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4,1

sur 1232 notes
Né en 1836, au moment où la déclaration d'indépendance arrache le Texas à la tyrannie mexicaine, Eli McCullough, dit le Colonel, va grandir dans un pays en pleine crise identitaire, où chacun lutte pour s'approprier un bout de terrain. Enlevé à treize ans par les Comanches, alors que sa famille vient d'être assassinée sous ses yeux, le jeune garçon va peu à peu s'acclimater à sa nouvelle vie jusqu'à s'intégrer complètement aux moeurs indiennes. Mais la civilisation le rappellera à elle quelques années plus tard, l'amenant à combattre ceux qui l'ont élevé et lui ont transmis son goût pour la liberté.

Reconvertit dans l'élevage, où il fait fortune, Eli donnera naissance à trois fils, dont Peter. A l'opposé de son père, Peter est un homme doux, empli de principes et guidé par un sens aigu de la justice. Malgré une vie plutôt terne, écrasée par l'ombre imposante d'un père tyrannique, Peter tentera de suivre son propre chemin, quitte à prendre une décision qui changera à jamais le destin des siens…

Enfin, il y a Jeanne-Anne, l'arrière-petite-fille d'Eli, qui tient d'une main de fer les rênes de l'entreprise familiale reconvertie dans le pétrole, laissant de côté ses sentiments afin de se faire respecter…


A travers le destin de ces trois personnages, Philip Meyer nous offre tous les ingrédients indispensables à une grande saga familiale réussie ! Chaque narrateur prend tour à tour la parole, Eli s'adressant à nous à la première personne, tandis que l'on découvre Peter à travers les vestiges de son journal intime et que Jeanne-Anne nous est dépeinte par un narrateur extérieur. Au fil du texte, chacun s'étoffe et se dévoile, témoignant, à travers son histoire, de l'évolution des mentalités et des changements de son pays.


Aux côtés des McCullough, c'est toute l'histoire du Texas de 1836 à nos jours que Philip Meyer nous raconte ! L'histoire passionnante d'une nation récente, qui s'est construit dans le sang et dans les larmes afin d'asseoir son autorité. 671 pages qui se tournent et se dévorent avec une réelle avidité tant l'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Des personnages attachants, largement développés, que l'on prend plaisir à suivre et à voir se développer (ma préférence allant sans nul doute à Eli, l'aïeul au caractère bien trempé !). Des destins incroyables, ponctués de scènes parfois extrêmement violentes et dures, mais également de purs moments de douceur et de beauté. « le fils » est un roman ambitieux, parfaitement rythmé, riche en émotions fortes mais aussi capable d'humour. Bref, une épopée magistrale et enivrante à côté de laquelle vous auriez tort de passer !
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Autant en emporte le Texas... Des bisons au pétrole....

Préparez votre monture, vos bottes et votre lasso! Laissez vous entrainer dans une magistrale épopée de l'Ouest américain, dans le grand mythe de la conquête des territoires par l'"homme blanc", volant les terres aux mexicains, qui les avaient volées aux indiens, qui les avaient volées à d'autres indiens...

De 1836 (indépendance du Texas) à nos jours, la famille McCullough deviendra en quelques générations une dynastie du pétrole avec laquelle il faudra compter. Au fil du temps de son expansion, tous les moyens seront bons: meurtres, spoliations, corruptions, et conflits inter-générations internes.

De l'ancêtre, captif des indiens Comanches, à la dernière descendante, vieille dame richissime et isolée dans son ranch, c'est un roman historique régional qu'offre Philipp Meyer, aux personnages puissants, au souffle épique, aux temps pionniers des guerres indiennes, des grands élevages bovins et des prospections pétrolières.

Un récit en forme de western moderne, rendu dynamique par des chapitres courts intercalant les voix et les époques, entraînant les individus dans les grands espaces vierges, rendus exsangues de surpopulation, dans une valse effrénée de cupidité, de sauvagerie, mais aussi de culpabilité et de rédemption.
Car ascension et chute sont inévitables. On n'échappe à la morale dans toute fiction américaine!

Un roman passionnant, addictif, sur la mythologie fondatrice des Etats unis, illustrant en conséquences inévitables la mentalité actuelle du pays, forte de son bon droit, de sa supériorité, et des moyens employés pour arriver à ses fins.
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« La philosophie Comanche à l'égard des étrangers était d'une exhaustivité quasi papale, torturer et tuer les hommes, violer et tuer les femmes, emporter les enfants et en faire des esclaves ou les adopter. »

Eli McCullough, fils de pionniers américains du Texas, a vu sa famille massacrée devant lui et vécu pendant trois ans avec les Comanches, s'enrichit par la suite sans épargner personne. L'instinct guerrier des hommes réduisant la vie humaine à une chose sans valeur ; le mépris de ceux présents avant est précisément le refus de Peter, son fils. Seule, Jeanne, leur descendante, richissime grâce au pétrole et à beaucoup de sacrifices, rejoindra d'une certaine façon la philosophie de son arrière-grand-père, Eli.

À travers trois générations de McCullough, Philipp Meyer nous conte avec un talent formidable l'histoire compliquée du Texas (espagnol en 1519, mexicain en 1821, puis indépendant en 1836 avant de devenir en 1845 un État des États-Unis), et plus généralement celle de l'Amérique — de la conquête de l'Ouest à nos jours. Un projet ambitieux, d'une puissance romanesque hors du commun, mené à bien grâce à la dimension humaine et au réalisme du récit (avec des scènes très dures), à l'humour et au sens de l'histoire de Meyer qui démonte l'illusion de l'Amérique et de son rêve.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Un narrateur incroyable ce Philipp Meyer !
A travers l'histoire d'une famille texane les McCullough de 1836 à nos jours, cette fresque est incroyablement addictive. Chaque jour vécu semble un luxe tant la violence est là, sous sous-jacente. Lorsqu'elle explose, c'est dans toute son horreur qu'elle est décrite. Meyer n'épargne pas ses lecteurs. Encore moins ces personnages. Mexicains, comanches, texans, la barbarie n'a pas de frontière.

C'est vrai que l'écriture de Meyer est incroyablement cinématographique, ce qui à tout pour me plaire. On a tous en mémoire des passages de films que Meyer nous rappelle avec un style ultra réaliste. Les histoires se chevauchent par chapitre interposé. Ce choix narratif est évidemment très efficace, on tourne les pages avec l'envie de retrouver Elie enlevé par les comanches très jeune devenu une icône familiale, Peter le fils homme tolérant, tout l'opposé de ce père aux milles vies et enfin Jeanne Anne la petite fille devenue une héritière richissime mais esseulée. Les tensions familiales, les drames, la réussite sociale, les histoires d'amour, la violence encore et toujours cette saga ce lit avec un plaisir énorme. 671 pages passionnantes. Ou le rêve américain regorge d'une terre rougie par le sang. En route pour le Texas, Meyer est un fameux guide.
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De 1936 à nos jours, la saga des McCullough. du patriarche Eli, dit le Colonel, à son arrière-petite-fille, Jeannie la femme d'affaires, en passant par son fils Peter, le cow-boy et surtout la honte de la famille. Trois générations, trois personnalités et à travers leurs parcours, c'est toute l'histoire du Texas qui se dessine. de 1936, année de la naissance d'Eli et de l'indépendance du Texas jusqu'à nos jours où une Jeannie au crépuscule de sa vie doit affronter les démons du passé familial. Leur saga commence donc avec Eli qui, à treize ans, voit sa famille se faire massacrer par les Comanches qui l'enlèvent et finissent par l'intégrer à leur tribu. Pendant trois ans, il est comanche, il chasse, il manie l'arc, il scalpe. Quand il revient à la civilisation, il s'engage chez les Rangers et combat avec les confédérés. Après la guerre, il pose enfin ses valises et se reconvertit en éleveur. de ses trois fils, c'est Peter qui reprendra les rênes du ranch. Mais Peter n'est pas Eli. Peter est épris de justice, Peter est non violent, Peter est inadapté au monde qui l'entoure. Dans cette époque où l'on tue pour une parcelle de terre, où l'élevage est moribond, remplacé par la prospection pétrolière, Peter fait tache. Mais il se tait et vit sous le joug de son despote de père. Sa rébellion tardive entraînera des conséquences tragiques sur sa descendance. Et sa descendance, c'est Jeannie, la fille de son fils Charles. Elle a grandi dans un monde d'hommes, en vénérant son arrière-grand-père et, quand elle hérite de la fortune familiale à tout juste dix-neuf ans, elle est d'abord décontenancée. Mais le choc passé, elle deviendra une femme d'affaires intuitive, une reine du pétrole prête à tout pour porter haut le nom des McCullough.

Quel roman époustouflant ! A la fois saga familiale, fresque historique et sociale, western, roman d'aventures, le fils est le grand roman du Texas, territoire à l'histoire compliquée, mexicain, indépendant pour finir américain. On y croise des cow-boys, des Indiens, des vaqueros, des Anglos, des Mexicains, des hommes prospères, des pauvres hères. C'est une terre que l'homme a volée, a conquise, a peuplée, surpeuplée, a creusée, a épuisée. C'est une terre où l'on réglait ses comptes à coups de fusil ou d'une flèche plantée en plein coeur, où l'on réussissait en volant son voisin, en enterrant son ennemi, en corrompant les shérifs et les juges. C'est à travers le destin des McCullough que Philipp Meyer raconte la conquête de l'ouest qui s'est faite dans le sang et les larmes. le fils est un livre violent, car l'homme est un animal barbare qui viole, pille et détruit. On le lit avec avidité, porté par son souffle épique, et on le referme avec un sentiment de tristesse. Tristesse pour toutes les vies brisées qu'il a fallu pour faire d'une famille de pionniers des rois du pétrole. Tristesse pour les Indiens qui ont dû quitter les plaines fertiles pour se voir parqués dans des réserves. Tristesse pour les Garcia, les voisins mexicains des McCullough qui ont payé de leurs vies l'ambition du Colonel. Tristesse pour les Comanches décimés par les maladies des blancs. Tristesse pour Eli, jeune homme téméraire et sympathique devenu un patriarche despotique. Tristesse pour Peter, ses remords, ses fantômes et son amour impossible. Tristesse pour Jeannie trop ambitieuse pour aimer ses enfants, trop bouffie de sa propre importance pour ouvrir son coeur. Tristesse pour les bisons, les cow-boys, les grandes plaines, le Texas et le rêve américain.
Des paysages à couper le souffle, des personnages inoubliables, une épopée magistrale !
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Quelle saga ! Quelle plongée dans l'Amérique profonde ! Plus exactement dans le sud des États-Unis, près de la frontière mexicaine, dans ce Texas conquis sur des Indiens qui l'avait pris à d'autres peuplades auparavant… Les verts pâturages, les terres vierges si appréciées des troupeaux de bisons ont été souillées par le pétrole et l'argent-roi, tout cela pour un résultat connu seulement à la fin du livre…

Le fils, second roman de Philipp Meyer, m'a emporté là-bas, sur ces terres immenses dont je n'ai qu'une vague idée. L'auteur jongle sur plusieurs périodes mais reste dans la famille McCullough dont le fils qu'on appelle le Colonel, est le personnage principal.
Malgré tout, ils sont trois à se partager le récit et leur histoire se mêle, s'entrecroise et l'arbre généalogique placé au début du livre est bien utile pour s'y retrouver. le Colonel s'appelle Eli McCullough avant d'être nommé Tiehteti par les Comanches et ses aventures sont, de loin, les plus passionnantes, surtout dans sa période indienne qui débute par un drame effroyable et se poursuit dans le sang et les souffrances avant de prendre un tour beaucoup plus agréable lorsque le garçon réussit à se faire accepter et respecter par la tribu dans laquelle il vit.
Philipp Meyer fait preuve d'une connaissance approfondie des us et coutumes indiennes, précise bien les noms des diverses tribus et leurs relations. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, rien n'est uniforme et ce roman permet bien de comprendre comment leurs terres ont été conquises et comment ils ont été pratiquement exterminés, même si le sang a coulé des deux côtés.
De son côté, Peter McCullough tient son journal. Il est un des trois fils d'Eli et c'est lui qui gère le domaine acquis par son père, lui qui était le moins préparé des trois. Son récit se passe au moment de la Première guerre mondiale et s'attache surtout aux rapports avec les Mexicains venus chercher du travail ou vivant déjà sur des terres dont ils sont peu à peu chassés. Peter est un sentimental. Il a vraiment un coeur et ce qu'il écrit dans son journal me touche beaucoup, surtout si je compare avec les idées du Colonel et des autres membres de la famille.
Enfin, l'auteur parle de Jeanne Anne, appelée aussi Jeannie. Elle est la petite-fille de Peter et ce qu'elle vit couvre les années 1940, le règne du tout pétrole, avec les conséquences des actes passés vis-à-vis de la famille Garcia qui donnent l'occasion à l'auteur d'ajouter un personnage important.
Dans cette saga, que de massacres, que de vies supprimées, abrégées pour posséder toujours plus ! Quel gâchis d'une nature magnifique, généreuse. L'homme est un prédateur, un destructeur, un ravageur et Philipp Meyer en fait une splendide démonstration. Ce livre est une leçon de vie, d'histoire de civilisations qui en effacent d'autres, détruisent, s'installent, se développent puis périclitent d'avoir trop grandi, eu trop d'appétit, véritable leçon pour aujourd'hui.

Un grand merci à Simon pour cette superbe lecture !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Trois étoiles ? Quatre étoiles ?

Mon coeur balance...Allez ! Hop ! 4 étoiles ! Parce que tout de même c'est une sacrée fresque !

« Le Fils », pour ceux à qui ça aurait échappé, est une fresque sociale, historique et même économique qui retrace la vie d'une famille texane de 1850 jusqu'à nos jours. Véritable épopée qui fait voyager le lecteur au pays des immenses étendues sauvages des Comanches, des prairies semi-arides des vaqueros et des champs de pétroles., « Le fils » est un roman très ambitieux, qui s'égraine longuement au fil de chapitres se faisant l'écho tour à tour de trois voix.

Trois voix, trois générations, trois personnages forts qui s'entrelacent et évoquent leur passé avec authenticité et sans jamais tricher avec la réalité -âpre et abrupte-.
Et c'est sans doute cela qui a finalement freiné mon enthousiasme. La noirceur des événements, le manque d'espoir en l'âme humaine...
Car dans ce livre, personne ne sera épargné. Ni les Indiens aux moeurs sauvages et cruelles, ni les Mexicains, voleurs de terres et de bétail, ni les Blancs, qu'ils soient Confédérés ou Yankees, qui détruiront sur leur passage bien des villages Indiens et s'octroieront sans vergogne les terres texanes.
Ah ! Il est beau le rêve américain !
Bien malin celui qui parviendra à trouver son camp.
Après la lecture d'un pareil livre, je n'ai plus trop envie de jouer aux cow-boys et aux Indiens ! J'aurais bien trop peur d'y perdre des plumes, voire de retrouver ma jolie robe à crinoline en lambeaux ...et ce ne sont là que de faibles angoisses quand on voit le sort qui était réservé aux femmes.

Mais, ce roman, ce n'est pas seulement une mise à mort du mythe américain. On peut sans contexte élargir le propos à l'humanité entière. Où chaque peuple, depuis le berceau, tente de s'approprier les richesses du voisin, cherche à dominer et à prospérer. Où chaque peuple se replie sur lui-même, et écarte ceux qu'il considère comme étranger. Où chaque peuple défend les siens au détriment des autres.
Quel magnifique coup de pied dans cette satanée fourmilière que celui de Philip Meyer quand il fait de son héros, Eli le patriarche, un fils de pionnier enlevé et adopté par des Comanches, un homme dur et farouche qui ne sait même plus vraiment qui il doit venger et qui choisit finalement sans complexe de tuer quiconque se trouvera sur son passage. Simple, efficace mais primaire...
Seule, la voix de Peter, son « Fils », celui qui a donné son nom à ce roman, se verra dotée d'une prise de conscience et d'un malaise grandissant vis à vis de ce père qui n'a jamais reculé pour asseoir sa richesse.
Elle est là, la part d'humanité de ce livre, dans la voix de ce Fils renié et elle fait du bien ! Mais, il faut batailler pour la mettre au jour...Tant ce roman est dense, tant les histoires se perdent parfois avec L'Histoire, tant les destins se croisent et s'entrecroisent, si bien que j'ai eu parfois du mal à en percevoir l'essentiel.
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Ce livre est formidable. Formidablement humain, formidablement réaliste, formidablement triste aussi. En première lecture, il contient tous les éléments qui font pour moi un bon livre : des personnages hauts en couleur, des aventures exceptionnelles, du suspens et une page de l'Histoire du Texas. En ce qui me concerne si un livre est bon et qu'en plus j'y apprends quelque chose, ça en fait un livre à 5 étoiles. Mais il mérite 5 étoiles pour une autre raison plus profonde et plus dérangeante : sa clairvoyance, son regard sans bienveillance mais sans jugement manichéen sur cette période de l'Histoire des États-Unis et, finalement, sur la nature humaine.

Je ne comprenais pas pourquoi, mais j'avais un drôle de sentiment en refermant le livre, une espèce de poids sur le coeur. C'est parce que c'est triste me suis-je dit. Mais pas seulement, il y a autre chose et cette autre chose c'est ce matin au réveil que j'en ai pris conscience : en fait ce livre m'a blessée. Il balaie toutes mes illusions, en bonne idéaliste, j'ai encore foi en l'être humain, je me dis qu'il reste de l'espoir, qu'on peut encore tout changer. Malheureusement ces pages me rappellent à la dure réalité : on n'est pas "dans une jolie petite histoire".
Les personnages véhiculent adroitement ce message, que ce soit l'impitoyable Colonel ou son arrière petite fille Jeannie, Peter le cynique désabusé (mon préféré) mais aussi Phineas, Charles, Jonas ou Toshaway, impossible de les détester vraiment, ni de les aimer tout à fait. La raison en est simple, ils sont humains, et c'est bien ça qui m'a touchée au plus profond. le constat est sans appel : l'instinct de conservation est toujours le plus fort, nous ne faisons qu'utiliser notre raison pour parvenir à nos fins, envers et contre tout, nous survivons !

Au final, ne vous attendez pas à des héros flamboyants, intègres et redresseurs de torts car ce livre est une illustration désespérément fidèle de notre passage sur terre en tant qu'êtres humains : nous vivons dans l'instant, dans la fulgurance de nos vies, inaptes à nous projeter dans les siècles futurs et si nous devons tout dévaster pour survivre, nous le ferons.
Philipp Meyer parvient à dépeindre avec beaucoup de talent les hommes tels qu'ils sont. C'est cruel, c'est violent mais c'est indispensable.
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Il est toujours plus difficile de parler des livres qu’on a adorés que de ceux que l’on n’a pas aimés. Peur de ne pas être à la hauteur du talent et l’émotion suscitée par cet excellent bouquin. Rude, violent, sauvage, cruel, romantique aussi et rempli d’humour, de poésie et de moments de grande douceur. Cette flamboyante histoire du Texas retracée à travers le destin d’une famille et racontée à 3 voix est bouleversante. Le destin de chacun des 3 narrateurs aurait pu former un roman à lui seul et c’est tout l’intérêt de l’auteur de les avoir entremêlés afin de rendre le récit plus nuancé et plus profond. Chaque période met en lumière la suivante et celle qui l’a précédée. On aime, on déteste, on s’attache aux personnages hauts en couleur de cette famille McCullough qui, de simples fermiers installés dans le Texas du début du XIXe siècle, deviendront en quelques générations des propriétaires riches et puissants grâce au pétrole. Evidemment, pour en arriver là, tous les moyens seront bons: meurtres, vols, corruptions, mensonges. "Les Américains... Ils croyaient que personne n'avait le droit de leur prendre ce qu'eux-mêmes avaient volé. Mais c'était pareil pour tout le monde: chacun s'estimait le propriétaire légitime de ce qu'il avait pris à d'autres ». Les héros de la série Dallas peuvent aller se recoucher. Mais pas de caricature cependant : les personnages sont fouillés, nuancés, étoffés, à la fois victimes et acteurs de cette époque centrale dans l’histoire des USA que Meyer saisit avec subtilité. Un excellent roman américain qui rappelle combien l’histoire des hommes (et pas seulement celle des USA) est faite de sang, de larmes et de sueur. « Le sang qui coulait à travers les siècles pouvait bien remplir toutes les rivières et tous les océans, en dépit de l’immense boucherie, la vie demeurait »
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Voici une saga impressionnante, une superbe épopée qui revisite avec force deux siècles de l'histoire du Texas, elle remonte aux sources et bouscule le mythe américain à travers le vécu mouvementé de la dynastie Mc Cullough et trois de ses membres, tout d'abord , Eli le patriarche dit " le Colonel", né le 2 mars 1836, le même jour que le Texas, un temps " où un colt à cinq coups était une arme de destruction massive". Un jour, les Comanches vont assiéger le ranch familial, ils violeront et tueront la soeur et la mére d'Eli, puis massacreront son frére Martin à coups de hache......il survivra aprés avoir été enlevé, battu, humilié, attaché à un cheval...c'est l'occasion pour l'auteur de nous plonger d'une maniére à la fois réaliste et passionnante au coeur de la culture Comanche....Eli bâtira sa légende durant la guerre de Sécession. Écrasé par son pére, Peter différent en tous points du "Colonel", " fils maudit", héritier d'un empire fera part de ses doutes dans son journal, il profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix crucial.....
Enfin, Jeanne- Anne, arrière petite fille d' Eli et dernière héritiere , une femme capable de monter à cheval et de marquer le bétail comme ses frères......une héroïne moderne qui sauve la fortune familiale des tourments du siécle en
misant sur l'or noir....
Impossible de résumer une telle oeuvre : Indiens, Yankees,,Pionniers, Confédérés,Vaqueros, tous prennent leur part de brutalité dans cet Ouest mythique où la vie ne vaut pas grand chose : "même pas la balle qui l'a descendu...." "C'est toute l'histoire de l'humanité. de la terre au sable, du fertile au stérile , des fruits aux épices. On ne sait faire que ça "dit Eli , à la fin de sa vie...... Qui contemple la folie des hommes.....
Sous la plume de Philip Meyer, on saisit le moment de bascule pour l'Amerique lorsque les derricks poussent dans la plaine, où le pétrole jaillit au dessus des Longhorns, où l'industrie peu à peu remplace le régne de l'agriculture.....c'est comme si un monde mourait et qu'un autre renaisse de ses cendres.....un monde qui perd son lien avec le sol et la nature...." le sang qui coulait à travers les siècles pouvait bien remplir toutes les rivières et tous les océans, en dépit de l'immense boucherie , la vie demeurait....."
Le lecteur est emporté par cette fresque violente et bouleversante des bâtisseurs de l'Amerique,le côté noir et fascinant de la part d'ombre de cette histoire américaine.....un trés grand roman façon Western où tous les ingrédients sont réunis pour nous apporter un flot d'aventures et de dépaysement.....
L'auteur instille de la chair , de l'animalité et même pas mal de bestialité dans son récit sans concession, impitoyable....L'Amérique, "l' Americana "des temps premiers est comme un corps sauvage, brut que rien n'excite tant que la destruction, le meurtre et le vol...de façon plus large " le Fils " questionne le monde qui nous est laissé en héritage, avec son lot inépuisable de légendes issues de mensonges et d'héroïsme plus ou moins trompeurs....un retour aux sources où l'on côtoie cerfs à queue blanche, bisons, chevreuils, loups, renards, lynx , pumas, wapitis, scalps, arcs, pistolets mitrailleurs, haches, fusils...... Quel souffle ! Quelle puissance, plus une belle réflexion sur notre condition humaine! Ah! On ne s'ennuie pas! Philip Meyer, que je lis pour la première fois effectue un travail gigantesque à propos de l'ouest mythique et sauvage des origines à nos jours! Un immense conteur , de la belle littérature à mon sens......
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