Message nous en livre la clé: «Je rêve d'un monde où on se raconterait les vies humaines les unes après les autres, avec assez de lenteur, d'incertitudes et de répétitions pour qu'elles acquièrent la force des mythes. Fidèle à l'utopie, je rêve d'une société où on aurait les moyens de faire ça, et où on n'aurait rien de plus urgent à faire. Mais je sais bien, en fait, qu'on ne sait pas qui a vécu sur terre. On ne connait pas les noms.» En suivant les méandres de ses personnages – et en particulier le parcours de Cora – il s'approche de cette ambition. Au fil des pages, d'une densité peu commune, on voit Cora de plus en plus nettement, comme si des jumelles que l'on règle jusqu'à voir une image parfaite. Côté famille, rien de particulier à signaler, si ce n'est l'usure du couple et la lassitude croissante, après la naissance de Manon, à trouver du temps pour elle et pour Pierre, son mari. Cora est davantage dans la gestion du stress, essayant de mener de front sa carrière chez Borélia, sa vie de famille et ses loisirs, la photographie et l'opéra. À l'image du monde dans lequel elle évolue, elle est constamment en mouvement, alors qu'elle aimerait avoir du temps pour réfléchir, pour comprendre. Par exemple comment la société d'assurances qui l'emploie, fondée par Georges Bories en 1947 sous le statut d'une mutuelle appelée Les Prévoyants et qu'il dirigera durant 32 ans avant de laisser les rênes à son fils Pascal, est aujourd'hui contrainte de restructurer. Pourquoi la gestion par croissance interne et le rachat au fil des ans de quelques petites mutuelles n'est aujourd'hui plus suffisante. Pourquoi, après le rachat de Castel, dont la culture d'entreprise est différente, il va falloir lancer le programme Optimo avec l'aide d'un cabinet-conseil et élaguer sévèrement les effectifs.
Vincent Message a construit son roman avec virtuosité, convoquant un journaliste qui aimerait raconter la «vraie histoire» de Borélia afin de nous livrer un regard extérieur sur ce qui se trame et laissant ici et là des indices sur cet épisode dramatique que l'on découvrira en fin de lecture. D'ici là, le romancier nous aura entrainé sur bien des sentiers et nous aura offert quelques digressions propres à enrichir le récit – un séminaire en Afrique, une femme qui se jette sur les voies à la station Oberkampf, un rendez-vous manqué à l'opéra, une escapade à Fécamp, une autre dans les sous-sols de la capitale – sans que jamais la fluidité de la lecture en soit affectée. Les liaisons sont logiques, la phrase suit allègrement son cours tout en enrichissant constamment le récit, en complexifiant le portrait de Cora. Quand elle cède aux avances d'un chef de service sans vraiment le vouloir, puis quand elle se retrouve dans les bras de Delphine Cazères – engagée pour mettre en oeuvre le plan Optimo – et découvre l'amour entre femmes. Sans oublier son engagement pour régulariser la situation de Maouloun, le réfugié de Tombouctou qui est venu à son secours après une chute à la Gare saint-Lazare.
Oui, Cora Salme, née le 18 mai 1981, dans le XVe arrondissement de Paris est une femme d'aujourd'hui, confrontée à une société de la performance, à des enjeux qui la dépassent, à un avenir qui – contrairement à celui de ses parents – est pour le moins anxyogène. Et s'il fallait lire ce roman comme un constat. Celui qu'il est désormais envisageable que l'homme, à coups de «progrès», ne finisse par se détruire. Comme l'aurait dit Romain Gary, au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable.

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"Je rêve d'un monde où on se raconterait les vies humaines les unes après les autres, avec assez de lenteur, d'incertitudes, et de répétitions pour qu'elles acquièrent la force des mythes. Fidèle à l'utopie, je rêve d'une société où on aurait les moyens de faire ça, et où on n'aurait rien de plus urgent à faire"

Ce passage se trouve à peu près au milieu du livre, en ouverture d'un chapitre 9 époustouflant, et il résume à lui seul l'ambition du troisième roman de Vincent Message. Lorsque j'en ai lu le pitch, juste avant l'été, j'ai su qu'il serait mon premier achat de la rentrée, pour deux raisons. La première, le thème abordé, celui de l'influence du capitalisme sur la société et de ses implications dans la vie quotidienne, notamment en termes de souffrance. La deuxième, la confiance que j'avais en Vincent Message, son regard, son écriture. Il faut dire que l'échantillon dégusté via Défaite des maîtres et possesseurs était tout simplement brillant (si vous ne l'avez pas lu, faites-le). Donc, premier acheté, dévoré dans la foulée. Promesses tenues et bien plus que ça. Tous mes post-it y sont passés, ce roman est une superbe réussite.

Cora, c'est moi, c'est vous. Une jeune femme comme tant d'autres croisées le matin dans les transports en commun, se rendant sur son lieu de travail avec l'envie de bien faire, d'être utile, pas toujours bien réveillée ni bien lunée mais dotée d'une réelle aptitude au bonheur. Dans l'idéal, elle aurait choisi la photographie. Elle a essayé d'ailleurs, vendu quelques reportages à des magazines mais la précarité l'a assez vite rebutée, autant que le regard un poil condescendant porté sur elle par ceux qui ont un "vrai" travail. Alors, c'est le secteur des assurances. Moins violent que la finance. Plus en phase avec sa fibre sociale. Cora aime son travail au marketing chez Borelia, un groupe plutôt familial qui est en train de changer de braquet, la crise de 2008 est passée par-là. Cette année 2010 est une sorte de carrefour pour Cora. Ellle est partie en congé maternité juste au moment de l'annonce du rachat et de la mise en place d'une nouvelle direction. Elle revient lestée de nouvelles contraintes mais bien décidée à s'insérer dans cette nouvelle organisation et à participer à son niveau à la construction du nouveau Borelia. Seulement, les méthodes de management qui se mettent en place n'ont plus rien à voir avec la structure qu'elle connaissait. Très vite, des consultants extérieurs auditent, analysent, chassent les coûts, empilent les chiffres qu'ils alignent sur des power point. Déménagement dans une tour à La Défense, open space, augmentation des charges de travail, pression permanente... Pour Cora, tout s'accélère, elle est entrée dans une spirale qui tord le temps, la maintient dans un état de stress permanent, l'éloigne de tous les moments de plaisir et centres d'intérêts qui nourrissaient sa vie. Jusqu'au drame.

La force de Vincent Message c'est la façon dont il ancre sa narration dans le quotidien, en prenant son temps et en ne négligeant aucun détail. Loin d'être rébarbative, cette forme crée au contraire les conditions parfaites de l'identification. Il met pour cela en scène un chroniqueur, Mathias chargé de relater cette histoire de nombreuses années après, en enquêtant minutieusement auprès de chacun des protagonistes car "il n'y a rien de plus complexe que les questions de causalité. Il faut que confluent beaucoup de ruisseaux pour qu'on donne le nom de fleuve à ce cours d'eau qui file vers la mer. Il faut un nombre incalculable de changements de pression dans une masse d'air pour que les cyclones et les anticyclones forment là-haut leurs spirales qui montent ou qui descendent". Et ce qu'il parvient ici à mettre en évidence avec une incroyable clarté, c'est la complexité de ce système qui broie impitoyablement les individus, par une multitude d'actes qui finissent par sembler parfaitement normaux, ou contre lesquels on a fini par renoncer à se révolter.

Sa toile de fond est criante de vérité. J'y ai reconnu les méthodes et les situations expérimentées moi-même dans ces années-là, dans ces sociétés de service qui finissent par attacher plus d'importances aux chiffres qu'aux individus qui sont pourtant leurs raisons d'exister. Rien n'est oublié, tout y est minutieusement intégré, on sent que l'auteur a dû passer un temps fou à écouter et amasser son matériau. Et surtout, son récit est totalement incarné à chaque échelon, professionnel ou personnel de l'entourage de Cora. Mais ce qui fait ici littérature, c'est la façon dont la narration s'empare du récit de vie pour lui donner une dimension à la fois poétique, tragique et mythique, entre le paradis et les enfers. Loin du questionnement terre à terre ou du roman militant, il nous parle de vie, de bonheur et surtout de liberté, qui implique de fuir toute forme d'aliénation.

J'ai lu ce roman dans une sorte d'apnée, complètement immergée dans la spirale aux côtés de Cora. Il dit tant de notre société. Il dit tant de nous. Il parvient à englober l'être humain dans toutes ses dimensions, si compliquées à faire cohabiter harmonieusement. La force d'un grand roman.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Voilà, il me semble un des plus beaux romans de la rentrée.
Au coeur, l'entreprise et la violence économique. Cora est une jeune femme qui est chargée de marketing dans une grande société d'assurances , familiale en ce temps .
Elle part en congé maternité et à son retour se trouve prise dans une restructuration , l'entreprise est rachetée par un groupe à la politique managériale beaucoup plus dure pour ne pas dire sauvage en plus d'un déménagement à la Défense.
Tout doucement Cora va se sentir harcelée, des injonctions contradictoires, voire des brimades vont la fragiliser, les postes à supprimer sans ménagements auront raison de ses valeurs et elle va perdre pied.
Son mari, sa fille , sa maison lui faisaient comprendre déjà qu'elle avait perdu le plaisir de vivre comme elle voulait, y ajouter une expérience sexuelle nouvelle pour elle , plus son désir d'aider les plus malheureux vont finir par avoir raison de sa santé physique et mentale.
Une tension extrême traverse ce roman , on pressent un grand danger: il sera pire que ce que le lecteur peut imaginer.
C'est Matthias, un homme qui raconte cette histoire, on connaîtra plus tard son identité.
Ce roman , dense, est à la fois un roman social, une enquête, une chronique familiale.
Il montre à quel point l'intime et le professionnel sont liés, le portrait des personnages est poussé au plus profond. Un roman qui ne risque pas de se faire oublier.
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Bien insérée socialement et professionnellement, Cora est une jeune maman épanouie dans son couple, qui aime goûter les plaisirs simples qui font le sel de la vie. Son congé maternité s'achevant, cette dernière doit reprendre son poste au sein de la société d'assurances qui l'emploie depuis trois ans.
A son retour au début de l'automne 2010, Cora a la surprise de retrouver une entreprise en pleine restructuration. En effet, Borélia est en plein virage stratégique. Pour parvenir à l'équilibre, la nouvelle direction envisage un programme de réduction des coûts. Les rênes de cette réorganisation interne sont laissés à un cabinet d'audit. Un changement de cap radical pour la société auvergnate paternaliste née à la fin de la seconde guerre mondiale, qui va quitter l'immeuble Haussmannien qui abritait son personnel pour un open space à la Défense. S'appuyant sur les recommandations d'un cabinet de conseil, la nouvelle direction entreprend de partir à la chasse aux poids morts. Des têtes doivent tomber et le rouleau compresseur est en marche !
Lever de rideau, le drame en trois actes peut commencer. Sous la plume clinique et détaillée de Mathias, le narrateur de ce récit qui s'inspire de la lecture des trente carnets de Cora et du témoignage des divers acteurs de cette histoire, le lecteur va assister impuissant au déroulement inéluctable d'une tragédie moderne, de ses prémices à sa terrible apogée...

Revisitant le mythe d'Orphée et Eurydice, Vincent Message dépeint la descente aux enfers d'un couple confronté à l'impitoyable jungle du monde du travail d'aujourd'hui. Avec beaucoup de justesse et sans jamais tomber dans le pathos, l'auteur brosse la chronique d'un monde cruel où l'intérêt des plus vulnérables est sacrifié sur l'autel du profit.
Tableau social implacable d'une humanité en pleine mutation, ce roman percutant lève le voile sur les violences insidieuses mais bien réelles que peuvent infliger nos sociétés contemporaines !
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Cora, jeune femme ambitieuse qui souhaite mener de front carrière, amours et maternité, va être entrainée, comme le souligne si bien le titre, dans une spirale indicible.
Nous découvrirons seulement à la fin quel est le narrateur de ce récit fictionnel retraçant les années les plus marquantes de la vie de cette humaine parmi les autres.
L'auteur mêle les thèmes très actuels du harcèlement au travail, des migrants, de la place des femmes dans la société,...
Ce roman m'a dérangée, sa lecture m'a hantée et j'avoue que j'ai eu du mal à apprécier vraiment le personnage principal (j'ai compris pourquoi au milieu de l'histoire), que j'ai trouvé assez égoïste.
Mais il m'a aussi bouleversée et c'est pourquoi j'ai mis toutes ces étoiles, que j'attribue en général aux livres aptes à transformer ma vie.
L'écriture est impeccable, par ailleurs.
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