Paolo Uccello

Giorgio Vasari fut le premier à nous décrire la vie du Florentin Paolo Uccello (1397-1475). Malgré les éloges, d'acerbes critiques pointent, l'accusant notamment d'avoir gaspillé son talent « dans l'élucidation des mystères de la perspective et la quête toujours renouvelée de sophistications et de difficultés formelles ». Ainsi reproche-t-il à l'artiste d'avoir privilégié la virtuosité de ses perspectives au rendu de l'émotion et de la sensibilité de la gure humaine. S'il reconnaît son génie, Vasari le considère pourtant comme trop excentrique et omet de le mentionner parmi les artistes qui devinrent « excellents et illustres ». Pourtant, c'est cette obsession scientifique pour la perspective conjuguée à la grâce ornementale du gothique tardif qui confère à son oeuvre toute sa singularité, entre onirisme et étrangeté, une étrangeté qui au XXe siècle, des cubistes aux surréalistes, fascina les modernes. Ouvrage savant, cette monumentale monographie signée de l'historien de l'art Mauro Minardi ravira les amateurs d'art par son éblouissante iconographie, riche de détails qui plongeront le lecteur comme jamais auparavant au coeur de la fureur et du fracas de la fascinante Bataille de San Romano. Dressant un tableau chronologique de sa carrière, l'auteur revient notamment sur les liens qu'Uccello, élève de Ghiberti, entretint avec la sculpture, et tout particulièrement avec celle de Donatello. Peut-être reprochera-t-on cependant à ce remarquable ouvrage l'absence en annexe d'un catalogue raisonné.

Par Olivier Paze-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 545, mai 2018