Découvrir le Texas par la voix de trois membres de la même famille de 1850 à nos jours, c'est que nous offre
le Fils.
Trois personnages qui tour à tour nous détaillent leurs vies et les décisions lourdes de conséquences que certains ont décidé de prendre pour se sauver soi-même et se sauver de cette famille.
Eli, l'arrière-grand-père, Pete,
le fils maudit, et Jeanne-Anne, la descendante, celle qui tient les derniers rênes du ranch familial, vont raconter leur histoire et nous plonger dans une région où le Bien et le Mal ne se distinguent pas forcément, où les héritages familiaux sont difficiles à porter, où chacun a du sang mêlés, ce qui peut rendre honteux ou fier.
Cette épopée débute avec Eli. À 12 ans, il voit sa mère et sa soeur se faire violer et scalper par les Comanches. Lui et son frère sont enlevés par cette tribu et Eli y restera trois ans. Pendant ses années de captivité, il apprendra tout de ces Indiens, leurs gestes, leur langue, leur façon de vivre et de combattre et il retrouvera en quelque sorte une nouvelle famille. Courageux et téméraire, Eli est un homme qui au fil des années n'hésitera pas à faire régner sa loi pour ses propres intérêts.
Pete, fils d'Eli, n'est pas de la même veine que son père. Plus réservé et moins guerrier, il ne comprend pas les agissements de sa famille. Il devra tenir tête à son père pour enfin devenir lui-même. Grâce à son journal, Pete déverse ses rancoeurs et ses questionnements. C'est définitivement ce personnage qui m'a le plus émue.
Sa petite-fille, Jeanne-Anne héritera du caractère fonceur et indépendant de la famille pour tenir coûte que coûte les terres familiales.
Ces trois histoires s'imbriquent tout au long de ces 688 pages sans coup de mou, sans faiblir. Phlipp Meyer a le génie de laisser planer un suspens qui aboutira à un éclaircissement dans les dernières pages.
Pendant une semaine de confinement, me retrouver à lire les descriptions d'un Texas inconnu m'a emmenée loin, avec ces Indiens dans les plaines arides du Sud des Etats-Unis. J'ai vécu de près la guerre de Sécession et l'animalité de certains hommes, j'ai ressenti de la rage pour ce Fils qui espère tellement se sauver de cette famille. Les hommes et les femmes de ce roman sont avant tout humains et
Philipp Meyer les a dépeints dans tout ce qui un homme et une femme : les failles, les illusions, les désillusions, la solitude et l'amour.
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