Ravagée, vulnérable, profondément rejetée par tous ceux qu'elle a croisé. Sandrine n'aspire qu'à aimer et être aimée.
La Deuxième Femme est un roman de
Louise Mey, et avant toute chose, la quatrième de couverture est une contradiction, donc si vous prévoyez de lire le livre, ne lisez pas le résumé. Si vous n'avez pas lu le résumé, ne lisez pas ma chronique.
Sandrine a une vie cabossée, faite de rejets de sa famille, de malheurs arrivés par la faute des hommes qui ne savent pas se conduire. Sandrine dit ne pas aimer les films d'amour et les contes de fée. Sandrine tombe sur L'Homme qui pleure sa femme disparue. Et le conte de fée commence. À moins que ? Les 300 pages que constitue
La Deuxième Femme immergent entièrement dans le monde de Sandrine, cette femme banale qui se déteste profondément jusqu'à ce qu'elle tombe sur l'homme parfait. Elle intègre une famille, tente tant bien que mal de s'y faire sa place malgré le spectre de la première femme, celle qui a disparu. 300 pages de profondeur sur les craintes de Sandrine, une femme brisée par les autres et qui ne vit que pour L'Homme qui pleure et Mathias, son fils craintif et traumatisé. 300 pages où les dialogues sont réduits à minimum dans un style fracassant, qui nous avale tout rond dans l'enfer de Sandrine.
300 pages où tout repère nous est enlevé : le peu de dialogue qu'il y a se fait comme ça, au milieu de très longs paragraphes, sans autre indication que la majuscule qui commence. L'auteure a retiré tout guillemet, tout tiret pour un style épuré, où tout est du point de vue de Sandrine. Et c'est là que ça coince. Après un dépaysement et des attentes qui durent peut-être sur la moitié du roman, on reconsidère les choses.
Comme le dit la dernière phrase de quatrième de couverture, il est question ici d'emprise et de mécanismes de violence. Pas d'une histoire. Vous ne trouverez ici ni roman psychologique, ni enquête acharnée pour tenir en haleine, ni même de tension. Parce que
La Deuxième Femme n'est pas une histoire à proprement parlé, c'est la vie que vivent beaucoup de personnes en France et ailleurs. Les violences conjugales ne sont pas un fait rare, elles sont simplement repoussées, mises au tapis pour ne pas gêner.
La Deuxième Femme n'est pas un thriller, c'est une mise en lumière d'un fléau qui ne s'arrête jamais.
Ce roman est très laborieux à lire ; la mise en page et la narration ne sont pas une mince affaire à suivre et il faut tenir pour arriver à la fin, entre des passages qu'on jugera longuets mais qui demeureront importants pour comprendre le cheminement d'une victime, de Sandrine, tandis que son histoire fusionne avec celle de la première femme. Les mots sont justes, le style fracassant et déroutant, mais les personnages sont lointains, inaccessibles. Sandrine, que j'ai eu envie de secouer tout au long de ma lecture. Je comprends comment elle est arrivée entre les griffes d'un pervers narcissique, mais ça ne me pousse pas à avoir de la sympathie pour elle. Est-ce un mal ? Je sais bien que ce n'est pas sa faute et qu'elle est innocente, que toutes les victimes sont innocentes, mais la manière de nous la présenter aussi molle et de la faire interagir ainsi, ça ne passe malheureusement pas. le seul personnage qui aura ma sympathie, c'est Mathias.
Impossible de parler de déception, ne serait-ce que parce que
Louise Mey nous présente un roman déroutant par sa manière d'aborder les choses ; pas ou peu de dialogue, mise en page complètement différente qui donne l'impression d'étouffer dans les pensées de Sandrine, l'absence totale de nom pour la plupart des personnages jusqu'à un certain point, voire l'absence complète de nom pour L'Homme qui pleure, si ce n'est son nom de famille. C'est osé, c'est audacieux, on ne le verra pas partout. Je préfère donc voir
La Deuxième Femme pour ce qu'il est, la mise en lumière des violences conjugales à travers un roman du côté de la victime, mais je n'y verrais pas un thriller psychologique où on retient son souffle.
À lire au moins une femme, ne serait-ce que pour s'informer sur la réalité de beaucoup de victimes, qu'elles soient femmes ou hommes, adultes ou enfants. Et peut-être, pour agir en conséquence si l'on soupçonne cette situation dans l'entourage.
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