Tous les malheurs venaient des hommes! C'étaient eux qui faisaient la guerre et remplissaient les prisons. Maudits soient les pères qui délaissaient leur femme et leurs enfants,et maudits soient les frères qui s'accaparaient du cœur de leur mère. Maudits soient les politiciens, les annonceurs de la radio, les joueurs de hockey, les voisins, le laitier, les prêtres qui... Et puis, non! elle ne pouvait pas maudire les prêtres, ils étaient les représentants de Dieu.
Dieu vous a donné une conscience naturelle pour guider vos pas. Et
si vous hésitez, ne craignez pas de nous demander conseil. Les prêtres et les
religieuses existent pour cela, et ils peuvent vous apporter la lumière et le
pardon. Mais dans le doute, mes enfants, abstenez-vous toujours. C'est une
règle de vie.
La vaisselle, ça concerne les filles, et je ne m'abaisserai pas à faire ça! Prends tes responsabilités, la sœur! Moi, je sors les ordures le mardi soir et ça me
suffit. Je voudrais bien te voir transporter ces poubelles de tôle dégueulasses
et puantes sur le trottoir. Pouah! À chacun sa corvée, ma chère, O.K.?
En entendant pleurer sa mère,Maryse prenait tranquillement conscience du sort injuste fait aux femmes. Et elle trouvait cette position peu enviable. Non, elle ne se marierait pas et elle n'aurait pas d'enfants. Elle détestait trop faire la vaisselle!
Elle devenait elle-même l'amour,un amour offert, total, absolu et... platonique! Un amour prêt à recevoir l'amour. Un amour sans assise, sans rêve précis, un amour sans visage. Un amour plein, infiniment présent. Mais sans prince charmant.
Micheline Duff, Mon cri pour toi