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EAN : 9782374252797
128 pages
Rue de l'échiquier (03/06/2021)
3.32/5   11 notes
Résumé :
La transition énergétique semble actée : les investisseurs et les sociétés exploitant les énergies fossiles sont désormais engagés dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Les débats ne portent plus que sur l’orientation générale du modèle : quelle place pour le nucléaire ou pour les énergies renouvelables dans le futur mix ? Un regard attentif et documenté sur le sujet fait toutefois apparaître une autre réalité. Au lieu de les remplacer, les éne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
IL N'Y A PAS DE COLLAPSOLOGIE HEUREUSE

"Développement durable", "Transition énergétique", "Croissance Verte", "Commerce Équitable", "Actionnariat Éthique"... Qui, parmi d'autres de ces expressions nées ces dernières années et pétries de belles et bonnes intentions, n'a entendu, vu, lu celles-ci, parfois répétées à l'envi comme des mantras d'un genre nouveau, comme si, à elle seules, elles allaient nous sauver de l'entropie, de cette fameuse nouvelle période dans la longue histoire de la Terre : l'anthropocène ; de son cortège de bouleversements climatiques, de réchauffement moyen global de la planète, de pollution généralisée, de fin annoncée des ressources, de fonte des glaces et de hausse du niveau des mers, d'excès de carbone dans l'atmosphère, d'effet de serre, de destruction sans fin ni rémission ni retour de la biodiversité, etc, etc, etc ? 

Ces expressions, souvent rassurantes et même lénifiantes, parfois sincèrement exprimées par certains de leurs promoteurs (les plus naïfs et/ou les moins informés), ont non seulement une origine principale - le monde industriel et financier - mais, surtout, ont un but massif : nous faire prendre des vessies pour des lanternes ! Par exemple, ce fameux "développement durable", dont la presse et l'essentiel du public aura retenu qu'il est apparu à l'occasion du rapport Brundtland intitulé "Notre avenir à tous" (en 1987), massivement repris au Sommet pour la Terre de Rio, serait en fait l'enfant monstrueux d'un de ses membres les plus éminents, un certain Maurice Strong, canadien très peu connu du grand public quant à lui, et qui fut l'un des plus grands entrepreneurs que la terre ait porté en matière d'industrie pétrolière (entre autres choses dans cycle du grand salopage de la Planète), tout en maintenant au fil de son existence (il est décédé en 2015) un lien très fort avec les instances onusiennes qu'il noyauta avec assiduité. Je tiens cependant à préciser que cet exemple n'est pas cité dans l'ouvrage que nous chroniquons ici mais qu'il me sert d'illustration tirée de mes lectures quant à ce qu'avance l'auteur dans ce texte essentiel *.

En effet, nous explique ainsi Vincent Mignerot dans L'énergie du déni, essai aussi court que dense, d'où qu'on se place, dans quelques direction que l'on se tourne, ces histoires de transitions énergétiques sont des leurres car, contrairement à ce que la belle usinerie marketing pourrait laisser songer, les énergies renouvelables (ainsi que le nucléaire, qui est à mettre dans le même "sac" que les précédentes en ce sens que ce sont des ENS, les énergies dites de substitution, a contrario de la triplice infernale, charbon, pétrole, gaz qui sont des énergies dites primaires, c'est à dire presque immédiatement utilisables et ne nécessitant par ailleurs pas d'une technologie particulièrement avancée pour être mises en oeuvre. Ce qui n'est pas le cas des ENS ce qui, de facto, élimine de leur mise en oeuvre systématique les pays et régions du monde moins avancées économiquement et technologiquement que, pour aller vite, l'occident, premier "hic" s'il en est) n'ont eu de cesse, depuis qu'elles sont mises à contribution dans ce qu'on nomme "le mixe énergétique" de provoquer encore plus d'émission de carbone dans l'atmosphère, et pas seulement en raison des modes de production de ces énergies alternatives ! Ainsi, et d'une manière parfaitement "contre-intuitive" comme il est d'usage de le dire aujourd'hui, nucléaire, solaire et éolien ont été plus néfastes dans l'augmentation globale du CO2 de notre atmosphère que s'ils n'avaient pas existé puisqu'ils ont permis d'extraire, de produire et d'utiliser mieux et plus d'énergies primaires que si ces même ENS n'avaient jamais été développées ! 

Ainsi les grandes sociétés liées à l'extraction sont elles presque naturellement passées d'un moment où elles n'exploitaient généralement qu'un seul type de ressource à celui que nous connaissons actuellement où l'on voit, par exemple, toutes les enseignes de l'industrie pétrolière se vêtir d'un nom au goût plus que douteux, parfaites illustrations de "greenwashing". Ainsi pour Total - la plus connue chez nous mais pas forcément la plus puissante dans le monde, ce qui ne la dédouane en rien - qui est subitement devenue et avec le plus grand cynisme "Total Energies", tandis que, les chiffres à l'appui sont terribles, la part du capital annuel investi dans ces fameuses énergies renouvelables au sein de ces compagnies au poids économique, écologique et social absolument invraisemblable (et qui ne paieront JAMAIS le coût écologique incommensurable de leurs errements passés, présents ou à venir, soyons en assurés) en représente moins de 1% du total et, elles l'ont par ailleurs affirmé (l'info est parfaitement trouvable sur le net sur le site tout à fait officiel qu'est l'IEA), n'ont pas moindrement l'intention de rapprocher leurs volontés "vertes" des critères de l'accord de Paris ! Bien sûr, tout cela relève du plus sordide et honteux greenwashing - pratiqué tout à fait uniment tant par les banques d'investissement, les grandes compagnies d'assurance que les industries ou encore des mesures politiques très largement éloignées de ce qui devrait être promu (n'oublions pas la surpuissance des lobbies de ces secteurs), mais le terme étant défaillant à y changer quoi que ce soit, Vincent Mignerot propose de lui en substituer un autre, sans doute plus en phase avec la réalité du moment : celui de "collapswashing", c'est à dire ce qui serait nécessaire pour qualifier «tout récit trompeur qui omettrait ou invisibiliserait les effets sur le milieu et sur d'autres humains des stratégies liées à l'obtention ou la conservation d'avantages adaptatifs par ceux qui en bénéficient, alors qu'il serait possible d'attester que ces avantages ont des effets négatifs dans l'immédiat ou à terme sur le milieu ou sur d'autres humains.» Bien entendu, il ne s'agit là que d'un mot. Mais il faut toujours avoir en tête qu'on ne peut comprendre, critiquer, éventuellement combattre, que ce que l'on peut et sait nommer. 

Petit livre tout à la fois terrible et salutaire, d'une densité qui pourra en rebuter d'aucuns : il passe ainsi en revue tout aussi bien les aspects purement scientifiques quant à ce que l'on sait de l'Énergie, de sa production, ses évolutions techniques, que ses acteurs économiques, industriels, financiers, politiques en jeu, des répercussions mondiales de notre économie presque exclusivement carbonée, des ressorts liés à ce fameux "greenwashing", des fables que l'humanité quasiment dans son ensemble tâche de se raconter depuis l'émergence des ENS consécutivement à la prise en considération des bouleversements climatiques et écologiques en jeu, du déni tant individuel que collectif, tant élitaire que populaire quant à ce qui touche au fondement même de notre système globalisé - à quelques rares exception près - d'existence. Loin de toute collapsologie heureuse (celle qui vendrait une fin de cycle finalement pas si tragique, pourvu que l'on s'y soit préparée), cet essai, L'énergie du déni n'annonce certes rien de bon et les esprits invariablement optimistes pourront d'évidence lui reprocher ou bien de ne voir que le verre à moitié vide, ou bien d'être parfaitement démobilisateur. Quant à nous, nous l'estimons avant tout essentiel, parfaitement limpide et clairvoyant dans ses conclusions - malgré des attendus parfois tellement enchevêtrés les uns aux autres qu'il est parfois ardu d'en suivre le fil - et dénué de ce cynisme des uns ou de cette niaiserie des autres dont les résultats sont, paradoxalement assez identiques et que la célèbre phrase du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, le guépard, résume cruellement, lucidement ainsi : «Pour que tout change, il faut que rien ne change.»

À tout seigneur, tout honneur, remercions en premier lieu les excellentes éditions Rue de l'échiquier, qui creusent leur sillon dans plusieurs domaines, tels que celui, crucial, de l'Écologie mais que nous avions déjà eu le bonheur de découvrir grâce à un véritable et noir chef d'oeuvre de la Bande Dessinée coréenne, Un matin de ce printemps-là, de Park Kun-woong (à la suite duquel nous n'avions pu résister au bonheur de commander et de lire le poignant Mémoires d'un frêne, du même auteur, et que nous ne pouvons que conseiller aux lecteurs curieux au coeur bien accroché), remerciements doubles quant à cette Masse Critique non-fiction puisque l'ouvrage était accompagné d'un fort sympathique agenda, ce qui n'était absolument pas attendu ! Merci, bien entendu, à notre site de lecture, de lectrices et de lecteurs en ligne pour l'organisation de ces véritables fêtes du livre mensuelles que sont ces mêmes Masses Critiques ! 


*Source : https://fabrice-nicolino.com/?p=1256
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#MasseCritique

Voilà mon premier livre reçu grâce à la Masse Critique de Babelio !
Il s'agit d'un livre court mais assez complexe, je reconnais ne pas avoir tout compris. Néanmoins, j'ai quand même saisi l'essentiel et j'ai pris une belle claque ! Vincent Mignerot allie texte scientifique et raisonnement philosophique quant à notre condition humaine et notre capacité à nous mentir à nous-mêmes. L'effondrement de notre système environnemental a commencé et notre prétendue transition écologique vers des énergies "vertes" semble relever plus d'un espoir incertain qu'un futur système viable.
Ce livre est terriblement désespérant mais très intéressant car il m'a permis d'ouvrir les yeux sur une réalité que je refusais de voir, bercée par l'espoir d'un horizon habillé de champs d'éoliennes.
En bref, ce livre expose des fait exacts et il est donc terriblement déprimant.
Je vais me raccrocher à cette citation de Churchill " Ce n'est que quand il fait nuit que les étoiles brillent". Je ne peux qu'espérer, avec mon énergie du déni, que l'on s'en sortira.
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l'Énergie du déni par Vincent Mignerot est un livre interessant qui m'a permit de me rendre compte avec des exemples concrets la réalité du climat actuel.
Il mets en avant le fait que la plupart des actions mise en avant ne sont que de la poudre au yeux, et appuie sur l'importance d'avoir de véritable action mise en oeuvre.
J'aimerais ajouté que avant ce livre je me pensais avoir déjà bien pris conscience des enjeux climatiques ainsi que des avancés que l'on faisait dans ce domaine. Après l'avoir lu je me suis rendu compte que je m'étais fais plein de fausses idées
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Un texte qui soulève un sujet plus qu'intéressant : en quoi la transition énergétique - parce qu'elle reste dans un modèle où la croissance est reine - ne permet pas de limiter durablement notre impact sur l'environnement. Si certains propos sont pertinents, l'ensemble est extrêmement riche, complexe, pleins d'exemples et d'idées qui se mêlent sans qu'on en comprenne toujours le lien. Malgré ses 80 pages, j'ai eu beaucoup de mal à arriver au bout et, si ce n'était pour Masse critique, je ne me serais pas accroché.
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Pour qui ne connaîtrait pas encore Vincent Mignerot, ce sont la concision de l'écriture, la richesse des références et l'implacable rigueur des raisonnements qui attireront certainement en premier l'attention.

L'auteur commence par questionner ce phénomène appelé « énergie ». Cette réalité, inexpliquée à ce jour, qui nous permet de déplacer des montagnes pour leur en arracher du minerais. Ou vivre tout simplement.

Rien de ce qui fait la vie n'y échappe. Sans Énergie, la planète Terre serait un astre mort. le constat vaut bien de s'intéresser aux principes physiques liés à l'usage des ressources énergétiques.

En à peine une centaine de pages, lectrices et lecteurs seront confrontés aux questionnements fondamentaux de la transition énergétique. Sans concession, démonstrations rationnelles à l'appui, le déni des contraintes est analysé. Démonté.

« Sous une communication massive autour de la transition énergétique se cache la triste réalité d'un monde énergivore à une cadence pathologique que dénonce Vincent Mignerot,… » écrit Cédric Lépine dans Médiapart
Lien : https://obsant.eu/blog/2021/..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'impasse écologique, c'est le résultat des choix de quelques-uns, ou celui de la pression de l'évolution. Les interprétations s'entremêlent et se complètent sans doute. Souvent, plutôt que d'envisager la cause la plus antérieure, la plus extérieure à nous, mais qui expliquerait peut-être le mieux pourquoi nous ne parvenons pas à faire dévier notre trajectoire, nous préférons simplifier en désignant des humains qui seraient nécessairement plus coupables que d'autres. les problèmes énergétiques - en fonction des idéologies défendues - c'est de la faute des Occidentaux, des lobbies, des politiques, des journalistes, des électeurs, des consommateurs, etc. La substitution causale perpétue des débats manifestements vains pour faire changer quoi que ce soit.
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Les pétroliers qui qui orientent leurs investissements dans les énergies vertes auraient ainsi pour stratégie de maintenir des liens étroits avec la société, en s'épargnant une vendetta permanente qui nuirait à leurs intérêts. Au-delà des effets d'annonce, les investissements des pétroliers dans les ENS* restent faibles. En 2019, leurs dépenses en capital (CAPEX) étaient à 99.2% dédiées aux infrastructures pétrolières, contre seulement 0.8% pour les ENS**. Les principales compagnies ne prévoyaient pas en 2020 d'aligner leur production sur les recommandations de l'Accord de Paris, et les financements de cette industrie par les plus grandes banques restent massifs.

*[ENS = Énergie Secondaires = Éolien, Solaire, Nucléaire]
** Voir ici : https://www.iea.org/reports/the-oil-and-gas-industry-in-energy-transitions
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Le terme "greenwash" semble être apparu pour la première fois en 1989 dans un article du Newscientist qui alertait sur le double discours écologique des gouvernements et des banques. Le substantif "greenwashing" a ensuité été utilisé par des militants et des ONG soucieux de dénoncer les stratégies déployées par les industriels, des lobbies et des politiques dans l'objectif de dissimuler les effets destructeurs de leurs décisions ou de leurs actions sur le milieu naturel. Bien qu'il ait tenu une place importante dans la communication et les débats sur la protection de l'environnement, le terme "greenwashing" s'est révélé inefficace pour contrer ce qu'il décrivait. L'écologie politique a accompagné la croissance économique et l'augmentation de la destruction du milieu par les activités humaines sans freiner ni l'une ni l'autre.
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À ce jour, environ la moitié des hydrocarbures accessibles sur Terre ont déjà été utilisés par l'humanité. D'aucuns pourraient se dire que la consommation de l'autre moitié laisse encore une bonne centaine d'années de confort, le temps de s'adapter, et que nous réfléchirons plus tard à la contrainte énergétique. Mais celle-ci ne se définit pas comme un problème à résoudre au-delà duquel d'autres possibles existentiels s'ouvriront pour tout ce qui aura été dépendant historiquement de l'énergie. Même pour capturer des énergies de flux telles que le vent et les rayons du Soleil, l question du stock se pose : il faut des matériaux qu'on ne trouve qu'en quantité finie sur Terre pour fabriquer les éoliennes et les panneaux photovoltaïques. Les sociétés thermo-industrielles sont condamnées à terme, quoi que l'on fasse.
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L'idée d'opérer une transition énergétique provient de la culture la plus technicienne de l'histoire. Lorsque cette culture rencontre un problème, elle fait appel à des ingénieurs qui développent des moyens pour le résoudre. Boostée à l'énergie abondante, engoncée dans les réflexes technicistes, elle répète à l'envi qu'un problème trouve toujours une solution.
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Vidéo de Vincent Mignerot
« L'effondrement de l'empire humain » : un livre d'entretien avec dix penseurs de l'effondrement et de la reconstruction, réalisé par Manon Commaret et Pierrot Pantel
Présentation du livre :
En quelques années, l'effondrement de notre société humaine est passé du statut de fantasme à celui de probabilité admise par la communauté scientifique. Comment vivre avec cette perspective d'un basculement désormais inéluctable de notre monde ? Ainsi, Manon Commaret et Pierro Pantel sont allés à la rencontre d'Isabelle Attard, Carolyn Baker, Nicolas Casaux, Yves Cochet, Nicolas Hulot, Derrick Jensen, Jean Jouzel, Arthur Keller, Vincent Mignerot et de Pablo Servigne, pour recueillir non seulement leur vision objective de cet effondrement en cours, mais également leur perception intime. Toutes et tous ont accepté de se livrer avec précision et sincérité.
« L'effondrement de l'empire humain » est le résultat de ces longues heures d'entretien : un livre qui offre sur le sujet du maintenant et de l'après des perspectives complémentaires et des nuances subtiles, mais également un éclairage sur les émotions parfois contradictoires que suscite la conviction d'un effondrement imminent.
À paraître le 20 août 2020
Pour plus d'informations : https://www.ruedelechiquier.net/essais/283-leffondrement-de-lempire-humain.html
+ Lire la suite
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