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4,1

sur 1233 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois étoiles ? Quatre étoiles ?

Mon coeur balance...Allez ! Hop ! 4 étoiles ! Parce que tout de même c'est une sacrée fresque !

« Le Fils », pour ceux à qui ça aurait échappé, est une fresque sociale, historique et même économique qui retrace la vie d'une famille texane de 1850 jusqu'à nos jours. Véritable épopée qui fait voyager le lecteur au pays des immenses étendues sauvages des Comanches, des prairies semi-arides des vaqueros et des champs de pétroles., « Le fils » est un roman très ambitieux, qui s'égraine longuement au fil de chapitres se faisant l'écho tour à tour de trois voix.

Trois voix, trois générations, trois personnages forts qui s'entrelacent et évoquent leur passé avec authenticité et sans jamais tricher avec la réalité -âpre et abrupte-.
Et c'est sans doute cela qui a finalement freiné mon enthousiasme. La noirceur des événements, le manque d'espoir en l'âme humaine...
Car dans ce livre, personne ne sera épargné. Ni les Indiens aux moeurs sauvages et cruelles, ni les Mexicains, voleurs de terres et de bétail, ni les Blancs, qu'ils soient Confédérés ou Yankees, qui détruiront sur leur passage bien des villages Indiens et s'octroieront sans vergogne les terres texanes.
Ah ! Il est beau le rêve américain !
Bien malin celui qui parviendra à trouver son camp.
Après la lecture d'un pareil livre, je n'ai plus trop envie de jouer aux cow-boys et aux Indiens ! J'aurais bien trop peur d'y perdre des plumes, voire de retrouver ma jolie robe à crinoline en lambeaux ...et ce ne sont là que de faibles angoisses quand on voit le sort qui était réservé aux femmes.

Mais, ce roman, ce n'est pas seulement une mise à mort du mythe américain. On peut sans contexte élargir le propos à l'humanité entière. Où chaque peuple, depuis le berceau, tente de s'approprier les richesses du voisin, cherche à dominer et à prospérer. Où chaque peuple se replie sur lui-même, et écarte ceux qu'il considère comme étranger. Où chaque peuple défend les siens au détriment des autres.
Quel magnifique coup de pied dans cette satanée fourmilière que celui de Philip Meyer quand il fait de son héros, Eli le patriarche, un fils de pionnier enlevé et adopté par des Comanches, un homme dur et farouche qui ne sait même plus vraiment qui il doit venger et qui choisit finalement sans complexe de tuer quiconque se trouvera sur son passage. Simple, efficace mais primaire...
Seule, la voix de Peter, son « Fils », celui qui a donné son nom à ce roman, se verra dotée d'une prise de conscience et d'un malaise grandissant vis à vis de ce père qui n'a jamais reculé pour asseoir sa richesse.
Elle est là, la part d'humanité de ce livre, dans la voix de ce Fils renié et elle fait du bien ! Mais, il faut batailler pour la mettre au jour...Tant ce roman est dense, tant les histoires se perdent parfois avec L'Histoire, tant les destins se croisent et s'entrecroisent, si bien que j'ai eu parfois du mal à en percevoir l'essentiel.
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Philipp Meyer retrace à travers la famille Mc Cullough à la fois une page d'histoire d'un état américain, le Texas, mais également une page sociétale de 1850 à nos jours à travers les voix de trois de ses membres. La première est celle de Eli, le Colonel, le doyen, la figure tutélaire du roman de par son parcours, enlevé à 13 ans par les comanches après le massacre de sa famille et qui va vivre dans leur tribu pendant trois ans s'imprégnant de leur culture. Puis Peter, son fils,  sur fond de révolution mexicaine va se dresser contre ce père despotique et ambitieux et être le fils impuissant, subissant mais dont la conscience n'est jamais en paix. Dernière voix : celle de Jeannie, arrière petite fille du patriarche, celle par qui le changement va s'opérer, celle qui va saisir l'air du temps et transformer la fortune territoriale en fortune pétrolière.

Quand on commence ce roman on s'embarque dans une lecture addictive, passionnante, instructive. Ce roman s'intitule le fils mais c'est l'image du père qui flotte, à mon avis sur l'ensemble du récit, celui qui a construit un empire mais également une lignée. A travers lui j'ai découvert et été passionnée par un peuple, les comanches, leur façon de vivre, de penser, de chasser, de s'habiller et de se nourrir. Avec Eli, j'ai fait l'apprentissage d'une éducation comanche, faite de combats, de chasse mais également de liberté, d'espace, de rapports à la terre, à la nature et aux esprits. Comme Eli, je me suis attachée à sa deuxième famille, au lien qui s'est créé sans pour autant renier ni oublier sa famille décimée par eux, gardant une sorte de philosophie comanche mais également un lien spirituel avec eux.

Peter se révèle à travers son journal dans lequel émergent ses sentiments les plus intimes, ses rapports avec sa famille et des luttes qu'il n'approuve pas, et ne comprend pas sans pouvoir chasser totalement les fantômes qui le hantent. 

Et puis Jeannie, femme dans un milieu d'hommes, où elle va devoir faire ses preuves en tant que femme, se battre pour imposer ses choix et qui, suite à une chute qui l'immobilise au sol, naviguant entre conscience et souvenirs, va refaire le parcours qui l'a conduit jusqu'à diriger l'empire McCullough.

Trois narrateurs, trois sensibilités, trois visions d'un état américain, le Texas, dont la construction passe par les massacres et rivalités de territoires entre Blancs, Indiens, Mexicains mais également par les richesses qu'offrent son sol que ce soit pour le bétail mais également pour ce qu'il contient et engendre comme rivalités et convoitises.

C'est un roman qui mêle très habilement L Histoire avec un H majuscule mais également l'Humain avec ses différents comportements, adaptations et revirements. L'auteur choisit les trois époques clés d'une famille face à son destin, devant trouver les moyens soit de survie, soit d'adaptation avec ce qu'ils ont parfois de contradictoires. Et pourtant trois caractères et sensibilités différents mais avec un seul but, celui de perdurer même si parfois la tentation est grande de lâcher les rênes d'un empire qui s'est parfois bâti dans les larmes et le sang.

Un pavé de près de 700 pages mais que l'on ne lâche pas tellement l'auteur explore toutes les pistes, faisant tour à tour de ses personnages des héros, des lâches, des meurtriers, les faisant passer d'un camp à l'autre, celui des possesseurs ou des voleurs, les bourreaux ou des victimes. C'est une fresque familiale qui se mêle à l'histoire territoriale mais également nationale par les différentes guerres menées : Sécession, mondiale, frontalière, où les pertes se comptent par dizaine de milliers, où les hommes et la terre réclament leur dû et que j'ai dévorée sans bouder mon plaisir, malgré les massacres, malgré les violences parce qu'il s'agit d'une plongée sans prise de position de l'auteur qui démontre parfaitement les mécanismes qui poussent un être à passer d'un camp à l'autre, certes par la force des événements mais qui s'adapte à son environnement et même y trouve plus de grandeur que dans celui dont il est issu.

Plus de deux siècles d'histoire menés de main de maître, où l'intérêt ne se relâche jamais, dans lesquels souffle un vent d'histoire, de romanesque, une tension et un page-turner, un ouvrage richement documenté tout en gardant la fluidité du récit, à la manière d'une longue chevauchée dans des canyons encore marqués par les luttes qui s'y sont déroulées.

J'ai beaucoup aimé.
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Oui, c'est une grande saga familiale ; oui, c'est une vaste fresque historique ; c'est ce que tout le monde dit et c'est exact !... Mais pourquoi ce livre a-t-il pour titre le fils ?

Le fils, c'est Peter McCullough. Il est le fils d'Eli, le Colonel, patriarche d'une richissime famille texane. Un fils considéré comme indigne. Nous y reviendrons.

Les événements du roman de Philipp Meyer se déroulent au Texas, entre le milieu du dix-neuvième siècle et aujourd'hui. Un territoire autrefois peuplé de tribus indiennes, chassées de leurs terres par les Mexicains, ceux-ci en ayant à leur tour abandonné la possession aux Américains d'ascendance européenne. Entre les trois peuples, les haines et les conflits d'intérêts sont source de violences inouïes : autour des McCullough, on a torturé, mutilé, violé, tué sans hésitation, sans état d'âme... Et pendant la Guerre de Sécession, Texans et Yankees se sont juste inspirés de l'air du temps...

Pour suivre l'aventure des McCullough, il faut comprendre l'histoire économique du Texas moderne. Au début, l'activité reine est l'élevage : chevaux, bisons et autre bétail. Les grandes familles possèdent des dizaines de milliers d'hectares sur lesquels déambulent des troupeaux de milliers de têtes. L'avantage du métier pour les plus audacieux ? La possibilité de développer facilement son cheptel ; en s'entourant d'une équipe de cowboys dégainant plus vite que leur ombre, rien de plus simple que de s'approprier des bêtes sur les terres d'éleveurs moins armés.

Au début du vingtième siècle, fin de la prospérité des éleveurs. Propriétaires et spéculateurs se tournent vers la prospection pétrolière. Les derricks prolifèrent, sans aucune considération pour les paysages et la qualité de vie. Des fortunes considérables vont ainsi se constituer dans l'entre-deux-guerres. Puis les investisseurs découvriront que les réserves pétrolières du Moyen-Orient présentent des opportunités bien plus considérables. Leur activité deviendra multinationale. Devenus richissimes, les McCullough sauront s'adapter à ces évolutions économiques.

Le livre est structuré en une série de courts chapitres, donnant successivement la parole à trois membres de la famille. Comme si ces trois personnes, qui ne s'expriment pas à la même époque, dialoguaient indirectement au travers du temps.

Quand Eli – le futur patriarche – prend la parole, il a treize ans. Après avoir massacré sa famille, des Comanches l'emmènent en captivité, l'adoptent et l'élèvent comme un des leurs. Apprentissage de la vie rude, sauvage et précaire des Indiens. Revenu quelques années plus tard à « la civilisation », Eli fonde une famille. Son opportunisme et son absence de scrupules lui valent de faire vite fortune... C'est parti pour le Colonel ! Il mourra centenaire et sa personnalité s'imposera à tous ses descendants.

En 2012, Jeannie-Anne, arrière-petite-fille du Colonel, est une très vieille dame qui voit sa vie défiler, tout en en percevant la fin imminente. Un personnage à deux facettes. D'un côté, Jeannie, une jeune fille plutôt jolie, devenue une belle femme, puis une mère de famille sensible. de l'autre côté, celle que l'on appelle J.A. (clin d'oeil pour un univers impitoya-a-ble !), une businesswoman déterminée à la tête de la gigantesque entreprise familiale… Quel est le bilan de sa vie ?

De Peter, le fils du Colonel, l'auteur dévoile un journal tenu de 1915 à 1917. Peter y marque son opposition de toujours à son père, cet homme endurci par les souffrances de sa jeunesse. Il ne supporte pas son manque d'humanité, son racisme implacable, sa cupidité frénétique, l'amenant à abattre ou à faire abattre concurrents et autres gêneurs. Il ne supporte pas non plus le joug que le Colonel impose à toute la famille. Peter est un homme intelligent, cultivé, mais son naturel non-violent accompagne un réel manque d'énergie et de détermination. Tous le méprisent. A quarante-cinq ans, trouvera-t-il le courage de choisir le destin qui s'offre à lui et qui le contraindrait à rompre irrémédiablement avec les McCullough ?

Les courts chapitres facilitent la lecture de ce roman de sept cents pages. J'avoue toutefois m'être un peu ennuyé dans les longs passages consacrés à la vie d'Eli chez les Indiens, peu intéressé personnellement par les détails de leur vie quotidienne, de leur alimentation, de leur artisanat et de leurs pratiques sexuelles. J'ai juste été un instant interloqué par leurs dialogues ; des jeunes Indiens qui s'envoient des vannes de collégiens, des adultes qui tiennent des propos de Café du Commerce... Rien à voir avec les habituelles paroles du type : « Ugh ! Moi vouloir échanger scalp Visage-Pâle contre tomahawk !... »

Plus sérieusement, je me suis demandé par moment où l'auteur m'emmenait… Juste un minimum de patience !... C'est le propre des grands romans de nous astreindre à les lire jusqu'au bout pour en saisir la cohérence et le sens profond. Finalement, le rêve américain est-il d'amasser toujours plus d'argent sans en avoir besoin ou est-ce de permettre à chacun de faire ses choix en toute liberté ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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De la conquête héroïque aux puits de pétrole, voici l'Histoire du Texas !
Si vous vous souvenez avec bonheur des westerns en noir et blanc du dimanche après-midi sur la première chaine de l'ORTF, ce gros pavé est pour vous : voici l'authentique histoire des pionniers, des rangers et du peuple comanche qui domina pendant un temps les grandes plaines de l'Ouest, voici l'histoire d'un état que se sont arrachés les apaches, les comanches, les mexicains, les pionniers puis les éleveurs et enfin les producteurs de pétrole américains, tous sûrs de leur bon droit et déterminés aux pires exactions pour conserver leur domaine et écraser leurs voisins.
A travers l'histoire conjuguée d'Eli McCullough, le père, enlevé à 11 ans par une tribu comanche après avoir vu sa mère et sa soeur violées et tuées, son frère massacré et sa maison brûlée en l'absence de son père, Peter, son fils, à l'âme de poète qui refuse les codes de l'Ouest sauvage , et Jeannie, son arrière-petite-fille qui dirigera d'une main implacable un empire pétrolier dans un contexte à peine moins violent que celui de la conquête de l'Ouest, c'est tout un pan de l'histoire contemporaine du Texas qui se déroule sans états d'âme ni tabou sous nos yeux arrondis. On croyait que la férocité des indiens était très surfaite… bof, pas tant que ça ! On se disait que les colons n'avaient que leur courage pour se défendre contre les méchants indiens, ouais, et quelques armes aussi. Peter, le fils maudit, est là en contrepoint, qui refuse la légende d'une nation héroïque et sans tache, lui qui n'oubliera jamais le massacre des Indiens et la spoliation des Mexicains, lui qui vivra une magnifique histoire d'amour avec une mexicaine.

Finalement, Goscinny n'avait pas tellement forcé le trait dans ses albums tels que le Juge ou bien Des barbelés sur la prairie, voire, il était même peut-être bien en deçà, car au Texas en ce temps là, les enfants de choeur pouvaient aller se rhabiller, et la fureur de posséder rivalisait avec l'absence totale de scrupules, de foi et de loi ! de la chasse au bison à la confection d'un arc, de flèches et de mocassins, on y apprendra également quelques tortures traditionnelles comanches et des trucs utiles pour survivre au grand air, un manuel scout, quoi !
Une histoire brutale et impitoyable donc, contée avec virtuosité et rythme : passionnant et plein de souffle !
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Saga familiale, un peu de l'histoire du Texas, avec les autochtones, la colonisation, la désertification provoquée par l'élevage intensif, la découverte et l'exploitation du pétrole.

Les chapitres alternent en trois fils de narration. Il y a celui d'Eli / Tiehteti, celui qu'on appellera le Colonel. Jeune adolescent, il a assisté au massacre de sa famille et a été enlevé par des Comanches qui sont devenus sa famille. On le suit à travers les guerres et les épidémies qui déciment les autochtones ainsi qu'à la spoliation de leurs terres. de retour chez les Blancs, il deviendra un homme riche et impitoyable.

Le second fil est le journal de son fils Peter, un homme sensible, plus avide de littérature que de richesse. Traumatisé par la tuerie des voisins mexicains, il est hanté par la violence et les fantômes du passé.

Finalement, celui de Jeanne Anne (J. A.), petite-fille de Peter, héritière du patrimoine familial, femme qui aura du mal à se faire une place dans le monde du pétrole.

Un grand roman à saveur historique, pour comprendre un peu la terrible violence du Texas tout en mettant en scène la nature sauvage, mais aussi les êtres humains, les amitiés, les amours et liens familiaux.

J'ai parfois été frustrée par l'alternance des narrateurs qui donne l'impression de lire trois romans à la fois. J'avoue alors avoir enchainé quelques chapitres du même narrateur pour revenir ensuite.
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Le fils c'est une saga de 700 pages qui se passe au Texas du milieu du 19 ième siècle à la fin du xx ième , c'est l'histoire de trois générations de texans .
Le premier menbre de la famille Mc Cullough , c'est Éli , Éli qui va être enlevé par les Comanches avec son jeune frère , il devient leur esclave , son frère ne survivra pas à cette vie trop rude , ce passage du roman sur la vie chez les Comanches est celui qui m'a le plus plu , on sent que l'auteur s'est documenté , la survie des Comanches et des indiens en général dépend des bisons , le peule indien va doit être quasiment exterminé par l'abattage massif des bisons .
Les Comanches utilisent tout dans le bison , ils se nourrissent , s'habillent , fabriquent les objets nécessaires à la vie de tous les jours , leurs armes , c'est un peuple fier , belliqueux qui se défendra jusqu'au bout .
Éli vivra trois années chez les indiens , il respectera le peuple indien toute sa vie .
Éli deviendra propriétaire d'un immense ranch au moment où la main d'oeuvre mexicaine est nombreuse , quasiment sans droits , pour lui même les grands propriétaires mexicains qui se sont établis au Texas bien avant lui sont des sous - hommes , il ne reculera devant rien pour rester le maître absolu de son domaine .
Son fils Peter n'est pas celui dont il avait rêvé , il lui rappelle souvent son frère qui était lui aussi sensible , pas fait pour la rude existence au Texas , souvent les pères et les fils sont trop différents et ne se comprennent pas .
La dernière partie est consacrée à Jeannie , confrontée au monde sans pitié du holding pétrolier , elle va se battre pour garder ses terres , elle aussi est insensible , se reconnaissant plus dans Eli le patriarche , et puis il y a la surprise du dénouement final , inattendu .
Un roman très visuel , l'auteur est un conteur hors pair , j'ai beaucoup aimé cette épopée avec une toute petite réserve , je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions .
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Texas, ton univers impitoyable. Cet Etat a toujours été à part dans la géographie et l'histoire américaine. Espagnol, mexicain, indépendant et enfin rattaché aux Etats-Unis avec une frontière longtemps contestée par le Mexique. le tout sur fond de génocide indien, de ségrégation raciale, d'immenses ranchs, de culture de coton et d'élevage avant l'extraction de pétrole et de gaz. Un Etat où la loi du plus fort a prévalu plus qu'ailleurs dans un climat de violence récurrente. le fils est une saga qui raconte un siècle et demi d'histoire du Texas à travers le destin de plusieurs générations d'une même famille. Les récits alternent nous baladant principalement de 1835 à nos jours en passant par 1917. L'arbre généalogique qui ouvre le roman de Philipp Meyer n'est pas inutile bien que très vite l'on s'y retrouve facilement, dans les pas et l'histoire de trois personnages principaux. Ceux-ci présentent un intérêt inégal et il est bien évident que le plus représentatif est celui de l'aïeul, duquel vient en quelque sorte le péché originel. Car loin d'être une ode aux pionniers de l'Amérique, Meyer montre à quel point la domination blanche s'est construite sur les cadavres des tribus indigènes et des mexicains. L'envers du rêve américain au goût de sang et de boue. La partie la plus passionnante, extrêmement documentée, concerne le "kidnapping" par les comanches du jeune garçon qui deviendrait bien plus tard le patriarche de cette dynastie texane. Son quotidien et son intégration au milieu de la tribu est conté de façon minutieuse, avec un humour noir dévastateur, et une sorte de tendresse pour une culture laminée au fil du temps par les maladies et la lutte incessante contre les visages pâles. Une étude de moeurs prodigieuse qui constitue un véritable morceau de bravoure. le reste du livre n'est pas du même niveau, il aurait pu difficilement l'être, mais reste en bout en bout palpitant et étonnant par la grâce d'un style changeant mais toujours coloré et brillant.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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L'histoire mouvementée des Mc Cullough se superpose à celle du Texas à partir de 1836 lorsqu'elle est devenue une république.

Mexicains, Comanches et colons se disputent les terres avant que la suprématie des américains s'établisse pour de bon en pourchassant et exterminant les indiens avant de parquer les survivants dans des réserves et en refoulant les mexicains ou en les assassinant .

La dynastie Mc Cullough s'établit sur ces rivalités par la violence de toute part.

Le roman s'articule autour de trois générations, les chapitres alternant les époques.

Le patriarche, Elie, dit le Colonel, après avoir été enlevé par les Comanches et passé trois années à combattre à leur coté, crée une grande propriété pour l'élevage du bétail en éliminant ses voisins mexicains .

Peter, son fils nous livre dans ses carnets toute la souffrance de vivre dans un monde impitoyable

Jeannie, l'arrière petite fille, vieille femme à l fin de sa vie, tient encore d'une poigne sans faille sa maison et sa fortune acquise par l'or noir découvert sur la propriété familiale .

C'est une peinture dense, violente de la conquête du Texas, les descriptions sont parfois difficilement soutenables, la cruauté est sans limites .

Lutte pour le pouvoir, la survie et la fortune qui dépasse le cadre de l'Amérique puisque parmi les nombreux morts, certains sont tombés lors des combats en Europe et qui de toute façon est intemporelle et sans frontière ne laissant pas de place aux faibles et aux pauvres !
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"Le fils" raconte l'envers du décor de la conquête américaine, à travers l'histoire brutale du Texas depuis son indépendance en 1836 puis son incorporation aux Etats-Unis : l'installation des premiers pionniers, l'extermination des derniers indiens, l'expulsion des Mexicains, la découverte du pétrole et l'exploitation sauvage de la terre.

Une histoire baignée de poussière, bâtie sur la loi du plus fort et l'appropriation violente de la terre.

Pour l'incarner, trois membres d'une même famille sur trois générations croisent leurs voix, en écho : le grand-père et la petite-fille qui perpétue sans questionner, ou en opposition: le fils, personnage détonnant dans ce monde de violence, car il met en question les valeurs sur lesquelles sa famille et son pays se sont construits.

Un roman instructif, bien écrit, d'une belle facture classique : Belle découverte de cette rentrée littéraire!

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Très beau roman. Dépaysant, captivant, très agréable à lire. Trois personnages d'une famille texane nous racontent l'histoire de leur famille, de l'état du Texas et de notre monde depuis le milieu du XXI° siècle jusqu'à nos jours. Phiipp Meyer nous décrit l'émergence des Etats-unis modernes, et une Amérique entrain de disparaître, la fin des peuplades indiennes, la fin des grands espaces, le début de l'industrialisation, de la croissance des villes et surtout les débuts de l'industrie pétrolière. Au travers de cette histoire de famille, Philipp Meyer démonte les mythes des origines des Etats-unis, dénonce la violence et le mépris du blanc envers les indiens, les mexicains, mais rappelle que l'histoire se construit malheureusement sur la lutte violente et cruelle de la loi du plus fort, de plus égoïste et du plus cynique.
La construction du roman est original par son basculement permanent entre les trois discours. le récit de Eli McCullough, le Colonel, à l'origine de la fortune de la famille, étant un roman épique racontant les indiens, les combats, la guerre de Sécession et surtout la description des grands espaces, la nature omniprésente. Le récit de son fils, Peter, sous forme d'un journal, relève plus du roman social, se mettant au niveau des hommes et des luttes de consciences face à la violence de cette société et la haine des autres et de la différence. Enfin le récit de Jeanne-Anne l'arrière-petite-fille, qui à près de quatre-vingt ans se voit entrain de mourir et se remémore sa vie, le texte devient alors par petite touche une critique forte des Etats-unis en particulier et de nos sociétés occidentales en général, la destruction de la nature, l'oppression des plus faibles, le racisme et la violence toujours présent, une société opulente, sans but et sans valeur.
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