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EAN : 9782707347831
32 pages
Editions de Minuit (03/03/2022)
4.11/5   128 notes
Résumé :
A travers une seule image, obsédante, lancinante, celle qui capture l'instant précis où Monet entre dans son atelier, je me suis efforcé de peindre les dernières années de la vie de Monet.
C'est dans ce grand atelier de Giverny où il a peint les Nymphéas qu'il se sent à l'abri des menaces du monde extérieur, la guerre qui gronde aux environs de Giverny, la vieillesse qui approche, la vue qui baisse inexorablement. C'est là, dans l'ombre de la mort, qu'il va e... >Voir plus
Que lire après L'instant précis où Monet entre dans l'atelierVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Les Nymphéas… Bleu aquatique, bleu transparent, bleu ciel renversé. Reflets et ondes, brumes, buées faites toile, les bleus azurs mêlés de vert, vert des saules pleureurs, vert d'orage et de menthe, frissonnant de grains poivrés, flottent aux côtés des bleus profonds mêlés de rose-thé, fleurs aux racines noyées, symbiose mauve ponctuée de ci de là de touches de blanc, et de quelques gerbes éclatantes de jaunes venus pimenter et réchauffer des couleurs aux tonalités plutôt froides. Reflets luxuriants de papier peint suranné.
Un panorama apaisant peint durant la Première Guerre Mondiale, havre de paix et refuge pour Monet pour ne plus penser aux horreurs du moment. Un panorama qui semble contenir en filigrane « la substance même, éphémère et palpitante, de la vie », du peintre même, comme dissous dans son oeuvre.


Jean-Philippe Toussaint propose un tout petit récit, si petit hélas, pour parler de ce moment devenu rituel au fil des années, ce moment précis où Monet entre dans son atelier lorsque, à la fin de sa vie, il peint des années durant Les Nymphéas. C'est ainsi qu'au début de ce texte, au moment précis où il entre dans son atelier la guerre fait rage, l'atelier devenant refuge le coupant du monde, condition même de son art mais aussi fuite loin de la tristesse du monde. Puis le moment précis où Monet entre dans son atelier est le moment de l'Armistice et Monet souhaite offrir son tableau à l'Etat comme symbole de paix, par l'intermédiaire de Clémenceau. La peinture doit alors être parfaite. le moment où Monet entre dans son atelier les dernières années de sa vie, sera ensuite cette d'un impossible achèvement. « Ce sera l'éternelle toile de Pénélope qu'il tissera et détissera jusqu'à son dernier souffle ».


La recherche de la perfection, même lorsqu'il perdra presque la vue, fait dire à Toussaint : « Ce que Proust avait fait avec des mots, en transformant ses sensations et son observations du monde en un corpus immatériel de caractères d'imprimerie, Monet le fera avec des couleurs et des pinceaux ».


L'écriture est certes belle, le projet est original, mais que c'est court ! Impossible d'éprouver de l'empathie, impossible de ressentir, de voir avec le regard du peintre comme avait réussi à le faire avec talent Alain Yvars avec Van Gogh dans "Que les blés sont beaux : l'ultime voyage de Vincent van Gogh". Je suis restée totalement sur ma faim après ces dix minutes de lecture. C'est bien dommage et frustrant, Les Nymphéas font partie de mes tableaux préférés.
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J'ai aimé lire ces lignes de Jean-Philippe Toussaint. Il nous raconte quelques instants de la vie de Monet, ces instants dans son atelier, pas seulement ceux où il y entre, mais surtout ceux où il peint les Nymphéas.
Les Nymphéas, qui ne connait cette célèbre toile de Monet, que le peintre a mis des années à peindre sans jamais la déclarer terminée.
Monet est à la fine de sa vie, l'atelier est son refuge et grâce aux mots de l'auteur nous l'imaginons parfaitement le pinceau à la main, perpétuel insatisfait. Il vieillit, et achever cette toile serait accepter sa mort prochaine.

Un texte sobre dont chaque paragraphe aborde une facette de la fin de la vie de Monet, sa peinture, sa vue qui baisse, son opération, le don qu'il fait à la France, ses hésitations sur la disposition des oeuvres.
Mais justement, et c'est là que je suis restée sur ma faim, un paragraphe c'est court, trop court. J'aurais aimé vivre un peu plus de ces instants, partager plus en détail ces instants de vie.
Un texte très riche, foisonnant, mais trop court à mon avis.
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Choisi le 27 mai 2022- Librairie Périple 2- Boulogne-Billancourt

Une lecture- météorite, 30 pages intenses, au rythme tendu ,scandé par une phrase- leitmotiv ,reprise à chaque nouveau paragraphe: " Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il entre dans l'atelier...".
Un écrit magnifique, aussi épuré que pleinement poétique, l'émotion nous prenant littéralement à la gorge..au fil des mots et des couleurs surgissant !

Phrase revenant en boucle,démultipliant la force, l'urgence,.de la création de cette oeuvre unique ,des "Nymphéas " .Oeuvre ultime créée à la fin de la vie du peintre,devenant aveugle...et oeuvre imaginée, réalisée pendant les années de guerre....Doublement fondamentale et hautement symbolique...

L'Art ,contre la guerre, la barbarie....Ces "Nymphéas " ,gigantesque oeuvre,symbole de PAIX...offert à l'État, sous l'impulsion et la demande de son ami de toujours, Clemenceau...
Oeuvre qui continue de réjouir nos coeurs et nos yeux...qui le feront aussi pour toutes les générations suivantes!

Le bémol , infime, que nous pourrions objecter est l'extrême brièveté du texte et dans un même temps, il ne dégagerait pas ,sans cela, sans doute, la puissance, la force et l'urgence qu'il nous communique immédiatement !

"Le lendemain de l'armistice,le 12 novembre 1918,Monet pose ses pinceaux et prend la plume.Il écrit à Clemenceau, le vainqueur de l'heure,l'ami de toujours. Cher et grand ami,je suis à la veille de terminer deux panneaux décoratifs, que je veux signer du jour de la victoire,et viens vous demander de les offrir à l'État par votre intermédiaire. Dans cette lettre célèbre, Monet ne parle encore que de deux panneaux. Clemenceau le convainc de donner l'ensemble à l'état .Monet y consent et les Nymphéas-,encore dans les limbes,toujours inachevés, sont déjà consacrés comme une oeuvre de paix.De ce jour,étalée sur dix ans,ce sera l'oeuvre ultime,la dernière confrontation entre Monet et la peinture."
(p.19)

Après une telle lecture, on n'a qu'une envie: la partager, le plus largement possible ! Et cet écrit incroyable , dans un premier élan, va rejoindre une maison-amie; celle d'un artiste- peintre, oeuvrant avec talent et modestie depuis des décennies...ce petit livre "précieux" sera dans le meilleur lieu possible...celui de l'antre d'un peintre, amoureux de surplus des mots et de la littérature : Jacques Bibonne...


****Voir lien avec l'expo actuelle à l'Orangerie-Jean-Philippe Toussaint ayant écrit ce texte pour Monet mais aussi pour son ami, Ange Leccia...

https://www.musee-orangerie.fr/fr/expositions/ange-leccia-d-apres-monet-201181



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Tout est dit dans le titre : Jean-Philippe Toussaint veut saisir cet « instant précis où Monet entre dans son atelier » lorsque, à la fin de sa vie, avec la Première Guerre mondiale en arrière-fond, il est en pleine création des Nymphéas. ● le texte est aussi bref que les tableaux qu'il raconte sont amples. Je ne serais pas aussi élogieux que les autres lecteurs Babelio. Certes, Jean-Philippe Toussaint parvient à nous faire saisir l'insatisfaction du peintre face à l'imperfection de son oeuvre, qui a partie liée avec la mort, car à son âge déclarer cette oeuvre achevée c'est se déclarer prêt à mourir, mais il me semble que ce texte aurait pu prendre place dans un récit plus long racontant la vieillesse de Monet ou encore dans un recueil. ● « Depuis des mois, depuis des années, Monet met toute son énergie, non pas à terminer les Nymphéas, mais à poursuivre leur inachèvement, à le polir, à le parfaire. […] Car finir les Nymphéas, c'est accepter la mort, c'est consentir à disparaître. » ● Si le style de Jean-Philippe Toussaint a des qualités de clarté et de précision, je ne peux pas dire que j'ai été ému par ce texte qui se lit en dix minutes. Je n'y ai vu aucun « miracle ». Mieux vaut contempler les tableaux de Monet.
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Voilà un tout petit livre de 30 pages à peine de Jean-Philippe Toussaint, un auteur qu'on aime bien.

Ici il est question de Monet et de ces Nymphéas (ils ne s'appellent pas encore comme cela) en cours d'élaboration. Nous sommes pendant la Première Guerre mondiale, mais comment peindre sans penser à tous ces gens qui souffrent et meurent sur le champ de bataille ?

Une phrase revient comme un refrain, une litanie « Je veux saisir Monet, à cet instant précis où il pousse la porte de l'atelier... ». Jean-Philippe Toussaint décrit l'atelier dans la pénombre, au petit matin, avant que la lumière ne pénètre dans l'atelier de Giverny que le peintre a fait construire pour travailler ses toiles.

Il est question de Clémenceau, le vieux tigre, son meilleur ami, de passage à l'atelier et qui veut le convaincre de donner l'ensemble à l'Etat.

Quand il débute la série des Nymphéas, Monet avait déjà travaillé, depuis 1889, sur le principe de séries de peintures sur un même sujet, où seule la lumière varie, nous apprend Wikipédia. Dans la série « les Matinées », Monet a pu explorer tout le potentiel que pouvaient apporter les reflets aquatiques dans la construction des perspectives. Les Nymphéas de Monet font l'objet d'une étrange circulation des influences entre l'Occident et le Japon, apprend encore dans la célèbre encyclopédie.

Huit compositions de même hauteur.
Des combinaisons que Monet ne cesse d'interroger. L'ensemble forme une surface d'environ 200 m2 qui en fait une des réalisations les plus monumentales du siècle. Monet a peint ces compositions pour qu'elles soient suspendues en cercle, comme si une journée ou les quatre saisons s'écoulaient devant les yeux du spectateur, nous dit encore.

Mais « Peindre, c'est oublier ses tourments intérieurs, c'est tenir à l'écart le passage au néant dont il sent l'imminence » écrit Jean-Philippe Toussaint. Finir les Nymphéas, c'est accepter la mort, c'est consentir à disparaître ; mais ça il n'en est pas question. Il ne lâchera pas, il ne consentira pas reconnaître que son oeuvre est « achevée » et il ne peut pas laisser ces panneaux partir pour l'Orangerie.

Et il ne cessera de reprendre et de s'obstiner face à ses toiles. « Il pose délicatement une touche sur la toile, il nuance, il accentue. Il n'est pas satisfait, il efface, il insiste, il recommence. (..) Monet s'obstine, il reprend, il retouche ». Et il en sera ainsi jusqu'à la fin.

J'ai vu récemment un documentaire intitulé « Clémenceau dans le jardin de Monet » sur ARTE et c'est bien ce même moment des Nymphéas incessamment repris que l'émission retrace.

De Jean-Philippe Toussaint j'ai lu « la clé USB », « la vérité sur Marie », ou encore « Fuir » et j'aime bien son style contemporain et son art poétique.
Avec « l'instant précis où Monet entre dans l'atelier », c'est à une invitation à retourner à l'Orangerie que l'auteur se livre, pour nous inciter à plonger dans les bleus, violets, verts et autres couleurs sublimes de reflets aquatiques que le monde entier vient regarder – une peinture intemporelle qui n'a pas fini de nous fasciner.
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critiques presse (1)
Bibliobs
15 mars 2022
En quelques pages, l’écrivain saisit le peintre au seuil de son grand œuvre, à l’entrée de son génie et au bord de sa propre disparition.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il pousse la porte de l’atelier dans le jour naissant encore gris. C’est le moment du jour que je préfère, c’est l’heure bénie où l’œuvre nous attend. L’aube est fraîche, l’air vif picote les joues. Il est un peu plus de six heures et demie du matin, pas un bruit au loin dans la maison endormie qu’on vient de quitter, quelques pépiements d’oiseaux dans le jardin où les arbres sont immobiles comme le silence. C’est un de ces matins du monde comme il y en a tous les jours en Normandie dans les villages que bordent l’Eure et la Seine. Nous sommes à l’été 1916. Depuis quelques mois, Monet a pris possession du grand atelier qu’il s’est fait construire en haut de son jardin pour pouvoir travailler sur les vastes formats des panneaux des Nymphéas.
(Incipit)
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Ce n’est pas un cap tranché que l’on franchit, où il y aurait un avant (l’âge mûr) et un après (la vieillesse), comme il y aurait une frontière nette entre la jeunesse et l’âge mur, c’est un processus continu, insidieux, tel celui qui transforme notre visage d’adolescent en celui de vieux monsieur à barbe blanche — quoique Monet n’ait jamais eu de visage d’adolescent, ni même d’âge mûr, la postérité l’a figé à jamais dans sa silhouette de vieillard légendaire, en chapeau et barbe blanche, dans les jardins de Giverny.
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Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où, encore convalescent(...)il pousse prudemment la porte de l'atelier.(..)
Il nuance,il accentue.Il n'est pas satisfait, il efface,il insiste,il recommence.Et là, dans l'atelier,face à la peinture qui lui résiste, face à la peinture qui se défend, face à la peinture qui se refuse,Monet s'obstine,il reprend,il retouche.Monet ne lâche plus la brosse.Il pénètre toujours plus avant dans la peinture,il s'y fond,il s'y dilue.Il n'y a plus trace de son corps terrestre dans l'atelier,son esprit s'est dissous dans la peinture.Monet est devenu peinture.(...)
Monet peut fermer les yeux et lâcher prise-peindre les Nymphéas aura été pour lui la plus apaisante des extrêmes-onctions.
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Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il entre dans l'atelier. Devant lui, le long des murs, ce ne sont que paysages d'eau et de lumière, fragments de branches inclinées de saules pleureurs, reflets bleutés, ciels, transparences. Longtemps, Monet n'a eu aucune idée de ce qu'il allait faire de ces grands panneaux décoratifs auxquels il travaille depuis des années.
C'est la fin de la guerre, et l'intense soulagement qu'elle lui procure, qui lui fera trouver leur destination finale.
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Tous les matins, lorsqu'il rentre dans l'atelier, Monet prend congé du monde. Il passe le seuil, et, devant lui, de l'autre côté de la porte, encore invisible, immatériel, c'est l'art qui l'attend.
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Videos de Jean-Philippe Toussaint (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Philippe Toussaint
Philippe de la librairie le Divan partage ses lectures de la Rentrée littéraire 2023 "Une rentrée littéraire sans Jean-Philippe Toussaint c'est moins bien, donc là on en a deux, c'est formidable."
Notre mot sur "L'Échiquier" de Jean-Philippe Toussaint ----- https://bit.ly/3MrAIZy #coupsdecoeurduDivan #PhilippeDivan #lechiquier #jeanphilippetoussaint #leseditionsdeminuit #booktok #litteraturefrancaise #litteraturetraduite #ebook #livrenumerique Tous nos conseils de lecture ICI : https://www.librairie-ledivan.com/
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