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EAN : 9782080686657
267 pages
Flammarion (08/10/2004)
2.83/5   3 notes
Résumé :
L'auteur d'abord : François Missen, le seul journaliste à la fois détenteur du prix Pulitzer et du prix Albert Londres. Ces récompenses, la première délivrée par les professionnels de la presse américaine et la seconde par ceux de la presse française, ont salué ses talents d'enquêteur, voué à explorer depuis plus d'un demi-siècle les recoins les moins reluisants, mais souvent les plus instructifs, de notre monde.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Les États-Unis d'Amérique devront demeurer vigilants à l'égard du complexe militaro-industriel et aux graves implications des accointances entre l'administration de la défense et le secteur industriel." Cette mise en garde nous vient du Général Eisenhower, alors Président des États-Unis (1953-1961) géopolitiquement actif au travers des suites du Plan Marshall et de la stratégie d'endiguement. En réalité, la collusion entre industrie d'armement et politique mérite une analyse à deux niveaux : son influence comme dévoiement de la démocratie, si ce n'est un risque de corruption, et son impact sur la politique extérieure.

Fondée en 1987, la société de courtage puis d'investissement Carlyle fait d'abord fortune au travers de l'étrange et généreuse loi sur la déductibilité fiscale des dettes d'entreprises d'Alaska (dette déductible à hauteur de 70%) issues des années 70. Peu importe, 1988 est l'année charnière avec le recrutement de Franck Carlucci, tout récent ex-secrétaire d'État à la Défense et ex-diplomate si ce n'est officier de renseignement en diverses ambassades. Fort de ce recrutement, Carlyle peut voir les choses en grand : frapper aux bonnes portes pour les dérogations, connaitre les marchés principalement de la Défense, lever des fonds auprès des investisseurs. Au rang de ces derniers, on retrouve le rôle central de George Bush père, déjà ex-président de la CIA (1978-1980) et futur président (1990-1994) puis père-diplomate officieux-représentant de Carlyle à l'étranger du futur président George W. (2000-2004). On retrouve aussi la Calpers fonds de pension des 1,4 millions de fonctionnaires californiens de l'époque : c'est par-là même souligner l'énorme force de la finance américaine depuis l'obligation de 1973 faite aux particuliers de capitaliser au travers de fonds de pension. Sans cet argent, il n'y aurait pas eu ce livre, dommage que l'auteur ne s'y soit pas attardé. On retrouve aussi Shafeg Ben Laden, demi-frère parmi 50 autres d'Oussama (déchu de la nationalité saoudienne en 1991), déjà auteur de 3 attentats majeurs contre les USA, mais pas dissuasif aux yeux américains pour autant depuis que l'Arabie Saoudite joue un rôle central dans l'acheminement d'armes et de djihadistes en Afghanistan (1980-1988), et d'argent (à profusion depuis le second choc pétrolier) soit à investir (comme ici avec Carlyle) soit pour financer les soulèvements (Afghanistan, Nicaragua) que le Congrès US ne saurait assumer. Où Carlyle place cet argent ? de préférence dans l'armement, là où elle a rencontré ses premiers bénéfices et où ses accointances politiques paient. Mais aussi dans la presse, notamment européenne (participation minoritaire dans Le Figaro quelques années), ou certaines entreprises de l'armement français. Depuis lors, Carlyle a la réputation d'être le faux-nez de la CIA sans que cela ne l'empêche encore aujourd'hui d'être l'un des fonds d'investissement les plus actifs en France.

So what ? N'en déplaise à François Missen, journaliste de gauche, ayant son hagiographie chez Libe et Mediapart, le problème n'est pas l'argent ni même la connexion public-privé (en France, l'aéronautique militaire doit tout à Dassault, lequel Marcel a développé ses premières innovations en tant que mobilisé dans la guerre 14-18) mais la provenance de l'argent et le choix des partenaires. Avoir l'Arabie Saoudite pour partenaire, pour la France comme pour les États-Unis est un choix mortifère : foyer mondial de l'islamisme, par l'exportation gratuite de livres rigoristes et le financement de mosquées en Occident, c'est le djihad d'aujourd'hui et l'islamisation de demain que nous offre les bédouins assis sur des puits de pétrole. Au fond, peu importe les accointances Bush – Carlyle – Ben Laden tant il y a un fossé idéologique et un fossé civilisationnel derrière cet affairisme.

Que retenir ? Au-delà du style journalistique, privilégiant l'anecdote à l'analyse et le zigzag à la structure, l'auteur nous rapporte en annexe une très pertinente analyse des risques démocratiques à la survalorisation du militaire. Après le désastre du Vietnam, achevé en 1975, les États-Unis ont entrepris de redorer le blason de l'armée au cours des années 80, enjeu à la fois en termes d'attractivité et de compétitivité. Déjà pourrait-on dire, les dirigeants militaires se sont tournés vers les dernières tendances : humanitaire, environnement, secourisme et protection civile. A la manière de l'opération Sentinelle (+/- 7 000 personnes par an) en France depuis 1995, l'armée se retrouve être notre protecteur, le soldat est notre archange en toute circonstance (attentat, guerre, inondation, tempête, grève parfois). So what, once again ? L'armée, autrefois puissance distante se retrouve être notre ultime recours face au désordre. Autrement dit, l'acceptation sociale d'un coup d'État est d'autant plus forte (sondage de 2019 : 50% des Français acquiesceraient à l'arrivée au pouvoir, temporaire, d'un militaire en cas de nouveaux attentats). Écrit en 2004, l'auteur de l'annexe s'amuse à prédire un coup d'État militaire aux États-Unis d'ici 8 ans (en 2012). Cette menace, sur le système démocratique, s'ajoute à une baisse de l'efficacité de l'action militaire (la force du militaire est son entrainement, lequel est réduit sans parler de la baisse d'égo à faire des taches diverses) qui elle-même renforce les sources de désordres augmentant le recours possible à un coup d'État. S'il y a point à retenir de ce livre, c'est celui-là, en annexe, rendez page 217, et pour le reste House of Bush House of Saud et The Iron Triangle semble être des originaux de bien plus sur factures que les pérégrinations de François Missen.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« L'humanité est allée en régressant. Les Romains offraient du pain et des jeux. Churchill, lui, proposait du sang et des larmes. Carlyle fait mieux : elle vend des canons et la chair qui va devant. »
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Video de François Missen (1) Voir plusAjouter une vidéo

Afghanistan
Reportage sur situation en Afghanistan:[panoramique] guérilleros marchant ds vallée du khunar,[différents plans] guérilleros durant vie quotidienne,[différents plans] camp de guérilleros, guérilleros fabriquant pain de tnt. Int François MISSEN sur l'enjeu de la guérilla.
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